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La Grande Crise !

Message » 05 Mai 2015 22:12

On peut dire ce que l'on veut, le Ranger 2015 a quand même une belle gueule. Cela fait autrement plus sérieux qu'un Dacia avec des tubes peints pour renforcer la caisse façon GI Joe.

Keron
 
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Message » 05 Mai 2015 23:05

Keron a écrit:L'explication du ministère semble néanmoins crédible même si cette précipitation fait un peu amateur. Un programme d'équipement se programme à l'avance.

L’armée de terre a besoin de mille véhicules tout de suite », a indiqué à l’AFP le porte-parole du ministère Pierre Bayle, soulignant que le parc actuel de 4000 véhicules P4 (Peugeot), entré en service en 1983, est destiné à être remplacé dans son ensemble dans les prochaines années.
Charge utile satisfaisante

Les procédures habituelles avec appel d’offres étant trop longues - 18 mois et plus -, l’armée s’est tournée vers une centrale d’achat interministérielle, l’UGAP (Union des groupements d’achats publics), qui permet de réduire les délais de commande à deux mois et a choisi les véhicules sur catalogue, a expliqué le porte-parole.

« Seul le Ford ranger permettait une charge utile satisfaisante, et le tout terrain a été préféré au tout chemin », a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agissait de véhicules civils non militarisés, qui seraient essentiellement utilisés sur le territoire national et non en OPEX (opérations extérieures).


C'était donc soit les Berlingot, soit les Ford d'après l'article.
Curieusement, le Duster est bien au catalogue Ugap. Après, il ne portait peut-être pas 5 hommes et une tonne de matériel.
Mais alors la demande était limite discriminatoire.

Et le ministère un peu gauche de ne pas être capable de négocier avec un constructeur la livraison directe, à prix négocié et non UGAP (qui se sert forcément au passage) et à date précise, de 1000 véhicule. Que l'on ne me dise pas qu'un constructeur aurait pas déployé les moyens pour réaliser cet objectif !

Ben voilà. Qu'est-ce que je disais. De la règle des marchés publics. Donc, les procédures habituelles avec appel d'offres étant trop longues....bla-bla-bla...on a trouvé une solution pour contourner....et prendre ce qu'on voulait ou ce que l'on avait décidé à l'avance sans risque d'être contesté. Les marchés publics avec caractère d'urgence, ça me convient.
alain_38
 
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Message » 05 Mai 2015 23:20

C'est l'UGAP, la centrale d'achats de l'État.
C'était sans doute le meilleur choix.
L'armée n'est heureusement pas tenue de s'équiper avec de la merde pour faire plaisir à la CGT de Renault (sous-marque Dacia).

Remy

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Et il poussa un de ces soupirs qui n'appartiennent qu'à ceux dont le génie se heurte aux âpres nécessités de la vie ...
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rmsk
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Message » 05 Mai 2015 23:24

Du coup pourquoi les Français devraient-ils acheter français si même l'Etat ne le fait pas? :o
poilau
 
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Message » 05 Mai 2015 23:31

Si l'Etat était le principal actionnaire d'un constructeur, il aurait pu ordonner la création d'un véhicule répondant à nos besoins pour garantir la souveraineté nationale. Mais nous n'avons plus cette liberté.
Ce ne sont pourtant par les ingénieurs en automobiles qui manquent. Ni les usines, ni les ouvriers. Les arsenaux peuvent aussi embaucher à nouveau.
Keron
 
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Message » 06 Mai 2015 0:21

Le fait est qu'en suivant le raisonnement de Remy, ni moi ni l'armée n'achetons de la mairde si son seul intéret est d'être française :-?
Mais n'y avait-il vraiment rien de mieux que le 4X4 ricain ?
Il a l'air topissime le 4X4 Israelien par exemple :wink:
Sinon il est vraiment pourri le véhicule français en concurence ?
http://www.4rouesmotrices.com/essais/Da ... 10_4x4.php
Boc21
 
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Message » 06 Mai 2015 7:43

Il n'est pas capable, en l'état, de porter 5 hommes et une tonne de matériel.
Keron
 
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Message » 06 Mai 2015 12:05

Ah ok et euh...
Pour parler d'autre chose, en ce moment les taux de toutes les obligations souveraines de tous les pays du monde sont en train de remonter en flèche en même temps :o
Soit c'est de la spéculation hyper ultra organisée soit c'est le début de la grande crise.
Bon article du contrarien aujourd'hui à ce sujet.
http://www.lecontrarien.com/
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Message » 06 Mai 2015 12:41

C'est intéressant.

