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Films (débats, critiques), personnalités (acteurs, réalisateurs), prochaines sorties, les salles, la presse spécialisée...

Je l'ai vu et j'aime...

un peu.
6
15%
beaucoup.
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à la folie !
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22%
pas du tout !
10
24%
 
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Dunkerque (Christopher Nolan, 2017)

Message » 22 Juil 2017 17:51

Vu en IMAX Laser dans une excellente salle à bruxelles (1.43/1 75% du temps ; 2.20/1 pour les plans en 70mm 5 perfs) Ecran 28x20 m

Nolan va sans doute bousculer une bonne partie de son (grand) public. Le risque qu’il prend et qu’il réussit partiellement à mes yeux, est le choix d’une expérimentation sensorielle très intense, éprouvante, presque sans issue, construite sans montée d’intensité narrative, tel un rouleau compresseur qui est à son acmé dès la première minute, et qui ne lâche plus rien pendant 1h40… jusqu’à ce que le spectateur soit saturé, défait et qu’il se brise sous le poids de la charge d’une épreuve longue et sans rupture de tonalités. Contrairement à ses films précédents, il se refuse une construction d’arcs narratifs amenés de manière plus progressive, avec une mise en dramaturgie montante et évolutive, une construction de tension et d’intensité qui varient au fil avec le temps, les espaces et les personnages (le film est une sorte de huis-clos ouvert dont la sensation oppressante est renforcée par la verticalité et l’effet « carré » du format 1.43 :1 IMAX).

On voit ici qu’Il se soucie bien moins du storytelling que de l’expérimentation sensorielle la plus confondante et authentique possible de soldats (et non de personnages-soldats) qui ne sont rien d’autres que des survivors qui n’ont aucun autre objectif que d’essayer de se retrouver, d’oser regarder l’eau et/ou le ciel là où ils l’ont subi et/ou perdu, de retrouver un minimum leurs repères spatio-temporels dans un monde de traumatisme (Les 1 week / 1 day / 1 hour montrent les premiers signes de la volonté de Nolan de créer cette confusion du soldat sur les enjeux d’une guerre dont on ne sortira jamais de la mêlée >> pas de hauteur de vue mais 3 temporalités différentes qui se confondent finalement vers une convergence d’une seule et même expérience). Le montage légèrement croisé, alternant quelques personnages est assez subtil et renforce cette sensation de surimpression de soldats qui ne font plus qu’un, qui n’existent plus vraiment en tant qu’humains différenciés de par leurs émotions et vies passées, mais en tant que créatures froidement confrontées à la destruction et à la survie. Ce n’est rien d’autre que l’acharnement de la créature humaine à ne pas mourir, l’instinct de survie gratifiant et qui est à la base d’une forme d’identité héroïque célébrant la résistance (personnelle, militaire, historique).

On pourrait sans doute lui reprocher un petit problème de dynamique, de rupture de tons dans la construction de l’intensité, qui doit faire décrocher une bonne partie des gens face à ce rouleau compresseur long et uniforme. C’est un choix risqué et assez audacieux dans un format hollywoodien à + de 150M de $. Nolan raccroche le wagon « émotionnel » 10 mn avant la fin, permettant sans doute de caractériser une sorte d’empathie un peu tardive mais assez juste tant sur l’absence de dialogues surannés que sur la mise en scène qui aurait pu être pompière. Pas de final grandiloquent, mais quelques personnages pour lesquels on parvient à ressentir un minimum d’empathie, de sorte à montrer que notre attachement tardif à ces créatures broyées fait écho à la réapparition décalée des émotions exprimées par un soldat ayant subi l’épreuve des combats.
Coxwell
 
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Message » 22 Juil 2017 23:16

Coxwell a écrit:Vu en IMAX Laser dans une excellente salle à bruxelles (1.43/1 75% du temps ; 2.20/1 pour les plans en 70mm 5 perfs) Ecran 28x20 m

Nolan va sans doute bousculer une bonne partie de son (grand) public. Le risque qu’il prend et qu’il réussit partiellement à mes yeux, est le choix d’une expérimentation sensorielle très intense, éprouvante, presque sans issue, construite sans montée d’intensité narrative, tel un rouleau compresseur qui est à son acmé dès la première minute, et qui ne lâche plus rien pendant 1h40… .


