Test HCFR Sennheiser HD 660S2

Test HCFR Sennheiser HD 660S2

Compte-rendu d’André_ajr

 

SENNHEISER HD-660S2 : le plaisir immédiat.

 

Prise en mains

Dans le cadre de cet autre test HCFR d’un casque, transmission effectuée par Jeff_jacko dans un endroit très agréable où se côtoient la bonne cuisine et la très bonne musique, puisqu’à seulement une vingtaine de mètres de l’entrée du temple mouginois Salle55 dédié aux spectacles et aux concerts.

Auditorium plutôt grand, où j’ai récemment assisté au récital du trompettiste Éric Truffaz (en quintette) et à celui du pianiste Alexandre Kantorow qui mérite que l’on rappelle toujours qu’il avait remporté le premier prix et la médaille d’or du Concours international de piano Tchaïkovski de Moscou en juin 2019.

Puisque chargé d’ondes musicales de magnifiques autres grands solistes, comme Renaud Capuçon et Adam Laloum, incontestablement, c’est un très bon endroit pour prendre livraison de la deuxième version du casque Sennheiser HD 660S2, dont HCFR avait déjà publié le test de son prédécesseur HD 660S en décembre 2017.

Après un rapide retour par la route des collines, ouverture de la boîte d’emballage Sennheiser du nouveau HD 660S2. Véritable découverte qui permet de constater que seules quelques mineures différences, d’ordre cosmétique et de sérigraphie, différencient le HD 660S2 du HD 660S.

Comme toutes les versions HD 600/650, ce millésime 2022 conserve les principaux codes techniques et esthétiques de la célébrissime série 6xx, qu’il conviendra de ne pas oublier au moment de choisir un casque haute-fidélité quel qu’en soit le prix.

Voire, pour un usage professionnel, puisque plusieurs documents photographiques et vidéo permettent de voir que des HD 600 et HD 650 sont utilisés par un grand nombre de studios, d’ingénieurs du son et d’artistes, pour contrôler les prises de son et le travail de mastérisation.

Du côté des différences esthétiques de surface, tandis que la référence du modèle est inscrite en noir sur fond bleu sur les côtés du HD 600, en noir sur fond blanc sur ceux du HD 650 et en blanc sur fond noir sur le HD 660S, c’est la couleur dorée qui a été retenue pour le 660S2. Ainsi que sur l’arceau de tête qui conserve les mêmes amortisseurs en mousse qui participent au confort du casque.

Une comparaison des spécifications techniques de l’ensemble de la série 600 permet de constater que Sennheiser indique une représentation de la bande des fréquences assez similaire pour les deux versions de la série 660S, à deux hertz près dans le grave et 500 hertz dans les ultra-sons (660S 10 hertz > 41 kHz / 660S2 8 hertz > 41,5 kHz).

Cependant, pour un rendement exactement identique de 104dB/1kHz/1Vrms, l’impédance nominale du nouveau modèle est passée de 150 ohms (HD 660S) à 300 ohms.

Le taux de distorsion harmonique indiqué est de 0,04% à 1kHz/100dB, ainsi que la dimension du diagramme des transducteurs (38mm).

 

Nous pouvons également noter que les spécifications sont excessivement proches de celles des HD 600 et HD 650 :

HD 600

  • RF 12hz > 40,5 kHz
  • Impédance  300 ohms
  • Rendement 97dB (seul écart notable)
  • Distorsions harmoniques  < 0,1% (1kHz/1 V)

HD 650

  • RF 12hz > 41 kHz
  • Impédance  300 ohms
  • Rendement 103 db
  • Distorsion harmonique  0,05%.

 

Si quelques autres différences peuvent être remarquées, le choix de la longueur des câbles est surprenant et pourrait être sujet à critique, parce qu’il ne répond pas à quelques-uns des usages habituels.

