ogobert a écrit:L'hypothèse que je formule est l'existence de parallèles entre les évolutions naturelles des vies présumées sentients sur toutes ces planètes détruites. Parce que la première saison de la série (à commencer par les assertions du Seeker) suggère plus une systémique de l'évolution (un thème vraiment nouveau) que l'action d'un méchant extraterrestre qui désintègre toutes les planètes qu'il rencontre (un thème ultra-banal).
Après, rien ne dit que le timing et la méthode de destruction sont identiques sur chaque planète (y compris celle du Seeker) ! C'est justement ça le principe de la masse critique : tous les chemins mènent à Rome, les chemins les plus divers et de toutes les longueurs.
Tu m’as mis le doute, ce soir je vais réétudier la rencontre avec le seeker…
Toute la série
Odyssey 5 est en fait placée sous l'égide de l'
évolutionnisme !
Par exemple, dans l'épisode
Odyssey 5 01-16 Vanishing Point (Rêve ou réalité), les discours de la "Transhumanist Guild" puis de la Sentient ayant créé la "gallery of humanity" postulent que les Sentients (immatériels) + les Synthétiques (incarnés) sont le chaînon qui succède à l'
Homo Sapiens Sapiens... Sur ce point,
Odyssey 5 est presque à rapprocher de
Prey (ADN, menace immédiate), qui fut en son temps une série d'assez bonne facture, parano aussi, et annulée également.
Et par la tonalité de ses propos ainsi que par sa nature synthétique, le Seeker suggère que cet
évolutionnisme déborde bien du cadre de la seule Terre, pour englober d'autres planètes. D'où l'idée d'une
systémique de l'évolution...
ogobert a écrit:Non, l'équipe ne "gagne" pas toujours à la fin
Heu, je ne rappelle d’aucun épisode dans lequel ils « perdent » ( par rapport à l‘enjeu de l’épisode : le satellite est détruit, la sentient ne produit pas les gluons négatifs qui pourraient détruire la terre, Taggart ne devient pas un synthétique, le traffic de drogue est arrété, etc ) ??
Tout dépend de ce que l'on entend par "gagner". Je tiens pour ma part à bien faire la distinction entre
gagner et
survivre.
Gagner consiste à vaincre les "méchants", ou du moins remporter une victoire significative sur l'ennemi à l'échelle de l'épisode. C'est ainsi que s'achèvent tous les épisodes de 90% des séries d'action, et de 99% des séries policières.
Survivre sans
gagner est beaucoup plus rare, et
Odyssey 5 est l'une des rares séries à s'y être risqué. Bien sûr,
survivre demeure le "minimum syndical" de toute série aux personnages récurrents...
Dans l'énumération qui va suivre, je vais considérer pour des raisons pratiques que
victoire est le substantif associé au verbe
gagner. Inutile donc de me rétorquer qu'il existe des nuances sémantiques entre
gagner et
victoire.
A la fin de la seconde partie du pilote
Odyssey 5 01-02 Premiere (Retour au sources), les héros ne parviennent à rien au sujet du meurtre d'Ed Scrivens, pas plus qu'ils ne parviennent à mettre hors d'état de nuire la "bande de Synthétiques de l'entrepôt". Les héros parviennent juste à survivre en s'enfuyant sans demander leur reste. C'est donc une
survie et non une
victoire.
A la fin d'
Odyssey 5 01-10 Flux (Infection), Chuck parvient à redevenir humain, mais la capacité de nuisance des Synthétiques qui ont tenté d'"assimiler" Chuck demeure intacte. N'importe quel autre humain peut à tout moment subir le sort de Chuck... et jusqu'au point de non-retour. C'est plus une
survie qu'une
victoire.
A la fin d'
Odyssey 5 01-14 Skin (Prise de contrôle), certes l'entité "Skin" est détruite, mais les héros n'auront pas empêché Paige de mourir, au moment où ironiquement elle venait de se mettre à croire son mari. C'est donc une
demi-victoire.
Dans
Odyssey 5 01-15 Begotten (Créature synthétique), les héros parviennent à éliminer la créature malfaisante. Mais une créature créée par l'un des héros ! Et rien ne pourra réparer les dommages irréversibles que l'expérience de Kurt aura infligés à deux innocents ! C'est une culpabilité avec laquelle Kurt devra vivre. Soit une
demi-victoire.
A la fin d'
Odyssey 5 01-16 Vanishing Point (Rêve ou réalité), Chuck et Neil sont parvenus à sortir de la "réalité virtuelle" au prix d'une négociation stratégique avec la maîtresse de céans - la Sentient ayant pris les traits de feu Paige Taggart. Mais la crise de défoulement finale de Chuck n'affectera en rien le devenir de cette "gallery of humanity", ni de la Sentient qui la contrôle. Et voilà que la mission salvatrice des héros semble soudain servir les intérêts de l'adversaire ! Je n'appelle pas vraiment ça une
victoire, mais plutôt un bricolage de
survie.
