dgohyeres a écrit:Le fait que cela soit réel et mesurable ou corresponde à un effet d'auto-persuasion n'est pas important si l'utilisateur est satisfait.
...sauf que ce qui est réel et mesurable ne peut pas être modifié (ou amélioré ou déterioré) à moins de changer l'élément en question, tandis que ce qui correspond à un effet psychologique (auto-persuation ou autre) peut être modifié par l'auditeur à l'aide de tests d'écoute.
Ce raisonnement est valable uniquement si on part du principe que notre perception d'un système est immuable, et sera toujours exactement la même jour après jour. Qu'on ne s'y habituera jamais, et qu'on ne s'en lassera jamais.
Or, cela est faux. De même qu'en réécoutant un disque ou en revisionnant un film, on peut découvrir de nouvelles choses, en réécoutant sa propre chaîne jour après jour, on la connaît de mieux en mieux.
La partie auto-persuation de notre écoute est également facilement modifiable. Je trouve que faire l'impasse sur cette question, c'est faire l'impasse sur 50 % du son de notre chaîne (oreille comprise). Ce qui est bien dommage.
clonedvinyl a écrit:syber a écrit:
Il y a 30 ans, en simplifiant, la HiFi, c'était : reproduire la réalité d'instruments acoustiques enregistrés en direct ! Respect des timbres vrais, de la presssion acoustique réelle et de la scène sonore (au moins homothétique).
Quète stérile...
Car un système Hi-Fi ne sera toujours qu'une imitation.
Ce n'est pas parce que la perfection n'est pas de ce monde qu'il faut abandonner toute notion de qualité.
C'est comme si on disait que de toutes façon, il n'existe pas de vin parfait, alors autant boire du vinaigre.
clonedvinyl a écrit:Voilà une des raisons pour lesquelles j'écoute majoritairement de l'électro. Pas de repère avec ça. Tu te construit ton rendu.
Moi aussi j'écoute de la musique électronique (encore que...), mais je ne partage absolument pas le point de vue comme quoi elle ne constitue pas une référence. Mon expérience me permet d'apprécier la neutralité d'un système sur une source musicale que je connais bien. Mais quand on me propose une source musicale acoustique sous prétexte que la notion de fidélité n'existe pas en musique électronique, je suis systématiquement perdu.
Comment puis-je savoir si le son est neutre alors que je ne connais pas le modèle d'instrument utilisé, le modèle de microphone, la technique de prise de son, loin ou près de l'interprète, l'acoustique du studio, la hauteur des micros par rapport au sol etc ?
J'ai le sentiment que certains disque de musique électronique ont un équilibre tonal, mixé en studio sur des moniteurs équalisés, plus neutre (proche du bruit rose) que bien des prises de son acoustiques, qui souffrent de colorations due à la prise de son.
clonedvinyl a écrit:Si vous avez des témoignages édifiant, n'hésitez pas à les mettre car c'est, pour moi en tout cas, un bon moyen de progresser dans la compréhension des phénomènes.
Je ne vais pas ressortir les tartes à la crème de JV Serinus ou de Kiang. Pour que ce soit plus convivial, je vais vous raconter la dernière fois que mon oreille m'a trompé.
J'écoute chaque soir de la musique au casque. Un Sennheiser HD600 branché sur un ampli intégré Arcam. La source est un PC avec sortie S/Pdif bit-exact, reliée à une platine DAT externe en mode DAC.
Un jour, pour faire une petite comparaison, je branche le casque dans la sortie analogique de la carte son (Une Marian Marc 2, sortie jack 6.5). Le son est plus clair, plus dynamique.
Ayant longtemps joué avec des équaliseurs, j'estime que la sortie casque de l'ampli a bien 3 dB de plus dans le grave. Un son plus étouffé.
Je regrette alors de ne pas y avoir pensé plus tôt. Le HD600 est un casque avec un équilibre tonal descendant (+3 dB dans le grave, -10 dB dans l'aigu aux mesures, ce qui montre la stupidité des bandes passantes mesurées à -3 db, ha ! ha !).
La carte son se marie bien mieux avec ce casque que l'ampli.
Passionné de sciences et techniques, je décide de réaliser des mesures de courbe de réponse sur les sorties casque en conditions réelles, avec un splitteur de signal, puis de faire un test ABX en les enregistrant.
Premier choc : les courbes de réponses sont identiques à 0.3 dB près ! Comment ai-je pu me tromper à ce point ? Je remet le casque... la différence est toujours là... mais un doute s'installe. Est-elle aussi importante que je le pensais ?
Je cherche un disque très discriminant. En m'aidant des mesures, je prend un disque présentant un contenu conséquent à la fréquence la plus affectée par la différence.
J'ai essayé longtemps de réussir un ABX sur une différence d'équalisation semblable... impossible de descendre au niveau de la différence entre les deux sorties. J'arrive à faire l'ABX quand la différence est plus importante (2 ou 3 dB), mais pas à 0.5 dB crête à crête.
Ajourd'hui, les deux prises casque sont toujours là... Je peux toujours les comparer. Le résultat est difficile à décrire. Je n'entends plus la différence... mais je n'entends pas non plus une identité entre les deux... C'est comme si le critère sur lequel je me basais pour faire la différence était devenu non pertinent. Comme si d'instinct mon cerveau considérait que cela ne fait pas partie du signal sonore.
En me concentrant, j'entends des tas de détails musicaux dans les deux sorties, et je les retrouve tous des deux côtés. Mais ce n'est pas comme si les deux sorties étaient devenues transparentes... plutôt comme si leur coloration était devenue complètement indéterminée.
Le casque est toujours branché sur l'ampli, et j'en suis pleinement satisfait.
roland_de_lassus a écrit:L'illusion est que tu as l'impresssion que A est un carré gris, et B un carré blanc...
Et pourtant....
Même couleur pour les deux carrés...
Le point commun avec les illusions sonores est la puissance incroyable de l'illusion. Les carreaux paraissent vraiment différents, de même que deux sources sonores identiques peuvent paraître complètement dissemblables (au point de trouver risible l'idée de les comparer en aveugle !).
La différence, c'est qu'une fois le truc dévoilé visuellement ou auditivement, pour la vue, l'illusion revient, contre notre volonté, quand on regarde l'image de départ.
Pour l'audition, le résultat est très changeant. Une illusion sonore peut disparaître complètement après que l'on ait observé un appareil fonctionner en croyant en écouter un autre.