Car si le HD 660S2 peut se prévaloir d’un adaptateur 6,35mm vers mini jack 3,5mm, la petite vingtaine de centimètres qu’il permet d’ajouter au câble asymétrique ne permettront pas de s’éloigner beaucoup plus du système casque autonome ou de la chaîne Hifi.

Et, dans ce cas tout même assez répandu, il est aisé d’affirmer que de nombreux acquéreurs n’auraient certainement pas été contre la présence d’un exemplaire plus long (2,5m/3m) pour ne pas avoir à ajouter une rallonge ou devoir acheter un câble beaucoup plus long.

Cependant, ce genre de situation mis à part, notons et félicitons-nous que Sennheiser ait fait le très bon choix de doter le câble symétrique d’une connexion Pentaconn de 4,4mm capable de s’adapter à des connexions XLR, voire, pourquoi pas si vraiment nécessaire,TRRS 2,5mm.

Aussi, la longueur de 1,8 mètre des deux câbles, qui a remplacé celle de 3 mètres de la dotation des HD 600/650/800S, et la connexion dont est équipé le câble symétrique permettent de supposer que ces deux choix ne sont pas le fruit du hasard, mais qu’ils résultent d’une étude de marché et des utilisations domestiques devenues plus courantes sur système indépendant pour casque ou DAP.

Tel le matériel utilisé pour ce test, qui est constitué de l’amplificateur/DAC RME ADI-2 DAC (le faible poids de 1 kg et les dimensions réduites permettent de le déplacer sans difficulté) et des DAP Astell & Kern AK70 / Shanling M0 / Hidizs AP-80 PRO.

En conséquence, il est évident que Sennheiser a une parfaite maîtrise de son emblématique série HD 600, dont la qualité de fabrication, l’extrême confort, les possibilités de remplacement des pièces d’usure en font une des séries de casques parmi les meilleures, les plus sûres et les plus durables, dont la réputation, assurément légitime, renouvelée année après année, justifie amplement sa position très favorable sur l’échiquier mondial des casques.

 

 

 

Les écoutes

Elles ont débuté en confrontant immédiatement le HD 660S2 aux extraits musicaux présents sur plusieurs CD test d’origine Prestige Audio Vidéo (n°3/4/5), Philips (Le Son), Diapason (Quinze prises de son de rêve), dans leur intégralité, et utilisés régulièrement au cours des tests HCFR ou de découverte de matériel audio. Ainsi qu’un autre, du commerce, du chanteur/auteur/compositeur Jacques Brel, Les Marquises.

Une fois terminées, elles ont ensuite été reprises en alternant le HD 660S2 avec l’Audio-Technica ATH-R70X (test HCFR août 2022), puis, les casques électrostatiques STAX  SR-009 et OK3D V4M1 (artisanal) restant dans leur boîte, en comparant finalement le Sennheiser au premier modèle du FOCAL Utopia (test HCFR septembre 2019) pour permettre de l’évaluer par rapport à ce qu’il se fait de mieux au sein de la concurrence électrodynamique.

D’emblée et bien que notre test du HD 660S soit de 2017, l’amélioration est évidente et très audible.

En particulier dans le grave et les fréquences élevées qui permettent maintenant de donner plus de vie à la musique. Sans pour autant la trahir. Au contraire, en la respectant encore mieux. Notamment, au moment de reproduire les voix féminines ou masculines de n’importe lequel des genres de musiques. Ce qui constitue indéniablement un des points forts du HD 660S2 qui réjouit immédiatement l’auditeur.

Entendue tant de fois et au cours de plusieurs récitals, la voix de Jacques Brel est très bien restituée, ni grossie ou plus grave, comme parfois, bien malheureusement.

Le test de celle de la mezzo-soprano suédoise Anne-Sofie von Otter (Lieder eines fahrenden Gesellen de Gustav Mahler / DG 439 928-2) est passé sans encombre et même avec brio. Elle est cette fois excellemment reproduite. Il est possible d’en saisir toute la couleur,  l’expressivité, les nuances mises au service de la musique par la talentueuse cantatrice suédoise.

