» 14 Nov 2018 13:35
En (très) long complément à mes deux posts précédents.
Faut-il acheter des Highland Audio a prix cassé ?
Highland Audio le casse ou la casse du siècle ?
Les enceintes Highland Audio sont bradées maintenant depuis un bon bout de temps. Cela a d’ailleurs été un trait régulier, une tactique commerciale, de leur relativement courte existence. Lors de leur lancement il y a plus de dix ans, elles ont joui d’une petite notoriété, dans des cercles assez restreints il est vrai, malgré un site internet et une communication en dessous de tout (cela en est ahurissant) et l’impression, désagréable pour un audiophile, d’acheter son matériel principalement chez un marchand de meubles.
La presse spécialisée s’est aussi à plusieurs reprises prononcée sur la qualité de ces enceintes… Leur (sacro-saint) excellent rapport qualité prix souvent mis en avant.
Qu’en dire alors aujourd’hui, lorsqu’elles se négocient pour certaines d’entres elles, à peu de chose prés à 30 % de leur tarif d’origine ? !
70 % de réduction, ce devrait être la ruée vers l’or…
Or… on n’en parle presque plus.
Ainsi passe la mode ! Peut-être de quoi relativiser forums, exclamations dithyrambiques du public et avis professionnels autorisés…
Alors, affaire du siècle…?
J’ai lu énormément de posts sur le net à propos de ces enceintes, sans que jamais on ne caractérise vraiment leur sonorité dans le détail, alors que pourtant, régulièrement des demandes étaient faites en ce sens. Ce qui revenait néanmoins, c’est leur sonorité claire, neutre, précise et …. pas flatteuse. Mais par rapport à quoi ?
Pour ceux qui envisagent raisonnablement cet achat, au prix où elles sont proposées aujourd’hui, je vais tenter d’aller un peu plus loin dans la description.
J’ai acquis une paire de ORAN 4303, pour une toute petite pièce. Comme souvent écrit (à quelques exceptions près tout de même), la finition de ces enceintes est superbe. Et leur silhouette, mais aussi leur profil travaillé à l’arrière, sont d’une grande élégance. C’est un fort beau travail d’ébénisterie et de finition. Le fabricant de meubles est passé par là, et il révèle là vraiment un beau savoir faire.
Côté sonorité de base, effectivement, c’est ce que je ressens aussi, le son est clair, semble ‘’neutre’’, et également je trouve que rien n’est offert en bonus pour emballer la musique dans une sonorité surajoutée avantageuse.
Je les trouve personnellement un peu spartiates. On pourrait les trouver ingrates. Si elles ne paraissent pas rajouter quelque chose, n’en enlèveraient-elles pas ? Ne diffuseraient elle pas un son « dégraissé » ? Mais, d’autre part, il faut bien le constater aussi, sur certains (très bons) enregistrements, elles peuvent devenir somptueuses, vraiment très impressionnantes.
Je les écoute avec un petit ampli FDA réputé aussi pour sa ‘’transparence’’, sa douceur et sa dynamique également. Un petit SMSL AD18, que l’on compare à longueur de forums, tant par des amateurs que des spécialistes, avantageusement à des amplis analogiques plusieurs fois plus coûteux…
Les amplis numériques de ce type sont vantés, et décriés… Ils font polémique. J’ai l’impression de me retrouver à leur propos dans les débats passionnés du début des années 80, lors de l’apparition du CD et de sa confrontation aux disques vinyles.
Soit.
A la faveur du remplacement de mes enceintes de bureau, reliées au PC, j’en ai profité pour tenter l’expérience.
Ce nouveau système sonorise une toute petite pièce de mon bureau, dans laquelle je m’enferme au calme toute la journée. 10m2, 3 mètres sous plafond, un quasi cube...ce qui devait être très pénalisant ; toutefois, grande bibliothèque ouverte couvrant tout un pan de mur, latéralement, du sol au plafond ; une grande fenêtre dans mon dos (aïe, aïe, aïe!) , une autre bibliothèque, plus petite et fermée fait face à la première, partiellement vitrée... Enceintes à 20 cm du mur face à moi de part et d’autre d’une porte qui ouvre sur une autre pièce ; parquet au sol avec un tapis au pied des enceintes. Ma table de travail au milieu de la pièce. C’est serré ! Très loin de l’idéal. Mais l’écoute est de type rapproché. L’acoustique de la pièce ne semble ainsi subjectivement pas vraiment pénalisante du tout.
