Test HCFR Hifiman Susvara, casque audio

Test HCFR Hifiman Susvara, casque audio

171004 Hifiman Susvara

Hifiman Susvara

« l’abeille qui veut se faire plus grosse que le buzz? »

Test HCFR

par

Julien_cleriensis

Me voici donc dans le périlleux exercice d’écrire au sujet d’un casque aussi prestigieux après la très belle plume de notre ami Eric_dub.

Je tenterai de définir objectivement ce casque et par la suite de donner mon ressenti éclairé par des analyses subjectives en corrélation avec mes mesures. Comme dit pour ma précédente revue du casque de Master&Dynamics, je précise que je n’ai pas un banc de mesure suffisamment élaboré pour considérer comme absolument juste les données qu’il me renseigne mais suffisamment précis pour donner un aperçu global concernant la signature fréquencielle du casque. Pour les autres paramètres je ne m’y attarderai pas, ils sont a priori moins prépondérants à l’écoute, bien qu’ils soient pour des oreilles confirmées d’une relative importance. Je me contenterai juste de donner le taux global de distorsion harmonique, que j’ai entrepris de mesurer dans un environnement très calme, là aussi il est à titre indicatif.

Dans le monde du casque haut de gamme aujourd’hui, les constructeurs nous présentent des produits d’un très haut niveau qualitatif, de fabrication et de prestation sonore… Néanmoins je trouve et je développerai ce point précis, que la corrélation prix/performance objective n’est plus vraiment justifiable autrement que par un positionnement tarifaire arbitraire qui place un produit dans une hiérarchie plus ou moins artificielle ou par des coûts très élevés de recherche et d’innovation. S’agit-il ici d’un positionnement de gamme, lié à une signature sonore bien d’avantage issue de la réponse fréquencielle que des autres paramètres qui définissent le son ? Sommes-nous arrivés à un niveau de performance tel qu’il faille investir beaucoup, notamment dans la mise au point des nano-membranes, pour un différentiel performance somme toute assez mince ? Que penser de la comparaison directe des deux casques que je mets côte à côte, d’un très haut niveau, bien que leur gamme soit différente et leur positionnement tarifaire éloigné de plusieurs milliers d’euros ?

 

Mais parlons objectivement du Susvara.

 

Détail du contour bois de la coque du Susvara

Détail du contour bois de la coque du Susvara

Ce casque est un modèle d’ergonomie, il y a des choix esthétiques que je trouve étranges, notamment cette persistance à utiliser du bois de qualité relativement basique dans un design qui ne s’y prête à mon sens pas du tout, de la fibre de carbone, du magnésium auraient sans doute été plus avantageux et cohérent ? Mais il n’y a rien à redire sur la qualité de fabrication, tout est soigné, le casque est léger et se fait totalement oublier. La conception très ouverte participe à ce sentiment. J’ai une morphologie de tête étroite, oreilles hautes, qui pose problème avec certaines marques concurrentes. Ici il n’en est rien. A l’instar de Stax ou Audeze, tous ces casques sont des chaussons pour moi, sachant que question poids global Hifiman marque un point.

Ce casque présente une reproduction d’une grande transparence, très sensible à ce qu’il y a en amont… Sur ce point très particulier, ce casque est l’un des plus dur à marier que j’ai eu entre les mains et par la même il entre dans la court des grands casques. On en n’attendait pas moins d’un flagship du constructeur Hifiman.

Sur le plan technique, les amplis-casques que j’ai testés, même si pour certains ils n’ont pas démérités,  je pense notamment au Viva 845 ou à l’Auris Headonia 2A3 – produisant un niveau sonore suffisant – , force est de constater que l’on bride les performances intrinsèques très élevées du casque. Tant en ouverture qu’en présence et définition du grave et sub-grave, qui sont tout bonnement hors norme sur ce casque, j’y reviendrai plus tard. Il ne faut pas, dans ce cas précis, confondre niveau sonore avec capacité à tenir vraiment le casque, d’ailleurs avec mon Lehmann Black Cube Linear (BCL) en mode high-gain, j’ai pu à mi-volume obtenir des niveaux sonores très élevés, mais avec de la saturation, des graves complètement à côté etc etc. En bref, il faut l’artillerie lourde, un ampli conçu pour des enceintes… Ça tombe bien, Hifiman a conçu un HE-adapter qui permet de brancher ce glouton sur des amplis d’enceintes. J’ai donc pu écouter plusieurs configurations que je développerai tout à l’heure.

