Après une pause forcée en raison des vacances estivales, je me suis remis en quête d’un éventuel challenger au Passion 600 d’YBA.
Je rappelle que l’alimentation séparée plus conséquente que celle du 400, permet de corriger certains défauts mais pas en totalité.
Le budget étant revu une nouvelle fois à la hausse, mes exigences ont fait de même … déjà que la barre était haute
je risque de ne jamais trouver mon bonheur !
D’un autre côté, vu la somme à investir, je ne peux qu’être intransigeant surtout lorsqu’ un doute subsiste et me hante suite à l’écoute du fabuleux P8i.
Même si ce DCS reste hors de portée, je me suis intéressé à celui-ci et souvent le lecteur Audio Aéro SACD PRESTIGE est cité comme son challenger.
J’ai donc porté mon attention sur un modèle moins prétentieux (tout est relatif), qui a permis a servir de base au développement du vaisseau amiral de la marque et qui surtout a fait la renommée du constructeur : le Capitole.
Paramètre intéressant, même si le budget est encore plus élevé, il intègre un véritable préamplificateur. C’est bien utile pour moi qui ai besoin de cet élément pour finaliser mon système.
Direction Lille chez Ecrin de France pour un match passionnant: Audio Aéro Capitole MKII versus YBA Passion 400.
Pour plus de certitude, je décide de déplacer mon bloc de puissance Krell. Mes Kef resteront à la maison et sont remplacées par des Acapella HARLEKIN.
Ce produit, comme le reste de la gamme, est atypique et mérite une photo pour le faire découvrir.
D’autres produits inconnus (pour moi) comme Einstein ou Edge sont aussi proposés.
Les Harlekin sont de simples 2 voies, avec un HP de 23 cm en charge close dans un généreux coffret de 75 kg pour 1.20 m de haut.
Un petit aparté sur le magasin qui est bien agencé, spacieux, à la décoration soignée : épaisse moquette rouge au sol, revêtement mural type velours noir, une hauteur sous plafond de 3 m et une superficie à vue d’œil de 160 m².
Les enceintes sont éloignées des murs et fortement écartées ; pas loin des 4 m ce qui me laisse perplexe mais la position d’écoute l’est aussi.
Le préamplificateur utilisé est celui du Capitole.
YBA CD PASSION 400 – 3500€ (suite à la hausse de prix récente)
C’est reparti avec une sixième écoute de ce lecteur. Il ne me faut pas longtemps pour retrouver les caractéristiques qui m’ont séduites : des timbres neutres, raffinés, ciselés, une grande richesse d’information, un excellent maintient des notes.
Au chapitre des regrets, toujours ce grave manquant de niveau mais par contre hyper nuancé, un manque de matière générale comme si les notes n’étaient pas assez appuyées, trop légères. C’est moins marqué que d’habitude car la sonorité des enceintes est marquée par un côté chaleureux.
Cela reste quand même aseptisé et conforte mon opinion sur le Passion 600.
Audio Aéro CAPITOLE MKII – 8500€
Bon, c’est vrai, ce n’est pas le même budget, même en tenant compte du préampli mais ce modèle se trouve entre 4000 et 5000 € d’occasion puisque remplacé par une nouvelle mouture en juin 2005.
Tout d’abord, la finition est remarquable, avec un capot et une façade en aluminium brossé comme l’YBA, mais avec une trappe d’accès en verre biseauté et poli donnant accès à une mécanique ornée d’un enjoliveur en aluminium taillé dans la masse. Les 4 coins de ce bloc présentent une empreinte pour loger les doigts et saisir facilement le CD.
L’ergonomie du Passion laisse à désirer : une trappe coulissante avec une rainure pour l’ouvrir contre une petite poignée de préhension fixée sur la trappe chez Audio Aéro. L’ouverture n’est de 125 mm sur le Passion pour glisser des CDs de Ø 120 mm … il faut bien viser pour ne pas râper le bord du CD sur le capot !
De même que le palet presseur est un véritable cauchemar pour le placer alors que sur le Capitole, il peut être mis les yeux fermés.
La télécommande en aluminium est un bel objet, qui regroupe toute les fonctions y compris le réglage de luminosité du display jusqu'à son extinction.
Celle de l’YBA en plastique est une des plus pitoyable qui puisse être, sans compter les accès aux plages impossibles en direct passe la dizaine ou les bugs fréquents.
Mais venons en à l’essentiel, l’écoute :
Que se passe t’il ?
