La supernova ? (Surtout,ayez peur...)
Assurément l'un des phénomènes les plus violents du cosmos. Une étoile massive 1 arrive au terme de sa vie, mais avant de mourir, elle lance un dernier cri d'agonie. L'enveloppe est éjectée pendant que le noyau se contracte en pulsar ou en trou noir. La température intérieure dépasse le nombre hallucinant du milliard de degrés. En un temps relativement court, de quelques heures à quelques jours, l'étoile agonisante dégage plus d'énergie que pendant toute sa vie. La dernière supernova observée remonte à l'année 1987, mais l'étoile en question a explosé à l'extérieur de notre galaxie, dans le Grand Nuage de Magellan. L'explosion d'une supernova est vraiment spectaculaire. Celle-ci traduit la dernière étape de la vie d'une étoile avant son implosion finale en un objet super-compact, large de seulement quelques kilomètres. Des jours durant, un torrent de rayons X, gamma et ultraviolets, et surtout de neutrinos est déversé dans toutes les directions du cosmos. Si un tel événement se produisait dans notre galaxie, l'étoile en question serait largement la plus brillante du ciel et sa luminosité rivaliserait avec celle de Vénus. L'objet céleste serait visible en plein jour.
(
1 : À savoir une étoile qui affiche au moins trois fois la masse de notre Soleil.)
A moins de 1000 années-lumière, une telle explosion serait dévastatrice pour notre planète. Son atmosphère serait littéralement soufflée et il n'y a aucun moyen d'éviter la catastrophe (tout au moins à l'heure actuelle!). Pis encore, survenant dans un rayon de 100 années-lumière, l'onde de choc générée par l'explosion devrait faire voler en éclats notre Terre ainsi que toutes les autres planètes de notre système. Même une géante comme Jupiter ne résisterait pas à un tel choc. Jusqu'à 10 000 années-lumière, l'arrivée du flux énergétique dans notre atmosphère serait à peine perceptible, mais ses effets seraient encore dramatiques. Les êtres vivants sur Terre seraient alors complètement irradiés. Le dernier acte de la tragédie stellaire Le phénomène de la supernova est associé aux ultimes épisodes de l'évolution stellaire. Faute de gabarit, notre Soleil devrait échapper à cette terrible déflagration. Dans les ultimes moments de leur vie, les étoiles très massives connaissent, en effet, un emballement de leurs réactions nucléaires. Il s'agit du dernier acte de la tragédie stellaire. Comme nous le précisions au sujet des géantes rouges, plus une étoile est âgée, plus elle grossit et plus sa température interne augmente. La masse incandescente adopte alors une structure dite en «pelure d'oignon ». Plus nous approchons du centre, et plus les éléments sont lourds
2.
En d'autres termes, l'hydrogène n'existe plus que dans les couches superficielles de l'étoile. À l'intérieur, le rythme des combustions est des plus rapides. Là où l'étoile a mis plusieurs milliards d'années à brûler son hydrogène (pour le transformer en hélium), elle consomme son carbone en moins de 100 000 ans et celle du silicium en quelques jours!
Un tel emballement nucléaire présuppose une montée vertigineuse de la température interne. À la fin de sa vie, la pression engendrée par les réactions de fusion est telle que l'étoile explose. En l'espace de quelques heures, le feu nucléaire l'emporte sur les forces centripètes de la gravité. L'explosion est colossale. L'énergie dispensée dépasse tout ce que l'on peut imaginer. Que le Soleil se transforme en supernova, et la Terre serait complètement pulvérisée huit minutes après l'événement.
Rassurons-nous, rien de tel n'est prévu pour l'étoile qui nous a donné naissance. Les scientifiques traquent ces phénomènes cataclysmiques bien au-delà de notre système solaire. Ils n'ont, pour l'instant, repéré aucune étoile candidate dans un environnement proche. La plus plausible semble être Êta de la Carène, une super-géante rouge double campant à plus de 7 500 années-lumière. À l'heure actuelle, aucun changement ne semble avoir eu lieu. Mais l'image de l'explosion ne nous est peut-être pas encore parvenue. En supposant que l'événement se soit produit il y a déjà plus de 7 000 ans, la supernova ne serait visible que d'ici cinq bons siècles. En attendant d'observer la première supernova de notre Vole lactée, les astronomes en ont traqué une il y a trente-deux ans C'était dans le Grand Nuage de Magellan...