Pour les mesures, je me suis appuyé sur mon ampli 3DLAB i-master, un class D de 2x100W sous 8 ohms qui comme la plupart des class D ne fait pas dans la fioriture. Il balance les watts sans trop toucher au signal, en gros il est rigoureux, certains lui en feront le reproche, mais dans le cadre des mesures il me semble nécessaire de lui faire confiance.

 

Courbe de 20kz à 20khz, lissée à 1/12, échelle à 70db. Courbe verte canal droit, courbe orange canal gauche.

Courbe de 20kz à 20khz, lissée à 1/12, échelle à 70db. Courbe verte canal droit, courbe orange canal gauche.

 

Au delà d’une indéniable tendance à la linéarité, on remarque deux choses qui peuvent poser problème à ce niveau de prix…Premièrement l’appairage. Certes il est tout à fait possible que ce soit une caractéristique de mon exemplaire et donc un cas isolé. Tout d’abord il faut tenir compte que le trou à 6khz est un artefact de mesure, sans doute du à une annulation de phase causée par la captation par le micro de mesure de la « repisse » à cause du design très ouvert du Susvara. Le LCD-2 que j’ai mis en comparaison a le même trou, or à l’écoute ou en linéarisation subjective, ce trou n’existe pas… Du moins pas aussi marqué, lors de mesures à plus faible niveau il a tendance à diminuer (moins de repisse). Enfin, c’est une hypothèse qui demanderait à être confirmée. Toujours est-il que ce trou n’existe pas à l’audition et c’est là le principal.. Non le « problème » se situe dans la zone des 4khz. Le canal droit présente un pic relativement marqué, là où le canal gauche n’en présente pas. Par ailleurs l’appairage n’est pas homogène sur la zone de transition médium haut-médium ( de 1khz à 3khz ). Pas de chance, c’est la zone critique à l’écoute. Pour écarter tout doute, ces courbes sont la moyenne de plusieurs mesures – six -, faites en bougeant légèrement le micro dans mon oreille et le positionnement du casque sur ma tête. Il va de soi que j’ai utilisé le même micro pour mesurer les deux canaux. J’ai également fait une mesure ( suivant le même protocole ) avec mon BCL, résultat assez proche, bien que le léger trou dans la zone de transition et le pic soient un peu moins marqués.

 

Susvara sur ampli BCL. Courbe de 20kz à 20khz, lissée à 1/12, échelle à 70db. Courbe bleue canal droit, courbe violette canal gauche.

Susvara sur ampli BCL. Courbe de 20kz à 20khz, lissée à 1/12, échelle à 70db. Courbe bleue canal droit, courbe violette canal gauche.

 