Question liée :

Qu'est ce qui empêche les institutions de revenir sur la loi qui les oblige à emprunter sur les marchés si ces marchés ne veulent plus prêter des fonds ? Ce qui a été construit peut logiquement être cassé. Au final, la sortie de crise par le remboursement des dettes est impossible et je pense que tout le monde le sait.
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Message » 06 Mai 2015 12:44

Ce qui est hallucinant, c'est que la BCE crée 60 milliards tous les mois pour acheter de la dette pourrie, aux frais des contribuables, et que malgrès ça, en prime, les taux de remboursement des états montent en prime -deuxième service de paiement pour les peuples par l'impôt ou la destruction de leurs services publics-.
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Message » 06 Mai 2015 13:12

Boc21 a écrit:Ce qui est hallucinant, c'est que la BCE crée 60 milliards tous les mois pour acheter de la dette pourrie, aux frais des contribuables, et que malgrès ça, en prime, les taux de remboursement des états montent en prime -deuxième service de paiement pour les peuples par l'impôt ou la destruction de leurs services publics-.


Si tu veux être compris, Boc, il faut vulgariser... expliquer aux masses laborieuses ce que tu sous-entends... :-? :wink:

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Message » 06 Mai 2015 19:37

rmsk a écrit:L'armée n'est heureusement pas tenue de s'équiper avec de la merde pour faire plaisir à la CGT de Renault (sous-marque Dacia).


toi tu n'as jamais roulé en américaine j'ai l'impression .. :siffle:
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Message » 07 Mai 2015 8:07

Déni de Réalité et recherche de boucs émissaires Charles Gave

Ce qui me sidère le plus dans ce qui passe pour des débats économiques en France, c’est le déni quasiment surréaliste de la réalité dans lequel il s’inscrit. Dans les sociétés civilisées, lorsque des problèmes commencent à se manifester, il est d’usage d’utiliser la méthode Socratique pour essayer de trouver une solution.

1.Les intervenants dans le débat essaient d’établir un diagnostic.
2.Cette première étape franchie, on discute des SOLUTIONS à apporter aux problèmes.
3.Dans les sociétés dites démocratiques, il est alors l’usage de procéder à un vote pour déterminer quelles solutions vont être choisies et qui va les mettre en œuvre.

Rien de tout cela ne se passe en France où et la gauche et la droite partent d’un à priori de nature religieux pour poser leur diagnostique : Il y a quelque chose de fondamentalement mauvais à l’œuvre dans notre pays, contraire à son génie et qui lui a été imposé par des forces hostiles, en général en provenance de l’extérieur et qui nous a amené là où nous en sommes, et ce quelque chose s’appelle le …LIBERALISME.

Le débat Français s’inscrit donc non dans la recherche d’une solution mais dans la recherche du « bouc émissaire », cher à René Girard et propre aux sociétés religieuses et n’a donc plus rien à voir avec la logique Grecque. On fait d’abord appel à la Tribu, puis on désigne le bouc émissaire. C’est le degré zéro de l’explication. Sortons de ces miasmes, regardons les chiffres, en provenance de l’OCDE, et commençons par un peu de Socratisme.

Dans un état libéral, le poids de l’Etat dans l’économie est stable ou en baisse. Qu’en est il en France ?

Vérifions.

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Depuis 1981, les dépenses de l’Etat en pourcentage du PIB n’ont cessé de monter comme en fait foi le graphique ci-dessus puisque nous sommes passé de 45 % du PIB au moment de l’élection de Francois Mitterrand à prés de 56 % aujourd’hui. Voila qui n’est guère libéral.

Essayons de voir ce que cela veut dire en chiffres absolus (en milliards d’euros).

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Le PIB marchand croit moins vite que le PIB public depuis 1979 et est aujourd’hui plus bas qu’il ne l’était en 2007, ce qui bien sur est loin d’être le cas pour le PIB du secteur public comme chacun peut le voir. Salopards de libéraux, qui sont incapables de suivre la croissance de l’Etat.

Allons plus loin.

Analysons le ratio entre secteur privé et secteur public.

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En 1981, à l ‘arrivée de monsieur Mitterrand , le secteur privé était supérieur de 25 % au secteur public.