Elle est charnelle, nullement artificielle ou synthétique, comme elle peut parfois le devenir avec d’autres casques ou écouteurs qui surexposent certaines fréquences, la désincarnent et lui ôtent émotions et sentiments.

Le décor est planté d’emblée avec compétence et savoir-faire par le HD 660S2. Les perspectives paraissent très favorables puisque le plaisir est immédiat.

 

 

Entamons maintenant une tournée de quelques nouvelles écoutes avec le  Sennheiser, qui va être confronté à d’autres disques et à des fichiers d’origine Qobuz, si nombreux, qu’il ne sera pas possible de tous les citer.

Ce qu’il est déjà possible d’en dire, c’est qu’il s’agit à chaque fois d’un signe marquant qui souligne les mérites d’un très bon casque.

 

 

GRADUEL D’ALIENOR DE BRETAGNE. Vox Clamantis. Dir. Jaan-Eik Tulve. label Mirare . Ingénieur du son Igor Kirkwood.

Enregistré par le très expérimenté et perfectionniste ingénieur du son Igor Kirkwood en l’Abbaye de Fontrevaud, dont Aliénor de Bretagne fut l’abbesse de 1304 jusqu’à sa mort en 1342, celui-ci nous a fourni quelques explications pratiques relatives aux moyens mis en œuvre pour réaliser cette nouvelle excellente prise de son qui nous en rappelle beaucoup d’autres de sa production. Dont certaines ont parfois été citées en exemple, et conseillées par les revues techniques ou musicales pour tester un ensemble haute-fidélité.

Aussi, comme suggéré, l’on tend l’oreille pour commencer à entendre le très discret bruit des pas des pèlerins (Introit) qui s’avancent vers l’entrée de l’abbaye et ensuite à l’intérieur. Où retentit un son de cloches dans un immense espace qui donne la vertigineuse sensation de baigner dans un monumental réservoir sonore, avant que ne survienne le chant grégorien des hommes, auquel succède celui du chœur féminin. Monter le son de ce remarquable enregistrement révèle, en détail, l’ensemble des grandes qualités des timbres vocaux et tend à fait croire que le HD 660S2 a la capacité de repousser les murs pourtant très épais de l’abbaye de Fontrevaud.

Porté par la celle-ci, le retour des voix féminines soutenues par la superbe réverbération naturelle de la basilique donne une très grande impression de l’espace dont chaque recoin paraît habité par cette atmosphère religieuse et sereine.

Aucun effet désagréable n’apparaît au cours des envolées vocales aiguës dont les effets sibilants sont très contenus entre 6 et 8.000Hz. Graduel (piste 10), on entend, avec discrétion, la reprise de souffle des chanteurs et les réflexions du son qui s’éteignent très longuement, comme une ultime expiration.

Parce qu’elles manquent d’un soupçon de brillance, l’apparition des cloches (de 1kHz à 16kHz) fournit la raison de la possibilité de se servir du HD 660S2 sur une plus longue durée qu’un très grand nombre de ses concurrents.

 

 

Mediterranea. Alla Francesca. Brigitte Lesne. Pierre Hamon. Carlo Rizzo. Zig Zag Territoires.

Voix, harpe, flûtes, percussions, cloches et clochettes sont des moyens simples mais suffisants pour exprimer cette musique médiévale du bassin méditerranéen où se sont toujours mêlées cultures et religions grâce aux pérégrinations des troubadours.

Avec éclat, justesse, et une transparence très appréciable, cet excellent enregistrement et le Sennheiser HD 660S2 en font la magistrale démonstration au cours de ce beau retour dans le temps qui invite à  rappeler celui que Brigitte Lesne nous avait déjà proposé avec le MARE NOSTRUM de Discantus, déjà admirablement capté au milieu des vignes du Languedoc par Igor Kirkwood, en la cathédrale de La Maguelone pour le label Jade.