La dernière supernova observée remonte à 1987 Depuis maintenant plusieurs siècles, aucune supernova n'est venue troubler le quotidien des astronomes, tout au moins dans notre galaxie. La dernière en date est antérieure à l'invention du télescope
1. Dans les temps modernes, nos astrophysiciens n'ont pu répertorier qu'une seule explosion cataclysmique. Mais elle s'est produite à l'extérieur de la Voie lactée, dans le Grand Nuage de Magellan. Baptisé SN 198 A, le phénomène s'est manifesté à quelque 167 000 années-lumière de notre système solaire. Autrement dit, l'événement a eu lieu à une époque où Homo erectus arpentait encore la surface de notre planète. En raison de la vitesse finie de la lumière (300 000 km/s), les photons énergétiques et autres neutrinos ont voyagé pendant 167 000 ans avant de toucher la surface de notre monde.
L'histoire de cette découverte débute par une banale observation. L'événement de première grandeur est repéré au Chili, à l'observatoire de Las Campanas, perché dans les Andes à quelque 2 500 mètres d'altitude. Le 23 février 1987, à 2 h 40 en temps universel, le Canadien Ian Shelton observe un curieux point lumineux dans le ciel de l'hémisphère Sud, qui grossit au fil des heures. Le jeune étudiant en astronomie n'en croit pas ses yeux : « Par tous les trous noirs d'Andromède, s'exclame-t-il, qu'est-ce que c'est que ce truc?» La découverte est ahurissante, fantastique, inédite: cette nouvelle étoile brille autant que le reste de la galaxie satellite de la Voie lactée. Assurément, il s'agit d'une supernova, une étoile explosive jamais détectée de mémoire d'astrophysicien.
Depuis la création de la lunette astronomique en 1610, aucun phénomène de ce type n'a pu être observé. Une fois n'est pas coutume, les différents modèles théoriques de la supernova vont enfin pouvoir être confrontés à l'épreuve du réel. Dans les vingt-quatre heures qui suivent la découverte de lan Shelton, tous les observatoires du monde braquent leurs télescopes en direction de la supernova du Grand Nuage de Magellan.
(1. Observée par Johannes Kepler
2. En partant de la surface, on trouve successivement de l'hydrogène, de l'hélium, du carbone, de l'oxygène, puis de l'azote, du soufre, du phosphore, du silicium et enfin du fer. Autrement dit, le noyau amorce la combustion du silicium, une combustion nécessitant une température d'au moins 100 millions de degrés.)
Régulus, la prochaine supernova? Selon les statistiques, ce phénomène extraordinaire ne peut se produire qu'une ou deux fois par siècle dans une galaxie normalement peuplée de 100 milliards d'étoiles. Or la Voie lactée est maintenant avare en explosions de premier ordre depuis plus de quatre cent cinq ans. À quand la prochaine supernova ? Ne soyons pas trop pressés. À moins de 100 années-lumière, toute étoile explosive serait fatale à notre existence.
En l’état actuel des choses, la meilleure candidate serait Régulus, une super-géante bleue située à 78 années-lumière... Avec ses 7 millions de kilomètres de diamètre (soit plus de cinq fois celui de notre Soleil), Alpha du Lion bénéficie d'une température de surface de 11000 °C pour un coeur dépassant les 100 millions de degrés.
Formée bien après la naissance du Soleil, Régulus disparaîtra bien avant la mort de notre étoile. Notre souhait le plus ardent est que cet événement se passe le plus tard possible...(extrait de "100 idées reçues , contrevérités et faits insolites sur la conquête de l'espace de Luc Mary et Philippe Poinas, ed. Archipel)A+