Bonjour,
Ce matin, au lever du jour, la symphonie de César Franck…
Obligé, à la lecture hier soir, du passage de haskil au sujet de cette symphonie…
Tout d'abord, j'aime cette symphonie depuis mon enfance… il y a quelques musiques comme cela (Schéhérazade de Rimsky-Korsakov, les Danses Slaves de Dvorak… ) qui me sont devenues des "madelaines"… Pourquoi ? Peut-être le caractère d'un thème, les couleurs de l'harmonie ou par l'animation rythmique… associés à une émotion de découverte. Mais en tout cas cela marche à chaque écoute.
Ces musiques je ne les écoute avec l'esprit d'analyse… et je n'ai donc pas été très sensible à leurs faiblesses.
Déjà, je peux dire que j'aime toujours les idées des thèmes de cette symphonie… et dès le début de la symphonie, l'exposition lente par les cordes prolongées par le soutien profond des contrebasses, a fait sont effet du côté de chez Proust…
Je ne vais pas vous faire une analyse de cette symphonie… mais je l'ai écouté avec une oreille plus critique (sans perdre le plaisir… ).
Et là haskil n'a peut-être pas tort de trouvé dans la critique de milhaud quelques vérités (bien que le Marius avec ses symphonies de chambre de 5 mn… ).
C'est vrai, que dans le premier mouvement (Lento) il y a au moins quatres passages où notre César est resté en dedans.
Il y a par exemple un passage vers les deux tiers, dans un effet de tutti (avec les flûtes traitées en arpèges-fusées en cycles rythmiques) que César Franck installe et puis… je me suis dis… " Aller mon César, vas-y, montre leur… que je puisse dire à Alain qu'il écoute çà! … et puis… plouf. Notre bon maître s'arrête et passe à autre chose… une reprise du thème…
Le problème c'est qu'il l'avait déjà fait au moins deux ou trois fois auparavant !
C'est une chose que j'ai souvent à dire à de jeunes compositeurs (étudiants) aux vues de certaines de leurs partitions… Dans un tutti une tension est installée avec une recherche d'énergie et d'efficacité, cela tient, mais ce qui vient après, très souvent, c'est la rupture ou l'effilochage…
Alors que c'est là où il faut qu'un compositeur fasse preuve de ressource pour donner un sens à ce climax. Et pouvoir développer en montant d'un cran dans l'audace, et par l'invention.
Puis lorsque l'auditeur virtuel attend par convention une tournure de terminaison probable "monter" encore un cran au-dessus… Mais attention tout cela nourri par l'écriture, pas par un accord tutti ffff acec cymbale et roulement de timbale (c'est utilisable mais là encore il faut trouver un peu d'originalité dans la manière).
Cela ont le trouve chez tous les grands romantiques ou symphonistes hors-catégorie (Beethoven, Berlioz, Malher, Strauss…) et même dans la musique de chambre (quatuors de Beethoven…).
J'encourage toujours mes jeunes confrères à avoir cette exigence… non pas pour la nécessité systèmatique du procédé, mais pour voir les limites de leurs outils d'écritures…
Là, les règles apprises scolairement ne fonctionnent plus… cadences harmoniques, séries, progressions spectrales, stochastiques… non, il n' y a plus que le travail d'imagination avec les suées pour pousser son système d'écriture à ses limites, pour nourrir des idées dans lequel on se contentait de le faire "tricoter".
Revenons à la symphonie. Dans ce premier mouvement, notre César Franck est resté trop poli… c'est dommage… surtout pour un mouvement de 17 mn…
2eme mouvement… Ahhh ce thème principal repris joué lent en pizz par les cordes et la harpe… et puis la réapparition de l'autre thème mobile par les cordes en tremolo là dessus… moi j'aime.
Ce mouvement est mieux construit il n' y a plus ces évitement… cela sonne très bien. L'harmonie est belle. Dans un passage de palpitement des cordes (le thème mobile), le fondu des cors en soutien avec le chant des bois est très beau…
3eme Mouvement . Cela démarre fort et il y a là aussi de beaux moments, mais comme dans le premier mouvement il y a des sensations de "retenues" de matière musicales… des idées qui s'arrête juste après leur exposition… Il manque une forme d'engagement de la part du compositeur.
D'où cela provient-il ? Parce que César Franck savait faire… est à fait…
Comme d'autre la "Symphonie" et ses cadres formels ont probablement coincées les tentatives de sortir une expression plus forte…
En tout cas, c'est une symphonie que j'ai écouté avec plaisir… la version de Monteux est très bonne. Elle est de 1961. La prise de son bonne… toutefois il y a une légère couleur de salle qui n'est pas très génante, car tout est lisible.
Il y a plusieurs versions de Mûnch qui circulent de différentes époques, une avec l'ONF (valois), et une par l'Orchestre de Boston… Je ne les connais pas.
Enfin, Alain, je comprends que tu puisses t'ennuyer… cela me rassure d'avoir entendu ces raisons… comme tu comprendras les miennes d'aimer toujours cette musique… et d'être aussi sensible à l'injustice de voir ce César Franck trop oublié alors qu'il est pour la musique française un pilier important sur lequel se sont appuyé nos D'indy, Debussy, Ravel…
Mais moi aussi… je sens que nous allons être encore d'accord…
Amicalement.
Salut à tous
Gilles