frg a écrit:Et quelles que soient les améliorations techniques que l'on apportera, on sera toujours limité par cette vérité profonde :
"
Ceci n'est pas une pipe." (René Magritte)
La limitation n'est peut être pas aussi franche qu'il y parait.
Considère le cas de l'observateur en vue directe de l'objet. Sa rétine reçoit des photons réfléchis par la pipe. Et ceci va aboutir à un ensemble d'états et d'impulsions électrochimiques dans son cerveau qui encodent et représentent l'image de l'objet. Est-ce que la pipe est dans l'esprit de l'observateur pour autant ? Non, son esprit n'en contient que cette représentation, et n'obtiendra une vision de l'objet que par cet intermédiaire.
De ce fait, le spectateur qui regarde une prise de vue de l'objet n'est pas vraiment logé à plus mauvaise enseigne, à partir du moment où le cinéma converge vers une reproduction aussi exacte que possible du flux de photons émanant de la pipe.
Par ailleurs l'oeuvre de Magritte est un tableau, donc une création à partir de rien. Son exemple pourrait s'appliquer à l'image de synthèse, mais pour les prises de vues classiques, on pourrait dire que l'image est une signature de l'objet réel, qui a interagit avec des photons, qui sont venus frapper un capteur qui a convertit tout cela en charges électriques, stockées ensuite dans des mémoires à semi-conducteurs...
On a ainsi toujours un lien même ténu avec l'objet réél car à travers toutes ces transformations, on conserve une certaine information en provenance de lui.
Ce n'est pas la pipe, mais au moins son empreinte.
Il peut sembler reducteur de n'accéder à la connaissance d'un objet que par les photons qu'il émet, sans pouvoir le toucher. Mais finalement le toucher repose sur la répulsion électromagnétique entre les nuages électroniques des atomes des doigts et de ceux de l'objet. On n'atteint jamais une distance nulle, donc un vrai contact, car la répulsion deviendrait infinie.La force électromagnétique est transmise par des photons, dit "virtuels" car on ne peut les détecter directement. De sorte que, comme le faisait remarquer l'auteur de SF James P. Hogan, on s'aperçoit finalement que l'homme n'a accès à la réalité qui l'entoure que par l'intermédiaire de flux de photons, la plupart d'entre eux virtuels. On n'atteint donc jamais vraiment les objets eux-mêmes (pour peu que le concept ait un sens), mais seulement l'empreinte qu'ils laissent sur ces flux de photons.
Enfin, si limitation il y a, elle n'est guère gênante tant que le consensus entre l'industrie du cinéma est le spectateur est que :
- on ne cherche à reproduire que les aspects visuels et auditifs de la réalité
- le spectateur reçoit passivement une histoire. Son contenu et le point de vue d'où elle est observée sont entièrement sous le contrôle du réalisateur.
- le spectateur reste confortablement assis dans son siège durant toute la séance et ne cherchera à venir pas à l'écran pour y tripoter et déplacer des objets