Si je compare ce petit système à une écoute au casque (un petit Koss Porta-Pro toujours très complaisant, qui me sert uniquement pour mes nombreux déplacements) ou à plusieurs autres chaînes que je possède, l’impression est que les autres, à une exception près peut-être, sont confortablement installées dans la bonbonnière capitonnée d’une salle d’opéra à l’italienne, dans la fosse d’orchestre, alors que les Highland sont posées sur le parquet sonore d’un auditorium ou d’une petite salle de concert de ce type, tapissée aux murs de panneaux de bois, et que le moindre frôlement fait sonner comme un violon.
Dans ce dernier genre de salle de concert, lorsque les pupitres des cordes posent seulement leurs archets sur les cordes de leurs instruments, vous ressentez déjà le déplacement de l’air. Comme lorsque l’on appuie sur la pédale du piano qui libère les étouffoirs, même sans toucher au clavier, on ‘entend le silence’ du piano dont les cordes libérées et la table d’harmonie vibrent à l’air qui passe. La musique qui débute, les notes qui se forment alors, sont comme posées sur ce voile d’air et de soie, qui peut aussi devenir une toile très rugueuse, très râpeuse pour les cordes. Les impressions y sont intenses en tout cas. A chaque début de concert, j’attends ce moment magique, qui me tire les larmes des yeux à chaque coup, au sens propre du terme...
Les Highland ne vont, bien malheureusement, pas jusque-là, tant s’en faut (je ne connais aucun système qui va jusque-là !), mais disons que pour l’aspect général, ça ressemble à cela pour les timbres, l’impact qu’elles produisent : absence de capiton ! C’est mat, ça sonne clair, net.
Je vais prendre maintenant pour continuer mon descriptif, par exemple un enregistrement que j’écoutais hier soir (le soir, la nuit, c’est idéal pour bien entendre un système HiFi).
C’est un enregistrement plein de défauts, mais bien entendu bourré de qualité aussi. C’est un déjà vieil enregistrement, 1979, de Zviatoslav Richter interprétant des suites de Haendel. J’ai une passion pour Richter et particulièrement pour ces suites. Je les ai écoutées des dizaines et dizaines de fois. Lorsque je les ai achetées il y a quelques années, à la première écoute, sur la mini-chaine du salon, j’ai cru percevoir, à tort ou à raison, les limites techniques du coffret de CD dans lequel elles se trouvent, les sortes de saturations (malheureusement nombreuses) notamment de certaines attaques du piano, particulièrement sur les notes aiguës. Limites des enregistrements …. ou des systèmes qui les reproduisent.
Ensuite je les ai écoutées beaucoup sur le petit casque de voyage décrit ci-dessus, et à la campagne sur une vielle chaîne Sony, moyen/haut de gamme de l’époque des enregistrements. Ca y passe tellement confortablement malgré ces ‘’défauts’’ qui restent perceptibles en tendant l’oreille, que j’ai fini par penser que j’avais exagéré un commentaire que j’avais laissé quelque part à propos de la qualité technique de certains de ces enregistrements.
Jusqu’à hier soir !
Hier soir donc, grand moment. J’écoutais jusque-là de la musique, une interprétation, que j’adore… dans un cocon protégé.
Hier soir, c’était autre chose... j’étais sur la scène avec Sviatoslav Richter, vulnérable: Le piano est tout à côté de moi, j’y suis à peu près accoudé. Sa sonorité est caractéristique. Pas vraiment habituelle. Je l’apprends plus tard en vérifiant, nous sommes en concert dans une salle du château de Marcilly-sur-Meaulne. Probablement pas dans une vaste salle de concert donc, ni dans un studio calibré. Le piano n’est peut-être pas un grand piano de concert. Il a une très belle sonorité, mais semble celle d’un piano moins grand. Ce serait à vérifier. Je peux me tromper, mais je peux en tout cas quasiment physiquement en dessiner les contours, et il semble plus court que souvent (Réalité ou effet Highland?)
