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Films (débats, critiques), personnalités (acteurs, réalisateurs), prochaines sorties, les salles, la presse spécialisée...

Ils nous ont quittés

Message » 20 Juin 2016 9:46

Bordel d'année 2016 bien merdique. Rip... un excellent acteur
Bender_37
 
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Message » 20 Juin 2016 18:29

Sa voiture était une Jeep d'un modèle qui fait en ce moment l'objet d'un rappel par le constructeur. Apparemment, la boîte de vitesse automatique ne comporte pas une indication assez claire pour savoir si on est au point mort ou si le frein à main est engagé.
Sledge Hammer
 
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Message » 21 Juin 2016 9:34

L'accident domestique con dans toute sa splendeur. Moi ce week end, je me suis coupé le pouce en nettoyant le sécateur qui m'a servi à tailler les tuyas. Ca pissait le sang, c'était horrible. Une coupure de 4mm de long quand même...
starfox
 
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[REAL] Michael Cimino est mort

Message » 03 Juil 2016 6:45

Le grand réalisateur américain est mort hier à 77 ans.

Surtout connu en France pour Deer hunter (voyage au bout de l'enfer, film coup de poing) et Heaven's gate (les portes du paradis) film formidable qui connu un échec retentissant à sa sortie dont il ne se remettra jamais complètement, il est revenu dans les années 80 avec Year of the dragon.

Un conseil ? Regardez les portes du paradis, un magistrale leçon de grand cinéma !

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autrichon gris
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Message » 03 Juil 2016 19:01

je me rappelle Voyage au bout de l'enfer. Le picth ne me disait rien, la longueur du film n'avait rien d'attirant.

Je l'ai pourtant regardé un jour, en 1986 avec quelques copains un samedi soir. Nous étions quelques uns à rester à l'internat au lycée le week end. On ce cotisait pour louer une ou deux k7. C'est un film que j'ai regardé car je n'avais rien à faire d'autre ce soir là.

J'ai pris une claque cinématographique rare..... sur un 44cm 4/5 mono.

Ce type racontait l'histoire de type comme nous, un peu plus agé que nous, mais comme nous. Pas des héros, juste des gars simples voués à avoir une vie paisible et tranquille et subitement pris et emportés par les rouages implacable de la grande histoire....

Plus tard j'ai vu L'année du Dragon. Il a été souvent copié, jamais égalé.

Ces maîtres cinématographiques était Visconti, Ford et Kurosawa. Il a appris le cinéma sur le tas. Préférait ne pas tourner plutôt que perdre son intégrité.

Merci Monsieur
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[DECES] Abbas Kiarostami, 76 ans

Message » 05 Juil 2016 7:18

http://www.lemonde.fr/culture/article/2 ... _3246.html

Un cinéma porté par la grace, dans un environnement aussi hostile, ça ne peut qu'interpeller. Abbas Kiarostami restera comme un de ceux qui a ressuscité le cinéma, le vrai, la ou personne ne l'attendait, l'Iran.

On regardera "le gout de la cerise", palme d'or à Cannes en 1997 pour se rattraper....

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autrichon gris
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Message » 05 Juil 2016 15:38

Ca fait de la peine. Un immense réalisateur à qui on a violemment coupé les ailes de manière totalement injustifiée à la sortie de La Porte du Paradis.

Depuis le film a été ré-évalué à sa juste valeur avec les ressorties en copies restaurées au ciné, en blu-ray, les honneurs, etc... mais quand même, ça fait mal au coeur.

C'était trop tard tout ça.

Conseil de lecture : "Michael Cimino, Les voix perdues de l'Amérique" du critique Jean-Baptiste Thoret qui se fait embarquer par Cimino dans un road-trip nostalgique dans l'Amérique profonde tout en abordant ses films, sa vision des Etats-Unis, John Ford, les montagnes de l'Utah, l'histoire des chinois qui travaillaient sur les chemins de fer, etc... etc... Passionnant.
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Message » 06 Juil 2016 0:53

On ne lui a pas vraiment coupé les ailes de manière totalement injustifiée. Cimino a quand même fait "quelques" caprices qui ont plombé le budget du film.