+1

Je n'avais pas vu d'extrait du film et c'est vrai que j'ai été surpris de la direction prise par NOLAN

En fait, je m'attendais plus à un film dans le genre du magnifique plan séquence de Dunkerque dans le film ATONEMENT de 2007

Pour les amateurs 8)

menthalo
 
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Message » 23 Juil 2017 19:37

Vraiment un grand moment de cinéma.
Ce film ne vous lâche pas 1 seconde et vous met sous pression pendant 1h45.
Chef d'oeuvre.

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emanu
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Message » 25 Juil 2017 10:16

Oui un grand moment de cinéma. Un moment exceptionnel de cinéma. Un moment comme on voit tous les 5 ans ? 10 ans ? Le dernier vrai grand moment de cinéma, c'était quoi ? Pour ma part, There will be Blood et Watchmen. Des films avec une forme un peu étrange mais qu'on peut revoir sans cesse, encore et encore. Ils vous marquent au fer rouge. Comme un tatouage, ils vous collent à la peau à tout jamais. Ils sont rangés dans votre meuble à blu-ray et quand vous les insérez dans votre lecteur pour regarder quelques séquences au hasard, vous finissez par les regarder jusqu'au bout et, au mieux, vous découvrez encore des choses que vous n'aviez pas vu, au pire, on se dit que le cinéma, c'est très chouette quand même.

Et je crois que Dunkerque fait partie de ces films-là. On verra avec le temps, mais à l’instar d’un M’Bappé, il est en pôle position pour faire des étincelles à très long terme. D'un point de vue visuel et sonore, c'est vraiment extraordinaire et, comme dit plus haut, il en résulte une expérience sensorielle rare. Mais si ce n’était que ça…

Déjà, c’est un film complètement décharné. Peu de dialogues, des personnages anonymes et pas vraiment d’intrigue. Il est débarrassé de toutes ces choses qui peuvent parfois alourdir un film, à fortiori de guerre, dans des questionnements philosophico-transcendentales… un peu bidon il faut bien le dire. Dans Dunkerque, toutes ces ficelles pour apater le chaland sont balancées par-dessus bord. Même un film comme le soldat ryan aussi réaliste soit-il était parfois encombré de séquences où on voyait des soldats se poser des questions existentielles sur leur mission, le bien, le mal, les ampoules électriques, Piaf, etc… mais tout ça était très artificiel au final. Bon, ok, c’est Spielberg, grand humaniste parmi toutes les mères Teresa du monde. Et donc la force ultime de Dunkerque est avant tout d’être un film apuré en quelque sorte. On est directement connecté à ce qui se passe sur l’écran sans rien de superflu qui pourrait altérer le débit. Et il faut bien avouer que c’est assez déstabilisant au départ. Mais c’est ce que devrait être le cinéma tout le temps en fin de compte. Un truc purement visuel et sonore. Hitchcock en un plan séquence de 30 secondes sans dialogues disait tout. Kubrick aussi. Et bien d’autres aussi… Bon pas tant que ça finalement.

Parti pris couillu donc. Sans compter que le film propose trois temporalités différentes selon que l’action se déroule sur terre, mer ou air (les prises de vue aériennes dans les combats entre avions sont parmi les plus belles que j’ai jamais vues). Nolan reprend donc avec ce film un thème qui lui est visiblement très cher, à savoir la relativité de l’espace-temps qu’il avait déjà exploré dans Memento, Inception, et, bien sûr, Interstellar. Qu’il réussisse à intégrer ce thème pas franchement évident dans un film de guerre, ça confine au génie.

Désolé pour ce post un peu long. Il y aurait tant à dire sur Dunkerque. Je finis avec la musique. Pas très fan du bulldozer Zimmer, mais là, chapeau. Franchement.

Voilà j’ai fini. Courez le voir.
starfox
 
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Message » 26 Juil 2017 14:17

...Personnellement je suis très mitigé : Le problème n'est pas tant le parti pris de la mise en scène que l'impression désagréable qu'on a pas vraiment 400 000 soldats à ramener en Angleterre et que les habitations filmées ne semblent pas d'époque...