Dans
Odyssey 5 01-18 Half-Life (Fantôme d'amour), Gus Hagen était une tragique victime que l'expérience des
superstrings a rendu insane, et les vrais responsables de ce drame (autres que le Dr. John Steiger) resteront hors d'atteinte. L'issue est donc plus un acte de
survie qu'une vraie
victoire. Cet excellent épisode est d'ailleurs à rapprocher de
Star Trek Enterprise 04-10 Daedalus (Le puits noir).
Et le final
Odyssey 5 01-20 Fossil (La roche lunaire) s'achève aux antipodes de toute
victoire. Même la
survie y est compromise puisque trois des protagonistes sont mal barrés : Angela a disparu, Kurt est arrêté, Chuck est dans le collimateur immédiat des
Cadre !
Cela fait donc au moins sept épisodes /20 où les héros ne
gagnent pas vraiment.
ogobert a écrit:Ce n'est pas parce que certains événements ont changé que cela implique que tous les événements de la trame temporelle initiale doivent changer selon un effet domino. L'effet domino, c'est justement la grosse facilité scénaristique attachée au principe de l'effet papillon.
D’accord aussi, mais je parle de la relation des personnages par rapport au passé.
C’est possible que ce soit aussi lié au fait de regarder les épisodes à la suite mais on a par exemple un épisode qui se termine sur nos héros disant « notre présence a changé la trame du temps » et au début de l’épisode d’après c’est « comment va-t-on faire ? » et la réponse est toujours donnée par rapport aux souvenirs des uns ou des autres. Or, s’ils avaient effectivement altéré la trame du temps, il y a aucune raison que ses souvenirs se produisent à nouveau… Je ne me rappelle d’aucun épisode ou un des héros dit –avant- « attention ca va peut être pas se passer comme ca cette fois »… Et effectivement, dans le déroulement de l’épisode, ca se passe quand même globalement plutot « comme prévu » quand ca les arrange.
On ne peut pas dire que la réponse au « comment va-t-on faire ? » soit toujours donnée par rapport à la trame temporelle initiale. Cela arrive dans une minorité de cas, et essentiellement dans le cadre de souvenirs personnels très vivaces qui ne sont que peu liés au
fil rouge de la série, et donc aux domaines de modifications majeures de la
timeline. Par exemple : l'attaque cardiaque supposée de la mère de Paige Taggart, l'homicide routier supposé de Brian Perry, le cancer à venir de Corey...
Il est raisonnable de considérer que l'organisation structurée de la vie dans nos sociétés (horaires de travail fixes, engagements à long terme...) limite fatalement de beaucoup la portée temporelle et géographique d'une modification locale (et souvent "underground") de la trame temporelle.
Odyssey 5 aura tout de même offert une fois (dans
01-12 Dark At The End Of The Tunnel (La terre promise)) un très fantasmatique
effet papillon, avec la découverte d’une considérable différence météo entre les deux
timelines, ce que les protagonistes n’auraient peut-être pas d’eux-mêmes remarqué sans la profession de Sarah…
Mais dès lors que les auteurs ont validé l'hypothèse du paradoxe temporel consistant à laisser aux protagonistes le souvenir d'événements qui ne se sont jamais produits (soit parce qu'appartenant au futur de la
timeline initiale, soit parce que non "re-produits" dans la nouvelle
timeline), il est psychologiquement très réaliste que ces "orphelins du temps et de la Terre" soient perpétuellement hantés par des souvenirs devenus autant de jalons et de guides de parcours. Au fond, le souvenir de la
timeline précédente est le moteur même de la mission salvatrice, ce à quoi les protagonistes s'accrochent lorsqu'ils risquent leur vie à chaque épisode.
Évidemment, tel ou tel développement "arrange" fatalement les scénaristes, puisque ce sont eux qui écrivent les épisodes ! Que les personnages récurrents survivent, que les "gentils" gagnent plutôt que les "méchants", que l'enchevêtrement des événements génère un suspens ou un souffle épique, que tout s'imbrique parfaitement à la fin, et plus généralement que l'œuvre satisfasse les spectateurs... tout ça est du seul fait des auteurs ! La dimension "arrangée" est la caractéristique première de toute œuvre de fiction, aussi bien littéraire qu’audiovisuelle.
Encore une fois,
Odyssey 5 ne doit pas être tenue pour responsable des propriétés du genre d’expression auquel elle appartient !
ogobert a écrit:Beaucoup d'autres séries reposent également sur les voyages temporels avec plus ou moins de bonheur. Je songe en vrac à : Life On Mars ; Journeyman ; Terminator: The Sarah Connor Chronicles ; Crime Traveller ; Timecop ; Time Trax ; Outlaws ; Time Squad ; Voyagers! ; Land Of The Giants (Au pays des géants) ; The Georgian House ; Maddigan's Quest ; The Girl From Tomorrow (Alana ou le futur imparfait) ; Primeval (Nick Cutter et les portes du temps) ; Timeslip ; Time Express ; It's About Time ; Phil Of The Future ; Mentors ; Where in Time Is Carmen Sandiego? ; Back To Sherwood ; Moondial (Le mystère du cadran lunaire) ; Mirror, Mirror ; Do Over ; Finders Keepers. Je dois en oublier plein, notamment les séries orientées fantasy (qui ne m'intéressent pas tellement). Et je n'ai cité aucune série d'animation (car sinon on n'en sort plus).