Un exemple, c'est quand il s'est rendu compte que le décor de rue dont il avait au préalable approuvé le plan n'était pas assez large. Il a donc demandé qu'on le démolisse pour le reconstruire avec la rue deux fois plus large. Les décorateurs lui ont alors expliqué qu'il suffisait de démonter un côté et de le remettre deux fois plus loin, sans toucher à l'autre. Cimino a exigé, et obtenu, que l'on démolisse les DEUX côtés. Parce qu'il avait le droit de décider ça, conformément dans son contrat.

Après La Porte du Paradis et avant L'Année du Dragon, Cimino s'était vu confier Footloose et Le Pape de Greenwich Village, donc il n'était pas non plus un paria dans le système. Un réalisateur vaut ce que peut rapporter son prochain film, pas ce qu'a coûté le précédent. Sitôt engagé comme réalisateur, il a voulu remanier les projets et repousser le tournage, et les studios n'ont évidemment pas été d'accord.
En fait, le truc qui l'a vraiment mis hors jeu, c'est moins La Porte du Paradis que Le Sicilien. C'était lui qui avait exigé Christophe Lambert, et surtout, il a tenté une entourloupe avec les producteurs pour avoir le contrôle du montage final et sortir sa version de deux heures et demie, là où il n'avait ce contrôle que si cette version durait moins de deux heures. Il y a eu procès, l'entourloupe s'est vue, et là, oui, on l'a mis en quarantaine. Pour Sunchaser, pendant les interviews à la sortie française, il débinait le script qu'il avait tourné, vu que c'était un projet de commande. Sauf que quelques mois avant, il avait tenté de s'en faire attribuer la paternité au générique, arguant qu'il en avait réécrit 80 %...

Christophe Lambert en a très bien parlé dans son interview à SoFilm l'an dernier. C'était sur le papier le type le plus brillant de la génération de réalisateurs des années 70. Il savait écrire, réaliser, il était peintre, architecte, etc. Sur le plateau, il était généralement plus doué que les différents techniciens. Mais il était incapable de déléguer, soit par parano soit par incompréhension des sacrifices à faire pendant un tournage. Du coup, il n'a eu que rarement l'occasion d'exprimer son talent à 100 %, parce qu'il était souvent son propre pire ennemi. C'est ce qui rend ses films de la deuxième moitié de sa filmo aussi fascinants : on est amené à imaginer à quel point ils auraient été éblouissants s'il avait exprimé leur potentiel. Dans Desperate Hours ou Sunchaser, il y a des scènes en extérieur sublimes et fulgurantes à côté de passage totalement bâclés.

En tout cas, il ne faudrait pas non plus oublier Le Canardeur dans sa filmographie. Il est moins ambitieux que ses trois films suivants, mais il y montre une maîtrise de la mise en scène et un sens de l'atmosphère qui sont impressionnants.
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Message » 07 Juil 2016 10:45

Oui il était difficile et alors ? Ce n'est pas la première fois qu'un réalisateur se bat contre le système pour imposer sa vision. Simplement on a l'impression que Cimino a payé plus cher que quelques autres de ses contemporains qui eux aussi ont connu de cinglants échecs (Friedkin avec Sorcerer, Spielberg avec 1941, Coppola avec Coup de coeur). Alors pourquoi lui ?

Etait-il à ce point insupportable qu'aucun producteur ne voulut s'associer avec lui pour poursuivre l'aventure ? Franchement, est-ce qu'un Terrence Malick apparait comme un artiste facile ? Est-ce qu'il cartonne au box-office ? Après 20 ans d'inactivité, le mec n'arrête plus de tourner, ou de produire, ces dernières années !

Non, simplement, Cimino proposait une vision triste et franchement désabusée des Etats-Unis, surtout dans cette trilogie que représenteraient voyage au bout de l'enfer/la porte du paradis/l'année du dragon où les communautés se fracassent au nom d'un soit disant idéal américain.