Ce pic et cette imbalance s’entendent à mon avis très disctinctement. On obtient un grain artificiel sur les cordes, des duretés encore accentuées sur le 3DLAB, car le trou en amont accentue ce pic. Autant une mise en avant légère de cette zone des 4khz pourrait être un choix ( semble même être le choix) de la part du constructeur, pour donner une sensation d’acuité et de présence notamment sur les voix et le piano, mais pas cette imbalance et ce pic qui durcit le son. C’est très dommage car la linéarité globale est d’un très haut niveau.
Pour le reste, car la réponse fréquencielle ne dit pas tout, on a un taux de distortion harmonique très faible. Le meilleur que j’ai mesuré, à 90db dans les 0,2 % en moyenne sur tout le spectre (0,12 % à 1khz 0,2 à 200 hz et 12% à 15hz), très contenu dans l’extrême grave, là où mon LCD-2 est dans les 0,4 % (0,18% à 1khz 0,22 à 200hz et 30% à 15hz). le gain est net, surtout dans les basses fréquences. Cela se traduit par une faculté d’analyse et de définition dans ce registre extra-ordinaire, dans le sens premier du terme. D’un point de vue niveau le LCD-2 fait jeu égal, pour être juste un poil moins, mais pas dans la restitution, tout est légèrement plus pâteux, épais… C’est, je pense, une caractéristique des nano-membranes. Le LCD-4 m’avait paru sur ce point excellent également, mais cette même caractéristique est la conséquence d’une indispensable sur-amplification. Sinon tout est lent, lourd et flottant. C’est bien simple, sur mon interface Merging Hapi trop courte en puissance, je n’ai pas l’impression d’avoir le même casque sur les oreilles… La différence est ENORME.

LCD-2F 2016 sur ampli BCL. Courbe de 20kz à 20khz, lissée à 1/12, échelle à 70db. Courbe violet clair canal droit, courbe violet foncé canal gauche.

LCD-2F 2016 sur ampli BCL. Courbe de 20kz à 20khz, lissée à 1/12, échelle à 70db. Courbe violet clair canal droit, courbe violet foncé canal gauche.

 

graph-brut-right-susvara

Détail, Susvara sur 3DLAB, sans lissage, échelle 70db.

Par ailleurs, on remarque également sur les mesures – une constante chez Hifiman -, des micro-escaliers sur tout le spectre, facilement audibles sur un sweep linéaire. A l’écoute, cela contribue un peu, à mon avis, à donner cette présentation qualifiée d’éthérée, qui était très marquée sur le HE1000 v1 et qui ici subsiste plus modérément. C’est d’ailleurs une caractéristique sonore qui contribue au charme de ce casque, où rien n’est flou bien au contraire, mais rien n’est totalement incarné non plus..

Le Susvara, comment sonne-t-il ?

 

C’est un monstre de définition.
Imaginez un écran 4K en position sharp… Certes la signature fréquentielle joue un rôle dans cette perception, mais pas uniquement. Pour illustrer ce fait, je me suis amusé à linéariser le casque et pour enfoncer le clou, j’ai aussi linéarisé le LCD-2 pour être dans deux réponses fréquencielles les plus proches possible et ainsi analyser les différences de rendu entre les deux casques indépendamment de leur signature propre.

Susvara sur 3DLAB, canal droit, courbe verte, LCD-2 sur BCL, canal droit courbe jaune, linéarisés, courbes lissées 1/12, échelle à 70db.

Susvara sur 3DLAB, canal droit, courbe verte, LCD-2 sur BCL, canal droit courbe jaune, linéarisés, courbes lissées 1/12, échelle à 70db.

 

Le trou à 6khz étant bien sûr inaudible au sweep linéaire. Il est important de le rappeler, j’ai utilisé à la fois la mesure et confirmé ou infirmé le réglage à l’audition du sweep sur toute la bande passante, la similarité absolue est quasi impossible à obtenir. Mais on est très proche et très linéaire dans les deux cas. Le Susvara garde l’avantage sur la définition, mais paradoxalement, je trouve qu’il en fait presque trop, comme si il y avait un manque de douceur, d’incarnation. L’image est très large avec, contrairement à ce que j’avais pensé de lui lors de ma première audition sur un Viva 845, moins de profondeur qu’un Utopia par exemple, à fortiori qu’un LCD-2. Hifiman a fait le choix d’avoir des membranes parallèles aux oreilles et des chambres acoustiques réduites, les pads étant peu profonds, tous ces éléments y contribuent. Le médium a beaucoup de définition mais une couleur, je pourrais le qualifier d’éthéré, un peu à la manière d’un électro-statique. Je pense expliquer ce fait comme indiqué ci-dessus, par une réponse fréquentielle faite de micro-accidents, des escaliers qui doivent légèrement perturber la capacité du cerveau à focaliser au centre, à matérialiser l’image, alors que la définition ne manque pas loin de là. Sur les deux configurations linéarisées, le LCD-2 a plus de corps et le centre est plus cohérent, sans doute que l’image un peu plus en profondeur et moins latéralisée y contribue également. Bien que la définition soit légèrement inférieure, un son plus épais, qui n’est pas pour me déplaire d’ailleurs… Sur le LCD-2, l’aigu a moins de finesse, il laisse moins passer les micros informations et montre quelques raideurs à volume élevé..

