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Olaf Stromberg. Le plus grand cinéaste de tous les temps !

Message » 05 Fév 2014 1:47

Cher monsieur Coincarré, j'ai dû relire trois fois votre intervention. La première fois pour sa compréhension, la deuxième fois par plaisir intellectuel, la troisième enfin pour donner quelques éléments complémentaires à votre brillante sagacité.

Je fais partie de ceux qui ont vu La Mobylette. Vous avez raison, il faut toujours relativiser et donc se méfier des distorsions inévitables lorsque l'on débat avec des quidams qui ont vu quelqu'un qui a vu La Mobylette sans être à même toutefois d'en indiquer ne serait-ce que la couleur. Non qu'il ne faille tenir compte de l'avis, par exemple, du cadre moyen qui évoque l'économie française à la machine à café sans disposer de la monnaie nécessaire pour actionner l'appareil mais en conservant, je sais que vous en conviendrez, un recul prudent sur son appréciation par exemple de l'attitude à adopter face à nos homologues européens pour, in fine, garantir les intérêts de la France dans un contexte à rouages multiples. Ceci ne peut se résumer par un "il faut taper sur la table là-bas et intérieurement réduire/augmenter le nombre de fonctionnaires".

La Mobylette est un film transprismien. Son inintérêt est relatif. Il, selon son auteur, pose question. En éludant volontairement son attachement au long métrage il lui accorde in facto un statut privilégié. Les psychanalystes, habitués à raconter n'importe quoi, diraient que Stromberg souligne l'unicité de La Mobylette en le détachant de son propre Verbe. Il occulte à la manière ancienne des ésotéristes de toute nature qui voilent sachant que d'autres n'auront de cesse de vouloir lever le mystère qui, par définition, se mérite.

Car Olaf est complexe, il rajoute une couche supplémentaire et décalée en dispersant jusqu'au sujet initial pour ne plus sembler s’intéresser qu'à une polémique dont vous avez très justement relevé l'ambiguïté lorsque l'on connait le personnage qui, mais nous le découvrirons plus tard, nourrit avec Lynch nombre de similitudes dans son rapport avec la réalité et sa représentation. La suite nous réservera de croustillantes anecdotes avec celui qu'Olaf qualifie affectueusement de "barge". Non pas dans le sens de fou mais du bateau à fond plat qui navigue là où d'autres ne s'aventurent jamais.

Transprismien donc, car chacun y puise sa vérité. C'est, à notre connaissance, une des rares constructions cinématographiques à tenter en toute connaissance et détermination l'atomisation complète de sa première essence : le scénario initial projetable. Ce fût la réponse Strombergienne à la contrainte. Une réflexion sur la contrainte et ses conséquences à géométrie forcément variables issues de l'adaptation à l'événement extérieur. En physique on observe aussi ce phénomène lorsqu'on bombarde d'électrons une matière déterminée. Il en résulte une figure de diffraction résultante qui ne cesse de surprendre le chercheur. Olaf et Alan partagent le point de vue de ceux qui ont admis la dualité onde et matière de tout le visible, dont leurs films. En focalisant sur le (faux ?) débat produit/Création ils ne font que mettre la loupe sur un phénomène certes connexe mais résolument existant lors de la réalisation et que David, moins absolutiste, d'aucun prétendront plus élégant, aura préféré distiller à son public à une phase ultérieure et sans appuyer plus que de souhaitable cet aspect pourtant déterminant de la réalisation.

Ils sont néanmoins arrivés à la même conclusion que vous : la gestion du primordial intervient nécessairement mais c'est une onde qui à la longue peut s'avérer futile et si on ne la fixe pas à un moment donné elle peut même disparaître. Il faut, à l'occasion et pour les besoins de la Recherche, fixer le volatil.
Dernière édition par peg-harty le 06 Fév 2014 6:43, édité 1 fois.
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Message » 05 Fév 2014 22:45

1985

Stromberg sait qu'il dérange. Il n'a pas oublié sa culture scandinave, son art du roll mops et sa connaissance des journées sans fin qui alternent avec le clair obscur des nuits longues. Bien sûr la censure des années noires n'existent plus à Hollywood mais on se méfie toujours des artistes qui dépeignent à l'occasion, même avec compassion, les ombres du rêve, fût-il américain.

