Igor Kirkwood a écrit:L'idée de dub : la Haute Fidélité décrite comme la reproduction
crédible de la réalité, me convient assez bien.
Avec d'une part les instruments acoustiques reproduits et d'autre part les instruments "préparés" piano de Cage etc...
Mais pour ces deux hypothèses c'est la prise de son, et non la chaine haute fidélité qui va être sollicitée en tout premier lieu.
Je ne vois pas de dissensus réel sur cette idée. J'ignore le motif du grand attachement de dub a la reproduction par casque d'écoute....peut être n'a t il jamais écouté un système d'enceintes qui lui convienne ?
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Igor Kirkwood
Oui, « reproduction crédible de la réalité » me convient aussi. Des chaînes de restitution comme la tienne ou celle de Syber, je dirais aussi la mienne, permettent de réaliser cet objectif. Mais elle ne peuvent rien si la chaîne de capture qui créé le document source proposé à la restitution n'est pas à la hauteur. Dans ce cas, le résultat à l'écoute est forcément mauvais, parfois insupportable.
Globalement la chaîne électro-acoustique va de l'artiste dans le lieu de sa prestation, capturée par l'ingénieur du son, au système neuro-auditif de l'auditeur. Le résultat final dépend de l'ensemble de la configuration, et donc de l'élément le plus faible.
J'ai déjà eu l'occasion de parler de celle d'Igor et d'avancer une comparaison, à distance malheureusement, avec mes dipôles. Permettez moi quelques remarques sur Cabasse en général et les Baltic en particulier.
Le système acoustique est certainement un élément fondamental d'une chaîne, in fine il restitue le signal. Ces trois chaînes de restitution ont des résultats audibles très proches, leurs concepts sont pourtant nettement différents. Proches ne veut pourtant pas dire identiques. Chaque chaîne sérieusement configurée est aussi un concept spécifique, répondant à des objectifs plus ou moins précis qui définissent des caractéristiques et des points forts, parfois des faiblesses. Dans les cas présents, seules des caractéristiques particulières font les différences.
Vous êtes tous des experts de Cabasse, je ne vous apprendrais rien au sujet des Baltic, je ne me permettrais pas. Je vous proposerai simplement quelques réflexions personnelles sur les caractéristiques qui font la différence entre Cabasse et Yamaha..
Chaque marque pérenne a son histoire, sa logique, ses techniques qu'elle a patiemment développées. A titre indépendant, je ne suis pas non plus venu par hasard au concept de charge ouverte et d'évitement du filtrage ''électrique''.
Yamaha ne se distingue pas particulièrement par la complexité du design général, les charges et le filtrage (passif). Son ''truc'', c'est la technicité des membranes de ses haut-parleurs, en particulier du béryllium pur de son médium à dôme et de son tweeter (remplacé par le Focal Be dans le cas d'Igor). Le reste reste très « classique » sinon un peu daté. Nous en avons déjà suffisamment parlé.
Cabasse est un éminent représentant de « l'école acoustique française » des années 60-70. Georges Cabasse et Joseph Léon avaient des points communs dans leurs objectifs. Ils voulaient un son plus respectueux de la source, comparativement aux concepteurs Kef, Spendor, Rogers et autres membres de l'école anglaise, souvent plus ''jolie'' à l'écoute.
Dans ces années les enceintes françaises, particulièrement Cabasse, revendiquaient un bon rendement au détriment de la reproduction de l'extrême grave. Le médium et l'aigu, très ''dégraissés'' avaient une bonne réponse transitoire. Les charges complexes et les résonateurs étaient employés chez Elipson. Georges Cabasse a fait des choix plus simples pour la charge de la voie grave en préférant des charges closes, sans rechercher d'une extension vers le bas par un quelconque résonateur. Par contre, le travail concerne la configuration des haut-parleurs et des filtres pour favoriser la dynamique ainsi qu'un bon rendement, autour de 94 dB/watt. Pour l'extrême grave, le choix, déjà, se tourne vers des caissons séparés actifs ou passifs avec des charges accordées, parfois symétriques. J'ai toujours défendu cette méthode pour la première octave pour mes propres développements. On peut maintenant apprécier à quel point cette stratégie reste d'actualité.