Dans ces films, il propose une sombre vision des fondations mêmes de son propre pays, et de manière très frontale, sans allégorie bidon, en disant clairement que le rêve américain est fondé sur un massacre (surtout dans la porte du paradis évidemment). Il était évident qu'il s'exposait à de sévères critiques, et ce, quelque soit la qualité de son oeuvre. C'est là, je pense, qu'il faut aller chercher la mise à l'écart du bonhomme. Et les frémissements de tout ça se sont déjà fait sentir après voyage au bout de l'enfer, car malgré les oscars et les honneurs, quelques critiques assez sévères avaient déjà pointé le bout de leur nez.

Avec la porte du paradis, on peut enfin lui faire payer cette... trahison en somme. Car il enfonce une fois de plus le couteau dans une plaie pas encore totalement refermée en remuant la lame bien comme il faut dans les entrailles les plus sombres de l'histoire de son pays, en abordant, qui plus est, une histoire assez méconnue.

Oui il a continué à travailler, mais c'était comme d'obliger Schumacher à faire un grand prix au volant d'une Datsun 120Y...
starfox
 
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Message » 07 Juil 2016 15:30

Cimino n'a pas payé plus cher. Et il n'était pas non plus le seul réalisateur pessimiste en activité.

Il y a eu concrètement deux facteurs qui ont joué :

- il n'était pas particulièrement capable de s'adapter. Quand le système a changé, Scorsese a été roublard et a accepté des œuvres de commande (After Hours, La Couleur de l'argent), Coppola a aussi joué les francs-tireurs dans les années 80-90, mais on pouvait sentir que le cœur n'y était souvent pas (Jack...). Cimino était le moins souple des trois, les plus intransigeant (ce n'est pas une critique forcément). On lui a proposé les deux films commerciaux que j'ai cités, il a tout de suite voulu les transformer en œuvre de Cimino, là où un type carriériste aurait accepté de faire ça en serrant les dents histoire de se refaire et de pouvoir tourner ensuite les projets auxquels il tenait. C'était un type qui avait pu encore faire des compromis sur Le Canardeur, mais qui ensuite ne connaissait que deux modes : à fond ou rien.
Son drame a effectivement été que son truc le plus ambitieux a coïncidé avec la fin du Nouvel Hollywood des années 70, mais le type aurait eu concrètement les pires difficultés à tourner quoi que ce soit en dehors du système américain des années 70.

- c'était quelqu'un qui croyait beaucoup aux mythes et qui s'est laissé plus ou moins emprisonner dans la posture de l'artiste maudit, qui est pour une large part un mythe romantique. Dans ses interviews, il y avait concrètement pas mal de bobards (il avait raboté à un moment 12 ou 13 ans sur son âge, il prétendait avoir fait le Viet-nam, il sortait des trucs que ses proches démentaient ensuite), et il en rajoutait de lui-même sur le martyr qu'il avait subi, pratiquement comme une figure christique. Le bouquin de Steven Bach sur le tournage de la Porte du Paradis n'est pas un réquisitoire contre Cimino, c'est le bouquin d'un producteur dépassé par la situation, qui voit bien que le réalisateur abuse de son contrat (ce que pratiquement n'importe quel réalisateur aurait fait vu les clauses qui étaient accordées) et qui devient un simple témoin impuissant.

Pour moi, concrètement, Cimino a dû se retrouver à un moment à devoir choisir entre accepter des œuvres de compromis et de commande, tourner avec des petits budgets ou des "chaperons" pour bien vérifier que le tournage se passait bien, ou se mettre lui-même en scène comme le successeur de gens comme Erich von Stroheim, Josef von Sternberg ou Orson Welles.
Et je ne sors pas ça non plus de nulle part. Un des grands projets de Cimino, ça aurait été un remake du Rebelle de King Vidor, ou plutôt une nouvelle adaptation du bouquin d'Ayn Rand, sorti en français sous le titre de La Source vive.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Source_vive
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Rebelle_(film,_1949)