C’est incroyable, inimaginable, fantastique ! Quelle scène stéréophonique extraordinaire ! C’est bien simple, sur ce seul critère, le Passion est renvoyé dans les cordes, que dis-je, par-dessus les cordes.
Tout d’abord, les enceintes disparaissent littéralement, je me trouve fasse à un mur sonore parfaitement construit, qui prend une dimension plus ou moins importante, fonction de l’enregistrement.
Rokia Traoré se trouve en face de moi, accompagnée du guitariste et du chœur alors qu’en passant sur Beethoven, l’orchestre symphonique se déploie devant moi et semble faire 10 m de large. C’est vraiment inouï car chaque groupe d’instruments, cordes, bois, cuivres et percussions sont à leur place, que ce soit en largeur, en hauteur mais aussi en profondeur.
Il y a en plus une sensation d’air entre chaque intervenant, un aspect holographique saisissant.
Le retour sur le Passion est sidérant tellement il est étriqué et sans relief … vous allez pensez que j’emploie des qualificatifs grandiloquents mais il fallait être à mes côtés pour le constater.
J’ai retrouvé avec joie cet aspect qui m’avait séduit sur le P8i mais là, c’est encore plus fort.
Bon, ce n’est pas tout mais la conclusion ne peut se faire sur cet unique critère.
La balance tonale est linéaire, il me semble même qu’il y a un peu trop de niveau dans le grave. Une certitude, il est moins nuancé, un peu lourd ce qui donne cette sensation d’embonpoint. Impossible de remettre en cause le krell réputé infaillible sur ce point, et difficilement les enceintes qui sont en charge close.
Les notes ont cette fois ci une consistance et densité appréciable avec toutefois une coloration marquée. Rien d’alarmant sur ce point sauf pour moi qui me suis engagé au fil de mes recherches dans une neutralité de plus en plus poussée.
Je note par contre une simplification des informations, le Capitole n’arrive pas à reproduire les micros informations. Je me rends compte qu’YBA domine ce sujet (est ce dû à la diode bleue qui éclaire le disque ?) puisque aucun lecteur n’a été capable de l’égaler sur ce point, excepté le DCS.
La dynamique entre les lecteurs est similaire avec peut-être un peu plus d’attaque pour le Passion mais le son est tellement léger et aérien que ceci explique cela.
Dernier point fortement favorable au Capitole, la fusion des registres et la cohérence absolument remarquables.
Il y a une cohésion entre la scène stéréophonique et les différents registres de la bande passante qui est remarquable. Le son s’écoule, sans saccades, avec fluidité.
Là aussi, le Passion n’est pas à son aise.
Conclusion :
Il est évident qu’Audio Aéro a une approche très différente de la restitution de la musique, avec un côté remarquable mais aussi quelques points perfectibles.
Au premier abord, j’ai été très surpris de constater que cet aspect offre un côté émotionnel qui tend à se rapprocher bien plus de la sensation de concert.
Ensuite, j’étais désemparé ; depuis 9 mois que je teste des lecteurs, je me suis engagé sur un chemin qui était celui de la fidélité, du rapprochement de la réalité et en l’espace d’une heure, ma démarche est remise en cause.
Pourtant, j’ai toujours tenté d’associer le côté subjectif au côté rationnel.
J’avais conscience qu’il manquait une chose essentielle aux YBA, et que possèdent d’autres lecteurs comme entre autres les Meridian G08, Musical fidelity CD A5 et Consonance DROPLET, mais elle fût éclipsée par d’autres défauts.
Malgré tout, au fur et à mesure des écoutes c’était incontestable, les quelques points boiteux du Capitole étaient infimes comparé a ces qualités et à contrario, c’était l’inverse pour le Passion.
Même en se réfèrant aux tarifs et autres produits chez YBA, le Passion 600 à 5200 € ou le Passion 1000 à 6500 €, aucun ne peut lutter face à la musicalité du Capitole.
En finalité, j’ai complètement changé mon fusil d’épaule pour me décider d’acquérir un Capitole … mais ceci fera l’objet d’une autre histoire.
après les essais faits chez toi en comparaison directe avec les Accuphase & YBA & Cayin sur des morceaux parfois difficiles sur le grave, j'avoue que je suis en désaccord avec ce qualificatif : les différences entre les lecteurs sont plutôt modérées et ne justifient pas pour moi l'emploi d'hyperboles pour les qualifier 
