Pour élucider les causes du comportement si profondément énigmatique d’Andreas Lubitz, ayant éliminé les autres interprétations, le Pr Clervoy ne retient alors qu’« une hypothèse, ni psychologique, ni psychiatrique, mais neurologique ».
« Contrairement à l’interprétation du procureur de la République, l’enregistrement de sa respiration régulière jusqu’au crash ne prouve pas que le copilote est dans une démarche volontaire et par conséquent qu’il est en état de conscience, mais il atteste qu’il est en vie, simplement en fonction végétative et inconsciente. Il semble dans un état dit de coma vigile, communément appelé état de rêve éveillé, ou encore état crépusculaire ; dans ces épisodes de para-sommeil, ou para-vigile, le sujet est en capacité d’effectuer des gestes automatiques, comme le déclenchement d’une procédure de descente à bord d’un avion, ou le verrouillage d’une porte blindée. En revanche, il n’est pas en mesure de réagir aux signaux que constituent les alarmes et les cris. Que sa respiration soit restée régulière pendant tout ce temps, alors qu’il a sous les yeux les éléments d’une catastrophe imminente, dans un contexte ultra-stressant, cela corrobore aussi l’hypothèse somnambulique », relève le Pr Clervoy.
Quant à l’épisode de dépression sévère dont aurait souffert le copilote il y a six ans, avec une prise en charge spécialisée et un suivi médical qui s’est poursuivi depuis - avec un arrêt de travail encore la veille du vol -, il a pu justifier la prescription d’inducteurs de sommeil, des molécules dont les effets confusionnels sont connus, et qui peuvent favoriser les états de rêve éveillé.
Pour l’Airbus de Germanwings, si l’hypothèse somnambulique n’est pas vérifiable, elle semble aujourd’hui la seule qui soit confirmée par toutes les informations connues, aussi bien dans l’histoire du copilote que dans le scénario du vol.
Je me disais aussi que seule la dépression ne pouvait expliquer ce suicide. Les personnes dépressives ne sont pas fondamentalement dangereuses forcément sauf que ce copilote avait un plan établit à l'avance. Je pensais aussi aux effets d'un traitement.
Par analogie, si un traitement pour dépression est mal pris surtout si la personne est sujette a des crises d'angoisse, cela peut induire un risque suicidaire avec raptus. C'est à dire que le patient prend son anti-dépresseur mais pas son anxiolytique. L'anti-dépresseur lève l'inhibition et c'est l'angoisse sous-jacente qui amène au suicide.