Je remarque que les premières tentatives de définition d'un THDG ont toute tourné autour du coût du matériel. Coût de conception. Coût de fabrication. Coût d'achat.
De ce fil, il n'a pas été difficile de recentrer le débat sur l'aiguille: une espèce de lutte des classes.
Ce n'était pas mon propos, ni mon intention. Je ne m'appesantirai pas sur ces éléments, sinon pour les critiquer là où ils rejoignent mon projet de définition.
La démarche d'haskil me parrait beaucoup plus intéressante, puisqu'elle définit un socle objectif du THdG.
Je me permet de le citer pour rebondir sur ces propos.
haskil a écrit:Un appareil haute-fidélité est un appareil qui répond aux normes en vigueur qui déterminent ce label. Il y avait autrefois une norme dite Din qui établissait, comme aujourd'hui la norme THX pour le home cinema, des mesures objectives minimales que devaient atteindre un appareil pour pouvoir être qualifiées de hifi.
Ce passage n'est qu'un prolégomène à son développement. Il me parrait pourtant intéressant de le souligner.
En effet, je pense que l'on peu développer l'idée de respect d'une norme pour en faire non un minimum de ce à quoi doit objectivement répondre un appareil hi-fi, mais un optimum objectif que doit atteindre un appareil de THdG.
Il a souvent été souligné que des mesures pertinentes pouvaient utilement être invoquées pour juger de la qualité d'un matériel hi-fi.
Je suis de cette école, et je regrette qu'elles ne soit ni connue ni pratiquée dans la littérature "grand public" relative à la hi-fi. Certaine revue opèrent des mesures plus sophistiquées que d'autres, comme Stereophile. Mais même la démarche de Stereophile me parrait limitée par rapport à ce que l'on peut trouver dans de la littérature technique relative à certains matériels jugés à la fois innovants du point de vue technique et à tout le moins estimable du point de vue subjectif.
Je prendrais pour exemple les amplificateurs Halcro, dont les schémas de conception sont protégés par un brevet aux Etats-Unis, bien qu'ils soient explicitement inspirés d'idée plus anciennes et qui ont été réactualisées et -c'est leur prétention- améliorées. Les Halcro s'insèrent ainsi dans une lignée technique qui remonte à un certain ampli de Williamson ou au Technics SE-A1, ainsi qu'à d'autres dessins. Ce qu'il y a d'intéressant, avec notamment l'ampli de Williamson, lui aussi protégé par un brevet, c'est que les schémas était conçus pour pallier des formes de distorsions parfaitement mesurées, par exemple au niveau des alimentations classiques. On trouve des mesures accompagnant le brevet. Williamson prétendait donc que ce qu'il avait mesuré et redressé par son schéma influencait les performances audio de son appareil. Ainsi va Halcro, qui communique d'ailleurs beaucoup sur les distorsions infinitésimales de ses appareils (bien qu'il demeure aussi général qu'un fabriquant lambda sur la _nature_ ou plutôt la cause de la distorsion).
Ce qu'il est intéressant de relever ici, c'est que des appareils se prétendant explicitement de très haut de gamme, et qui ont cette caractéristique que chacun s'est plu à attribuer au THdG, je veux nommer le prix stratosphérique, ces appareils, donc, répondent tout aussi explicitement à un panel de mesures plus sophistiquées que celles du socle commun de la norme dont parle haskil.
AMHA, il y a derrière ce ce fait -et sans même vouloir discuter de sa pertinence- une idée importante qui peut caractériser aussi le THdG. A savoir que le THdG est issu d'un
travail d'intelligence singulier sur la compréhension des phénomènes physiques et électriques qui influent la chaîne de reproduction du son.
Bien que l'empirisme, le pragmatisme, le savoir-faire ne sont pas choses à négliger, d'autant qu'elles sont sans doute à la base d'une démarche scientifique, il y a dans cette idée du travail d'intelligence quelque chose qui dépasse un lieu commun de l'audiophilie: n'est musical qu'un appareil conçu à l'oreille par des personnes talentueuses qui se soucient vraiment de la reproduction sonore. Ils existent donc des personnes qui prétendent que l'on peut dépasser le stade de l'intuition et comprendre le coeur de ce qui fait d'un appareil une machine magique capable de reproduire la musique dans ce qu'elle a de plus vivant.
Je proposerais donc pour l'une des caractéristiques du THdG la compréhension et la maîtrise des phénomènes électriques et physiques qui influencent la chaîne de reproduction sonore.
Je suis concient de faire passer la discussion du rêve et de la passion à des considérations très terre à terre. Pour vous rassurer, je pense que le THdG ne peut se limiter à cela, ou du moins que cela à des conséquences plus valorisantes subjectivement, mais on va y revenir.
