Je suis donc passé chez M. et Mme. Alfachris cet après-midi où j'ai eu l'heureuse surprise de voir arriver M. James Engard dont certains se souviendront qu'il était le sympathique patron de HP Système dans des temps déjà lointains.
J'avais apporté quelques enregistrements, techniquement remarquables comme problématiques... tout passe comme une lettre à la poste. Aucune projection, aucune stridence ajoutée à la musique, un son plutôt mat, détaillé mais global, respectant les ambiances des lieux d'enregistrements, le clavecin le plus délicat, comme l'orchestre le plus tonitruant passent sans stress sonore, avec une plénitude sonore très engageante et une spatialisation jamais exagérée : on a envie d'enchainer les disques !
Le bas du spectre est d'une vigueur remarquable et d'une extension qui ne l'est pas moins : le 41 TC de Davis est une merveille dont la propreté et l'absence de trainage ne viennent donc pas abimer le médium dont il reproduit les fondamentales : dans les enceintes d'Alfa la coupure se fait à 480 Hz. En hifi sur une deux voies c'est bas, pour un HP de grave c'est haut, mais dans le domaine de la voix, des instruments ou tout simplement des notes de musique c'est déjà haut puisque nous sommes juste au dessus du
la à 440 hz, soit un peu plus haut que la tonalité du téléphone. Donc autant vous dire une grande, grande, grande partie (un bon 70 % au pif amélioré) des fondamentales de la musique sont reproduites par ce HP Davis en carbone, repris au dessus par le pavillon TAD 4001TH alimenté par une compression JBL 2450 qui se charge de tout ce qui est au dessus, soit en fait 3 bonnes octaves de fondamentales et les harmoniques.
Aucun manque dans l'aigu : les cymbales qui accompagnaient Blossom Dearie était impeccables et denses, la voix de la chanteuse bien timbrée, comme celle de la contralto Marian Anderson accompagnée par un piano à la fois dense et lumineux. Quand Eileen Farrel s'est mise à chanter accompagnée par l'orchestre de Fletcher Henderson, j'ai vu la tête d'Alfa : il faisait des yeux ronds... Et oui, cette chanteuse surprend toujours la première fois qu'on l'entend : elle a un coffre de soprano impressionnant, une capacité à nuancer sa voix en allant du velours au poignard, tout aussi étonnants que la fraîcheur technique d'une prise de son de jazz de 1959 environ... Idem quand on a écouté Harry Connick dans Red Light, Blue Light, et Leila Pinheiro dans une bossa, ou le violon de Joshua Bell dans l'Allegro de Pugnani-Kreisler... capté d'un peu près ce dernier, mais très bien !
Quant au finale du Chevalier à la Rose de Richard Strauss avec deux sopranos et une mezzo qui chantent en même temps en faisant assaut de "gorges déployées" soutenues par un orchestre luxuriant : idem, les trois voix ne se mélangent pas, l'orchestre rutile et les poils se dressent quand les trois dames donnennt toute la gomme : les voix ne se mélangent jamais ! Pas évident à niveau soutenu...
Continuons : Blandine Verlet dans un enregistrement somptueux de clavecin : pas de manque d'aigu, du très beau clavecin en fait, auquel manque juste peut-être, assez bizarrement, un poil de bas médium ou de haut grave, ce que confirme un enregistrement live de Michel Dalberto dans le 6e Nocturne de Fauré qui est un poil maigre dans le haut grave... mais néanmoins splendide, un peu comme le Nocturne de Chopin par Arrau qui suivait... dont l'aigu rutile sans dureté, le grave sonne, le médium chante... mais avec comme un trou d'air entre le grave et le médium : quelque chose d'infime, un trou gros comme un dé à coudre !
Alors que le Sacre du printemps a commencé à faire tomber les feuilles mortes des arbres du jardin ! Ouch ! Quel grave sec, profond et percutant ! Le souffle de l'orgue de Saint Eustache dans les tableaux d'une exposition était assez impressionnant aussi : rien qui bave on entend nettement l'air entrer et sortir des tuyaux dans l'extrème grave et les jeux aigus ne sont jamais durs !
Comme la tempête qui est au début d'Otello de Verdi nous a fait dresser les cheveux sur la tête : non, non, c'est pas une ronflette et c'est pas non plus une résonance du local, ce sont les contrebasses de Verdi qui font tout ce raffut dans l'extrême grave, comme un bruit continu, une sorte de tremblement de terre ! Splendide aussi...
Plein d'autres morceaux encore, très bien reproduits, du jazz encore et encore, de la variété...
Excellentes enceintes, excellente chaine tout court.
Possibilité d'amélioration ? Comme toujours, oui, mais pas très très grande, le filtrage va bientôt passer en FIR ce qui aura sans doute une influence sur le tout petit, petit "doute" que j'ai au sujet d'un haut grave qui serait peut-être un peu mince, je dis bien qui serait peut-être un peu mince.
Ce qui m'a fait drôle, mais je le savais déjà pour avoir entendu les TAD originelles, c'est que l'écoute ressemble esthétiquement à ce que j'ai à la maison, mais avec un grave beaucoup plus percutant qu'avec mes deux 25 cm dans le grave...
Alfa a fait un choix qu'il ne regrettera pas... d'autant que la fabrication des coffrets est très soignée. Elles sont belles sur leurs pieds massifs, nets et carrés.
Les parois ne vibrent pas

Le pavillon, en revanche, vibre un peu quand on met la main dessus pendant que la musique passe. En fait, je ne sais pas s'il est séparé du volume du boomer ou pas.