Assurément, le Susvara a besoin d’une électronique typée derrière lui, si on n’affectionne pas ce penchant vers une signature montante et très définie. Encore d’avantage que l’Utopia qui lâche un peu la bride grâce à un bas-médium un peu en avant, mais que je trouvais déjà un tout petit peu excessif sur l’énergie du haut-médium, bien qu’il reste l’un des casques les plus linéaires subjectivement que j’ai eu sur les oreilles.

Utopia sur BCL, canal gauche, non lissée, 20hz à 10khz, échelle à 90db.

Utopia sur BCL, canal gauche, non lissée, 20hz à 10khz, échelle à 90db.

 

Je me suis donc amusé à marier le Susvara avec différentes électroniques et les différences ont été très marquées, gage de la grande transparence du casque..

 

Susvara avec un ampli CEC AMP-3300R

class A 2x60W sous 8ohms

Drive/DA Van Medervoort

et Merging Hapi

Susvara-CEC

 

La présentation est beaucoup plus relaxe qu’avec le 3DLAB, le haut-médium se calme un peu, il reste ce grain du à ce pic fréquenciel, les graves perdent en impact et le sub-grave est très discret, l’aigu prend une jolie douceur, soyeuse, c’est une écoute très plaisante, sur de la musique de chambre, surtout le quatuor (disque Erato quatuor Ebène, Mendelssohn Felix & Fanny), ça passe très bien, le piano prend une jolie matité (disque Markus Becker, Haydn Piano sonatas), les attaques manquent un peu de mordant, tout est plus doux. En gros, le Susvara est trop adouci, on perd sa vivacité et surtout son registre grave très défini et lisible, des Bandes Originales comme THE MARTIAN, ou AVATAR pâtissent d’une perte de sub-grave et d’impact.

 

Susvara avec un JVC AK-100

2x70W sous 8ohms

DA microDsD iFi Audio

Susvara-JVC

 

L’image se rétrécit, peut-être le fait de la source, moins prestigieuse, le son devient plus vintage, mais paradoxalement, les sub-basses sont de retour, avec une épaisseur qui rappelle celle du LCD-2. Ça cogne mais en rondeur, là où avec le 3DLAB on a du volume dégraissé et détouré, le médium se teinte d’un flou et d’une épaisseur qui ira bien aux styles un peu durs. Metallica ( disque Black Album) a bien aimé ce mariage, la musique d’orgue de Jean-Sebastien BACH sous les doigts de Pierre Méa (disque Ad Vitam Records,Pierre Méa, J.S.Bach Grandes Orgues de Sainte Croix d’Aubusson) un peu moins..

 

Susvara avec un préampli QUAD 33 et ampli QUAD 303

DA Merging Hapi

Je n’ai malheureusement pas pu prendre de photo personnelle de cette configuration, l’ampli étant dans une bonnetière Restauration difficilement accessible mais mes amis on touche au sublime…. C’est LE mariage pour le Susvara. L’image se rétrécit un peu, mais du coup je trouve cela plus crédible à l’écoute. Le haut-médium se calme un peu mais pas trop comme sur le CEC, l’aigu est soyeux et magnifique, le grave retrouve une belle assise, à mi-chemin entre l’ultra-analytique du 3DLAB et le rondouillard du JVC. Sur de l’orgue c’est sublime (disque Art et Musique, Henri Franck Baupérin, L’anneau de Salomon, Jean-Louis Florenz). Alors bien sûr, ces irrégularités sur le haut-médium demeurent, bien que calmées, et le timbre d’un piano demeure toujours un peu trahi par des harmoniques pas très naturelles (disque Hiromi Trio Project, Alive). Mais la beauté de l’image et la cohérence d’ensemble prennent le dessus. Une écoute un poil typée d’une rare beauté ( disque Alpha, Café Zimmerman, J.S.Bach Concertos Brandebourgeois) (disque Deutsche Grammophon, Coro e Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Myung-Whun Chung, Missa tango)… Ce vieil ampli QUAD a de beaux restes, sa fabrication reste une merveille, quand on regarde dans les entrailles d’un QUAD de cette époque on comprend ce que haut de gamme veut dire…. 40 ans après il tourne toujours.