Créé en 1950 par Georges Cabasse, la société qui porte son nom a rapidement établi ses spécificités. En 1952 elle s'intéresse aux son cinéma et au multicanal en équipant la salle du Grand Rex à Paris. La configuration est basée sur des haut-parleurs de 36cm concentriques (déjà !) Diaphone, première production de la marque.
Depuis le départ, la technologie est un support indispensable. Les enceintes actives multi-amplifiées apparaissent en 1958 et le chambre sourde à Brest est utilisée dès 1960. Au début début des années soixante, l'entreprise ''travaille'' les matériaux et développe des haut-parleurs à haute technologie. Les médiums et tweeters coniques utilisés jusque là sont progressivement remplacés par des tweeters (1') et médiums à dômes (2') rigides, sans altération notable du rendement. Les haut-parleurs de grave reçoivent des membranes nid d'abeille rigides et concaves. Les brevets sont très convoités. Dans le même temps les ingénieurs font évoluer les enceintes actives avec l'apparition d'un double asservissement (vitesse et accélération). À cette époque, pas si reculée que cela, des techniques sophistiquées sont développées. Elles sont loin d'être caduques ! Daniel Delahaye travaillait dans le même sens chez 3A, marque malheureusement disparue.
Les années quatre vingt voient le développement de techniques multicanales. La société Cabasse devient une référence dans le domaine. L'infrastructure ''son'' de la Géode au parc de la Villette (12 canaux !) devient sa ''vitrine".
Très tôt les technologies Cabasse sont donc bien établies. La cohérence des fronts d'onde et l'homogénéité de leur dispersion sont particulièrement recherchées. La technologie S.C.S. appliquée à des haut-parleurs concentriques deux et trois voies permet un meilleur respect des timbres et de la phase, une stabilité des plans sonores et un respect de la profondeur de l'image.
Georges Cabasse n'était pas seul a proposer des haut-parleurs coaxiaux, Altec ou Tannoy, par exemple, aussi. Par contre il les a porté à un développement extrême représenté par les haut-parleurs triaxiaux et même quatre voies pour l'exceptionnelle ''sphère''.
Dès 1992, les Baltic, basées sur un haut-parleur triaxial (Baltic I/TC21, II/TC22, EVO/TC23) équipant aussi les Atlantis, Adriatis, Kara, Karissma et même Sphère, sont à la croisée des techniques coaxiales et du multicanal. C'est le cœur du savoir-faire actuel de Cabasse. Les Riga sont les petites sœurs des Baltic avec un ''simple'' deux voies BC17.
Dans l'article paru dans SonVidéo Magazine N°281 - octobre/novembre 1998, on relève les propos recueillis par G.STENFORT :
« Cabasse et le Home cinéma : L'intérêt de Cabasse pour le cinéma et la diffusion multicanaux existe depuis de nombreuses années. Dans les années 50, ce sont les haut-parleurs Cabasse qui furent utilisés pour sonoriser les premières salles françaises en CinémaScope, dont le Rex à Paris. Ce procédé utilisait déjà le son magnétique Haute-fidélité à quatre pistes indépendantes.
Toujours dans le domaine du cinéma, Cabasse a conçu pour la Géode un système de sonorisation exceptionnel à douze canaux indépendants qui fait toujours référence. Et aujourd'hui, le concept CHF (Cinéma Haute-Fidélité) dérivé de cette installation équipe de nombreuses salles de cinéma. Pour Cabasse, la reproduction en multicanaux ne se limite pas au seul cinéma. Toute forme de reproduction sonore mérite la meilleure définition possible, surtout la musique. Dans les années 60, Cabasse présentait au Palais d'Orsay des écoutes en quatre canaux. Et c'est encore Cabasse, qui, en 1994, fut le premier à présenter au public la pentaphonie. en démontrant qu'il était possible de confondre un orchestre et sa rediffusion à travers un système haut-parleurs à cinq canaux. Bon nombre de constructeurs se sont reliés à ce principe de reproduction qui s'est avéré évident avec l'apparition des nouveaux standards multicanaux. »
Un article paru sur
http://www.sciences-ouest.org/ fait références aux techniques SCS :
« Le département recherche de l’usine travaille toujours discrètement sur les nouveaux matériaux, mais aussi sur la cohérence spatiale. " Il s’agit de créer un son homogène à partir de haut-parleurs situés sur la face avant d’une enceinte. Il faudrait idéalement une source ponctuelle qui reproduise tout le spectre... "
explique Olivier Cabasse. Mais dans un haut-parleur, une membrane légère et de faible surface peut "vibrer" à une fréquence élevée et produire des sons aigus (et selon le réglage, des sons médiums) : on obtient un "tweeter". Pour un "boomer", une membrane large déplace un volume d’air plus grand et produit des basses.
