» 29 Déc 2003 13:53
Concernant les disques à emporter : un mélomane possède une discothèque fournie ; aucun problème pour lui : il n'a qu'a choisir.
Le choix de l'un ne convient pas nécessairement à l'autre. Il existe trop de chapelles musicales pour que l'on puisse déterminer une sélection universelle. En musique rock, il existe un nombre de courants phénoménal et je pense que tout le monde n'aime pas tout. En jazz, c'est tout aussi difficile (quel rapport y a-t-il entre Count Basie, Carla Bley, John Coltrane...). En musique classique, il existe trop de styles, de périodes et de sensibilités. Il y a des mélomanes qui ne supportent ni la musique baroque ni la musique symphonique. La 5ème de Mahler ne leur conviendra pas. Il y a ceux qui ont leurs orchestres fétiches : Berlin ou Vienne ou Amsterdam ou Boston... et qui ne supporteront pas d'en écouter d'autres. Il y a de nombreux amateurs de piano qui trouvent qu'Hélène Grimaud en fait des tonnes, d'autres qui ne jurent que par elle ; ceux qui espèrent un jour tirer le plus d'informations de leurs vieux enregistrements d'Yves Nat... Et puis il y a, aussi, ceux qui recherchent la fidélité la plus absolue : entendre le piano comme s’ils étaient dans la salle de concert ou comme si le piano était dans leur salon. Avec ceux-là, on ne triche pas ; ils connaissent trop bien le son des vrais instruments, ne supportent pas qu’un preneur de son ajoute de la réverbération ou utilise un compresseur, savent très bien qu’un chanteur lyrique ne produit pas la même chose à 10 mètres qu’à quelques dizaines de centimètres d’un micro (cela ne les intéresse pas d’entendre les amygdales s’entrechoquer)... En jazz, il y a ceux qui ne fréquentent que les grands festivals et qui n’entendent les musiciens qu’à travers une sonorisation ; d’autres ne fréquentent que des très petits clubs dans lesquels il n’y a ni micro ni sonorisation ; d’autres encore fréquentent les deux...
Et puis, il y a des notions toutes relatives et très personnelles de ce qu’est un timbre (pas en classique parce que les timbres de référence sont définis par le son naturel des instruments) ou la dynamique. En rock où il n’existe aucun disque qui ne soit compressé (ou alors si peu), la notion de dynamique est toute différente et purement subjective alors qu’en musique strictement acoustique, la dynamique correspond à une notion scientifique précise. Un disque qui a une sacrée pêche n’est pas nécessairement un disque dynamique au sens scientifique du terme. Voilà pourquoi, il faut faire très attention au vocabulaire employé ; le mieux est de s’en tenir au sens exact des mots, ce qui limite les erreurs d’interprétation. Mais tout n’est pas simple : quand on est preneur de son, on apprend vite que pour un musicien et un technicien, certaines choses ne sont pas référencées de façon comparable. Le médium de la hifi est centré sur 1kHz, parce que sur l’échelle logarithmique allant de 20 à 20 kHz, cette fréquence se situe au milieu. Pour un pianiste, le médium se situe à 440 Hz parce que le LA correspondant se situe au centre du clavier.
L’orgue est un instrument puissant mais pas très dynamique dans l’absolu, pourtant il peut être monstrueux ; un piano offre une richesse dynamique beaucoup plus élevée. Pour matérialiser la dynamique, il existe une façon très simple de procéder. Prenez votre ordinateur et un logiciel de gravure. Importez de nombreux exemples très différents et comparez les représentations graphiques des fichiers sur votre écran. Les musiques les plus dynamiques sont celles qui présentent les courbes les plus tourmentées. Vous remarquerez très vite que beaucoup de morceaux dits pêchus ne modulent presque pas et se maintiennent à un niveau permanent situé très près de la ligne de crête, preuve qu'il y a très forte compression. De toutes façons, il y a une chose qui ne trompe pas : un enregistrement réellement dynamique a un niveau de gravure moyen assez bas obligeant à augmenter fortement le volume de reproduction, parce qu’il faut laisser suffisamment de marge à la dynamique. Je vous recommande, si vous possédez le Cd B&W vol.1, d’observer les crêtes présentes sur les pistes 15 et 16 pour voir ce qu’est la dynamique non compressée au sens physique du terme. Les crêtes les plus élevées parviennent au 0dB, tandis que la valeur moyenne reste très basse. Voilà pourquoi, il faut augmenter très fortement le volume de la chaîne pour les écouter. Certains logiciels, comme WaveLab, permettent même de chiffrer les valeurs exactes telles que : niveau efficace et niveau crête. Attention de ne pas inclure de passages vides dans l'analyse, cela fausserait inutilement la mesure.
Attention ! il ne faut pas confondre disque de démo et disque d’évaluation. Un disque de démo est fait pour mettre en valeur un matériel avec des choses qui passent bien dessus. Un disque d’évaluation est un outil de travail qui doit permettre d’évaluer les qualités d’un matériel. Le disque B&W fait partie de cette catégorie. Il ne s’adresse pas aux amateurs de rock ou de sensations fortes (j’espère qu’ils ont des disques personnels pour cela) mais à ceux qui recherchent la fidélité des timbres acoustiques réels et à retrouver, sur un seul disque, un certain nombre d’exemples pratiques. C’est aussi un disque d’initiation pour ceux qui découvrent la haute-fidélité. Les guitares sont enregistrées en véritable acoustique, avec des micros ; ce ne sont pas des électroacoustiques branchées dans une console. Même la guitare Jazz amplifiée a été enregistrée avec des micros. Ce disque n'a pas été prévu pour satisfaire ceux qui écoutent de la musique amplifiée pour lesquels tout existe déjà. L'intérêt de posséder un disque non compressé est qu'il permet de pister de nombreux problèmes comme le traînage ou un très lèger déséquilibre. Il a un seul gros défaut : il faut être un habitué de la musique strictement acoustique non sonorisée pour pouvoir l'utiliser à bon escient sinon, je comprends que l'on puisse se demander à quoi il peut bien servir.