K1, le nouveau film de Stromberg s'inscrit dans un contexte international qui reste binaire. Le pays s'apprête à financer secrètement l'opposition armée à tous les régimes récemment implantés à proximité et qui menacent, selon les uns, l'American Way of Life. Utopique, Olaf juge utile de participer à la préparation de l'avenir, la future réconciliation entre des frères trop proches pour rester indéfiniment ennemis. Face aux idéologies supposées antagonistes il propose l'alternative de la liberté de penser et la lutte par l'Art. Il développe une notion audacieuse qui surprendra le spectateur.

Afin de parfaire sa vision pré-scénaristique il envisage de rencontrer Mère Teresa qui vient d'ouvrir un hospice, à Manhattan, pour les victimes du SIDA. Sur le chemin de la sainte femme il aperçoit un jeune myope occupé à peindre sur une façade d'immeuble des petits bonhommes enchevêtrés dans toutes les positions. Intrigué il s'approche de l'artiste qui travaillait à une cadence qui l'épatait. Les petits bonhommes l'amusaient. Et il eu juste le temps de retenir vaguement son surnom, caisse de hareng ou quelque chose du genre. Il allait suivre le reste de la malheureusement courte vie du peintre de Street Art dans les journaux.

Stromberg croit au destin, en envisageant de rencontrer Mère Teresa, il venait de comprendre par le travail de celui dont vous avez deviné l'identité (Keith Haring) ce qu'était une humanité : des petits bonhommes enchevêtrés un peu pêle-mêle, tous semblables, sympas. En rapides coups de pinceaux Keith en décorait les tristes murs support que l'on pourrait apparenter à la condition terrestre commune jusqu'à les transformer en Oeuvre d'Art et les libérer ensemble de la monotonie et du fatalisme.

C'est ce thème qu'il allait aborder dans K1.




A notre connaissance, mais cette affirmation circonstancielle doit nous inciter à la prudence, Stromberg procède d'une manière rituelle lors de l'écriture d'un script. Nous avons retrouvé les esquisses de notes préalables à la réalisation de K1. Des successions de mots qui donnaient sens à sa vision cinématographique inlassablement tourné vers le regard qui regarde son propre regard.

Chalet phonétique, observation de balcon, révérence envers ce qui nourrit l'homme, parallèle Rome, danger de cage, effet de roue, surprise et fausse déception, cailloux empilés, sort et contre sort, association égalitaire, force et masque, courage et tempérance. Labyrinthe et chemin parcouru, montre, réaction adversative, méfiance sur intention. Carolus Magnus et sa joyeuse impétuosité, relativisation des résultats, écriture. Impatience, observation, projection & rectification prospective, sommet et perception, étoiles alignées, destin et plaisirs... ne pas oublier le phénomène de transition opératoire, fête de fin d'année et retrait tactique. phase de méditation avant action, risotto, costume et adéquation. musique voir avec Bowie.


ps : Olaf vient de me téléphoner et me demande de ne pas, à l'avenir, communiquer ce genre de notes au grand public pour des raisons qu'il préfère taire. Selon lui leur transcription littérale n'apporte aucun intérêt à l'histoire de son parcours si on ignore les liens entre les différents éléments. De plus, il remplace parfois les uns par d'autres lorsque la construction l'exige et il ne s'agit en aucune manière d'une addition mais plutôt d'une perspective à respecter pour conserver un tableau général. Incapable d'exprimer en anglais plus précisément sa pensée il a préféré utiliser un mot suédois avec beaucoup de voyelles en "o" et "oe". Nous devrons nous contenter de ces renseignements pour le moment mais le futur invalidera certainement cette lacune.
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Message » 11 Fév 2014 20:13

La polémique Olaf/Brian

Invité sur le plateau de "35 a week", la célèbre émission de l'actualité du cinéma, l'Amérique a frissonné lorsque le journaliste a interrogé Stromberg sur Scarface et son gigantesque succès public. A la question, qu'en pensez-vous, il avait répondu, rien.

Comment ne rien penser d'un film aussi marquant ? N'était-il pas, lui aussi, admiratif de la maestria de Brian de Palma et de son remake, ou plutôt de la continuation de la démarche d'Howard Hawks, responsable du titre homonyme en 1932 ?

Sommé d'éclaircir la nébulosité de son manque d'enthousiasme Stromberg resta d'abord silencieux. C'était sa technique habituelle, poser un espace, suspendre le temps, imposer à l'interlocuteur un délai pour que chacun puisse aborder un point de vue avec une virginalité de pensée.