Je ne vois pas le pianiste, mais sa présence est palpable. Sa chaise craque tout à côté de moi, parfois le support du micro, ou un pupitre quelconque, vibre et produit des interférences assez amusantes, de temps à autre on entend des pages (de la partition?) se tourner... On perçoit des froissements, le mouvent relativement discret (pas comme sur certains enregistrements de Gould ou elle est parfois très sonore) de la mécanique du piano et toutes sortes de petits bruits divers qui donnent à cet enregistrement en direct un réalisme très plaisant.
Le pianiste, qui me paraissait jusque-là solide comme un roc, invisible et invincible aux commandes d’un piano formidable - c’est l’impression que donne souvent Richter - m’apparaît aussi cette fois dans toute la fragilité de l’exercice de la représentation solitaire, comme dans le superbe film en son hommage ‘L’Insoumis’ de Bruno Monsaingeon, comme aussi lorsque (très malhabilement) je m’assieds moi-même face à mon piano. C’est la proximité et la sonorité particulière du piano qui produit cela. La qualité de la reproduction émise dans mon petit bureau aussi évidemment ! Ca en devient très humain. Un quasi rapport personnel. Chaque note se détache de l’autre, on en perçoit, au figuré, l’ivoire et l’espace qui sépare parfaitement l’une de l’autre, l’intention donnée, avec génie, à chacune d’entres elles. Les cordes vibrent juste sous mon regard. J’en reçois les vibrations en pleine face . Quel moment !
C’est impressionnant !…
Au point que…. j’en oublie un peu ... la musique…
Le public est pourtant assez calme, on en devine fort bien la présence, comme la réverbération très belle, très maîtrisée, de la salle (J’ai réécouté ensuite au casque l’enregistrement : ces détails y sont aussi, mais ouatés…sans personnalité, je n’y avais donc pas prêté autant d’attention)
Alors, tout est parfait dans le meilleur des mondes !?
Et bien non ! Pas du tout.
Certes, la hifi tend souvent à faire des hifistes des obsessionnels, qui écoutent plus leur matériel que la musique… Enchaînement fatal ! Spirale montante des plaisirs et frustrations… et des dépenses incessantes...voir inconsidérées...
Mais peut être leur seule responsabilité n’est pas totalement engagée !
C’est vrai que sentir quasiment l’odeur des feutres et du bois du piano, du moins en entendre la nature boisée (qui me rappelle celle d’un (très) vieux Steinway que j’ai à la maison, même si Richter c’était plutôt Yamaha, ou indifférent quant au piano utilisé, comme il l’explique...) cela peut être perturbant lorsqu’on le découvre avec surprise pour la première fois sur des enregistrements maintes fois écoutés ... D’une piste à l’autre de ces enregistrements, je le découvre aussi, on perçoit souvent une sonorité différente : position des micros ? public clairsemé ou plus nombreux ? Réflexions, insatisfactions et tentatives différentes de l’ingénieur du son ? …. Mais surtout, surtout, le corollaire de cette foison de détails, de cette générosité sonore, de ces saveurs ... c’est que l’on entend aussi toutes les limites de l’enregistrement ... ou peut être bien, plus justement, du système de reproduction lui-même… de ces Highland que je tente de décrire...
Au point que cela en devient frustrant aussi … finalement ! C’est un sacré paradoxe ! Plus de plaisir, beaucoup plus, plus de frustrations. Typique de la Hifi...
Quoi exactement : principalement justement ces saturations, ou duretés, initialement repérées, des notes aiguës d’un piano qui donnent parfois l’impression d’avoir de minuscules chats dans la gorge. Parfois une nuée de chats qui se jouent de nos oreilles C’est très perturbant !