Pour ce très prolifique champ des étoiles, conservons les mêmes, retournons au « studio » d’enregistrement de l’abbaye royale de Fontrevaud, avec Arnaud Moral aux micros cette fois.

Enregistrement généreux, foisonnant de détails, qui permet au HD 660S2 de faire la démonstration de ses aptitudes de résolvance (écouter la piste 4 par exemple au cours de laquelle les voix donnent la sensation d’alternativement se mêler et se séparer), qui devront toutefois être confirmées à l’écoute d’un orchestre disposant d’un grand nombre de pupitres.

 

 

Cécile McLorin Salvant. The Window. Mack Avenue Records.

Comme leur seul prénom, Billie, Ella ou Sarah, est parfois seulement cité  pour évoquer certaines des plus grandes dames du Jazz, celui de Cécile pourrait bien ne pas tarder à les rejoindre. Car, les qualités vocales (études lyriques à Aix-en-Provence) et la personnalité de la native de Miami, dont la seconde partie du patronyme est d’origine Gersoise, lui ont permis de se construire une solide réputation malgré son jeune âge.

The Window étant très bien enregistré, il pourrait devenir une référence pour amateur de voix, du piano et d’ambiances peu ordinaires.

Superbement accompagnés par Sullivan Fortner au clavier (piano et orgue/Woman child), la voix et le talent de Cécile Mc Lorin Salvant sont au firmament de leur art. Il suffit d’ailleurs de simplement écouter Even Since the One ! Love’s been Gone pour en être convaincu, si l’on ne connaissait pas cette artiste dont la voix peut pourtant sembler fragile lorsqu’on l’entend la première fois, en particulier si on la compare à celles des divas du Jazz qu’avaient été Billie Holliday, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan.

 

 

 

Giya KANCHELI. Chiaoscuro. Gidon Kremer et Patricia Kopatchinskaja (violon). Orchestre de chambre Baltica. ECM New Series.

Coup de grosse caisse un peu court et à peine instable, mais avec une belle amplitude. Violons absolument différentiables qui filent haut, selon la formule consacrée, et chantent avec douceur. Au moment du forte, le HD 660S conserve une capacité de lecture qui dénote une définition convaincante et de bon aloi.

On se prend donc au jeu de la découverte de cette œuvre assez récente (2010/2011) de ce compositeur, initialement destinée au quatuor à cordes. Elle est très bien servie par la violoniste moldave Patricia Kopatchinskaja et par Gidon Kremer que l’on ne présente plus. Les deux violons sont bien différentiables dans Twilight, leur subtilité interprétative est préservée. Cette belle atmosphère évolue et nous invite à poursuivre la visite de cette très nombreuse production musicale d’origine géorgienne.

 

 

Beethoven. Concerto pour violon et orchestre. Romances. Lorenzo Gatto (violon). Orchestre de chambre Pelléas. Dir. Benjamin Levy.

Le choix d’écouter à nouveau le concerto pour violon et orchestre de Ludwig van Beethoven s’est imposé, car il se trouve que j’ai découvert l’excellent violoniste belge Lorenzo Gatto le 5 mars dernier au cours d’un concert où il avait été l’interprète du premier concerto composé par Philip Glass pour cet instrument.

Très fidèle à mon souvenir, le timbre du violon est très bien respecté et j’ai retrouvé le son de Lorenzo Gatto qui s’est récemment illustré en compagnie du pianiste belge Julien Libeer avec la sonate pour violon et piano n°7 de Ludwig van Beethoven, puisque leur interprétation (label Alpha) a été celle qui avait été préférée par les spécialistes au cours de l’émission La tribune des critiques de disques de France Musique. Pourtant, la concurrence était très sévère, puisque remportée de justesse sur les mythiques Arthur Grumiaux et Clara Haskil.