Pour remédier au décalage spatial décrit, on développe chez Cabasse des produits où 2, voire 3 membranes sont disposées concentriquement, avec leur équipage mobile... Un principe retenu pour les autoradios, mais rare en hi-fi domestique et professionnelle. " Il y a d’autres pistes : par exemple mieux maîtriser les paramètres de l’équipage mobile pour augmenter la bande passante, c’est à dire la capacité à produire des fréquences variées. Il y a en tout plus de 600 paramètres à optimiser ! " sourit Olivier Cabasse. En attendant, l’une des dernières réalisations professionnelles de la maison, qui sonorise discothèques et cinémas dans toute l’Europe, a été la sonorisation du pont d’envol du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle ! »
Les Baltics ont un cahier de charge initial différent des Yamaha NS1000/2000. Créés pour la stéréophonie, ces dernières sont des systèmes professionnels de monitoring prisés des audiophiles. Relativement encombrants, ils sont plus utilisables en deux canaux qu'en 5 ou 7. Courageux et Jusqu'auboutiste Igor a pu adapter son studio au multicanal sans totalement adapter son studio aux normes, ouf !
Dans l'actuelle gamme ARTIS, la Baltic évo et la Riga, grâce à leur compacité ''sphérique'' permis par les transducteurs SCS, possèdent des caractéristiques ciblées multicanal. Ces sources à cohérence spatiale essaient de s'approcher du haut-parleur idéal ''point-source''. Remarquons sa courbe de réponse limitée à 95Hz pour la Riga et son coaxial BC17 dans un volume de charge clos plutôt réduit. La Baltic est plus satisfaisante en ajoutant une voie ''grave'' dans un volume un peu plus grand. La coupure basse passe à 80Hz. En fait la voie grave est confiée à un caisson qui doit assurer les deux ou trois premières octaves ce qui demande une polyvalence qui n'est pas toujours assurée par les sub. Le Santorin 30 a été étudié dans cet objectif. Il est clair que le Velodyne DD15 fait, lui, face à toutes les situations.
Nous sommes pratiquement en face d'un système complet multicanal, type Io et Ki, ou équivalents chez Focal (Dôme), B&W (MT30) ou KEF (KHT), ou etc., mais en très haut de gamme et sans leurs limitations habituelles. Finalement c'est un développement logique du concept de sphère, peut être plus logiques que les Atlantis, Adriatis, Kara et Karissma qui étaient des vraies enceintes large bande intégrant un vrai grave (jusqu'à respectivement 20, 32, 35Hz, 22Hz pour le Santorin). Bon, il y a la ''grande'' Sphère (20Hz).
Le haut-parleur triaxial TC22 de la Baltic II est une évolution majeure par rapport au TC21. Sa structure est totalement différente. Il est probable que le but des ingénieurs était d'éviter des chemins d'onde complexes, favorisant des réflexions multiples sur la structure du haut-parleur et peut-être des rotations de phase et trainages. L'émission du TC 22 est beaucoup plus directe, proche de celle des dômes, mais avec des anneaux concentriques. Par contre, la masse mobile du médium annulaire est certainement plus élevée qu'avec le dôme Yamaha. Il s'agit bien d'un anneau, mais les impulsions sont transmises par un cône. Les matériaux sont certainement légers, mais l'inertie est plus grande qu'avec le béryllium. De toutes façons il ne faut pas rêver, impossible de faire une structure tri ou quadri-axiale simple ! On a rien sans rien. Merci quand même le néodyme...
Le TC23 de la Baltic évo semble surtout se distinguer pour les modifications au niveau du tweeter, gages d'extension vers l'extrême aigu.