...
Dernière édition par peg-harty le 14 Fév 2014 18:13, édité 2 fois.
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Message » 12 Fév 2014 11:30

Peg-harty me demande brièvement de vous expliquer les petits points de suspensions du post ci dessus: le chef de peg-harty a passé une tête hier soir... "Peg-harty, :grr: t'as oublié la réunion de 19h00 sur les objectifs 2014 de la filiale du Kamchatka du Nord ? Allez lève la tête de ton clavier et RDV en salle 2816 avec ta présentation !" .... Il semble qu'à l'heure ou nous parlions cette réunion n'est sans doute pas terminée... Bon, mais je vais le laisser reprendre le fil de la polémique Olaf/Brian à laquelle son béotien de chef ne peut rien comprendre...

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Message » 14 Fév 2014 18:07

La gestion de l'impératif.

Et Olaf racla sa gorge pour éclaircir sa voix et puis se lança.


Il faut parfois expliquer, verbe transitif, alors, expliquons ! Scarface, premier du nom, marque un virage. Balles réelles, et un personnage central, Tony Camonte, son ascension dans l'univers du crime. Un exercice périlleux car Tony est un tueur et Howard, le réalisateur, utilise le tremplin pour dénoncer. Nous sommes en pleine époque de la prohibition, le cinéma parlant en est à ses balbutiements et le public découvre l'envers de son propre décor. Tony n'a aucun scrupule et il sifflote avant d’exécuter. La presse, déjà, idolâtre le nauséabond. En gros titre elle magnifie l'abject. Le modèle érigé est à l'inverse du supposé vrai et beau. On évoque, à peine masqué, la carrière du roi de la pègre de Chicago : le célèbre Al Capone.
On montre avec un réalisme complice la promiscuité des cercles de pouvoir avec l'horreur et le cynisme. Le mot d'ordre semble devenir : bouffe ça, spectateur, c'est ta vérité.
Certes, la fin est pathétique mais ne le sont-elles pas un peu toutes dans l'aventure humaine ?

Et c'est là où réside l'ambiguïté. Brian a embrayé sur une trame identique. La gloire d'un démon puis sa chute. Il en a rajouté dans la cruauté réaliste et tout cela me donne à penser qu'une nouvelle boite de Pandore a été ouverte. De là à ce que d'autres suivent la même stratégie et nous courons le risque de voir demain des reportages sur la pédocriminalité, sur la prostitution, sur n'importe quelle abjection filmées avec la même complaisance hypocritement dénoncée après s'y être vautré avec délectation.

Interrogez dans dix ans les caïds et, peut-être, citeront-ils Scarface. Cette contribution au crime par une longue apologie dynamitée au dernier moment sera difficile à porter.
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Message » 14 Fév 2014 21:45

peg-harty a écrit:Et c'est là où réside l'ambiguïté. Brian a embrayé sur une trame identique. La gloire d'un démon puis sa chute. Il en a rajouté dans la cruauté réaliste et tout cela me donne à penser qu'une nouvelle boite de Pandore a été ouverte. De là à ce que d'autres suivent la même stratégie et nous courons le risque de voir demain des reportages sur la pédocriminalité, sur la prostitution, sur n'importe quelle abjection filmées avec la même complaisance hypocritement dénoncée après s'y être vautré avec délectation.


N'exagérons rien. Ca me rappelle ce type qui avait écrit un roman qui disait que nous serions tous surveillés par des caméras, que des écrans diffuseraient de fausses informations à des fins de propagande, que les gens seraient influencés par des éléments de langage à tel point qu'ils ne distingueraient plus le vrai du faux, et que l'on pourrait être mis au ban de la société si l'on ne pensait pas comme il fallait. Ca devait arriver en 1984 je crois. Nous sommes en 2014 et on voit bien que rien de tout cela n'est arrivé.
Dernière édition par coincarre le 15 Fév 2014 0:24, édité 1 fois.
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Message » 14 Fév 2014 22:29

K1 traitera, indirectement, de cet aspect faussement visionnaire et de la différenciation entre fantasme et réalité. Le roman cité par Coincarré est, lui aussi, une adaptation de "L'œil était dans la tombe, et regardait Caïn'. Cet oeil qui voit tout et, merveilleux instrument, qui n'espionne jamais l'Autre.

Mais nous y reviendrons.
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Message » 19 Fév 2014 0:57

mem : Peg-harty me demande brièvement de vous expliquer les petits points de suspensions du post ci dessus: le chef de peg-harty a passé une tête hier soir... "Peg-harty, :grr: t'as oublié la réunion de 19h00 sur les objectifs 2014 de la filiale du Kamchatka du Nord ? Allez lève la tête de ton clavier et RDV en salle 2816 avec ta présentation !" .... Il semble qu'à l'heure ou nous parlions cette réunion n'est sans doute pas terminée... Bon, mais je vais le laisser reprendre le fil de la polémique Olaf/Brian à laquelle son béotien de chef ne peut rien comprendre...