Alors soyons plus précis et honnête. J’ai personnellement, dans la vraie vie, du mal avec la sonorité de pianos harmonisés très durs, tels qu’ils sortent souvent d’usine. Tel qu’on les aime maintenant. J’en ai un comme cela et j’ai demandé que les marteaux soient légèrement piqués pour en diminuer une dureté qui pour moi apparaissait vraiment comme une saturation quasi électronique…Ce piano mécanique de toute bonne facture pourtant, sonnait pour moi comme un piano numérique. Je ne pensais pas que ce phénomène existait dans la vraie vie… Ce piano, pourtant réputé plutôt ‘doux’ de typologie ‘romantique’, il est vrai était alors dans une petite pièce assez réverbérante…
J’en ai parlé avec un marchand de pianos, également restaurateur connu de pianos anciens. Il me dit, fort désappointé, parce que lui non plus n’aime pas cela, que c’est malheureusement la tendance depuis de nombreuses années. Il voit cela comme le résultat d’une certaine perfection que permet à la fois les mesures électroniques, impossibles ou rudimentaires par le passé, et les progrès techniques de la fabrication et du contrôle de qualité des matériaux. De la standardisation aussi qui y est liée. Mais me disait-il, un piano parfait, un son parfait, techniquement parlant, à l’oscilloscope, dont on gommerait toutes les imperfections, finirait par ne plus sonner comme un piano, ni même comme un instrument. La sonorité en serait neutralisée. L’expérience peut d’ailleurs se faire avec l’électronique. A un certain niveau de ‘’perfection’’, impossible de distinguer l’aigu d’un piano de celui d’une flûte ou d’une trompette. La qualité d’un timbre de piano, selon lui, cela tient aux caractéristiques justement ... de ses ‘’défauts’’… Et on aurait, toujours selon lui, tendance à l’oublier… C’est ce qui faisait la richesse de ce temps (en gros jusque au début de la seconde guerre mondiale, voir encore un peu après) où une multitude de marques artisanales se côtoyaient encore. Il tente donc d’en sauver un maximum. La diversité instrumentale et donc auditive ça disparaît aussi.
Ceci dit, pour en revenir à nos moutons, et à cette micro-installation, ces ‘’saturations’’ sur des enregistrements cela devient vraiment rédhibitoire… Peut être n’est ce dû qu’à une calibration que je dois encore effectuer quelque part… ? Je n’en sais rien. Mais c’est probable. A moins que les limites du matériel, de cette association, ne soient atteintes ici.
Cette installation renforce-t-elle ce phénomène désagréable, ou le révèle-t-elle honnêtement ? Exagère-t-elle ? Montre-t-elle là ses limites… ? On dit pourtant souvent que les Highland sont loin d’être des enceintes de monitoring… qu’elles sont douces.
J’ai donc sorti les grands moyens en les comparant à un système beaucoup plus imposant que je n’écoute plus depuis un bon bout de temps parce qu’il doit être restauré. Celui-ci, même en mauvais état (suspension des médiums en charpie), s’en sort malgré tout beaucoup mieux. Non seulement ces ’’distorsions’’ y paraissent beaucoup mieux maîtrisées, mais cette fois j’entends même respirer, presque constamment Sviatoslav Richter à côté de moi, et beaucoup d’autres micro-informations, en particulier du public dans la salle, presque trop en vérité, inaudibles sur tous mes autres systèmes, nouveau ou anciens, ainsi que les casques. C’est stupéfiant ce qu’un système plus perfectionné arrive à tirer d’un enregistrement, que d’autres systèmes ne révèlent pas du tout. Je l’avais oublié.
Mais d’autre part, je découvre avec ce petit système Highland tellement de saveurs et de timbres, qui sur mes autres systèmes, à l’exception du plus important, et encore…, sont comme lissés, dépersonnalisés, que je tends à penser que les enregistrements ne sont pas pour rien non plus dans un certain inconfort, d’autant que bon nombre d’entres eux ne produisent pas ce type de désagréments, et que sur le système plus imposant on se pose tout de même des questions aussi !
