phil974 a écrit:Je suis un peu surpris que l'aspect "marketing" ne soit pas plus développé que cela dans les argumentaires...
Un exemple, comment expliquer qu'un ampli HC truc bidule version 2008 vaille chez le vendeur 2 fois plus cher que le même ampli de l'année précédente?
Faut-il comprendre que la version 2008 est deux fois meilleure?
Marketing, idéologie, psychologie de la "Hi-fi select".
Tu as raison le marketing et la recherche de la marge maxi explique en partie le développement de la "hifi sélect". Dès le 19ème siècle l'économie a mis en évidence la différence entre valeur d'usage (ici faible) et valeur d'échange (ici élevée) d'un même produit et le prix de la rareté. J'ai un collègue prof d'informatique à la fac qui a payé ses études en fabricant des amplis à lampes ... aujourd'hui il s'achète un Denon ou un Onkyo qui bénéficient de l'économie d'échelle, de la Ret D et du contrôle qualité industriel. Il est trop calé pour se faire abuser par les mystères des "audiologues" adeptes du courant pur et du détail qui fait tout !
Justement, l'économie s'appuie et entretient une idéologie qui relève à mon avis du culte de l'unique et de l'"exceptionnel", du "réservé aux connaisseurs", du traditionnel bien analogique à l'abri du numérique. Ah : la recherche de pureté ... une idéologie qui renait toujours de ses cendres...
C'est aussi un problème de psychologie. .. Etre persuadé que ce qu'on ressent est vrai parce qu'on le ressent, et qu'il ne saurait y avoir d'illusion car on a une excellente mémoire auditive qui permet de comparer, c'est pour moi un manque de modestie.
Léo Ferré demandait modestement : " Est-ce nous qui dansons ou la terre qui tourne ?". L'inquisition a refusé d'admettre que la terre tournait car c'était placer la créature de Dieu comme un pion dans l'univers. Les audiologues refusent d'admettre qu'ils sont influençables et sujets au conditionnement comme tout être humain.
Bourdieu parlait de besoin de distinction de ceux qui ont peu et aimeraient imiter l'élite.
La version "Hi-fi de luxe" refuse d'admettre que l'humain peut se tromper. Pourtant Si on trouve un son meilleur après s'être absenté 3 heures ce n'est pas forcément (comme le prétend un post) parce que le transistor se bonifie en chauffant mais tout simplement parce que l'humain s'accoutume à un son. Pourtant c'est une expérience banale qu'on apprend en première année de psycho, ça s'appelle le conditionnement (Pavlov n'est pas le seul a avoir travaillé sur le sujet !).
"Est-ce la terre qui tourne ou nous qui dansons ?" Les deux mais acceptons au moins que nous ne sommes pas le centre du monde. Le matériel a son importance mais ce n'est qu'un outil.
Le manque de modestie. Se mettre à l'abri d'un test réalisé selon un protocole neutre, anonyme, statistique, c'est se protéger en tant que personnalité unique, exceptionnelle, incomparable, d'un examen extérieur et neutre.
On le voit, l'intégrisme (pour reprendre le terme cité par certains posts), n'est certainement pas du côté de ceux qui mettent l'observation et les faits avant leurs impressions et certitudes et qui admettent qu'ils peuvent se tromper, s'en amusent même, parce qu'ils aiment apprendre plus que posséder.
A nous de choisir. Finalement, ce n'est pas qu'une question de prix, mais de philosophie de la Hi-fi. Pour caricaturer on peut aimer deux hi-if :
- celle ou on découvre qu'on ne sait pas grand chose mais qu'on peut apprendre et que l'essentiel se trouve dans la pièce et dans l'auditeur,
- celle ou l'auditeur est parfait, infaillible et exige donc un matériel exceptionnel à sa mesure
Apprendre en toute modestie ou se vouloir aussi excellent qu'une lampe ou un câble en or sous vide tressé avec la main droite. Pour moi le choix est vite fait.
Il ne s'agit pas d'intégrisme ni dans un sens ni dans l'autre mais de choix et d'arguments.
La musique est tellement belle.