Bonjour à tous,
Bonne idée que d’ouvrir ce sujet Patrick, bravo !
Oui, la perception que nous avons tous d’un casque donné est bien entendu liée à sa courbe de réponse, ses taux de distorsion harmonique, sa faculté à reproduire les transitoires (attaques de notes) donc la vitesse de réaction de ses membranes et leur capacité à retrouver le plus rapidement possible leur position d’origine.
Là, on peut trouver des explications techniques et c’est très utile.
Néanmoins, la réalité subjective (ce n’est pas parce qu’elle est subjective qu’elle n’en est pas moins une réalité) de notre propre perception complique un peu les choses. Car en fait, un casque donné et branché sur un même système, ne sera pas perçu de la même manière par différents auditeurs.
En effet, entrent en jeu la qualité de notre propre audition, (c’est très décrié ici, mais pourtant…) sa sensibilité…son éducation…Et ce que nous aimons / voulons entendre, ou pas.
J’ai eu au téléphone il n’y a pas très longtemps, une personne trouvant le LCD-2 trop brillant...
Une autre me disant la même chose au sujet de son HD650….cette personne aurait souhaité calmer les ardeurs de son 650 dans le haut médium / aigu….
Je pense pourtant que nous sommes tous d’accord ici, pour dire que le HD650 et le LCD-2 sont plutôt des casques mats, ou pour le moins, qu’ils ne font pas partie des casques dits « brillants ». Et bien il en est tout autrement pour ces deux personnes. Et ce qu’elles entendent est bel et bien pour elles, une réalité. Leur réalité.
Souvenez-vous de la perception de l’Odin par Oliv009. L’Odin est pour lui insupportable et pourtant, voilà maintenant un an que ce casque est arrivé en France et que personne depuis ne l’a trouvé trop brillant. A ma connaissance, en tout cas.
Je ne suis pas là dans le jugement, juste dans le factuel.
Alors bien sûr, les trois cas évoqués plus haut sont peut-être des extrêmes et d’une façon générale, un casque « brillant » est reconnu comme tel par une grande majorité d’auditeurs (je pense par exemple à la signature subjective du PS1000) et il en est de même pour un casque « mat » (et là je pense au LCD-2).
En même temps, entre « mat » et « brillant », si je prends ces deux caractéristiques comme extrêmes, il est possible de placer le curseur à différents endroits.
Par exemple : Signature subjective (je dis bien subjective) de l’extrême grave vers l’extrême l’aigu descendante, plutôt descendante, plutôt plate, plate, plutôt montante, montante etc...
Ce qui est intéressant, c’est que quelle que soit la manière dont la courbe est inclinée, accidentée, il y aura toujours des auditeurs trouvant que le casque en question est équilibré et neutre (j’ai entendu à maintes reprises ces affirmations venant de propriétaires de PS1000) là où il sera difficilement écoutable pour d’autres. Regardons toujours ce brave PS1000. Une merveille de transparence, de neutralité et d’aération pour certains, un bel exemple de déséquilibre flagrant pour d’autres.
Et le HE1000 ? A peu près autant apprécié que repoussé. Et comment expliquer cette disparité d’opinions ? L’analyse de ses mesures ne nous aidera pas à répondre à cette question.
Le HE1000 n’est pas perçu comme étant mou et flou par les auditeurs auxquels « il parle ». Par ceux qui s’en régalent. Mais il l’est pourtant pour ceux qui trouvent qui l’est ! Alors qui aujourd’hui peut affirmer que fondamentalement, intrinsèquement, un HE1000 est flou et mou ?
Le D1000 ? Casque de très haut niveau pour certains, alors que trop brillant et déséquilibré vers le haut pour d’autres. Pourtant, ceux qui l’apprécient et l’écoutent régulièrement, ne le trouvent pas du tout « trop brillant ».