quad33 quad303

 

Susvara avec un Auris Headonia 2A3

DAC numérico Viva

headonia

 

J’ai fait cette écoute sur le salon le 15 octobre à Paris. Il y avait un peu de bruit autour de moi, c’est donc plus une impression qu’une réelle écoute. Mais je trouve utile de l’évoquer ici, encore d’avantage que le Viva 845, impression d’ailleurs confirmée à la même occasion sur le LCD-4, j’ai la sensation que cet ampli-casque serait l’unique candidat à ma connaissance pour driver un Susvara… Je n’ai pas senti l’ampli à la peine, comme il est juste typé comme il faut, mais pas trop, il adoucit sans alourdir et le grave m’a semblé moins à la serpe que sur le 3DLAB, ou dans une moindre mesure le QUAD, mais d’une bonne tenue. Bref, si je devais retenir un ampli-casque pour le Susvara entre le Viva 845, le Viva 2A3 ou l’Headonia 2A3 et bien j’irais vers l’Auris… Reste à écouter les autres solutions que je ne connais pas, car il y en a sûrement, notamment celle que notre Eric national a déployée pour écrire ses impressions… Mais pas tant que ça…

 

En conclusion

Pour conclure ce volet subjectif, je dirais que le Susvara est un excellent casque qui souffre de défauts de jeunesse. Les drivers manquent de rigueur à l’appairage. Point qui doit être particulièrement délicat à réaliser sur la tension de nano-membranes, mais qui me semble obligatoire sur un casque de ce niveau de gamme. Un design qui offre de très belles qualités et pâtit aussi d’un manque de cohérence visuelle ( arceau très angulaire pas raccord avec le magnifique dessin des coques, usage du bois à mon sens inapproprié), le confort, le design sonore très ouvert participent à une très belle immersion sonore. L’image est large, avec beaucoup d’air, la signature fréquentielle trop montante à mon goût et à la mesure. La signature mise de côté, la définition générale, en particulier sur le registre grave est hors normes, la rapidité et la réactivité des membranes également. Sans doute le prix d’une technologie de pointe et l’explication d’un tarif si élevé et la justification d’un positionnement qualitatif au-delà d’un LCD-2 par exemple. Calibré à mes attentes et mes oreilles le rendu de ce casque est absolument magnifique, surtout avec une double équalisation, une par canal qui unifie l’appairage des deux canaux.. On touche au sublime, là où avec le LCD-2 on touche au merveilleux.

 

Le Susvara est-il un casque neutre ?