Howard Roarke dans le livre (et le film), c'est un architecte de génie, mais qui a des commanditaires qui lui font des critiques parce qu'ils ne comprennent pas sa vision. La dernière partie de l'intrigue tourne autour d'un nouveau gratte-ciel (Rand était légèrement obsédée par l'imagerie phallique...) dont Roarke dynamite les fondations alors qu'il est en chantier, parce que son client a changé les plans sans son accord.
Rand, qui était surtout une romancière, faisait dans le sous-Nietzsche côté réflexion intellectuelle, et il y a tout un pan de son œuvre qui a inspiré les ultra-libéraux américains (en particulier son magnum opus, Atlas Shrugged). Mais on peut trouver quelques échos de son discours à des endroits plus inattendus (il y a des côtés des histoires de Brad Bird, Les Indestructibles ou Ratatouille, qui l'évoquent). Le jeu vidéo Bioshock raconte également ce qui se passerait si les élites décidaient de faire sécession, devant la médiocrité de la majorité de l'humanité, un autre thème cher à Rand.
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Message » 08 Juil 2016 7:08

Atlas shrugged ! ... Sorte de point godwin des discussions de ce genre. 8)

Impressionnant Sledge Hammer... On trouve tout ça sur le net, ou tu as fait un mémoire de Master 2 sur Cimino ?

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Message » 08 Juil 2016 7:37

C'est vrai autrichon gris, magnifique analyse de Sledge Hammer sur Cimino, je me suis endormi moins bête hier soir après l'avoir lue. Thanks


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Message » 08 Juil 2016 10:04

Un rien vous impressionne. L'analyse de Sledge Hammer est basé sur des on-dit. Untel a dit à un autre que Cimino était comme ci ou comme ça sur le plateau, qu'il se complaisait dans la posture de l'artiste torturé, en général, on trouve ce genre de commentaires dans des bouquins comme ceux de personnages amers comme Steven Bach (son bouquin "the final cut"). C'est le téléphone arabe ce truc. Moi j'y crois pas une seconde à tout ça. Il suffit de regarder ses films pour comprendre la trajectoire du bonhomme et pas des articles écrits par on ne sait qui sur internet, sur wikipédia ou je ne sais quel autre livre écrit par des gens dont l'histoire ne retiendra absolument rien.
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Message » 08 Juil 2016 12:57

Sauf que tu tombes de ton côté dans l'imagerie entretenue par Michael Cimino lui-même, et le cliché de l'artiste maudit.

Coppola s'est ramassé sacrément avec Coup de cœur, qu'il avait produit avec ses propres sous. Il en a gardé des dettes pendant près de vingt ans. Il fait, après Outsiders et Rusty James, Cotton Club, qui est un autre bide monumental, cette fois-ci pour le studio, Paramount. Pourtant le type a embrayé sur d'autres projets, il a été obligé de ravaler sa fierté, mais il a quand même fait un paquet de films. Certains bons, d'autres mauvais, certains de pure commande, d'autres plus personnels, rarement en tout cas avec la liberté des années 70, en tout cas il y en a une dizaine. Et pour les caprices de Coppola ou ses pétages de plomb, on a carrément un documentaire entier, Hearts of Darkness, qui montre à quel point il était difficile pendant le tournage d'Apocalypse Now.

Oui, bien sûr, tous les témoignages sur Cimino sont forcément sujets à caution, mais c'est pareil pour n'importe quelle célébrité. De toute façon, si on ne s'on remet qu'aux infos de première main, autrement dit à ses déclarations, on a concrètement une grosse leçon de charme, parce que Cimino savait vraiment mettre ses interlocuteurs en confiance, avec ses confidences qu'il n'avait jamais faites à personne, le passage sur à quel point tel truc l'avait démoli, etc. C'était le beautiful loser que l'on aurait souhaité voir réussir dans une réalité alternative, avec tous les projets mirifiques de films qu'il faisait exister devant les yeux de la personne en face de lui. Mais à côté de ça, ll avait concrètement des côtés un peu mythos. Il disait avoir fait le Viet-nam, ce qui était bien sûr un gros mensonge. Il disait n'avoir jamais eu recours à la chirurgie esthétique, et que son changement d'aspect provenait de sa conversion au bouddhisme, ce qui n'était pas très crédible. Donc ses histoires comme quoi il a été le bouc-émissaire de toute cette génération sont caricaturales. Je ne prends pas le bouquin de Peter Biskind pour argent comptant, mais un mec comme Hal Ashby a certainement eu un parcours encore plus pénible, et reste encore dans un semi-oubli aujourd'hui, là où Cimino fait de lui-même un symbole.