Et puis nous oublions trop souvent une chose : Un casque ne produit aucun son seul. Un casque est un élément passif qui commence à faire entendre quelque chose, à partir du moment où il est connecté à un amplificateur, lui-même amplifiant une source. Alors un D1000 brillant branché à un SPL Phonitor, oui, probablement. Encore que ça dépend pour qui...
Un D1000 brillant alimenté par un bon ampli à tubes…J’en suis moins sûr. Je l’écoute justement de temps en temps en ce moment le D1000. Connecté à mon Viva 2A3 il n’a rien, mais vraiment rien de brillant ce casque. C’est un casque clair, comme peuvent l’être les casques Stax, (je fais le parallèle eu égard au fait qu’il utilise la même technologie électrostatique pour l'aigu, que les Stax ) mais pas brillant.
Ce que nous écoutons dans 100% des cas, n’est pas le casque, mais un ensemble de signatures sonores qui s’additionnent : Celle de la source, de l’ampli et du casque.
Peut-on affirmer que dans l’absolu, le D1000 est un casque brillant ?
Alors bien sûr, on peut répondre à cette question :
...
Mais oui, par rapport aux LCD-2 / LCD-3, le D1000 est brillant. ...
Ce n’est pas faux.
En même temps, si vous positionnez le tirage papier d’un gris parfaitement neutre, à côté d’un tirage du même gris mais lui, avec une dominante bleue, votre tirage parfaitement neutre (mesuré et vérifié au densitomètre) sera alors perçu par votre équipement visuel avec une dominante jaune (l’opposé du bleu)….Effet de compensation…
Après, ce qu’il serait intéressant d’estimer, c’est la réalité ou non, de la propension que le D1000 « aurait » à être brillant en comparaison avec le vrai timbre d'un instrument ou d'une voix...Et selon l'association source, ampli, D1000, on aurait peut-être des surprises...Un ingénieur du son intervenant ici, a choisi un D1000 pour travailler !
On trouve régulièrement sur le net des auditeurs de Stax SR009 qui le disent trop brillant. D’autres qui le perçoivent comme parfaitement neutre….Alors encore une question au sujet d’un des tous meilleurs casques actuellement disponibles :
Il est comment le SR-009 ? On ne va pas dire mat quand même, mais brillant, équilibré ?...
Les exemples sont nombreux, qui montrent qu’un casque et au-delà de toutes considérations techniques, peut avoir une signature sonore pour X alors que Y le percevra bien différemment.
Qu’il soit neutre ou pas, quelle que soit l’orientation de sa courbe de réponse, c’est avant tout l’équipement auditif de celui qui écoute, qui décidera si le casque procure du plaisir, de l’indifférence ou de la répulsion, si il le trouve mat, brillant, neutre ou je ne sais quoi.
Le respect des timbres ? Un violon sonnera « naturel » pour X et sera pourtant perçu sur le même système et par Y, comme une viole de gambe….
X dira :
Ce casque est très neutre...Y dira :
Ce casque est coloré...Et puis il y a aussi la technologie mise en œuvre. La « légèreté » sonore des casques électrostatiques Stax et la « matière » que nous offrent les orthodynamiques. Si l’on prend une bande de fréquence commune, genre de 50 à 1000Hz, là où les casques sont tous à peu près « droits », on s’apercevra qu’une voix d’alto peut être bien différente, si chantée par un LCD-3 ou par un SR-009…Alors que les deux casques présentent dans cette gamme de fréquences une réponse quasi droite et quasi identique.
En tout cas, ce ne sont pas les petites différences de linéarité qui à elles seules peuvent expliquer la différence importante de signature sonore entre ces deux casques, dans cette gamme de fréquences de 50 à 1000Hz.
Et encore… la comparaison sera copieusement biaisée, parce que là en l’occurrence, on comparera deux casques sur des amplis différents !
Tu vois Patrick, le sujet est super intéressant mais je crains qu’il ne puisse y avoir de réponse(s) précise(s) à tes questions !
Pierre