haskil a écrit:Bref, la musique c'est culturel et la division entre "adeptes du classique écoutant de façon objective" et "adeptes du rock écoutant avec le coeur et de façon subjective" opérée par Pio2001 et surtout par Gism ne tient pas debout, mais je ne doute pas qu'on va avoir une avalanche de liens démontrant le contraire. Ce n'est pas grave : c'est même instructif des légendes urbaines et des préjugés propre à l'audiophilie.
la division marche dans deux tiers des cas (à la louche), ce qui est à la fois peu et beaucoup.
On peut imaginer une autre division, liée aussi aux états mentaux activés dans notre cerveaux. En fait il est possible d'écouter la même musique de différentes manières :
- soit je suis concentré sur chaque instrument, totalement dans la partition
- soit je danse (ce qui peut aller de "taper du pied et remuer la tête" à "je suis collé serré avec cette cap-verdienne pour danser ce zouk sensuel" à "je suis à fond dans les bleep dzing drum and beats qui me vrillent les neurones, c'est trop bon" à "je maîtrise cette contredanse à la perfection en enchainant les mouvements"
- soit je me laisse aller à faire dériver mon esprit, je rêvasse, je plane, je ressens des émotions
- ces émotions peuvent aussi être des émotions fortes, de la haine, de la rage, de l'énergie, des guitares saturées
En fait toutes ces écoutes différentes peuvent être associées au même morceau de musique : 1) je peux choisir de danser cette salsa, 2) je peux choisir d'étudier les harmonies et l'entrelacement des rythmes dans cette salsa, 3) je peux écouter les paroles ou me laisser porter par cette salsa sans rien faire d'autre, etc...
Avec la musique classique c'est pareil : je peux danser ce concerto (si si), je peux l'écouter de manière concentrée et analytique (je peux faire les deux à la fois si je suis chef d'orchestre), je peux l'écouter en me laissant porter, etc...
Simplement il se trouve que dans les deux tiers des cas un type d'écoute est associé à un type de musique :
- la salsa (ou le zouk ou la house) "ça se danse" (mais le menuet aussi)
- la musique classique "c'est pour l'écoute sérieuse et concentrée" (mais les valses de Strauss ? mais la chevauchée des Walkyries ?)
- le jazz et l'électro c'est un peu des deux
- le rock "c'est l'énergie" (mais c'est caricatural car ça peut tout aussi bien être le mélange de la danse et/ou de l'écoute concentrée).
- etc...
Evidemment l'idéal c'est de danser tout en étant à l'écoute des instruments et de la subtilité de la composition, de se laisser porter en même temps et de ressentir l'intensité des émotions véhiculées par la musique : au hasard, le tango, musique complête et totale, "music for your mind, for your body and your soul" comme on disait à la grande époque de la house.
En gros, pour un même morceau de musique, je peux en changer le style de musique rien qu'en changeant ma manière de l'écouter : dansez sur un menuet, ça vous change l'écoute, ce n'est plus de la musique "classique". Décortiquez un morceau de pop-rock, ce n'est plus du rock, c'est de la composition.
Donc en gros le style est autant, sinon plus, dans la tête de l'auditeur, que dans le morceau.
Plus exactement l'état mental de l'auditeur peut être influencé par le style de musique, mais l'auditeur peut aussi choisir d'écouter la musique d'une autre manière que celle "prévue" ou de la manière dont on lui a apprit à écouter ce style-là. Et enfin il y a des compositeurs ou des artistes qui cherchent à composer dans un style donné mais de manière à mettre l'auditeur dans un état mental qui n'est pas celui "prévu" par ce style de musique. Et c'est tout ça qui est amusant.