 

Dans la mesure où nous sommes sur France Musique, nous allons également pouvoir revenir sur la reproduction de la voix, parlée cette fois, avec celle de Christian Merlin que j’écoute tous les dimanches matin au cours de son émission, Au cœur de l’orchestre, consacrée aux orchestres, instruments et chefs d’orchestre.

Sans entrer dans les détails, c’est une voix que Jeff_jacko et moi-même avons pu entendre en privé lorsque Christian Merlin visitait son feu frère, du côté de Monaco, avant que la vie ne nous le retire fin 2021 bien malheureusement.

Avec le HD 660S2, la voix du producteur et présentateur de cette émission est conforme à celle entendue en privé et la seule chose observée est que la prise de son résulte de microphones probablement mis trop près de la bouche des présentateurs, intervenants et invités. Ce qui offre l’avantage d’avoir l’impression que la personne parle directement à votre oreille, mais  provoque un assez grand nombre d’effets sibilants et de bouche, plus ou moins marqués selon les appareils et les casques.

Ces effets importuns n’étant pas exagérés par ce Sennheiser qui les rend acceptables sans donner toutefois la sensation d’une trop grande atténuation des fréquences aiguës, le HD 660S2 est donc à conseiller sans réserve à la régie de la radio nationale.

 

 

Alan Hovhaness. François Mardirossian. Piano Stephen Paulello Opus 102. Ad Vitam records.

Après le CD “Voltiges”  du pianiste Tristan Pfaff pour le label Ad Vitam, qui avait la particularité d’avoir été enregistré avec un piano Opus 102 de Stephen Paulello comportant 102 touches, des cordes parallèles et de nombreuses innovations techniques, celui-ci ne m’ayant qu’en partie convaincu parce qu’alternant avec des pièces de virtuosité au cours desquelles l’instrument ferraillait quelque peu, celui du pianiste François Mardirossian interprétant des œuvres du compositeur américain Alan Hovhaness fournissait l’occasion d’une nouvelle rencontre avec ce très grand et très bel instrument intégralement fabriqué en France (cité plus haut, à noter que le pianiste belge Julien Libeer joue un piano belge Maene).

Le ramage vaut cette fois le magnifique plumage noir de ce très beau piano  de trois mètres de long. L’Opus 102 ne serait évidemment qu’un très bel objet sans l’art du compositeur et le talent du pianiste.

Cependant, l’on perçoit tout de suite que cet instrument offre un très bel écrin pour favoriser le déploiement des notes dans l’espace et le jeu perlé de l’artiste qui nous fait faire connaissance avec ce compositeur américain précurseur d’un minimalisme que le pianiste avait déjà abordé chez Ad Vitam records avec les Etudes pour piano de Philip Glass.

Après les voix avec lesquelles il excelle, avec d’assez belles harmoniques et  résonances, le HD 660S2 s’affirme comme un très bon choix pour écouter du piano.

 

 

Dmitri Chostakovitch. Chamber Symphonie op. 110a et 49a. Concerto pour piano, orchestre à cordes et trompette n°1, op. 35. Maria Meerovitch (piano), Sergei Nakarakiov (trompette). Dir. Pietari Inkinen. Naxos.

C’est cette fois le programme d’un concert de l’orchestre national de Cannes PACA, auquel devait participer la légende Martha Argerich, qui dut malheureusement se faire remplacer pour raison de santé par sa jeune collègue et amie russe Maria Meerovitch, en compagnie du talentueux trompettiste israélien d’origine russe, surnommé à maintes reprises le « Paganini » ou le « Caruso » de la trompette, qui m’avait fait me procurer ce CD du label Naxos.

Après des extraits de ballets et extraits d’opéras de Rameau dont je suis très friand, l’arrangement pour bugle et orchestre de Mikhaïl Nakariakov des variations sur un thème rococo de Tchaïkovski, la symphonie n°1 dite « classique » de Serge Prokofiev, enfin, le concerto n°1 pour piano, orchestre à cordes et trompette op.35 de Dimitri Chostakovitch finalement interprété par les deux artistes de cet enregistrement.