En remettant sur mes oreilles le Koss, en réécoutant la mi-chaîne du salon, en repensant à celle de la campagne, le petit nouveau me fait prendre conscience à quel point j’écoutais du Koss, de la mini-chaîne ou du Sony vintage. Difficile sur ces systèmes, agréables, de goûter aux compositions choisies des ingénieurs du son, de repérer leurs caractéristiques propres. Les enregistrements y sonnent pour le principal comme l’électronique et la mécanique qui les reproduit. Plutôt agréablement d’ailleurs, mais toujours plus ou moins de la même façon.
Ce sytème Highland rend beaucoup plus curieux et affine la perception.
Souvent, en écoutant la radio sur ce système, sur un signal pourtant compressé donc, je redresse la tête de mon travail parce qu’une prise de son attire mon attention par rapport à d’autres.
Même le système beaucoup plus important, à base de panneaux Audiodynamique (de la Maison du Haut Parleur) monumentaux, beaucoup plus sensible (10db/w/m en plus), beaucoup plus chatoyant, beaucoup plus précis, généreux, profonds, semble presque en faire trop. Il a du coffre pourrait-on dire…ce qui est paradoxal pour des panneaux…. Mais est-ce une qualité pour des enceintes, que d’avoir du coffre ?
A l’époque où je l’ai acheté d’ailleurs, contrairement à aujourd’hui, on considérait qu’un système à rendement important avait moins de chance d’être un système haute-fidélité, et s’apparentait probablement plus à de la sono… De la même façon on se moquait des apprentis audiophiles et des commerçants qui agitaient les Watts, en rappelant sans cesse la sensibilité particulière de l’oreille humaine qui perçoit à peine un doublement de la puissance sonore, c’est-à-dire une augmentation de 3db, La courbe de sensibilité de l’oreille étant exponentielle.
Ce vieux système très généreux et beaucoup plus sensible que les Highland, ajoute certes de la couleur au noir et blanc élégant des Highland, mais je le soupçonne de forcer la dose, de forcer peut être les contrastes, et donc de brouiller les comparaisons de prises de sons, que je n’ai jamais ressenties aussi fort que sur la nouvelle minuscule association de mon bureau…
Et là où les Highland + SMSL le surpassent, sans aucun doute, c’est sur la stabilité de l’image stéréophonique. Pas sur la profondeur de cette image par contre. Mais en largeur et stabilité inébranlable je suis stupéfait de ce que permettent certains enregistrements, qui dépassent nettement la présence réelle des enceintes. Ce phénomène est d’autant plus frappant que ces enceintes sont plutôt menues. Je précise que je ne rejoins pas certains commentaires qui insistent sur la difficulté de placement de ces enceintes, qui seraient très directives… Certes, il faut passer un peu de temps pour bien les positionner, ça ne se fait pas du premier coup, mais une fois placées (très facilement comparativement au gros système), l’image stéréophonique reste très impressionnante, même en se déplaçant assez fortement latéralement…
Highland + SMSL échappent en tout cas au travers courant de tout rendre pareil, de posséder une couleur propre, une personnalité propre qui colore tout au point de tout uniformiser.
Même si probablement ils possèdent leur propre personnalité, que j’ai encore du mal à définir, ils établissent bien les différences qui distinguent, fortement, un enregistrement, d’un autre, et même parfois la plage d’une prise de son d’une autre plage...
On comprend d’un autre côté, à ces constatations, à ces paradoxes, plaisirs, déplaisirs, l’engouement pour la douceur et le soyeux des amplis à lampes, ou des fonctions informatiques/électroniques qui les imitent (soft-clipping sur un Nad 3150 que j’ai sur un autre système par exemple etc.) …
Alors bien entendu, il y a de plus en plus d’enregistrements de bonne qualité qui ne souffrent pas de ces ‘’défauts’’, me semble-t-il. J’en entends à longueur de journée. Mais il faut savoir que beaucoup d’enregistrements en souffrent, et aujourd’hui parfois encore, en tout cas sur un système tel que celui-ci.