Le Kamtchatka le nouveau théâtre de notre stratégie d'expansion.

Le kamtchatkien, adepte de kamtchatchok, danse folklorique, est un peuple fier et étrange. Qui ne le serait face à une telle nature, belle mais hostile ? Ses valeurs sont celles de la survie et, s'ils ne sont pas habitués aux défis économiques, je peux vous assurer que nous serons surpris et admiratifs par leur capacité à dominer l'événement imprévu.

Mieux vaut anticiper le changement culturel qui nous attend lorsque nous verrons des hommes à cheval lors des réunions de cadres. Leur cheval doit au contraire nous prouver qu'ils seront - à condition de respecter les usages - fidèles en amitié. La notion de chef leur est inconnue mais ils respectent les hommes d'honneur.

Ceci dit, leur notion du temps et de l'espace est également différente de celle à laquelle des machines nous ont habitué. Leur devise, inscrite sur leur monnaie, est 'n'ayez crainte. nous serons ponctuels à l'heure de notre mort et autres rendez-vous primordiaux'.

Ce préambule est destiné à nous faire comprendre une mentalité à laquelle nous serons quotidiennement confrontés et dont les origines sont aussi vieilles que leurs volcans. Nous devons aborder ce pays avec un regard différent pour, tout au long de fructueux échanges, découvrir de merveilleuses complémentarités.

Notre principal concurrent, en mésestimant l'approche, est rentré à pied. Au milieu de chardons et sans eau potable. Ne commettons pas la même erreur.

Ci joint les objectifs économiques et financiers qui me font lever mon verre à ces nouvelles perspectives.

Cordialement, Hartmut.

ps : les filles de ce peuple sont charmantes mais elles mordent. C'est une preuve d'affection mais la vaccination antirabique est fortement conseillée.
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Message » 19 Fév 2014 16:27

:lol: :ohmg:

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Message » 20 Fév 2014 20:31

profitez de ce post sans aucun intérêt pour observer autour de vous.
Dernière édition par peg-harty le 27 Fév 2014 22:21, édité 1 fois.
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Message » 21 Fév 2014 6:12

Bonjour.
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Message » 21 Fév 2014 16:49

peg-harty a écrit:Bonjour.


Bonjour !

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Message » 27 Fév 2014 20:11

petit intermède :

Bonjour,

un administrateur pourrait-il me signaler s'il y a un moyen de faire un renvoi vers une page ?
j'aimerais, par exemple, qu'en cliquant sur un des films de la liste de la page 1, l'étudiant en cinéma soit transporté comme par magie vers la page concernée.
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Message » 27 Fév 2014 21:14

De l'émotion au sentiment.

Dans ces années là, Stromberg visite sa singularité. Il est intéressant de comprendre K1 via le vécu ressenti du réalisateur. Or, que fait-il ?

Il expérimente. L'homme qui filme pour le regard qui regarde son propre regard projette. Mieux, il s'en amuse. Complice de ses alter ego il essaye avec souplesse et fermeté de rendre palpable la propre histoire de chacun, ce qu'il nomme "adaptation co-relative". C'est en cela qu'il a parfaitement compris tous les Ulysses de la terre. La vie et le pseudo labyrinthe qui sera, lui aussi, plus tard, le sujet d'un long métrage remarqué. Néanmoins, il refusera toujours l'étiquette d'initiateur. Il dira un jour un énigmatique "ce sont les autres qui m'ont initié"

Son relationnel est chaotique et réserve des surprises, bonnes ou mauvaises, selon le degré d'implication et la connaissance de la pizza de son vis-à-vis. Des proches le définissent comme un être totalement imprévisible qui ne manque aucune occasion pour chambouler la normalité. Toujours excessivement tempérant il bouscule, il dérange, il vit.

David Bowie, qui l'a beaucoup étudié avant de devenir son ami, se souvient :
Olaf est un tourbillon. Deux idées à la seconde, énergique et amorphe, simultanément ou successivement. Il est totalement fou. Il semble parfois se moquer d'un sujet, tu t'en offusques, et soudain tu découvres un cahier rempli de notes. En le compulsant tu réalises qu'il est entièrement consacré au thème dont il semblait se désintéresser. C'est lorsque j'ai compris cela que Olaf a réellement commencé à me plaire. Il est plus joueur qu'un écureuil. Certains ont été surpris que K1 soit co-réalisé avec Martin Scorsese. Pas moi.

