J'ai vu la saison 4 en entier et je ne te donnerai aucune indication concernant l'histoire dans ce qui suit, rassure-toi.
Je trouve en fait que cette saison est la plus riche en péripéties, et la plus creuse... jusqu'aux deux-trois derniers épisodes.
Je sais que c'est assez paradoxal, mais regarde bien : la nouvelle agence vivote, elle trouve de nouveaux clients, mais rien de transcendant. Don Draper a une crise existentielle après son divorce, mais ça n'est pas non plus la déchéance. On est débarrassés en bonne partie de Betty Draper (alias
) et du coup, les épisodes sont automatiquement bien moins irritants.
Donc, on suit ce qui se passe au jour le jour, c'est une chronique, c'est confortable, toujours bien écrit et bien joué, mais beaucoup de choses respirent un peu la redite de ce qu'on a vu dans les saisons précédentes, avec juste un contexte historique un peu différent. Donc, malgré le divorce, malgré la nouvelle agence, il y a en fait beaucoup de statu quo.
Et pour moi, c'est fait exprès.
Le thème qui se dégage après coup de cette saison, c'est comment négocier le changement. Les gens peuvent-ils changer, peuvent-ils avoir une prise de conscience ou bien se laissent-ils porter par les circonstances ?
À un moment, vers le milieu de la saison, Don Draper va quand même réagir, mais au fond le changement est encore assez superficiel. Il fait des efforts, il sort d'une sale période mais il ne s'est pas non plus totalement réinventé. C'est juste trois verres de whisky au lieu de cinq.
Mais dans la toute fin de la saison (sans te révéler grand chose), il va y avoir une crise et c'est là qu'on voit comment les gens réagissent et s'ils sont vraiment capables d'affronter le changement. Et il y a bien entendu des surprises par rapport à ce qu'on avait vu jusqu'à présent.
Pour moi, c'est totalement voulu par Matthew Weiner. Il laisse les personnages et la série sur un tapis roulant jusqu'au moment où il tire le tapis.
Ce qui y ressemble le plus, c'est la dernière saison pour le moment de Breaking Bad, où les personnages sont dans une logique d'attente pendant très longtemps, le spectateur reste sur sa faim et en fait ça n'est pas une baisse d'inspiration, c'est juste qu'on est dans un duel avec un type très froid qui met méthodiquement en place ses pièces. Et quand l'action commence, là, mazette...
Bon, maintenant, des choses plus immédiates...
Roger n'agit en fait pas par haine des Japonais. C'est son prétexte que ses associés devinent très vite. Roger est le type qui leur apporte Lucky Strike, dont dépendent environ les deux tiers de l'activité de l'agence. Du coup, tout gros contrat passé par un autre que lui diversifierait leur clientèle et lui donnerait moins de poids dans l'agence, parce qu'en dehors de son amitié avec les mecs de Lucky Strike, il ne fout en fait rien.
C'est vrai que Don Draper a perdu sa secrétaire mimi mais rassure-toi. Mama mia, cette Ida Blankenship...