Vous voilà prévenus !
Ce n’est pas pour rien que sur un autre post je l’avais décrit comme ‘cruel’. .. pour certains enregistrements … et aussi pour nos oreilles.
C’est donc peut être cela la caractéristique de ce système, c’est que, sans personnalité particulière (certains disent des Highland que sans être nullement mauvaises elles sont principalement banales... Ce qui pour des enceintes, dites Hifi, soit dit en passant, serait peut-être bien une qualité à rechercher...), ce système ne serait pas gentil, et peut être même de temps à autre méchant ! Probablement aussi, s’il n’ajoute rien de vraiment séduisant au signal sonore, il aurait tout de même une tendance à en faire disparaître aussi une partie, comme nous l’avons vu. Si le système n’est pas agressif, s’il se montre doux de manière générale, il n’arrondi pas les angles non plus et semble avoir du mal avec les prises de son extrêmes, qu’il a du mal, en vertu de ses autres qualités, à faire passer … agréablement…
Pour finir, on dit régulièrement que les Highland sont douces… Pour moi elle ne le sont pas ! Du moins dans cette configuration Vous l’aurez compris j’imagine.
Elles, et/ou le système, et/ou la source numérique (linux, Audacious, réglé pour court-circuiter tout ce qui est possible comme filtres et effets et/ou parcours indésirables, lecteur CD) - ca fait un certain nombre d’inconnues - ‘’elles’’ donc, sont pour beaucoup, ce qui est sur l’enregistrement . C’est lui, passant à travers eux, qui décide, du moins l’ingénieur du son qui l’a réalisé, de la douceur, ou pas...
Par exemple, je trouve que les CD de Philippe Jaroussky, sont très acides, comme régulièrement les enregistrements d'orchestres de musique baroque, que l’on fait sonner souvent tout entier comme des clavecins. Ca donne très bien sur des systèmes un peu poussifs ou colorés, génial sur l’auto-radio par exemple ou le transistor anémique de la cuisine, que ça réveille. C’est frais, détaillé, revigorant. Mais sur le présent système, ça a tendance à fouetter le sang, ça chauffe, mais comme les orties.
Mais … pourtant, d’un autre côté, enregistré pour le même label, lorsque Jarrousky chante pour Christina Pluhar, le son est tout autre, beaucoup plus confortable. En fait très agréable. Rien à redire... Tous les CD de Christina Pluhar sont ronds, doux, chaleureux comparativement à ceux de Jarrousky: même label, même type d’orchestre, même chanteur, résultats sonores très différents ! Sans nul doute l’équipe son de Christina Pluhar est différente de celle de Jarrousky, ou reçoit pour le moins des consignes très différentes.
Peut-être peut-on reprocher au son de Pluhar d’être, un peu, plus passe-partout, qui sait aussi, plus compressé. Ses enregistrements me paraissent en tout cas, pour le moment du moins, très plaisants, et ceux de Jarrousky plus difficiles à aborder, du moins sur le système analysé ici. Dommage !
Tout cela, les Highland + SMSL AD18 le révèle donc très fort. Trop fort?
Rien de tel que cette association en tout cas pour goûter la multitude de choix de prises de sons, de mixages etc. Acide, pointu, rond, chaud, ample, resserré, de près, de loin, ou au coeur de l’orchestre, naturel ou très fabriqué, détaillé ou compact, réaliste, expressionniste ou impressionniste, mixé avec finesse ou à la hussarde, compressé de manière quasiment imperceptible sur les fortes ou au contraire sans complexe comme un nez au milieu de la figure, effets physiologiques surajoutés un peu beaucoup tendrement, à la folie, guitares de justes proportions ou grosses comme des baignoires… Ca apparaît immédiatement ! Ca saute aux yeux, alors que c’est invisible, pour ainsi dire, sur la mini chaîne du salon et à la campagne, où tout est bon, et mes amis me le disent spontanément : « comme ça donne bien ». C’est vrai, mais c’est indifférencié ! Ca donne bien, mais c’est tout, ou à peu près. C’est sans surprises non plus, alors que ces Highland me surprennent constamment, en bien, comme en mal.
