La famille étant démasquée, je profite de l'excellent CR de mon frère pour vous faire partager mes propres impressions quant à l'écoute des Offrande. Mais avant cela, je voudrais faire un petit détour par les salles de concerts qu'il m'arrive de fréquenter assez souvent étant moi-même modeste organisateur d'un festival de musique classique en Périgord. A ce propos, je signale aux parisiens du forum qu'un concert de promotion de ce festival est organisé salle Cortot à Paris le jeudi 22 mai à 20h30 (je me permettrai de vous donner de plus amples informations sur cette initiative au cours d'un prochain post).
Si je parle de salles de concert, ça n'est pas pour me faire de la pub (quoique) mais pour introduire un parallèle entre les différentes conditions d'écoute possibles dans une salle de concert et les prédispositions à l'écoute de certaines enceintes. Je m'explique et pour cela, rien de tel que le vécu. Je prendrai donc deux exemples.
Arrivé en retard à une représentation du Requiem de Mozart à la Madeleine il y a deux ans, je n’ai eu d’autre choix que de me placer juste derrière le chef d'orchestre (étant donné l'absence de fosse, quand je dis juste derrière, c'est qu'à la limite il aurait pu aussi bien s'asseoir sur mes genoux...). Ainsi installé, autant vous dire que j'ai pris de la musique plein les oreilles. J'étais dans l'orchestre, au milieu des instruments, parmi les musiciens et les choristes dont je ne perdais pas une miette de la respiration. J'étais littéralement captivé, concentré sur la musique au point que pas une fois je me suis surpris à rêver et à laisser vagabonder mon esprit comme il m'arrive souvent. A la fin du concert j’étais vidé d’avoir suivi la musique avec autant d’attention et de présence.
A contrario, je suis allé écouter récemment un célèbre violoncelliste américain dont le nom m'échappe pour l'instant, mais qui se produisait au Théâtre des Champs Elysées à Paris présentant 2 œuvres de Tchaichovsky et de Chostakovitch. Tributaire de la réservation d'une amie étudiante, je me suis retrouvé au dernier balcon, sur le côté droit du théâtre, aux places à "visibilité réduite" comme ils disent... . Là, une toute autre expérience m’attendait. Plus de sensations physiques de proximité mais la perception de la masse orchestrale dans son ensemble, la musique au sein d'un tout cohérent et articulée autour d'un soliste au son épuré. Il ne s'agit pas de dire que le tout manquait de clarté ou de dynamisme, certainement pas. Les montées en puissance de l'orchestre, la violence des cuivres, tout y était mais tout y était comme présenté dans un joli tableau parfaitement bien timbré et clos d'un cadre fait des limites physiques du théâtre.
Certains, s'ils ne se sont pas endormis, se demandent sûrement où je veux en venir, et bien voilà. L'une et l'autre de ces écoutes extrêmes peuvent correspondre, je crois, à des esthétiques sonores différentes mais tout aussi valables que certaines enceintes sont simplement plus à même que d'autres à retranscrire. Prenons les Offrande, l'écoute que j'en ai faite m'a instantanément fait repenser à mon expérience du Requiem. Ces enceintes ont, j'ai trouvé, la capacité à vous projeter au cœur même de la musique au milieu de la forêt et des animaux que l'on se surprend à observer tout le temps que dure l'écoute (et je rajouterais à ne faire que ça tant la musique est captivante et interdit de faire autre chose simultanément). Ce sont presque pour moi des enceintes de musiciens habitués à jouer dans leur instrument et au plus près des sources de la musique. Pétrucciani avait des Offrande, ce n'est pas un hasard. A l'inverse, l'écoute des PE Leon Modena, que j'ai faite à titre comparatif, m'a indéniablement rappelé mon expérience des Champs-Elysées. Je dirais que ces enceintes ont plutôt des prédispositions à replacer la musique dans son cadre en installant l'auditeur au fond du rang d'orchestre et en lui permettant d'apprécier davantage une cohérence d'ensemble (aux timbres et à la dynamique sans critique) que d'expérimenter la musique de l'intérieur.
Voilà, j'ai été un peu long, j'en suis désolé. Et la morale de l'histoire me demanderez-vous ? Et bien, il me semble qu'avant de changer d'enceintes il est impératif de bien connaître sa propre esthétique sonore (pas celle du vendeur) et de savoir à quelle place on aime écouter la musique au concert (qui rappelons-le est intrinsèquement la même du premier rang de l'orchestre au dernier balcon). De cette réponse dépend le choix de ses enceintes (à noter qu'à la question il peut y avoir des réponses multiples ce qui à mon sens justifie l'achat de plusieurs enceintes). Mais savoir où l'on aime écouter la musique au concert résulte d'un long apprentissage. A ce sujet je vous rappelle que le 22 mai salle Cortot vous aurez tout le loisir de vous faire une opinion sur la question CQFD!!!
Crocodile