
Après vous avoir fait découvrir l'écrin http://www.homecinema-fr.com/forum/acoustiquecorrection-passive/ma-piece-dediee-les-bases-et-l-evolution-t30035755.html il est temps de passer au contenu.
En vous présentant Anticonforme, la fierté de vous faire découvrir une réalisation personnelle n'est pas mon but premier. Cette insstallation se veut, avant tout, un moyen de matérialiser un ensemble de concepts qui me tiennent à cœur et que je souhaite partager avec vous.
Pour me permettre une analyse approfondie sans vous assommer par un texte trop long, ma communication prendra la forme d'une sorte de feuilleton dont vous pourrez suivre les différents épisodes. Même si je vous sais plus impatients de découvrir les aspects concrets de la réalisation, le passage par quelques explications théoriques est inévitable. Je veillerai à être le plus concis et le plus simple que les concepts le permettent.
Episode 1 : Les parois situées à proximité des HP : amies ou ennemies ?
Le "savoir" des audiophiles est parfois encombré d'aprioris paradoxaux. Nombreux sont ceux pour qui le pavillon représente "La Voie Royale de la haute-fidélité la plus absolue". A l'inverse, dans l'imaginaire audiophile, le renforcement sonore des fréquences graves obtenu par la présence de parois situées à proximité d'un HP est souvent considéré comme une intolérable forme de coloration. Le paradoxe vient du fait que ce sont exactement les mêmes lois physiques qui régissent tant l'action de ces parois que le fonctionnement des pavillons
En supposant que, dans un local, une source sonore puisse émettre un rayonnement parfaitement sphérique, l'énergie se répartirait, dans d'égales proportions, vers toutes les directions qui entourent le point d'émission (soit, sur un angle de diffusion de 360°). Dans ces conditions, une partie infime de l'énergie émise parvient, en droite ligne, aux oreilles de l'auditeur. Le restant se répartit vers les parois (mur, sol, plafond) et, dans le jeu de ping pong engendré par réflexion entre celles-ci, seules un très petit nombre d'ondes sonores aboutissent "par hasard" dans nos conduits auditifs. Il est, toutefois, possible de renforcer l'énergie parvenant à ces derniers en canalisant le flux sonore en direction de l'auditeur. C'est exactement ce que font tant les pavillons que des parois situées en proximité immédiate d'un HP.
Dans le cadre des pavillons, la canalisation énergétique est régie par les profils que leurs concepteurs ont donnés aux parois. Corroborées par l'expérience subjective des audiophiles, les études scientifiques ont permis de créer des profils performants, capables d'associer, sur une plage de fréquence assez large, un rendement très élevé à une excellente linéarité objective et subjective.
En comparaison, l'action d'un mur placé à proximité immédiate d'un HP apparaît bien rudimentaire. En ramenant l'angle de dispersion du son de 360° à 180°, l'énergie sonore qui parvient à l'auditeur n'en est pas moins doublée, ce qui équivaut à un accroissement de rendement égal à 3 dB. Sans entrer trop dans les détails, on peut poursuivre le raisonnement et constater qu'un HP situé à l'intersection entre deux parois (par exemple, au point de rencontre entre un mur latéral et le sol), bénéficie d'une augmentation du niveau de 6 dB. Enfin, lorsque le HP est placé au fond d'une encoignure, le gain est de 9 dB.

Hélas, dans la vie, ce qui est gratuit est rarement sans inconvénient et le renforcement ainsi obtenu n'est parfaitement linéaire que dans une zone très limitée du grave. Plus le HP est éloigné de la paroi, plus petite est la plage de fréquences qui bénéficie d'une amplification linéaire.
La mauvaise réputation subjective que les audiophiles accordent à l'amplification permise par les parois tient, essentiellement, à une triple méconnaissance :
- celle de l'étroitesse de la zone fréquentielle pour laquelle le renforcement est linéaire;
- celle des accidents que présente la courbe de réponse au-delà de la zone de linéarité
- celle des règles qui permettent de calculer la fréquence charnière qui marque la fin de cette zone linéaire.
Dès lors, comme de bien entendu, l'exploitation inadéquate d'un principe mal compris va de pair avec une réputation négative injustifiée.
Voilà plus de trente ans que, par des articles parus dans plusieurs revues, Roy Allison a rendu publiques toutes les informations nécessaires à une parfaite gestion des principes grossièrement décrits ci-dessus. Les courbes publiées un peu plus haut sont extraites de ces publications. Mes tentatives pour aboutir à la perception de l'importance de ces travaux et du fait que leur connaissance se devrait de faire partie du bagage de base de tout audiophile n'ont, jusqu'à présent, pas abouti. L'exemple sera peut-être plus parlant que les discours…
Le prochain épisode vous fera découvrir comment ces principes ont été mis en œuvre dans le cadre d'Anti-conforme.
Cordialement,
Paul