Est-ce un bien, est-ce un mal justement ?
J’ai lu des réalisateurs de cinéma inquiets, voir fort contrariés, par l’arrivée de la haute définition dans les foyers et se généraliser dans les salles de cinémas: on voit des choses qui ne devaient pas se voir ...raccords, trucages, maquillages, défauts normalement imperceptibles… Pour eux, c’est excessif. Les réalisateurs comptaient aussi avec l’imprécision des copies pellicules…à l’époque de la pellicule… La haute définition pour certains d’entres eux, dénature leurs œuvres…
Un chanteur de l’Artaserse de Vinci monté au théatre de Nancy et enregistré en Video se plaignait aussi de la haute définition qui avait mis (cruellement en effet) en valeur un problème de maquillage. Ce qui est effectivement inintéressant et n’apporte rien à l’oeuvre, et ce que le public en salle était à peu près incapable de distinguer… sauf avec des jumelles.
SMSL AD 18 et Highalnd j’ai l’impression que ça fait un peu cela sur le son… et peut être bien particulièrement sur les enregistrements anciens.
Ceci dit, soyons clairs, je ne trouve pas non plus que ces enceintes (cette association pour être plus précis) soient par ailleurs d’une extrême finesse, d’un raffinement sans précédent… Pour le soyeux des cordes et la complexité, la richesse de détail des grandes masses orchestrales, on repassera… A tout dire, à la longue, si elles ne sont pas fatigantes (je les écoute toute la journée) elles sont aussi malgré tout, un peu plates. Il y a des graves, ça oui, pour de si modestes volumes, ça impressionne de temps à autre. L’impact qu’ils produisent parfois, peut être vraiment réel physiquement, mais s’ils ne sont pas envahissants, s’ils sont maîtrisés avec une certaine classe, ils ne sont pas non plus très complexes ou accompagnant de manière très suivie le reste du spectre. C’est du grave, propre, doux, mais pas très riche, ni finalement, très généreux. Qui plus est ils peuvent produire (pas souvent heureusement) un son ‘pneumatique’ qui confond parfois dans une sonorité très comparable et un peu drôle, les notes basses de l’orgue et celles des pupitres des contre-basses. C’est alors notre intelligence qui prenant le relais nous permet de faire la différence, bien plus que nos oreilles…
Comparativement à mon meilleur système, le son a très nettement moins de profondeur, d’échos, de résonances, moins de basses évidemment, et semble même, en forçant le trait pour comprendre, être diffusé derrière une fine paroi de carton, effaçant ou transformant comme une partie des timbres, même si les haut-parleurs sont de titane et de céramique alors qu’ils sont de ‘’simple carton’’ justement sur mon meilleur système!
Par contre, nouveau (gros) paradoxe, ces Highland semblent, malgré toutes leurs limites, peut être bien d’une meilleure ... fidélité… Ce sont elles en tout cas qui offrent finalement la diversité de timbres la plus tranchée, la plus variée, la plus lisible… ( mais pas la plus riche et la plus chatoyante...). Egalement la diversité d'images sonores immédiatement repérables. Ce qui me les rend très interpellantes et intéressantes à l’écoute.
Mais ne l’oublions pas non plus, ces enceintes sont (devenues) aussi très (très) bon marché !
J’ai lu quelque part que l’on trouvait pour une vingtaine d’euros pièce, à la vente en détail, le type de haut-parleurs qui équipe les 3201, proches apparemment des autres modèles.
Celui qui écrivait cela, un audiophile très bien équipe, spécialiste du DIY, qui les avait achetées pour les démonter, les étudier de façon très approfondies et les améliorer, ne les dénigrait pas du tout d’ailleurs, bien au contraire…
Qui plus est, quelles enceintes, quels systèmes sont capables de reproduire les grandes masses orchestrales vraiment convenablement … ? Les enregistrements le peuvent-ils ? Ils sont bien obligés de bricoler eux aussi.
