» 13 Nov 2010 17:17
Bonjour,
Comme d’autres confrères, j’étais convié lundi 8 novembre par JVC, à la présentation de leurs nouveaux vidéo-projecteurs. La présentation se déroulait dans une salle de cinéma parisienne, utilisée habituellement pour les projections privées.
L’écran de projection n’était pas utilisé sur toute sa surface car trop grand pour la puissance lumineuse du projecteur mais avec 3,60m de base d’image, on avait déjà de quoi avoir une bonne idée du potentiel du produit. Autre avantage d’utiliser une vrai salle de cinéma, l’absence de lumières extérieures et de reflets, seul les «sorties de secours» règlementaires pouvaient gêner certaines personnes en particulier avec les lunettes pour la 3D.
JVC nous annonce que la présentation se fait avec un des dix modèles de X9 de pré-série disponibles dans le monde, et sans aucun réglage !
Je ne comprends pas pourquoi les constructeurs ne calibrent pas leurs produits avant de nous les présenter, afin d’en tirer le potentiel maximum. Plusieurs personnes dans la salle, moi y compris, certifiés techniciens ISF, auraient préféré que JVC évite le discours habituel : «nous n’avions pas le temps» ou «comme cela vous pouvez imaginer l’énorme potentiel après calibrage». Ceci est faux car il existe des vidéo-projecteurs qui, en sortie de carton, sont déjà très proche de leur maximum ; et d’autres, dont le calibrage révèle tout le potentiel réel qui était bien masqué. Précision intéressante, les modèles X7 et X9 sont identiques, le modèle X9 étant simplement équipé de composants sélectionnés «manuellement» pour leurs qualités exceptionnelles, ce qui permet d’obtenir un taux de contraste supérieur à celui du X7, et peut-être d’autres qualités non révélées par JVC. On retrouve donc le même principe de gamme qu’avec la génération précédente où le 990 était identique au 950 sauf sur le choix des composants.
Commençons par la luminosité, JVC est passé de 900 à 1300 lumens en utilisant une ampoule de conception différente mais toujours de type UHP. Espérons simplement que cela ne se fait pas au détriment d’un déséquilibre des niveaux RGB et donc de l’augmentation du delta E. Cette puissance, juste pour une base image de 3,60m en mode «haut», sera suffisante pour la plupart des installations des particuliers. En revanche, un peu juste pour la 3D qui, dans la technologie avec lunettes actives, fait perdre énormément de luminosité. On dispose également d’un diaphragme motorisé à plusieurs positions permettant de réduire la puissance de la lampe si le mode «standard» est encore trop fort, et au contraire d’être ouvert au maximum et en mode lampe «haut» pour la 3D ou les grandes surfaces de projection. A ne pas confondre avec les iris automatiques permettant d’augmenter artificiellement le taux de contraste.
Pour terminer avec la source de lumière, un nouveau réglage permet de simuler l’utilisation d’une ampoule au Xénon, réputée pour avoir un spectre lumineux plus large et plus proche de celui de la lumière naturelle ; mais beaucoup plus couteuse, on ne la rencontre que sur les produits haut de gamme.
Concernant la colorimétrie, il est possible de choisir plusieurs espaces de couleurs. Mis à part ceux qui utilisent comme source un micro-ordinateur dont les images et l’espace couleur peut être l’Adobe RGB, on restera dont en mode sRGB / HDTV, un des trois Gamut utilisés en vidéo avec l’EBU (SD en Europe) et le SMPTE (SD aux Etats-unis). Contrairement à ce que l’on peut penser, la plupart des blu-ray, pourtant HD, sont encore masterisés sur des chaînes de traitement calibrées en EBU ou SMPTE. Il est évident que le HD finira par s’imposer et comme l’EBU lui est très proche, on pourra retenir ce Gamut.