Deux questions me viennent :
- Vu le volume de la sphère on aurait pu imaginer un haut-parleur concentrique de 17cm. Plus simple dans sa structure, il pourrait très bien assurer la même bande passante. On en revient aux dilemme deux ou trois voies et leurs avantages et inconvénients réciproques. Le problème avec la plupart de ces 17 est la taille du dôme du tweeter peu favorable à une fréquence de résonance basse, donc avec une bonne transition avec la membrane conique du dôme. J'utilise actuellement des Tannoy ''Dual Concentric'' comme enceinte centrale (Tannoy Saturn 6C) et de moniteurs passifs professionnels Tannoy Precision 6. Le pavillon du tweeter permet une position du dôme plus propice aux grands diamètres, donc une résonance plus favorable au recoupement et une bonne adaptation à l'impédance acoustique du local. Le volume d'une Tannoy Saturn 6 est compact, elle descend mieux que la Baltic, sa dispersion est homogène. Cinq Saturn et un caisson sont tout à fait crédibles pour un excellent système multicanal. C'est moins cher mais moins esthétique que la Cabasse. La question, cette troisième voie concentrique est elle indispensable ? Inconvénients ? Avantages ?
- Deuxième question, les front d'ondes homogènes, hémisphériques, sont-ils indispensables ? Autrement dit, une directivité homogène verticalement et horizontalement est elle la meilleure solution pour un auditorium ? Autrement dit, si l'absence de directivité horizontale est très souhaitable, une directivité verticale plus marquée peut limiter les réflexions sur le sol et le plafond. Autrement dit, des fronts d'onde hémicylindriques sont ils plus efficaces que des fronts hémisphériques ?
Qui dit ondes hémicylindriques dit alignement vertical de haut-parleurs dans une symétrie horizontale. Entre la disposition de d'Appolito et les ''line array'', je recherche depuis une trentaine d'années les ''compositions'' les plus adaptées à une utilisation domestique. Elles ont été utilisées pour mes propres multivoies à médium dôme et mes charges ouvertes. Dans le premier cas j'ai obtenu des colonnes hautes et étroites. La symétrie par rapport à un tweeter, centre acoustique de l'ensemble, permet de profiter, dans le sens horizontal, d'une absence de directivité et une homogénéité de l'image sonore proche des Baltic, tout en contrôlant la directivité verticale. Autre avantage, j'ai pu choisir les tweeters (rubans), médiums (dômes 2') et bas médium haut grave (10cm à cône). Il y a moins de compromis sur chaque haut-parleur spécialisé, adapté à son utilisation sans faire appel à une structure concentrique complexe.
Ceci n'est pas une critique de la Baltic mais une réflexion sur les choix conceptuels. Je constate que la symétrie verticale existait sur la Pacific MC ou, maintenant, l'Ambrose 3.
Ne parlons pas de la sphère Baltic mais des systèmes Baltic 2.1, 5.1, 7.1 ou même 7.2. Je n'ai pas entendu la dernière version évo, mais la II était déjà pas mal...
Si le rendu Baltic est proche de celui de la NS1000x active, ceci ne veut pas dire identique, chacun est un compromis et a certainement ses propres caractéristiques. Je l'avais aussi constaté par rapport à mon propre système. Les performances de l'anneau médium Baltic ne peuvent concurrencer celles du dôme béryllium Yamaha. Le filtrage actif permet d'en optimiser tous les paramètres. A 80Hz, fréquence de transition avec le Velodyne, le 12 pouces Yamaha, chargé par un volume relativement grand, est certainement plus à l'aise que l'anneau de 20cm Baltic. La distorsion doit s'en ressentir. Par contre, l'ébénisterie NS1000x, plus armoire, n'a certainement pas l'homogénéité de dispersion de la ''petite Sphère''. Je sais bien que TMS rattrape tout !
La NS1000x est donc plus adaptée à la ''simple'' stéréophonie. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas tenter d'en mettre quatre ou cinq dans un salon...
Clairement le système Baltic est taillé pour le multicanal, ce qui ne veut pas dire qu'il est inadapté à la stéréophonie, et même la monophonie. Il est plus polyvalent et garde vivaces toutes les caractéristiques ''historiques'' Cabasse. On rêve pour lui de multiamplification numérique active,... une sorte de sphère ''du pauvre''.
Toutes ces remarques faites en dehors de toute écoute comparative, qu'en pensent ceux qui ont entendu ? J'aurais aimé me faire une idée perso ...