Excellents moments de musique symphonique et instrumentale qui a permis d’entendre de très belles œuvres et des instruments plutôt rares en musique classique, comme le bugle, plus souvent utilisé dans le Jazz, ainsi que les machines à vent et à tonnerre qui amusaient beaucoup les percussionnistes et le public qui en faisait la découverte.

Toutefois, hormis le plaisir et l’intérêt d’écouter une nouvelle fois ce concerto, il ne s’agit pas du même orchestre et que le CD place l’auditeur au plus près de la scène et fait entendre un piano très proche. La trompette jouait en retrait du piano durant le concert avec l’orchestre national de Cannes PACA, ce qui paraît normal étant donné qu’il ne s’agit pas d’un concerto pour piano, trompette et orchestre à cordes, mais d’un concerto pour piano, orchestre à cordes et trompette, et à hauteur de celui-ci sur le disque. Les mêmes sensations ne purent être au rendez-vous en toute évidence, car la trompette a été traitée à l’égal du piano dans cet enregistrement très récent pour le label SWR>>music avec la Deutsche Radio Philharmonie et qu’elle était discrètement accompagnatrice au concert.

Néanmoins, aucune mauvaise fortune ne pourra pas être invoquée, parce que quelques instants plus tard, œuvre, artistes, qualité de l’ensemble de ce qui fait de la très bonne musique étaient également réunis grâce à l’épatante performance du Sennheiser HD 660S2.

 

 

 

Natalie Merchant. Leave your Sleep . label Nonesuch

Juste un soupçon de poivre saupoudré par The Peppery Man de Natalie Merchant qui offre l’occasion de vérifier la qualité et la justesse, que plusieurs CD et spectacles vidéo permettent d’estimer, de la voix de la chanteuse compositrice et de celles des voix d’hommes qui participent à la confection de ce succulent plat musical épicé.
Ce qui n’étonnera pas ceux qui alternent entre casques open back et close back, en langue  anglaise: ils ne seront pas étonnés de savoir que le HD 660S2 délivre un ensemble sonore beaucoup plus équilibré et juste que celui du Momentum M2 over-ear de type fermé dont les avantages sont ailleurs. En particulier lorsque je l’emmène promener durant certaines matinées de l’hiver, avec l’avantage d’avoir les oreilles bien protégées par de confortables coussinets en cuir et un assortiment de musiques rendues un peu plus chaudes par le beau Sennheiser marron essentiellement fait de cuir et d’alu brossé.

Avec le HD 660S2, les voix de Natalie Merchant et celles qui l’accompagnent paraissent quasiment parfaites et le travail de la console également, ce qui est aussi confirmé par d’autres écoutes comparatives effectuées avec les deux autres casques électrodynamiques japonais (ATH-R70X) et français (Utopia).

 

 

Jacques Brel – Les Marquises -. Barclay.

Évoqué pour illustrer une des qualités dominantes du HD 660S2, le dernier album de Jacques Brel est passé d’un trait en procurant un immense plaisir au moment de le retrouver avec une telle qualité de restitution.

 

 

 

Pink Floyd. The dark Side of the Moon.

Bien qu’en retrait au palmarès des albums les plus vendus de la catégorie Hard-Rock selon la RIAA, puisque seulement neuvième, loin derrière les Australiens AC/DC avec Back in Black, Led Zeppelin IV et certains Pink Floyd avec The Wall, trois objectifs sont visés avec cet astre qui se maintient néanmoins au firmament depuis exactement cinquante ans.

Celui de vérifier les capacités du HD 660S2 lorsque les procédés techniques donnent l’impression d’entendre tourner un aéronef autour de soi, d’être dans une grande pendule (Time), un tiroir-caisse ou une machine à sous (Money) en quelques occasions. Et le plus essentiel, celui de s’octroyer une cure de plaisir et de jouvence quel que soit le résultat.

