BPhil a écrit:Si j'avais des JMF audio comme celle de Christian, ferai tout pour éviter la multi amplification, filtrage passif si possible, mono bloc classeA, y a pas mieux pour avoir un son en vrai 3D.
Pas si simple. Le filtrage passif n'a pas que des avantages. Obtenir les qualités que tu attends nécessite le bon choix pour les fréquences de coupures et les pentes. Il ne faut pas croire que les modélisations par calcul et logiciels tiennent compte de la dispersion des caractéristiques des haut-parleurs et des composants du filtre, ou de leurs modifications au cours du rodage. L'optimisation d'un filtre passif demande beaucoup de temps et de patience, d'autant plus que le nombre de paramètres augmente (avec l'ordre du filtre, donc sa pente, et le nombre de voies; sans parler d'éventuelles correction d'impédance électrique et de phase...). Normalement les valeurs des composants doivent-être optimisées à 0,1µF, 0,1mH ou 0,1 Ohm près... Vous imaginez le stock de composants pour un amateur. ne pas tester avec des Mundorf ! Les deux principaux inconvénients du filtrage passif sont :
- Les composants intercalés entre les transducteurs et les étages amplificateurs finaux diminuent leur amortissement ;
- Plus les composants sont nombreux, plus ils risques de porter atteinte au signal entrant est grand.
Leur principal avantage est la simplification de la chaîne d'amplification, ce qui potentiellement préserve le signal et... les budgets du proprio...
Les filtres actifs digitaux ont aussi des avantages et des inconvénients. Ils ont suscité beaucoup d'espoirs de perfection au début des années quatre-vingt-dix. On s'est aperçu que la restitution correcte des harmoniques les plus hautes nécessite des fréquences d'échantillonnage très élevées pour limiter le bruit et la distorsion numériques. La fréquence de 96kHz utilisée par la plupart des filtres actifs commercialisés reste insuffisante, à mon avis. De plus, difficile de se faire une opinion sur les algorithmes utilisés par les DSP des filtres paramétriques. Enfin, la complexité de la chaîne électronique n'est pas forcément un critère audiophile... Sans oublier le prix de l'ensemble.
Reste qu'au début, le propriétaire du système, a le sentiment d'avoir à sa portée un tel potentiel de paramètres, très "facilement" réglables, qu'il va réussir, à coup sûr, une chaîne de restitution exceptionnelle ! On oublie que plus il y a de paramètres, plus il y a de configurations disponibles... Il y a intérêt à être organisé pour la mise au point... L'exemple du studio d'Igor Kirkwood montre que des experts reconnus n'en finissent pas de paufiner, avec des résultats subjectifs de plus en plus satisfaisants...
Jean Claude Reynaud vient de communiquer dans le numéro 91 (Juillet-Août) de la revue Stéréo – Prestige & Image à propos du lancement du Système intégré JMR ADARA. Il défend des points de vue très proches de ceux de mes interventions :
A propos du filtrage passif :
"Cela fait trop longtemps que les fabricants d'enceintes acoustiques essayent de s'affranchir des problèmes liés aux composants passifs utilisés pour la réalisation du filtrage des haut-parleurs. Ces composants passifs absorbent une très grande partie de la dynamique et du courant des amplls."L'acoustique a aussi un rôle :
"Un mauvais HP mal chargé et mal mis ou point, même s'il a une courbe de réponse droite au demi dB près restera toujours un mauvais HP mal chargé... Le dégradé harmonique, les capacités en micro-informations sont essentielles et elles ne se fabriquent pas à coup d'égaliseur paramétrique."Il a choisi, pour son nouveau système ADARA une multi-amplification active à filtrage digital, mais y met des conditions :
"Jean-Claude Reynaud, ne se satisfaisait jamais des timbres simplifiés voir détériorés pour le calcul approximatif des DSP d'il y a quelques données. À force de recherches et de tests ont réussi à mettre au point un système à base de DSP qui fonctionne en 36 bits et 192 kHz avec une puissance de calcul et une vitesse de traitement respectant enfin les mlcro-détails, micro-dynamique et dégradé harmonique essentiels d'un résultat vraiment musical et non uniquement démonstratif."Pour ADARA,
"Tout le système est en natif en 24/192 et le calcul du DSP en 32/192." Choix très sage, équilibré, qui devrait être généralisé.
Comme son père, Jean Marie Reynaud, Jean Claude Reynaud n'oublie pourtant pas les charges acoustiques très performantes :
"Ces haut-parleurs ont été développés sur cahier des charges spécifique. Les fréquences de coupure sont situées à 2200 Hz sur 24dB entre le tweeter et le médium, chacun dans une charge séparée et optimisée, à 200 Hz entre le médium et le grave en 48 dB par octave, avec une toute nouvelle charge acoustique utilisant 4 cavités à amortissement progressif et profil de compression."Je ne veux pas, ici, développer mes propres évaluations, depuis une quarantaine d'années. J'ai cherché à me passer de tout filtrage électrique, passif ou actif, ou au moins les éviter, sans passer par la case transducteur Large-Bande, que ne peux répondre aux exigences du problème. Seule solution, les lois de l'acoustique avec, pour objectif aucun filtre dans la zone de sensibilité optimale de l'oreille humaine. Performance obtenue, 40 à 6000 Hz sans filtre grave-médium, et filtrage minimum pour les tweeters et super-tweeter. En tout et pour tout deux condensateurs optimisés à 0,1µF près et... rien d'autre, ni self, ni résistances, rien entre les bobines mobiles et l'amplificateur. La préservation du signal s'entend... pas seulement pour le son "en vraie 3 D", pour la phase, la dynamique, la focalisation des objets sonores, les timbres et tessitures, le tempo, la distorsion. Problème, impossible d'adapter cette solution aux chambres de compression avec pavillon, nécessitant une fréquence de transition en général entre 300 et 800 Hz selon la pente choisie, soit dans une zone très audible...
Au total, à mon avis, le filtrage digital a plus de potentiel que les filtres passifs, avec beaucoup de conditions...