La musique instrumentale, et tout particulièrement les masses orchestrales (et les pianos!) ça reste un défi à relever, et qui ne l’est toujours pas vraiment complètement… Même mon gros système, beaucoup plus à l’aise que les Highland, sans commune mesure, sur les masses orchestrale et sa capacité à dissocier les instruments les uns des autres, a en parallèle peut être le défaut de ses qualités, par exemple, de faire du piano de Richter un orchestre entier … un instrument monumental, qu’il n’est pourtant pas… ce qui hôte beaucoup au réalisme et donc au sentiment humain de proximité… que m’offrent les Highland…
La reproduction sonore, on s’en rend bien compte dans ce cas de figure, ça reste une tentative d’approche, un travail d’illusionniste, une reconstruction faite de compromis, et cela demeure ainsi encore …. de la musique en boîte.
Depuis le pavillon du gramophone on a fait beaucoup de progrès (ma grand-mère, c’est véridique, était un peu vexée quand je lui disais cela, et ne le croyait d’ailleurs pas le moins du monde… ce qui en dit long sur la subjectivité de l’écoute d’un système de reproduction sonore) , mais il reste du chemin à faire pour égaler le concert. Bonne raison pour retourner de temps à autre en salle de concert justement, du moins les bonnes salles, et correctement placés.
Alors voilà, à vous de faire votre choix.
Comme je l’écrivais déjà, je ne suis pas capable de dire si ce qu’offre ce système est bon ou mauvais. A lire entre les lignes, un grand nombre de tests et commentaires du net, si un certain enthousiasme a bien existé à l’égard des Highland, bien des critiques quant à leurs qualités intrinsèques ont été faites aussi… directement, indirectement, par euphémisme, ou pas omission... On a l’impression en tout cas qu’on les a toujours plus trouvées dans les foires et salons d’exposition internationaux, en vente par correspondance, à la Fnac et chez Darty que plébiscitées, à quelques exceptions près, chez les distributeurs de matériel hifi réputés. D’ailleurs j’ai vérifié que certains qui en disaient beaucoup de bien ici même, ne les commercialisent plus aujourd’hui. Elles ont disparu de leur catalogue… Pourquoi ?
Idem, à peu de chose près pour les amplis FDA chinois, et le minuscule ampli SMSL que je me suis procuré. A la mode aujourd’hui, qu’en sera-t-il dans quelques mois seulement... ? Ce dont personnellement je me fiche pas mal, mais ce qui est peut-être tout de même un indice à ne pas négliger complètement non plus… pour en tirer les conclusions heureuses ou malheureuses que l’on jugera utiles chacun.
Le fait que l’on n’en parle plus beaucoup de ces Highland aujourd’hui, même sur les forums, en dépit de leur prix extraordinaire, en est un autre… et les réflexions à en tirer tout aussi personnelles...
Par contre, un système qui me permet déjà de passer toute une soirée à un petit mètre à peine de Sviatoslav Richter en plein concert, alors qu’il est mort tout de même depuis plus de vingt ans, c’est une sacrée expérience, c’est fameusement touchant ! Un système que je redécouvre avec plaisir et curiosité chaque matin, et d’heure en heure, c’est aussi une performance tout opposée à la banalité.
Techniquement, c’est aussi une belle performance pour une (toute) petite poignée, à peine, d’euros. Même s’il faut payer le prix de ce tarif extrêmement contenu sur certains autres aspects !
Question prix justement. Les Highland 3203 / 4303, apparemment assez proches en qualité, se négocient actuellement 150 / 250 euros ... la paire … (comment est ce faisable ?) et le SMSL AD 18 130 euros, et parfois moins.
Est-il possible de faire mieux encore à ce tarif riquiqui ? En occasion, peut être, mais en neuf ?
C’est une question ! Et les réponses m’intéresseraient.
Si oui, alors, en quelques décennies, la hifi a vraiment fait de sacrés progrès en se démocratisant de cette façon… Quoi qu’on en dise parfois !