Je m’incline devant une telle culture sériephile. Bien vu pour The Sarah Connor Chronicles et honte à moi d’avoir oublié Timecop. Les autres par contre ne me disent absolument rien
Merci du compliment, ogobert.
Je m'efforce en fait de pratiquer un visionnage systématique des films et des séries. Seules m’arrêtent les inepties... et les œuvres tournées dans des langues que je ne comprends pas et non sous-titrées dans des langues que je comprends.
Cela dit, j'ai parfois l'impression d'avoir vu trop de choses, car de moins en moins de productions ont grâce à mes yeux... Tellement de redites, de facilités, de prévisibilité…
ogobert a écrit:Tout dépend en fait de la définition que l'on donne à parano !
Pour moi la série « parano » type c’est X-Files, un héros solitaire est menacé par une puissance supérieure (*) qui n’est pas (re)connu par la population en général voir pas non plus par les personnes du cercles plus intime de notre héros ( voir il y a opposition, le coté scientifique de Scully étant le meilleur exemple ).
(*) le « dosage » de la puissance de la menace étant un facteur important, elle doit être supérieure à celle du héros ( sinon ca ne serait pas une menace ) mais pas « toute puissante » non plus, sinon la survie du héros manque franchement de crédibilité.
Ta définition se défend. Mais elle est plus restrictive que la mienne.
100% d'accord avec ton exigence de dosage. Le chemin entre une
paranoïa peu convaincante et une
survie peu crédible est bien étroit, parfois même imaginaire.
ogobert a écrit:En outre, lorsque l'ennemi est synthétique, qu'il occupe tous les réseaux informatiques de la planète, et qu'il peut contrôler à distance n'importe quel équipement relié au réseau électrique, il me semble que le concept de planque devient sans objet.
My point exactly
sur la « toute puissance mais pas trop » de la menace.
Ma critique est en fait plutot du même niveau de la trame temporelle, c’est plutot l’opportunisme des sentients/synthétiques qui se souviennent de où habitent nos héros seulement quand l’un de ceux-ci possédent quelque chose de particulier ou héberge un autre personnage…
Et encore, critique est un terme probablement trop fort vu que c’est une remarque qu’on pourrait faire à 98% de la production télévisuel du même genre, c’est surtout un regret que O5 ne se singularise pas + de ce coté là.
L’
opportunisme auquel tu fais référence est au contraire une grande marque à la fois d’originalité et de réalisme, dans la mesure où les Sentients & Synthétiques d’
Odyssey 5 sont à rapprocher des Borgs de l'univers
Star Trek !
L'un des aspects les plus fascinants des Borgs est que n'importe qui - même leur pire adversaire - puisse pénétrer librement et se balader en toute impunité dans leurs vaisseaux, dans leurs installations, dans leurs centres de contrôles !
C'est un état de fait qui possède un pouvoir de suggestion considérable, une façon comportementaliste d’envoyer un message fort à la galaxie entière : « vous êtes insignifiants ; quelles que soient vos actions, vous ne pouvez faire mieux que des moustiques ; vous ne méritez même pas que l’on tienne compte de votre présence ; il est plus rentable pour nous de vous ignorer, vous et vos actions. ».
C’est aussi un état de fait absolument non-anthropomorphe (si rare), témoignant d'une façon de penser pas du tout humaine, très IA quoi !
Cela repose sur le principe du rendement maximal à chaque instant ! Il fallait une sacrée inspiration pour doter les Borgs d'une manière de percevoir l'univers aussi différente de la nôtre et pourtant aussi logique...
Eh bien, les Sentients & Synthétiques vérifient cette façon de penser : artificielle, inhumaine. Ils ne s'en prennent aux protagonistes que lorsqu’ils représentent un obstacle immédiat. Mais il n'y aurait rien de productif pour eux à s'attaquer aux héros par représailles, par antagonisme, par prévention, par stratégie, ou simplement parce qu'ils (les héros) sont réputés en savoir trop.
À cela s'ajoute le fait qu'à la différence des Borgs qui forment un collectif cohérent et unifié (encore que...), les Sentients & Synthétiques sont aussi éclatés, multiples, divers, et instables que les humains eux-mêmes. Par conséquent, les intérêts de bien des Sentients & Synthétiques divergent et s'opposent, et une action coordonnée et préméditée contre les protagonistes est exclue (du moins à ce stade de la série).
C’est bien sûr le sens de l’excellente remarque de Pyjam.
Mais c’était aussi le corollaire direct de mon observation dans l'un des premiers posts de ce topic :
yrad a écrit:Dans une large mesure, les supposés adversaires ("Sentients" et "Synthétiques") forment une communauté aussi diversifiée et désunie que la communauté humaine elle-même, et c'est ce qui démarque Odyssey 5 de toutes ses concurrentes paranos, à la fois simplistes et manichéennes.
Yves