Pour affiner le réglage du Gamut, on dispose non pas de 6 axes (RVB et CMJ) mais de 7 avec en plus du Orange ! Annoncé comme utile pour les tons chairs, je ne vois pas personnellement son utilité car le réglage du Gamut ne se fait pas à l’oeil mais à l’aide d’un colorimètre associé au logiciel adapté, et il n’existe pas de valeur de réglage pour l’orange. Gadget du marketing, ce 7ème axe n’a pas aujourd’hui d’intérêt.
On trouve également une multitude de mode prédéfinis qui ne remplaceront jamais un vrai calibrage effectué par un professionnel. Il est dommage d’être équipé d’un vidéo-projecteur de qualité sans pousser l’investissement jusqu’à le faire régler sur site en prenant en compte les sources, l’écran de projection et la salle.
Il existe en revanche un réglage intéressant, le mode «couleurs 3D».
En effet, les lunettes actives modifient la couleur des images observées et il n’existe pas pour le moment, à ma connaissance, de norme de calibrage pour la 3D. On fera donc un calibrage pour la 2D et on utilisera le mode «couleurs 3D» pour compenser la différence provenant de l’usage des lunettes.
Enfin, on trouve un réglage permettant de choisir le modèle d’écran de projection utilisé. Inutile si on fait réaliser un calibrage puisque ce paramètre est déjà pris en compte par le colorimètre.
De nombreux réglages de Gamma sont bien entendu possible, sur les primaires ou sur le blanc par pas de 10 IRE. Il y a également des valeurs standards et pour la présentation, JVC utilisait un gamme à 2,0 ; alors que dans une salle dédiée, on choisira plutôt un gamma à 2,2 voir 2,4.
Tous ces réglages se font à l’aide de la télécommande mais un mode de calibrage ISF C3 est également disponible, en utilisant le logiciel ISF Calibrator de JVC et une connexion RS-232 vers le projecteur, réservé aux techniciens certifiés ISF. Il permet un accès aux mémoires ISF Night et ISF Day, ainsi qu’une manipulation plus rapide des paramètres de réglage.
En plus de la certification ISF, les modèles X9 et X7 dont également certifiés THX 3D.
Les concepteurs ont également replacé l’objectif au centre du vidéo-projecteur (comme les anciens modèles), ce qui est plus facile pour placer le projecteur au centre de l’écran que d’avoir à calculer le décentrement avant l’installation. Certains me diront que la disponibilité du lens shift horizontal et vertical permet de compenser les erreurs ou contraintes de fixation ; mais l’utilisation de ce réglage, s’il est bien entendu nettement meilleur que les réglages de trapèze, a néanmoins une influence sur le contraste, le piqué et le vignettage de l’image. Donc à n’utiliser que si c’est indispensable. La connectique est située à l’arrière du vidéo-projecteur, plus sur le côté ; cela permettra une intégration plus discrète dans la majorité des cas.
En conclusion, l’image en 2D tout d’abord, est belle mais je ne l’ai pas trouvée meilleure que celle d’un 990. Peut-être que s’il avait été calibré ? La fluidité des images a été améliorée avec un nouveau «Clear motion drive» fonctionnant à 120 Hz et travaillant par interpolation. C’est mieux mais pas parfait, des progrès sont encore possible pour rejoindre les meilleurs. En 3D, le résultat est très bon et permet un vrai accès à cette technologie à un prix raisonnable. Le X9 accepte les 3 modes d’encodage des signaux 3D, pas de risque donc d’avoir une incompatibilité avec un signal provenant d’un blu-ray, d’un démodulateur satellite ou câble. L’émetteur infra-rouge permettant de synchroniser les lunettes avec les images, se fixe ou se pose à proximité du vidéo-projecteur. Dans notre salle peu remplie mais avec quand même une quarantaine de spectateurs, un seul émetteur était suffisant.
Le rapport qualité/prix est à mon avis exceptionnel ; à ce jour, aucun vidéo-projecteur ne propose ces performances à moins de 10 000 €. Si l’on souhaite une meilleure image, il faudra se tourner vers les projecteurs à technologie 3 DMD, mais ce n’est pas le même prix. J’attends avec impatience les premiers produits définitifs, vers la mi décembre, pour tester tout le potentiel après un VRAI calibrage ISF.