Vaste question, mais je tiens à exprimer ici mon point de vue, libre à chacun de le partager ou pas. Mettons un peu en perspective la notion de gamme en matière de reproduction hifi… La High-Fidelity, avant de devenir un vaste chantier où chacun y va de son interprétation, était la volonté de coller au plus près de la source… Il n’existe à ma connaissance actuellement aucun casque neutre et donc le positionnement en gamme, passé un certain niveau de reproduction, me semble assez hasardeux si on ne s’appuie pas sur ce critère précis, la fidélité par rapport à la source. Car alors on se positionnerait par rapport à quoi ? Plus cher car meilleur… Sur quels points ? Plus performant ou plus à son goût ? Éventuellement, mais sur quels critères ? La fidélité à la source ? Il me semble que oui… Mais en sommes nous sûrs ? Néanmoins, il est assez aisé de deviner si le constructeur a eu pour cheval de bataille de tendre vers cet objectif. Concernant le Susvara, mon analyse est que oui et non, on est bien avancé hein ?… Il y a une philosophie du son, relativement propre à la marque d’ailleurs, comme il y en a une autre chez Audeze. Il y a une approche romancée de la source, mais pas sur-réaliste, dans le sens où l’on parvient quand même à y croire assez facilement. Sur quelques paramètres, notamment la faculté du casque à laisser exprimer ce qu’il y a derrière, le Susvara a une part de Haute-Fidélité dans le sens premier du terme dans ses gènes. Mais sa signature sonore particulière tend à affirmer la patte du constructeur dans l’objectif de se démarquer de la concurrence et trahit sciemment le côté puriste de la Haute-Fidélité. Pour moi c’est dommage, car je recherche une authenticité plus grande, cette même transparence, mais avec une signature fréquentielle encore plus rigoureuse, ce que j’obtiens d’ailleurs en linéarisant le casque.. Mais alors pourquoi payer si cher pour au final, être obligé de trafiquer en amont ? C’est je trouve un peu dommage, toujours si l’on se place dans mes attentes propres, mais alors comme chacun de nous en a une différente ?

 

EQ-Susvara

Equalisation linéaire du Susvara sur le 3DLAB, source Merging Hapi, les deux canaux étant pas parfaitement appairés, c’est un compromis entre les deux. J’ai également réalisé une équalisation par canal indépendant, qui exige un routage fastidieux mais donne des résultats très satisfaisants.

 

Avec mon LCD-2, je suis également obligé de faire une linéarisation. Mais la gamme tarifaire n’est pas la même. Et sorti de la signature fréquentielle différente, le rendu n’est pas beaucoup moins transparent, ni performant. Sur certains points ( rendu du médium par exemple ) je dirais que le LCD-2 trafique moins, mais son grave est plus épais, moins défini, là dessus il trafique plus… Et la réactivité des membranes du Susvara est meilleure, mais à quel prix ? Au naturel le LCD-2F en fait pas assez sur le haut-médium là où le Susvara en fait un peu trop… Or mon oreille est agressée quand on en fait trop sur ce registre, alors qu’elle est reposée sur un LCD2 qui n’en fait pas assez… Donc je préfère écouter de la musique avec un LCD-2F au naturel qu’avec un Susvara au naturel, vaste affaire de goût mais qui n’a rien à voir avec le positionnement de gamme et le prix… Car ce sont deux casques qui présentent des tarifs forts différents et qu’une simple signature fréquentielle effacera pour certains le bénéfice de performances brutes un peu supérieures. Bref, il y a de quoi méditer, de la part de nous consommateurs, mais aussi des constructeurs. J’en appelle au constructeur qui sortira un casque du calibre du Susvara assorti d’un DAC/préampli avec DSP intégré qui permette à la fois de mesurer la morphologie de l’auditeur et permette à celui-ci d’ajuster la signature sonore qui lui convient, de droite à colorée, comme il le souhaite… Ce constructeur aura à mon sens ouvert une voie nouvelle qui ne pourra lui apporter que le succès et qui à mon sens justifierait d’avantage un prix de 6000 €… Si les constructeurs me lisent, à vos marques prêt, partez !!

 

EQ-LCD2

Equalisation linéaire du LCD-2F 2016 sur le BCL, source Merging Hapi

 

Un GRAND MERCI à Josselin Marvié importateur Hifiman France de m’avoir permis de tester ce grand casque sous toutes les coutures et à vous lecteur d’avoir tenté de suivre mes élucubrations mentales. La suite au prochain épisode. D’ici là portez-vous bien.

See you soon…

 

Julien_cleriensis,
HCFR – Octobre 2017

 

– lien vers sujet HCFR dédéié au casque Hifiman Susvara : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-sedentaires/hifiman-susvara-t30080847.html

 

 

 

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