BENOIST a écrit:[...]

A l'écoute : Platine Garrard 301 Vintage, Bras SME Long , Cellule MC Benz Micro , Transfos MC Sowter , Préampli SRPP à tubes /Filtre passif >>>
le tout sur un meme chassis rond dévellopé et accordé par un Luthier...[...]
Salut Jean-Luc Benoist,
Puisque que tu parles de luthier, et plusieurs fois, je crois que l'expression "
accordé
par un luthier" mérite de ta part une petite explication de texte, car le moins que l'on
puisse dire, c'est que le lien entre son travail habituel et celui que requiert la conception d'une platine tourne-disque ne saute pas au yeux.
1) Prenons le cas de la fabrication d'un violon.
Chacun sait que la plus grande partie de l'énergie du son du violon provient non pas des cordes elles-mêmes ni de l'archet mais bien du corps en bois, qui est mis en vibration par l'intermédiaire du chevalet et qui lui-même met en vibration l'air environnant.
Pour ceux qui en doutent, essayer "à sec" le silent violin de Yamaha

:
Une bonne partie de l'art du luthier consiste donc à choisir le bois (par ex l'epicéa pour la régularité de ses fibres) puis surtout à le travailler pour constituer la "table" et le "fond" du violon, pièces qui résonnent avant assemblage suivant des modes propres bien particuliers, liés à leur forme et aux propriétés d'élasticité du bois (fil et contre-fil).
Ce qui demande des années d'expérience en particulier, c'est d'acquérir le toucher et l'écoute
permettant d'anticiper les qualités acoustiques de chacune de ces pièces au moment du travail du bois afin de les "accorder" convenablement. Pour tester ces qualités, le luthier va exercer des manipulations très précises de la table et du fond en construction pour en éprouver certaines rigidités caractéristiques des modes de vibrations voulus. Voire des tapottements.
Carleen MALY HUTCHINS a remarqué par une analyse très poussée des fonds et des tables des meilleurs violons, que les modes 1, 2 et 5 de ces deux pièces primordiales devaient posséder des propriétés et des corrélations fréquentielles très précises pour avoir une chance d'obtenir un bon violon.
Elle a vérifié tout ceci par la méthode de Chladni qui consiste à déposer du sable très fin
sur la pièce de bois isolée et excitée par un haut-parleur à la bonne fréquence (pure), voici les modes 2 et 5 d'un fond par exemple:

NB: Le sable a la bonne idée de rester sur les parties vibrant le moins, ce qui revèle une figure caractéristique du mode étudié; un trait trop épais, trop fin ou mal placé, ou encore obtenu à une mauvaise fréquence absolue ou relative serait le signe qu'il faut retravailler la pièce...ou recommencer de zéro.
On utilise aujourd'hui des techniques d'interférogrammes, plus sensibles aux faibles vibrations.
En étudiant des violons célèbres tels ceux de Guarnerius de Gesù, Hutchins et d'autres chercheurs ont aussi découvert que le corps des meilleurs violons avait pour caractéristique d'augmenter fortement les amplitudes situées entre 2 KHz et 3 KHz.
2) prenons maintenant le cas de la fabrication d'une platine tourne-disque: là il ne faut surtout pas de caisse de résonnance (!), il faut au contraire essayer d'amoindrir les influences des vibrations du sol et de l'air sur la mécanique. Entre autres choses.
Questions:
- quel rapport avec la lutherie dont le but me semble à peu près opposé?
- de quel "accord" de lutherie parles-tu, quelle peuvent-être les fréquences qu'il s'agirait d'amplifier par l'intermédiaire de résonances du chassis?
merci,
GBo