Dirty Vincent a écrit:Il y en aurait, des choses à dire sur ce point.
Et curieusement, alors que l'homoparentalité a agité le débat pendant des semaines, personne ne s'interroge depuis des années sur un tel fait de société.
D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, dans le débat sur la modification des rythmes scolaires, j'ai pointé du doigt les difficultés auxquelles allaient être confrontés des parents divorcés (et de ce fait leur progéniture) et notamment ceux qui disposent d'un mode de garde alternée. Un forumeur (Haskil de mémoire) m'a dit que la République n'avait que faire de ce qui passait dans la sphère privée (je le redis de manière élégante, lui ayant parlé carrément de "chambres"). Pourtant, avant de parler d'homoparentalité, on parle d'homosexualité. Et c'est bien dans une chambre (ou ailleurs) que ça commence. Et là, la République s'en occupe.
Pourtant, je suis prêt à parier qu'il y a bien plus de parents divorcés et potentiellement, de papas avec enfants en garde alternée (surtout avec la multiplication des divorces), que de couples homos avec enfant.
Bref, juste pour dire que ce problème est loin d'être nouveau et qu'il y avait des choses peut-être plus urgentes à régler que l'homoparentalité.
En ce qui me concerne, divorce par consentement mutuel prononcé en 2010. Nous nous étions mis d'accord sur le mode de garde (alternée). J'avais expliqué à mon épouse qu'elle avait parfaitement le droit d'avoir un coup de foudre pour son boss mais qu'il était hors de question que ma fille soit élevée par ce mec. Ca tombe bien (surtout pour elle), elle n'avait pas l'intention de me séparer de ma fille.
Etant d'accord sur tout, la (magnifique) juge s'est contentée d'entériner la requête formulée par notre avocat commun, requête réglant à l'avance la répartition des biens mobiliers et immobiliers et surtout la garde alternée de notre fille. Elle n'a même pas jeté un oeil à la distance entre les deux domiciles déclarés (j'ai déclaré l'actuel domicile de mes parents car j'étais sur le point de déménager), se contentant de vérifier verbalement les adresses (l'une dans le Val d'Oise, l'autre dans les Yvelines). On a coutume de dire que jurisprudentiellement parlant, les juges refusent d'accorder la garde alternée si les domiciles sont distants de plus de 30 kms. C'est faux. Les juges ne prennent en compte que les ressources, les capacités d'accueil des parents, éventuellement leurs jobs (en s'assurant des horaires respectifs, compatibles avec des horaires de garde). Enfin, tout ce qui va plus généralement dans l'intérêt de l'enfant. Il est évident que le juge posera des questions si un parent déclare un domicile en Picardie et l'autre dans l'Essonne, ce qui posera inévitablement des problèmes pour l'enfant et sa scolarité. En cas de désaccord, on doit en référer à la convention de divorce. Si le désaccord persiste, retour chez le juge.
Il y a pas mal de raisons à si peu de gardes alternées.
Il ne faut pas se leurrer. Déjà, il y a pas mal d'hommes qui ne s'imaginent pas gérer leur enfant tout seul. Beaucoup rentrent tard du travail et sont effrayés à l'idée de devoir s'occuper de leur enfant (devoirs, faire à manger, jeux/histoire à raconter, bain ou douche, comptines pour les plus jeunes...). Quand ils étaient mariés, ils participaient mais ne faisaient pas tout.
Là, toute l'organisation est à revoir.
Ensuite, il y a aussi le facteur financier. Quand on se retrouve tout seul, le pouvoir d'achat diminue. C'est une évidence, sauf pour ceux qui disposent de gros salaires et dont l'ex-épouse ne travaillait pas (mais alors là, attention à la prestation compensatoire). Certains n'ont pas les moyens d'acheter un appartement avec une chambre pour chacun des enfants qu'ils ont.
Très franchement, je ne pouvais pas rester vivre dans le parc de Maisons-Laffitte suite à mon divorce et la revente de notre (superbe) appartement. Il me fallait un trois pièces (2 chambres dont l'une pour ma fille) et les seules trucs qu'on me proposait dans mes tarifs, ressemblaient à des taudis... Même si le cadre était idyllique, impossible de vivre là-dedans. J'ai donc choisi de changer de ville, de m'éloigner un peu et ai fini par trouver le coin idéal. Et encore, c'est pas trop compliqué avec un salaire de cadre. Mais imaginez un peu le mec qui ne gagne que 2000-2500 € /mois, tout seul avec un voire deux gosses, dans un coin comme Maisons-Laffitte, Saint-Germain en Laye, etc. Il ne peut même pas prendre un 2 pièces. Il lui reste la tente Quechua ou l'exil un peu plus loin.
Bien évidemment, la maman aussi a le même problème.
Et puis surtout, la raison principale qui fait que la garde alternée soit moins utilisée que le simple droit de visite, c'est qu'il faut que les futurs divorcés soient d'accord.