Aujourd’hui il lui est inferieur de 20%. Encore un des méfaits de “l’ultra libéralisme”, j’imagine. Continuons et vérifions les taux de variations annuels de nos deux agrégats, mais cette fois ci en VOLUME, c’est-à-dire en excluant l’inflation des calculs.

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Le secteur privé, depuis 1981 a connu 7 récessions, le secteur public aucune. Etonnez vous que les jeunes Français veuillent soit émigrer, soit s’ils se sentent suffisamment compétents (sic!), entrer dans la fonction publique. Ce graphique est bien sur la PREUVE de la supériorité du secteur public sur le secteur privé.

On est mieux payé, on a une meilleure retraite, que l’on prend plus tôt, une sécurité de l’emploi totale , il n’y a pas de récession, et en plus on peut dire du mal de ceux qui travaillent dans le secteur privé, qui ne sont bien sur que d’horribles égoïstes. Hélas, comme le disait Madame Thatcher, le socialisme ne dure que tant que les socialistes peuvent trouver de l’argent à voler à quelqu’un… Plus d’argent à voler= fin des expériences socialistes. “O tempora, o mores” aime rappeler l’auteur qui a lu Astérix.

Car le secteur public ne croit qu’en deux méthodes de gestion: augmenter les impôts sur les autres (voler la génération actuelle) ou emprunter à autrui (c’est-à-dire en volant les générations futures). Il n y a en effet que deux façons de s’approprier un bien, travailler pour l’acheter ou le voler comme l’ont fort bien montré les Evangiles et Bastiat

Et la, les choses deviennent embêtantes pour nos voleurs. Le taux de croissance du secteur privé sur les 7 dernières années est devenu négatif. ( NDA:J’utilise toujours la moyenne des 7 dernières années pour déterminer une tendance structurelle) .

Les volés s’appauvrissent…la fin approche.

Résumons-nous.
■Le secteur public, qui est à l’origine de la dette, est toujours en déficit et ne vit que de transferts.
■En fin de parcours, la dette doit être payée, et par le secteur privé.
■La croissance du secteur privé est maintenant négative, c’est-à-dire qu’il se contracte structurellement, comme en Italie. Difficile de rembourser quoique ce soit dans ces conditions.
■La dette de l’Etat va donc continuer à augmenter, ce qui n’ a aucune importance, me dit on, puisqu’elle est achetée par la BCE et que le service de la dette ne coute plus rien.
■Mais des taux négatifs vont aider principalement au financement de l’Etat, car personne dans le secteur privé ne va emprunter, puisque l’activité se contracte.

La croissance de l’Etat va donc exploser et le secteur privé continuer à disparaitre.

Les différences entre la France et l’URSS d’il y a peu s’atténuent de plus en plus. Normal, puisque nous sommes gérés par des clercs d’une Eglise qui avait déjà échoué en URSS et qui est en train d’échouer chez nous.

Et comme nous l’a appris René Girard, pour dissimuler leurs échecs il suffit à ce clergé de remplacer dans le discours dominant qui sévissait dans les annexes 30 le mot “Juif ” ou ” Koulak ” par le mot ” Liberal ” aujourd’hui et le tour est joué.

Rien n’est réglé, mais un bouc émissaire a été trouvé et c’est après tout la seule chose qui compte. Voilà mon diagnostic.

J’aimerais bien avoir celui des autres.
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Message » 07 Mai 2015 8:09

21 avril 2015 Federal Reserve : en attendant Kondratiev

Depuis quelques mois maintenant, on nous parle beaucoup de la reprise de l’économie américaine, bordées de chiffres à l’appui. Je n’ai, malheureusement, ni le temps ni les compétences nécessaires à l’analyse de ces chiffres pour pouvoir les discuter, mais je dois dire que mes quelques connaissances en économie, et ma fréquentation intellectuelle de l’Ecole autrichienne, ont tendance à me rendre très dubitatif à l’idée que la planche à billet de la FED et les plans de relance keynésiens soient capables de remettre d’aplomb une économie rendue mal en point par les précédentes interventions de l’Etat et de la banque centrale

Fort heureusement, des gens ont ces compétences et prennent le temps de faire cette analyse. C’était, la semaine dernière, le cas de Charles Gave, qui a pointé les contradictions des données en provenance des Etats-Unis.