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vac ... _Dunkerque

Pour le reste, on peut dire que sur la forme c'est réalisé avec virtuosité.
opbilbo
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Message » 27 Juil 2017 8:20

Oui moi aussi j'ai trouvé que le début ne faisait pas très année 40, surtout les habitations. A un moment donné, on voit même un A380 dans le ciel...

Non mais sérieux, de là à être très mitigé pour des détails aussi futiles, ce n'est même plus couper les cheveux en 4, mais en 100 avec un microscope à balayage thermo-nucléaire !

Nan t'abuses.
starfox
 
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Dunkerque (Christopher Nolan tournage 65mm + IMAX) 2017

Message » 27 Juil 2017 10:47

C'était pas plutôt un 747 ? :idee: :hehe:

C'est clair qu'on est pas au niveau du soldat Ryan, la ligne rouge, lettres d'Iwo Jima et Cie du même genre.



Donc, je dirais : Allez voir le film pour l'expérience cinématographique, mais pas pour la reconstitution historique.
opbilbo
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Message » 27 Juil 2017 12:50

la guerre en général est un sujet qui à été abondamment traité au cinéma depuis sa création. il y à donc potentiellement pas mal de chefs d'oeuvres ! je vais voir dunkerque la semaine prochaine, je verrais ce qu'il en ait.
laurent martiarena
 
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Message » 27 Juil 2017 13:21

opbilbo a écrit:C'était pas plutôt un 747 ? :idee: :hehe:

C'est clair qu'on est pas au niveau du soldat Ryan, la ligne rouge, lettres d'Iwo Jima et Cie du même genre.


Parlons-en du Soldat Ryan. Je précise que j'adore le film (une sorte de deuxième naissance pour Spielberg à mon avis), mais si on veut chipoter comme un psychopathe, et bien on se rend compte assez vite que les plages de débarquement ne sont absolument pas crédibles. Je ne sais pas si tu as déjà été sur les plages en question. Elles sont immenses. Et dans le film, on a une bande de sable vraiment très étroite. Et pour cause, le film a été tourné sur des plages en Irlande. Et les villes détruites qui parsèment le film sont des reconstruction de A à Z dans ce même pays.

Je n'ai pas lu d'interviews de Nolan pour me préserver avant de voir le film, mais je crois qu'il a tenu à tourner sur les lieux même de l'action. Comme chacun sait, il est anti-numérique le mec. Anti fond vert, anti tout. Donc qu'il ait peut-être sacrifié un peu de crédibilité pour davantage d'"organicité", ça ne me pose aucun problème. Que tu sois très mitigé sur l'entièreté du film parce que 5 mn ne t'ont pas paru conforme à la réalité, c'est poussé mémère. Mais tu dois être déçu souvent sur les films dits historiques, parce que des patates, il y en a tout le temps !

opbilbo a écrit:Donc, je dirais : Allez voir le film pour l'expérience cinématographique, mais pas pour la reconstitution historique.


Mais qu'est-ce qu'on en a ciré de la réalité historique ? A ce moment-là, il faut regarder un documentaire. Que ce soit dunkerque, ryan, ligne rouge etc... ce sont juste des impressions de ce qui s'est passé à travers le talent (ou pas) d'un réalisateur. Même Ryan qui opte pour une vision reporter de guerre et aussi violent qu'il soit, je crois qu'on est encore dessous de la réalité.

Quand tu regardes Guernica de Picasso, qui est une peinture de guerre en quelque sorte, tu crois que les gens avaient le nez à la place des oreilles ?
starfox
 
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Message » 27 Juil 2017 13:40

starfox a écrit:
opbilbo a écrit:C'était pas plutôt un 747 ? :idee: :hehe:

C'est clair qu'on est pas au niveau du soldat Ryan, la ligne rouge, lettres d'Iwo Jima et Cie du même genre.


Parlons-en du Soldat Ryan. Je précise que j'adore le film (une sorte de deuxième naissance pour Spielberg à mon avis), mais si on veut chipoter comme un psychopathe, et bien on se rend compte assez vite que les plages de débarquement ne sont absolument pas crédibles. Je ne sais pas si tu as déjà été sur les plages en question. Elles sont immenses. Et dans le film, on a une bande de sable vraiment très étroite. Et pour cause, le film a été tourné sur des plages en Irlande. Et les villes détruites qui parsèment le film sont des reconstruction de A à Z dans ce même pays.