Si le premier et le troisième exercices sont souvent réussis, c’est quelques fois ce qui se passe avec Time et Money qui empêche d’atteindre le deuxième.

Cependant, pas cette fois, car le HD 660S2 nous fait heureusement rester face à la grande horloge et à la caisse enregistreuse dans laquelle les sous qui s’entrechoquent reproduisent un bien plus vraisemblable tintement de vraies pièces de monnaie qu’avec de nombreux autres casques ou IEM qui ne font entendre que des jetons en métal de slot machine. Aussi, cette énième exploration du côté sombre de la lune n’a été qu’une simple formalité à réaliser pour la nouvelle version S2 du HD660.

 

 

Dans un style du même univers musical, l’écoute de l’extrait de rock-folk, non compressé, entendu à niveau soutenu sur le CD n°4 fournit une preuve supplémentaire de la qualité de transcription de la guitare et de la batterie du Sennheiser. Batterie qui manque cependant un peu de sécheresse dans les impacts des baguettes.

 

 

 

 

Croisette – opérettes des années folles. Orchestre national de Cannes – Benjamin Levy. Erato.

Distingué par un Choc de la revue Classica, c’est sur le même principe que précédemment qu’a été choisi cet album d’opérettes des années folles, puisque j’assiste régulièrement aux concerts de cet orchestre national classé dans la catégorie des orchestres symphoniques de chambre, lorsqu’il se produit dans sa formation classique, qui peut évoluer lorsque des œuvres mises au programme le nécessitent. Ce fut le cas dernièrement pour jouer la version Ravel pour orchestre des Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski.

Si je découvrais certains extraits d’opérettes et des voix qui ne me sont pas familières, le son de l’orchestre symphonique et celle de quelques-uns des interprètes l’étant bien davantage, cela m’a permis d’entendre un très bon enregistrement du violon, probablement celui de Berthilde Dufour (premier violon, lauréate des concours Sibélius et Jacques Thibaud), et, à nouveau, de très belles et excellentes voix.

En particulier celle de Patricia Petibon dont la richesse tonale, la fraîcheur et les nuances vocales ont été conservées. Ce que confirme un bref aller-retour dans l’opéra-bouffe de Jacques Offenbach “Les contes d’Hoffman” au cours duquel notre soprano colorature entonne la chanson d’Olympia : Les oiseaux dans la charmille, Dans les cieux l’astre du jour, Tout parle à la jeune fille, Tout parle à la jeune fille d’amour.

Pour les fans de cette Olympia, celle de Patricia Janeckova est également à voir pour sa succulente mise en scène, et pour ceux d’Offenbach, après le leurre mécanique, pourquoi pas la délicieuse Belle Hélène dont la plupart des versions, tels les HD 600 à HD 660S2, apportent énormément de plaisir et  de bonne humeur. Parmi elles, la divertissante production kitsch de Lausanne, mise en scène par Michel Fau (rôle de Ménélas) en 2019 (choeur et orchestre Sinfonietta de Lausanne dirigés par Pierre Dumoussaud) revue sur écran.

Comme Ciboulette, nous avons fait un beau voyage…  Même un très beau voyage musical en compagnie de cet orchestre très bien capté, des artistes, dirigés par Benjamin Levy et du HD 660S2.  Avec des sections instrumentales bien placées dans un engageant espace tridimensionnel et de la netteté au niveau des pupitres, conformes à ce que j’entends dans la Salle Debussy du Palais des Festivals.

 

 

 

Conclusion

Bien que son prix soit déjà conséquent, le tarif du Sennheiser HD 660S2 qui se tient cependant à très bonne distance de la catégorie des casques très chers est une de ses premières qualités.