, et m’ont rappelé cette autre analyse dont j’avais pris connaissance au début de l’année et pointant ce fait que de nombreux indicateurs montrent aujourd’hui une situation semblable à ce qu’elle était juste avant la crise de 2008.

Je ne suis pas économiste, disais-je, et je manque des connaissances nécessaires à l’analyse des marchés sur quelques jours ou quelques mois. En revanche, je suis historien, et comme mes lecteurs commencent à le savoir je m’intéresse beaucoup aux schémas de longue durée, c’est pourquoi mon cycle économique « préféré » est le plus long : le cycle de Kondratiev, complété par la théorie des grappes d’innovation de Schumpeter.

Je n’en expliquerai pas le détail, l’article Wikipedia à ce sujet étant bien fait.

Néanmoins, je reprendrai la question là où l’article s’arrête, à savoir : où en sommes-nous ?

Image

Le petit schéma ci-dessus, figurant dans l’article Wikipedia, montre comme dernière grappe d’innovation en date celle qui a marqué le monde durant les années 1980 et 1990 : l’apparition d’Internet et les grands progrès des télécommunications, la démocratisation de l’informatique.

Durant la phase ascendante, la rapidité des innovations et leur rentabilité, alors que l’inventivité humaine conquiert rapidement les nouvelles terres technologiques découvertes, attire les investisseurs par sa promesse de rentabilité. A mesure que cette rentabilité s’affirme, de plus en plus d’investisseurs orientent leurs capitaux vers les secteurs en expansion. Mais, naturellement, l’innovation finit par trouver ses limites technologiques et scientifiques, et à ralentir : il n’y a pas un bond comparable entre l’absence de téléphone cellulaire et l’apparition du téléphone cellulaire et entre le téléphone cellulaire et le Smartphone ; il n’y a pas de bond comparable entre l’absence d’Internet et l’apparition d’Internet et entre l’apparition d’internet et l’augmentation du débit d’Internet. Et lorsque l’augmentation de l’investissement dépasse la capacité d’innovation, il y a alors surinvestissement, bulle et krach. Cette bulle est apparue aux Etats-Unis, épicentre de l’innovation technologique, et a éclaté en 2000.

Avant de poursuivre, une remarque : la justesse du cycle de Kondratiev-Schumpeter est parfois contestée en raison de la variabilité de la durée des cycles en fonction des pays. Il me semble que l’objection se tient, mais peut être réduite si l’on suit la logique du rôle décisif des grappes d’innovation et, partant, que l’on raisonne en terme d’épicentre d’innovation : le cycle serait plus précis, plus nettement observable dans les régions où apparaissent principalement les innovations (Europe au XIXe siècle, Etats-Unis au XXe) et nécessairement moins dans les régions relativement périphériques de l’économie-monde (pour reprendre le concept très opérant de Braudel) ; inversement, la croissance économique produite de manière différée dans les zones plus périphériques est susceptible de brouiller, dans la région de l’épicentre, les manifestations du cycle en soutenant l’économie centrale durant sa phase de récession Kondratiev. Mais une autre cause d’une information contradictoire avec le stade Kondratiev en cours peut être trouvée dans les mesures économiques portées par les gouvernements.

Et, précisément, après l’éclatement de la bulle internet en 2000, le gouvernement américain a refusé la réalité économique, la nécessité de laisser l’investissement se réorienter à la recherche d’innovations prometteuses, ce qui arrive normalement dans la phase descendante d’un Kondratiev, et permet aux innovations nouvelles d’apparaître grâce aux financements de capitaux à la recherche de rentabilité. Le gouvernement américain, aidé par la FED, a donc préféré remplacer la bulle par une autre bulle, qui fut la bulle immobilière américaine, laquelle a éclaté à son tour en 2007-2008, de façon plus catastrophique que celle de 2000 car non seulement elle était encore plus artificielle, mais encore parce que l’état réel de l’économie était celui d’un repli Kondratiev de 8 ans.

Et aujourd’hui, depuis 2008, la FED et le gouvernement américain ont créé de nouvelles bulles, à coup de Quantitative easing, destinées à maquiller par des manipulations monétaires et boursières l’état réel de l’économie , c’est-à-dire une situation de dépression Kondratiev : nous sommes pratiquement au fond du creux de la vague. Nous sommes dans un repli Kondratiev de 15 ans, et il me semble que c’est cela que pointent les chiffres cités par Charles Gave : l’économie réelle américaine est dans une phase de dépression que le gouvernement et la banque centrale tentent d’enrayer. Peine perdue : ces manipulations ne peuvent produire qu’une fausse croissance, à crédit, parfaitement malsaine, et conduire à un nouveau krach encore plus douloureux que le premier.