Je n'ai pas lu d'interviews de Nolan pour me préserver avant de voir le film, mais je crois qu'il a tenu à tourner sur les lieux même de l'action. Comme chacun sait, il est anti-numérique le mec. Anti fond vert, anti tout. Donc qu'il ait peut-être sacrifié un peu de crédibilité pour davantage d'"organicité", ça ne me pose aucun problème. Que tu sois très mitigé sur l'entièreté du film parce que 5 mn ne t'ont pas paru conforme à la réalité, c'est poussé mémère. Mais tu dois être déçu souvent sur les films dits historiques, parce que des patates, il y en a tout le temps !

opbilbo a écrit:Donc, je dirais : Allez voir le film pour l'expérience cinématographique, mais pas pour la reconstitution historique.


Mais qu'est-ce qu'on en a ciré de la réalité historique ? A ce moment-là, il faut regarder un documentaire. Que ce soit dunkerque, ryan, ligne rouge etc... ce sont juste des impressions de ce qui s'est passé à travers le talent (ou pas) d'un réalisateur. Même Ryan qui opte pour une vision reporter de guerre et aussi violent qu'il soit, je crois qu'on est encore dessous de la réalité.

Quand tu regardes Guernica de Picasso, qui est une peinture de guerre en quelque sorte, tu crois que les gens avaient le nez à la place des oreilles ?


Le film de Spielberg a été tourné sur les plages irlandaises faute d'avoir les autorisations pour le faire en Normandie. :wink:
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Message » 27 Juil 2017 13:42

opbilbo a écrit:C'était pas plutôt un 747 ? :idee: :hehe:

C'est clair qu'on est pas au niveau du soldat Ryan, la ligne rouge, lettres d'Iwo Jima et Cie du même genre.



Donc, je dirais : Allez voir le film pour l'expérience cinématographique, mais pas pour la reconstitution historique.



Ceux qui s'attendent à voir un nouveau "Soldat Ryan" ou "tu ne tueras point" vont être extrêmement déçus.
wopr
 
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Message » 27 Juil 2017 14:09

Peu importe le lieu de tournage dès instant que l'illusion fonctionne bien…
opbilbo
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Message » 27 Juil 2017 14:30

opbilbo a écrit:Peu importe le lieu de tournage dès instant que l'illusion fonctionne bien…


Exactement ! Aller dans une salle de ciné, c'est accepter, dans un état de béatitude totale, de se faire rouler dans la farine...
starfox
 
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Message » 27 Juil 2017 15:42

opbilbo a écrit:...Personnellement je suis très mitigé : Le problème n'est pas tant le parti pris de la mise en scène que l'impression désagréable qu'on a pas vraiment 400 000 soldats à ramener en Angleterre et que les habitations filmées ne semblent pas d'époque...

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vac ... _Dunkerque

Pour le reste, on peut dire que sur la forme c'est réalisé avec virtuosité.


Les rues filmées (rue Belle rade et rue des fusillés) correspondent majoritairement à une architecture années 30-40. Peu d'éléments anachroniques à ce niveau.
Quant à la quantité de soldats présents, deux éléments à prendre en compte. Le premier, c’est la volonté de limiter les effets numériques et de ne pas démultiplier les effectifs. Quand on voit le résultats sur les blockbusters modernes qui font des mouvements de foules et d'attaques "épiques" (pas de matérialité organique ressentie, quatrième mur très présent, etc.), le choix de Nolan me paraît approprié. Deuxième élément : le film a été tourné massivement en 1.43/1. Le voir en IMAX permet de se rendre compte de la volonté du réalisateur d'insister sur la verticalité, et je dirai même, du caractère subjectivement étriquée de l'image en largeur, car le spectateur est concentré sur le haut et le bas de l'image, ce qui contribue à réduire le champ de vision, à l'idée de soldats obnubilés par ce qui se passe devant avant tout autre chose. La mer, les bateaux, l'absence de compassion collective, etc. L'effet tunnel qui est à la fois visuel mais aussi narratif (dans sa construction du temps, manipulé selon trois temporalités qui se recoupent) contribue à mieux vivre l'effet tunnel/surimpression d'une même expérience confondue, confondante pour les/le soldat(s).
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Message » 27 Juil 2017 16:10

C'est beau comment tu t'exprimes-tu... J'ai rien compris.
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