Pour mémoire : Martin et Olaf sont connus pour être les pires ennemis d'Hollywood. Olaf ne lui a jamais pardonné une phrase qui a blessé son âme scandinave. Il y a plus de dix ans, lors d'un interview, Martin avait déclaré "Ce Stromberg sent le varech et il est au cinéma ce que Kraftwerk est à la musique : un épiphénomène local sans portée réelle".

Le petit microcosme des célébrités grouille d'anecdotes sur la rivalité de ces deux enfants terribles. Invités aux mêmes fêtes ils n'ont jamais manqué une occasion d'exposer leur haine réciproque. Olaf répétait à qui voulait l'entendre que "se faire descendre par ce bouffeur de quiches de Martin est un compliment"...

Les deux observaient leurs travaux réciproques, mais sans en avoir l'air. Comme des frères bagarreurs qui se nourrissaient goulument de leur haine réciproque jusqu'au terrible jour où ils avaient bien dû convenir qu'elle était consumée. Que faire dans ce cas ? Chacun avait bien remarqué que les disputes étaient moins âpres, que toutes les insultes avaient été proférées, qu'à présent ils se cherchaient encore mais c'était pour converser de plus en plus normalement. Et un jour, c'était chez Sean Penn, voilà que naissait le projet de K1. Avant bien sûr, Martin avait proposé de se chercher un nouvel ennemi, un réalisateur de pacotille mais assez doué pour que le dénigrement du duo puisse y trouver sa substance. Olaf s'y refusa. Il fallait convenir que jamais ils ne trouveraient meilleur ennemi, ils avaient vécu pendant plusieurs années le must de la rivalité intéressante. Les deux convenaient qu'il y eut des moments d'anthologie. Pour dénigrer ta quadrilogie, tu sais, j'ai dû puiser très loin dans la mauvaise foi. C'était pas facile. Disait l'un. Et à l'autre de rétorquer oui mais tu as tapé juste. Je pensais que personne ne remarquerait le passage que j'ai un peu foiré dans la scène de la bataille. Je voulais le refaire mais mes collaborateurs les plus proches m'ont dit mais non, c'est excellent. J'étais pas convaincu mais devant les frais...

Lors de la réconciliation, lorsque le projet fut annoncé et après les premiers plans séquence, on assista dans les diners en ville et galas à de fort étranges scènes. Durant ces années, c'est normal, les esprits avaient eu le temps de s'échauffer dans l'entourage des deux réalisateurs. Les uns suivaient l'homme du Nord, les autres celui du Sud. Lorsqu'un intervenant avait le malheur de rester neutre, il était pris à partie par les deux. Cette lutte était devenue un rituel auquel ne manquait jamais de participer toutes les assistances trop heureuses de rompre avec l'ennui de leurs propres vies. Dont la presse qui, en caractère gras, attisait complaisamment ce qui n'était déjà plus des braises mais un véritable brasier. Au risque de l'éteindre, diront certains.

Et voilà que les deux devenaient inséparables. Le projet avait rendu superflues les rixes verbales mais également posé un problème aux opposants de circonstance. Au début ils continuèrent à se chamailler mais ils sentaient le ridicule de la situation. L'idée avait bien germé chez l'un ou l'autre de raviver le conflit par rumeurs interposées mais c'était peine perdue. Il y eut de grands moments de silence qui reflétaient assez bien l'état d'esprit de la profession et de ses nombreuses convictions de ces années Wall Street. Un mur, des graphistes, mais peu d'hommes assez courageux pour décider de le détruire plutôt que de s'en lamenter.
Dernière édition par peg-harty le 01 Mar 2014 6:02, édité 7 fois.
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Message » 28 Fév 2014 10:34

peg-harty a écrit:petit intermède :

Bonjour,

un administrateur pourrait-il me signaler s'il y a un moyen de faire un renvoi vers une page ?
j'aimerais, par exemple, qu'en cliquant sur un des films de la liste de la page 1, l'étudiant en cinéma soit transporté comme par magie vers la page concernée.

tu cliques sur le petit icône en forme de rectangle vertical en haut du post de destination, à gauche de la date du post que tu veux citer :
» 27 Fév 2014 19:11
ça met une nouvelle adresse www que tu sélectionnes dans ta barre internet explorer mozartestlà, foxtrot... tu copies/colle dans ton nouveau post et le tour est joué

post178029537.html#p178029537

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