La véritable croissance, saine, créatrice d’emplois et haussant sensiblement le niveau de vie de la population, n’arrivera qu’avec la prochaine grappe d’innovations. Ces innovations existent déjà : il s’agit des voitures sans pilotes, de l’impression 3D, de la robotique, de la fusion nucléaire, etc. Certaines commencent à être commercialisées, à attirer des investisseurs, ce qui signifie que la réorientation du capital fonctionne et prépare le boom de demain. Mais ces innovations manquent encore de maturité, et il est vraisemblable qu’elles ne seront en mesure de porter une croissance forte que dans une dizaine d’années, vers 2020-2025, ce qui correspondrait tout à fait à la durée moyenne d’un Kondratiev, vingt à vingt-cinq ans après l’éclatement de la bulle Internet.

On pourrait croire que les efforts de la FED et du gouvernement américain ne sont pas absurdes, en ce qu’ils pourraient permettre de maintenir une sorte de croissance artificielle, assistée, en attendant que l’économie réelle prenne le relais grâce aux innovations ; ce serait un triomphe de l’idée de direction économique bien tempérée. Mais je crois que, comme d’habitude, il y a ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas : l’injection d’argent et la permanence de bulles faussent le système des prix et donc la mesure de rentabilité des investissements, et l’on peut donc penser que l’intervention étatique ralentit l’innovation en la privant de capitaux. En outre, rien ne dit que les manœuvres en cours permettront de tenir jusqu’en 2020-2025 sans nouveau krach, encore plus dévastateur que le précédent ; bien au contraire, comme je le disais en ouverture, les indices d’un nouveau krach à venir s’accumulent, ajoutés au fait qu’il y aura dans un peu plus d’un an, entre nous et la crise de 2008, le même laps de temps qu’entre l’éclatement de la bulle Internet et le krach de 2008. Et vue la situation mondiale actuelle, les tensions autour de la Russie, le réarmement de l’Asie, les inquiétudes politiques liées au ralentissement de la croissance chinoise, un tel krach serait vraisemblablement annonciateur de malheurs plus terribles qu’une récession naturelle. En créant des bulles pour limiter, en apparence, les effets normaux d’un ralentissement économique Kondratiev, on s’expose à des chutes brutales là où l’on aurait pu descendre lentement, avec la certitude que cette résignation raisonnable mènerait plus sûrement et plus vite à un nouvel essor, qui pourrait ressembler à un âge d’or si, là aussi, le gouvernement ne s’en mêle pas trop.

http://www.historionomie.com/archives/2 ... 27095.html
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Message » 07 Mai 2015 8:12