Pourquoi est-ce que Cimino n'a rien pu faire en vingt ans, alors que Terrence Malick, qui a la même réputation d'être difficile en plus de son style hermétique, a fait cinq longs métrages ?
Pour La Ligne rouge, Malick avait donné des garanties au studio. Il ne ferait pas la promo du film, mais il tournerait le film dans le budget et il y aurait des stars au générique (cf. l'apparition de George Clooney à la fin, juste pour un discours). Et il a eu l'Ours d'or à Berlin. Rebelote sur Le Nouveau Monde, où il y a Colin Farrell, Christian Bale, Christopher Plummer, où il a accepté une version courte au cinéma, etc.
Ensuite, Malick est quelqu'un de très excentrique, qui va tourner de multiples variations sur une scène, essayer de l'impro, prendre des risques, etc. Donc les tournages sont très longs, avec parfois des interruptions de plusieurs mois. Mais il fait généralement ça avec une équipe réduite sur le plateau, ce qui fait que ça ne coûte pas quelques millions par jour aux producteurs (Kubrick avait également la même méthode : les acteurs plus une dizaine de personnes sur le plateau, pas plus). Malick peut compter sur ses directeurs de la photographie comme Emmanuel Lubezki ou son propre sens du montage et du mixage musical en post-production pour donner un semblant de structure à des trucs disparates. Mais ses budgets restent contenus, et depuis The Tree of Life, il peut aussi compter sur des pré-ventes automatiques dans plusieurs pays sur la base de son nom. Et, bien sûr, des acteurs prêts à tenter l'aventure quitte à tailler dans leur cachet habituel.

Cimino était encore un réalisateur à l'ancienne, avec décors naturels, figurants (je n'ose imaginer comment il aurait pu s'accommoder du numérique...), le maximum de choses en dur, et puis le porte-voix pour donner des ordres au fond. C'étaient à chaque fois des films à grand spectacle, qui se voulaient tout de même commerciaux. Il a eu ensuite des embrouilles avec des producteurs sur au moins trois films (La Porte du Paradis, le final cut du Sicilien, l'attribution du crédit de scénariste sur Sunchaser). Enfin, même avec de la bonne volonté, il n'y a pas grand chose à sauver de Desperate Hours ou de Sunchaser. Quelques plans éblouissants sur la nature, et à côté de ça un remake poussif et inutile de ce qui était un grand film noir ou un paquet de banalités new age.

Et je ne crois pas non plus qu'il était traité ces dernières années toujours comme un pestiféré à cause des stigmates de La Porte du Paradis. Surtout vu la réhabilitation récente du film. De toute façon, 20 ou 25 ans après, les gens aux commandes des studios n'ont plus guère de souvenir de cette période (pour être franc, ils n'ont souvent aucune culture cinématographique). Des trucs comme Voyage au bout de l'enfer, ça remonte à une autre vie pour eux. Ils n'avaient simplement aucune raison de croire que le type qui avait fait "récemment" Desperate Hours ou La Maison des otages avait encore en lui un grand film capable d'attirer les foules ou de récolter des récompenses.
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Message » 08 Juil 2016 20:55

Starfox, toute l'histoire de l'humanité connue est basée sur des on dit et des témoignages plus ou moins crédibles. L'analyse de Sledge Hammer n'en est donc pas moins valable, tout comme sa réponse mesurée l'atteste.


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