D’ailleurs, comme l’on pourrait évidemment hésiter entre le HD 660S, dont le prix a  été érodé par le temps, et le HD 660S2 qui lui succède. En raison des substantielles améliorations sonores, pas énormes, mais déterminantes, qui ont été apportées à la version S2, je la conseillerais s’il m’était demandé un avis. Pour la raison invoquée, mais aussi parce que ce choix illustrerait parfaitement l’adage qui dit que le prix s’oublie, mais que la qualité reste…pendant de nombreuses années avec un SENNHEISER.

Grâce à la très grande expérience du fabricant, l’ergonomie est une autre des qualités de ce casque, car elle permet d’obtenir un très grand confort à celui qui le porte, mais, également la totalité du potentiel sonore du HD 660S2. Ce qui sont quand même les premiers objectifs à atteindre.
Cela, les écoutes comparatives avec l’Audio-Technica R70X l’ont particulièrement bien mis en valeur au détriment du casque japonais, qui n’a pas pu vraiment rivaliser avec le Sennheiser à cause d’une force latérale (clamping) insuffisante qui ne permet pas un aussi bon niveau d’étanchéité des coussinets qu’avec le S2.
Un peu dommage pour lui, parce que de très légers appuis digitaux sur le haut et le bas des oreillettes du R70X qui le remettent dans le match, nous rappellent que les efforts ne doivent pas seulement être consacrés à la technique, car celle-ci ne peut pas garantir d’atteindre une performance maximale si un élément périphérique venait malencontreusement la réduire.

Ce n’est pas la situation du Sennheiser dont le potentiel annoncé est finalement bien réel et pas qu’artifice publicitaire ou d’argumentation faisant beaucoup plus appel à la passion qu’à la raison.

Ce HD 660S2 inspire particulièrement les chanteurs et les chanteuses. Il se complaît dans le Chiaroscuro et le tube planétaire napolitain O sole mio qui, par ténors interposés, conclura cette appréciation.

Aux seuls bémols près, que le HD 660S2 ne peut prétendre au titre de champion des casques qui plongent dans les tréfonds du grave avec beaucoup de force, de vitesse et de tension, ni aller concurrencer l’Utopia (à quand même 4000€/5000€) dont l’aigu offre plus de relief et de raffinement, les indubitables améliorations qui lui ont été apportées lui permettent de s’aligner face aux spécialistes des autres registres, sans ployer face aux tout premiers.

Il faut également mentionner que les aptitudes et l’homogénéité du HD 660S2 ne permettent de le mettre dans l’embarras avec aucune des musiques qui pourraient se trouver dans n’importe quelle discothèque ou plateforme de streaming.

Comme avec tout casque hi-fi très bien conçu, très confortable, qui ne montre pas de faiblesses particulières, dont l’homogénéité permet d’offrir une reproduction des fréquences étendue et équilibrée, de l’énergie, du détail et de la transparence.

Pas si difficile à associer. Quelle que soit la source, disques, radio, streaming, télévision, Blu-ray, c’est un euphémisme que de dire que le Sennheiser HD 660S2 est toujours très agréable à utiliser, et si ce n’avait été pour aller retrouver des frères et cousins de la grande famille Sennheiser, il  serait parti avec beaucoup de regrets.

Laissons maintenant la conclusion à trois voix légendaires, qui entonnèrent l’hymne napolitain au soleil à chacun de leurs concerts intitulés – Les trois ténors -. Dont, le premier fut organisé à Rome, par Placido Domingo, José Carreras, Luciano Pavarotti (dir. Zubin Mehta), dans les Thermes de Caracalla en juillet 1990. Les trois en choeur ou avec seulement la voix solaire, de circonstance, de l’immense ténor italien.

Sennheiser HD 660S2: Che Bella Cosa.

 

André_ajr
HCFR – Mai 2023.

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au sennheiser HD 660S2 : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/CASQUES-SEDENTAIRES/SENNHEISER-HD-660-S-HD-660-S2-TEST-HCFR-LIEN-EN-POST-1-T30083151.HTML

 

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