C'est surtout là que c'est loin d'être gagné. Je ne sais pas combien de divorces se passent mal mais tous les gens qui divorcent autour de moi, finissent par se faire la guerre et le divorce prend des années.
Pour ma part, d'accord sur tout avec mon ex, entre le premier rendez-vous chez l'avocat commun et le prononcé du divorce, se sont écoulés à peine 7 mois (la loi promet 4 mois mais en pratique, c'est quasi impossible).
Je n'ose imaginer quand les futurs ex-époux se tirent dans les pattes. Et bien évidemment, ils attaquent là où ça fait mal : le ou les enfants et le pognon.
En cas de différend, il est malheureusement évident que le juge (souvent, LA juge...) donne avantage à la maman. D'abord parce que les psychiatres disent qu'il faut absolument éviter de séparer le très jeune enfant de sa mère, sauf si elle constitue un danger pour lui. Puis ensuite, probablement par solidarité féminine. Tous les hommes sont des fumiers et des incapables, c'est de notoriété publique.
Il y a sûrement bien d'autres raisons à ce faible taux de garde alternée...
En tout cas, c'est un mode de garde à privilégier pour les gens intelligents qui sauront mettre de côté leurs rancoeurs et amertumes personnelles pour le bien-être de leur enfant. Parce que c'est bien de ça qu'il s'agit.
Toujours penser à l'intérêt de son enfant. Il ne doit en aucun cas être une monnaie d'échange ou un objet de chantage comme on le voit trop souvent.
Pour ma part, je suis très content d'avoir ma fille une semaine sur deux. Toujours enthousiaste à l'idée de la retrouver, toujours un peu angoissé à l'idée de la laisser à sa mère (même si je sais qu'elle s'en occupe parfaitement). Ma fille semble s'être habituée à cette vie (une maison et un appartement, deux chambres, deux fois plus de jouets et de cadeaux... faut bien qu'il y ait des avantages
En tout cas, elle m'a dit qu'elle est heureuse avec moi (elle me dit que je suis le meilleur papa du monde... comme toutes les petites filles qui adorent leur père, j'imagine) mais qu'elle l'est aussi avec sa mère.
Honnêtement, je n'aurais pas pu imaginer autre chose que la garde alternée. C'est déjà assez dur de voir la moitié de la jeunesse de son enfant nous échapper...
Par contre, il est vrai que l'organisation est terrible les semaines où j'ai ma choupette. Je me lève à 5h55/6h pour me préparer tranquillement, la réveille à 7h (alors que chez sa mère, elle se lève à 7h45... elle est scolarisée dans la ville où réside sa mère, à 15 kilomètres de chez moi...), la fait déjeuner, l'aide à prendre sa douche, lui prépare ses affaires, le goûter pour l'étude, vérification des affaires et zou, en voiture direction l'école. 25 minutes de voiture pour être à l'école à l"ouverture des portes (8h20... attention à ne pas être en retard car à 8h31 pile, les portes sont fermées et l'enfant doit rester sous la garde de ses parents jusqu'à la récréation, soit 10h15 pour pouvoir réintégrer l'école, les portes restant jusque-là fermées... merci aux enc...és de parents qui amenaient leur progéniture à 8h45 à l'école... du coup, stress supplémentaire pour les gens qui habitent loin comme moi). Une fois le gros bisou fait, hop, je cours jusqu'à ma voiture et hop, direction la ville la plus proche dotée du RER A (Sartrouville) où je me gare à 1,5 km de la gare (tout est payant sinon). Marche à pied, premier RER qui se pointe et j'arrive enfin à Nanterre à 9h15. Pas mal pour un mec levé depuis 6h du mat'. Et le soir, départ à 17h50 pour être à la garderie de l'école avant 19 h (sinon, l'enfant se retrouve soit dans les services sociaux soit au commissariat de Police... hé oui, les mêmes enc..... de parents qui venaient chercher leur gosse à 19h45...). Généralement, le soir, j'arrive à 18h45. Mais je frémis à chaque ralentissement du RER A (et pourtant, je n'ai qu'une ou deux stations en fonction du RER que je prends
Voilà la vie de fou... Et encore, j'ai un patron compréhensif qui sait que les semaines où je n'ai pas ma fille, je peux finir à 20h sans souci et commencer plus tôt.
Tout le monde ne peut pas suivre un tel rythme. D'ailleurs, je songe sérieusement à prendre un poste plus prêt, afin déjà de ne plus être tributaire du RER A. Sans quoi je vais finir par péter une durite.
Pour finir, la garde alternée, c'est bien. L'organisation qui va avec, par contre, ça peut être très très compliqué.
Je me retrouve entièrement dans ce témoignage. Et personnellement je trouve que la garde alternée est vraiment une bonne solution quand les parents s'entendent bien. Accessoirement, ça me permet aussi d'avoir deux vies distinctes... une en papa poule, l'autre en célib libre comme l'air.
Et les enfants sont heureux, ce qui est le principal.
).
Créé le 09 Sep 2016 19:21