Dévaluation ou récession : la crise de la dette doit se résoudre
06 mai 2015 | Bill Bonner |
▪ Aujourd’hui, nous avons une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y aura pas de récession de 25 ans. Il n’y aura pas non plus de dépression qui durera jusqu’à notre mort.
La mauvaise nouvelle : ce sera bien pire.
"Une longue dépression" : on en parle beaucoup dans la presse financière. Plusieurs économistes prédisent de nombreuses années de croissance paresseuse voire négative. C’est la conséquence évidente de conditions préexistantes, se combinant à plusieurs tendances superposées
Premièrement, les gens vieillissent. Surtout en Europe et au Japon, mais également en Chine, en Russie et aux Etats-Unis. Comme nous l’avons déjà expliqué, à mesure que les gens vieillissent, ils changent. Ils cessent de produire et commencent à consommer. Ils ne sont plus les innovateurs dynamiques et adaptables qu’ils étaient dans leur jeunesse ; ils deviennent les vieux singes à qui on n’apprend plus à faire des grimaces. Ils ne sont plus le bois vert d’une économie saine ; ils deviennent du bois mort.
Il n’y a rien de mal à vieillir. Il n’y a rien de mal non plus à mourir, du moins du point de vue philosophique. Mais ce n’est pas ça qui va faire grimper les ventes de voitures ou augmenter les salaires — sinon pour les entrepreneurs de pompes funèbres.
▪ La dette, la dette, la dette
Deuxièmement, la plupart des grandes économies sont lourdement endettées. L’augmentation des niveaux de dette a commencé suite à la Deuxième guerre mondiale et s’est accélérée après le changement du système monétaire en 1968-1971. En 2007, les consommateurs américains ont atteint ce qui était probablement "le pic de la dette". C’est-à-dire qu’ils ne pouvaient plus continuer à emprunter et dépenser comme ils l’avaient fait pendant le demi-siècle précédent. La majeure partie de leur dette était hypothécaire, et le prix de l’immobilier chutait.
Les autorités ont fait comme toujours : elles ont réagi à côté de la plaque. Elles ont essayé de résoudre un problème de dette avec encore plus de dette. Sauf que les consommateurs n’avaient ni l’envie ni la capacité d’emprunter. Les revenus et leurs nantissements baissaient. Si bien que les entreprises et les gouvernements n’avaient plus d’autre choix que se tirer une balle dans le pied. Les banques centrales ont créé plus de monnaie et de crédit — par milliers de milliards de dollars. Mais dans la mesure où les ménages n’empruntaient pas, l’argent passait dans les actifs financiers et les dépenses du gouvernement zombie. Rien de tout ça ne fournissait de soutien significatif aux salaires ou à la production. L’économie réelle s’est donc amollie, alors même que le coût du crédit chutait aux plus bas niveaux de son histoire.
▪ Les zombies attaquent
Troisièmement, les économies développées se sont zombifiées. Selon la Banque mondiale, les Etats-Unis sont descendus à la 46ème place sur la liste des pays où il est le plus simple de lancer une entreprise. De la paperasserie. Des dépenses. Des lois. Des impôts exorbitants. Des coûts de main-d’oeuvre élevés. Une concurrence bien enracinée, avec des clients vieillissants et loyaux.
Les principaux secteurs — lourdement contrôlés et réglementés, comprenant notamment la défense, l’éducation, la santé et la finance — sont pratiquement des filiales du gouvernement. Tous sont protégés par de hautes barrières à l’entrée et par le fait qu’on n’attend pas grand’chose d’eux. La concurrence est tout juste tolérée. L’innovation est découragée. Les erreurs sont pardonnées et remboursées.
Parallèlement, on encourage les masses à devenir elles aussi des zombies, avec de généreuses récompenses pour ceux qui 1) ne font rien, 2) font semblant de travailler ou 3) empêchent les autres de faire quoi que ce soit. Une fois que tous les zombies, comploteurs et insiders ont prélevé leur argent, il ne reste pas grand’chose pour l’économie productive.
Généralement, ces problèmes — trop de dette, trop de zombies et trop de personnes âgées — mènent à des crises financières. Ensuite, ils sont "résolus" soit par l’inflation, soit par la dépression. Et cette solution commence quand les marchés craquent.
▪ Il va falloir reprendre son souffle
Les marchés ne grimpent jamais éternellement. Ils montent et baissent. Ils inspirent et expirent. Après avoir aspiré de l’air depuis 30 ans, les actifs financiers américains sont prêts à se vider les poumons. Bill Gross :
"Quand est-ce que notre système financier basé sur le crédit cale-t-il/tombe-t-il en panne ? Lorsque les actifs sur lesquels on peut investir présentent trop de risque pour trop peu de rendement. Pas immédiatement, mais à la marge, le crédit et les actions commencent à être échangés contre ce qui est figurativement, et parfois littéralement, de l’argent sous le matelas".
Lorsque ça se produit, les problèmes se résolvent d’eux-mêmes, de deux manières possibles.
Une dépression rapide et sévère efface la valeur du crédit. Les emprunteurs font faillite. Les obligations expirent sans valeur. Les entreprises mettent la clé sous la porte. Toute la structure de capital se dévalue à mesure que les dettes sont passées en pertes et profits et que les actifs financiers en tous genres sont laminés.
Ou bien, sous pression, les autorités impriment de la monnaie. Les dettes diminuent à mesure que la devise perd sa valeur. Les zombies ont encore de l’argent, mais il vaut moins. Les ajustements ne peuvent pas suivre le taux d’inflation. Les retraites, les prix et les promesses disparaissent.
Dans les deux cas, l’ardoise est effacée et un nouveau cycle peut commencer.
Mais avec quel chiffon peut-on effacer l’ardoise actuelle ?
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