Malgré cette réputation, Capcom est aussi, historiquement, une société assez généreuse en matière de productions originales. À l’époque de la PS1, il y avait eu Resident Evil puis Dino Crisis. Dans les premières années de la PS2, l’éditeur avait lancé avec succès Onimusha – premier million seller de la console au Japon – puis Devil May Cry, pour finir avec des titres comme Okami et Monster Hunter et entre-temps quelques tentatives comme Killer7 et Viewtiful Joe. Au début de la génération HD, la société avait su imposer d’autres nouvelles séries remarquées comme Dead Rising et Lost Planet. Mais actuellement ? Alors qu’on est déjà dans la deuxième année des PlayStation 4 et Xbox One, et outre l’arlésienne Deep Down, il n’y a rien de neuf à l’horizon de la part de Capcom.
Une tendance qui n’est pas totalement d’actualité en occident, où des titres comme Watch Dogs et Destiny ont récemment démontré qu’une nouvelle licence pouvait encore être synonyme d’énorme succès. Mais ceci au prix d’un conformisme flagrant. Les concepts novateurs se font rares, peut-être aussi parce qu’il devient sans cesse plus difficile de trouver de nouvelles idées. Mais à l’heure où le mot d’ordre dans les productions à gros budget est d’atteindre des objectifs de ventes sans cesse plus élevés, les jeux les plus originaux dans leur concept ont la vie dure.
Des jeux comme The Last Guardian sont difficilement envisageables venant d’un éditeur tiers
Le phénomène qui en découle, c’est le règne des jeux scolaires. Des titres objectivement très bon à bien des égards, mais qui sacrifient une unicité et une personnalité au profit du conformisme qui, symboliquement, mène à la réussite de l’épreuve Metacritic. La forme domine. Le fond est souvent bon, mais n’atteint pas les sommets de certains jeux plus atypiques et aujourd’hui plus rares, qui marquent généralement davantage les esprits mais divisent aussi beaucoup plus, et subissent par conséquent cette notation scolaire d’une presse qui se veut guide d’achat – Gamekult y compris.
On dit des jeux indés, ceux à petit budget, qu’ils sont l’alternative salvatrice pour préserver la diversité du jeu vidéo. Certains éditeurs soutiennent même en interne cette culture avec des jeux plus intimistes et personnels, comme Ubisoft avec Soldats Inconnus ou Electronic Arts avec Unravel. Mais cette bravoure se limite, justement, à des jeux intimistes. Pour le même traitement à grand budget, on repassera.
Faut-il s’y résigner ? Certainement pas. Le jeu vidéo est encore une industrie jeune, malgré tout toujours très méprisée par l’opinion dominante et qui reste très loin d’avoir atteint sa maturation au niveau de la taille de son public. On peut espérer que sa croissance puisse à terme encourager un potentiel commercial plus important pour des « jeux d’auteur » à grand budget, qui favorisent davantage l’expérimentation et la profondeur. Mais pour l’heure, l’industrialisation massive prônée par la politique des grands éditeurs ne va malheureusement pas dans cette direction.
Excellent résumé du marché du jeu vidéo aujourd'hui et des travers du business model actionnarial. Je conseille vivement la lecture de cet article très bien documenté.
Je partage toute son analyse et je remercie les jeux indépendants d'exister et les quelques éditeurs japonais qui osent encore bousculer les standards.
Dire que Capcom était mon studieux préféré quand j'étais petit. C'est triste de voir ce qu'ils sont devenus.
Premier venu, premier servi, voici le code de lecture pour les curieux ou les quelques radins qui hésitent encore : E670A2 !