Philippe Muller a écrit:dub a écrit:N.B. Le puriste, c'est celui qui au sens premier, manifeste un attachement scrupuleux à la pureté du langage, ou quelqu'un qui manifeste un attachement scrupuleux à la pureté d'une doctrine, et dans les deux cas le terme tend à être péjoratif lorsque l'attachement est excessif.
Ce qui définit le puriste au sens péjoratif du terme, c'est l'excès. Dire par ex., qu'un système est un système de "haute fidélité" uniquement s'il reproduit la réalité telle quelle, c'est sans doute excessif. Car, ou bien l'on veut dire que la seule haute fidélité qui soit, c'est la perfection, et dans ce cas, on sera obligé de concéder que 99% des systèmes de production musicale à domicile n'étant pas parfaits (combien peuvent reproduire le 20Hz à -0db et combien sans faire "pire que mieux"?), ne sont donc pas de la haute fidélité, ou bien, on veut seulement dire qu'ils doivent donner l'illusion suffisamment crédible de reproduire une "réalité sonore", un phénomène audible. Et en ce cas, l'expression "suffisamment crédible" signifiant: on doit pouvoir s'y laisser prendre, doit pouvoir vouloir dire aussi bien l'impossibilité de différencier le réel de son illusion, que le fait de prendre autant de plaisir à écouter l'un qu'à écouter l'autre. En général, on essaie de concilier autant qu'on peut ces deux points de vue, en faisant avec les circonstances (dont la taille de la maison et de la pièce où l'on est, et l'argent dont on dispose).
Cdlt
Cette imbécilité là, je la revendique plutôt cent fois qu'une et je m'y complais.
C'est le privilège des vieux cons mais, comme tout est relatif...
Cela nous permettra de gagner du temps.
Je fais la différence entre les principes et leur application, ce qui n'est pas le cas de tous.
N'ayant pas prononcé le terme d'imbécilité, ni parlé de vieux cons, je ne comprends pas le sens ni l'intention de ta réponse. Je ne vois pas non plus sur quoi ni par rapport à quoi il s'agirait de "gagner du temps" (au contraire, si on discute, on prend le temps de le faire et d'essayer de se comprendre).
Je ne pense pas qu'il s'agisse de distinguer des principes de leurs applications (je laisse de côté l'expression "ce qui n'est pas le cas de tous" dont je ne vois pas non plus le sens ni l'intention), au sens où les principes seraient parfaits là où les applications seraient — parfois toujours et irrévocablement, parfois provisoirement et en attendant — imparfaites. Ainsi que je viens de le dire, c'est seulement que plusieurs manières de penser et plusieurs types de principes différents peuvent être employés.
Par exemple, si j'enregistre un morceau de guitare (jazz ou classique: le premier sera joué par ex. sur une Castellucia, pas le second), je pense que je suis tributaire pour reproduire sa réalité sonore perçue de deux choses:
- le système d'enregistrement (mettons des micros jusqu'à la création du fichier numérique correspondant)
- puis le système de diffusion.
Les difficultés du côté du système d'enregistrement peuvent encore être détaillées et différenciées. Par exemple, si l'on n'enregistre qu'une voix ou un seul instrument, ou si l'on enregistre un orchestre de trente ou cinquante (voire mille vingt neuf instruments et voix), dans une toute petite salle ou d'une très grande salle, on ne rencontrera pas les mêmes difficultés. Et de même selon la bande passante exigée, qui varie suivant l'instrument utilisé (une flûte traversière n'est pas un orgue, ni une guitare une contrebasse, etc etc).
Evidemment, le passage de "ce qu'on entend dans la réalité" à "ce qu'on entend avec le disque" ne sera pas aussi aisé, ni la comparaison directe aussi facile à faire dans tous les cas. Sur ce point, je n'arrive pas à placer sur le même plan la comparaison entre deux maillons (mettons deux lecteurs de CD branchés sur deux entrées de mon ampli: je passe le même disque en même temps, je ferme les yeux et je demande à quelqu'un de switcher en les deux à ma place - puis je choisis le moins cher ou celui que je "préfère"), et la comparaison entre la réalité et la reproduction.
Quoi qu'il en soit, ces difficultés diffèrent des difficultés rencontrées du côté de la diffusion.
Si j'enregistre le même morceau alors que l'interprète amplifie sa guitare (comme Djando Reinhart le faisait), ça n'est peut-être pas une guitare naturelle ou acoustique, mais je ne vois pas de raison interdisant de moins la reproduire que la précédente. De même, certains morceaux de musique classique sont des morceaux de solistes: par exemple, un piano. Mais il existe bien des variations: le piano (ou la guitare) peut être préparé (John Cage) voire amplifié (George Crumb utilise un piano amplifié, par exemple dans Vox Balenae: certes, c'est de la musique "contemporaine" et non de la musique classique — je laisse de côté les oeuvres comme Star Child dans lesquels certains instrumentistes jouent depuis une position derrière le public). Dans tous ces cas, on demande à sa chaîne hifi la même chose que d'habitude: de pouvoir écouter ça "comme si on y était"… Sur ce point, la confusion serait bien dommageable. Est-il question de comparer deux maillons en aveugle? ou de déterminer si l'estimation de la fidélité de la reproduction doit passer par l'écoute exclusive d'instruments acoustiques ou de musique classique? Ce sont des questions très différentes.
Certains instruments acoustiques ou naturels, l'orgue ou le piano, par exemple, poseront des problèmes très particuliers à la reproduction, ne serait-ce que parce qu'ils descendent très bas dans le grave, et que ces fréquences là sont à la fois difficiles à reproduire sur des systèmes domestiques, et difficiles à diffuser chez soi. Et il en ira de même d'une guitare basse ou d'un synthétiseur. Là encore, je ne vois pas de raison rationnelle de faire la différence entre les deux. Mettons qu'une oeuvre demande un instrument ou un orchestre (peu importe) qui exige pour être diffusée chez soi un système capable de descendre à 20Hz sans perte (-0db au point d'écoute par rapport au signal à reproduire), ou même seulement à 25Hz: il n'est pas évident que tout le monde puisse y parvenir chez soi (le manque de place, le manque d'argent, le manque de moyen ou les circonstances peuvent l'empêcher).
On devra alors se contenter d'une approximation. Tout ce que je dis, c'est que, dans 99% des cas on est dans un compromis de ce genre, et ceci sans pour autant quitter le champ de la rationalité. Et qu'à ce second point de vue, on se contentera de chercher le résultat le plus plaisant, celui paraît le plus réaliste (même s'il ne l'est pas vraiment): ça n'exclura nullement (si on en a le temps et les moyens) de comparer à l'aveuglette deux lecteurs ou (si on a un switch sous la main) deux paires d'enceintes ou deux paires d'amplificateurs etc, mais, d'emblée et dès le départ, on aura adopté une démarche où on aura mis une bonne partie des principes de côté (pour cause d'impossibilité pratique) pour viser seulement le résultat et le plaisir qu'on a tiré de l'écoute.
Que cette pente là puisse mener aux dérives les plus irrationnelles et les plus coûteuses, mais aussi les plus drôles tant que l'on n'est pas soi-même l'acheteur, c'est tout à fait vrai. Que ça le doive nécessairement, ça me paraît bien erroné.
Cdlt