Vidéoprojection au format extra-large !
© Texte : Bastien Cluzet ,Photos : Antonio de Magalhaes. (Octobre 2004)
3m50 de base…çà vous irait comme taille d’image ? Et au format Cinémascope, comme au cinéma ! Pour réaliser une telle prouesse, unique en France, notre ami Cédric a utilisé non pas un, mais deux projecteurs !
Avez-vous remarqué quel était le format de l’écran dans une « vraie » salle de cinéma ? En général, son ratio, son « rapport d’aspect » est le plus souvent de 2.35 :1. Simplement parce que c’est celui du Cinémascope, l’un des deux principaux formats de projection utilisés aujourd’hui au cinéma sur la base de pellicule 35 mm. Le second est le 1.85 :1, ou Panoramique, qui est proche (mais pas exactement égal) du format 1.77 donc 16:9. Au cinéma, la projection s’effectue toujours à « hauteur constante », c’est-à-dire que c’est la largeur d’image qui change lorsqu’on diffuse dans la salle un film en 1.85 ou en 2.35.
Autrement dit, seule la partie centrale de l’écran est utilisée avec un film au format 1.85, alors que toute la largeur disponible est mise en oeuvre lors d’une projection en 2.35. Or, c’est l’inverse avec un projecteur home-cinéma, en général on projette à largeur constante, même si le format de l’écran est 16 :9 : si le film est en Cinémascope, notamment, il subsistera forcement des bandes noires, en haut et en bas de l’image. Notre ami Cédric est un jeune enseignant-chercheur en informatique dans une grande école d’ingénieurs du sud de la région parisienne. Grand amateur de cinéma et de home-cinéma, il est aussi passionné par tout ce qui touche au traitement de l’information dans le domaine de l’image vidéo. Deux projecteurs, deux PC Home-Cinéma !
Après avoir pendant un temps, lorsqu’il était en appartement, utilisé un projecteur LCD Philips (qu’il possède encore) piloté par un PC Home-Cinéma (PCHC) tout deux déportés dans une pièce annexe ( pas de bruit, et pas d’encombrement dans la pièce ! ) , il s’est intéressé, peu après son déménagement dans la maison qu’il occupe aujourd’hui avec sa famille, à un procédé permettant de réaliser la projection en vidéo d’un film à hauteur constante quel que soit le format d’origine, 1.85 ou 2.35, comme au cinéma ! Il utilise pour cela non pas un mais deux vidéoprojecteurs tritubes identiques qui projettent chacun une moitié de l’image, avec, au centre, une courte zone de recouvrement large d’une trentaine de centimètres environ, la taille de l’image totale qui va de mur à mur et elle est voisine de 3m50 de base ! Et surtout, pour que le spectateur ait l’illusion de ne voir qu’une « seule » image, Cédric a développé un traitement numérique spécifique qui rend cette zone de recouvrement « quasiment » indétectable à l’oeil. Comment a-t-il fait ? C’est ce que nous allons découvrir maintenant plus en détail …
Les deux projecteurs sont des Sony VPH1031 QM. Il s’agit de tritubes 7 pouces (5.5 utile) qui peuvent atteindre la fréquence horizontale de 31.5 kHz : ils sont donc compatibles avec un « doubleur de lignes », ou plus précisément avec un signal vidéo progressif. Ils trônent l’un et l’autre au milieu de la pièce – la salle de séjour de la maison – posés chacun sur deux gros caissons dont l’un renferme les autres éléments électroniques (ampli intégré, lecteur de DVD….). Pour un peu plus de discrétion, Cédric a démonté les carters de chacun des tritubes pour pouvoir les peindre en noir mat, mais malgré cela, il faut bien avouer qu’ils occupent une place considérable dans la pièce ! D’ailleurs notre ami envisage d’aménager une partie du sous-sol de sa maison pour en faire une salle dédiée au home-cinéma … et retrouver l’usage du séjour familial ! Ces projecteurs ont été achetés d’occasion l’un après l’autre à des particuliers, l’un pour environ 1000 €, et le second 1500 €. Ils sont l’un et l’autre en bon état, mais pas « usés » de la même façon… ce qui a posé certains problèmes (équilibrage de la luminosité notamment) pour cette application. C’est DScaler qui s’occupe de tout …
Les sources sont un lecteur de DVD Sony 525 et un magnétoscope Orion très basique pour la réception des chaînes hertziennes. C’est évidemment le lecteur de DVD qui est utilisé préférentiellement, dont Cédric utilise à la fois la sortie s-vidéo de la Péritel et de la prise Ushiden. Le signal vidéo composite du magnétoscope est, quant à lui, convertit en PAL pour faciliter le traitement et séparé en deux par un simple câble en Y. Ces deux éléments sont donc reliés aux entrées s-vidéo (pour le lecteur de DVD) et vidéo composite (pour le magnétoscope) de deux cartes d’acquisition PixelView X-Capture,
chacune étant placée dans un PC dédié dont la configuration précise vous est donné dans notre encadré habituel. Les deux PC sont déportés dans un placard, à l’arrière de la pièce.
Les deux ordinateurs se pilotent simultanément par un unique clavier infra-rouge, ou par une télécommande universelle RC 2000 qui utilise les codes infra rouges du clavier. L’allumage des deux PC s’effectue par une télécommande RF. Ils déclenchent l’allumage des deux tritubes par envoi d’un signal 12V sur leur entrée « trigger ». C’est alors le logiciel libre DScaler (téléchargeable gratuitement sur Internet, voir notre encadré « Liens Internet »), qui va réaliser l’acquisition et la mise en forme du signal vidéo (désentrelacement, scaling et mise à l’échelle). C’est aussi DScaler qui va supprimer, puis agrandir une moitié d’image (zoomer) pour qu’elle puisse être prise en charge par chacun des deux PC pour être affiché par chaque tritubes. La liaison entre La détection du format d’origine est automatique, elle peut aussi être forcée par une « HotKey ». Enfin, on applique sur la zone de recouvrement le traitement de « edge blending », développé par Cédric et implanté dans DScaler sous la forme d’un « plug-in ».. Schématiquement, on applique sur la zone considérée une fonction polynomiale décroissante (trois points de référence) à la composante de luminance. Cette fonction tient compte à la fois du gamma et de la variation de luminosité horizontale des projecteurs.
Le résultat est assez probant sur les photos d’écran « avec » et « sans » que nous avons pu prendre sur place : l’illusion de ne voir qu’une seule image est parfaite … reportez vous à notre encadré « Nos Impressions » ! Nous avons peu parlé ici de la partie son de cette installation, pour laisser une large place à la description de la partie image, particulièrement originale ! Cédric utilise cependant un ensemble de qualité, composé d’un intégré Sherwood 6095 Dolby Digital et DTS, et d’un pack d’enceintes Davis Odyssée. Le caisson de graves est un Sydney AR12.
© Texte : Bastien Cluzet ,Photos : Antonio de Magalhaes. |