scène 1: les protagonistes
Or, donc, ainsi que je disais, là
http://www.homecinema-fr.com/forum/view ... t=29808774
étant allé emprunter un ampli Atoll am200 pas trop loin de chez moi, je l'ai branché en rentrant et j'ai commencé par faire des essais en stéréophonie presque pure — j'entends par là que j'ai laissé mon caisson branché pour cette première série d'essais.
L'AM200 en question a été branché en magasin de longues heures (un CD magic JMR lui passe au travers du corps pour roder des enceintes). D'autre part, après l'avoir connecté à mon système et branché, je l'ai laissé mijoter tout doucement avec France Musique en sourdine.
Le système en question a été un peu simplifié dans un premier temps, de façon à permettre de voir ce que ça donnait, pour un usage de type CD/33t poussé:
Un lecteur de CD dAD7 branché en drive sur le préampli Cyrus AV8 (câble selectronic), lequel a été paramétré comme d'habitude (il diffuse un bruit rose: 80db au point d'écoute en mettant le potentiomètre à -25/-27db [entre -75 et -0db] avec l'am200 — contre le potentiomètre à -23/-21db d'habitude pour le même résultat), relié à un caisson Rel (en ligne basse avec du kx6), et connecté à l'am200 (câble selectronic), et relié à mes Thiel 1.5 et en traversant le sélecteur du k1000 (câble Pirelli).
Dans un premier temps et pour éviter les mouvements de bascule d'une source à l'autre, j'ai utilisé un CD-R sur lequel j'ai copié des extraits de mes CD préférés, et des extraits de 33t (que j'ai normalisés, à l'aide de mon Alesis — j'ai ensuite réécouté certains extraits en 33t). Il s'agit donc d'extraits de musique que je connais très bien, et que j'écoute pour certains d'entre eux depuis trente ans (en somme, je me suis fait mon propre CD de test).
Il ne s'agit pas d'une écoute en aveugle — non pas que j'ai quoi que ce soit contre cette technique. Mais, outre qu'il fort difficile de s'y livrer seul, je vois mal comment on pourrait conduire pareille expérience sans passer par un équaliseur pour égaliser les niveaux, et par un pupitre de sélection pour switcher d'un ampli à l'autre, les deux étant reliés à une seule paire d'enceintes.
D'autre part, et surtout, mon but, lorsque j'écoute un maillon est justement l'inverse, il est de me concentrer sur certains détails particuliers: justement ceux qui m'ont “tiré l'oreille”, de temps en temps lors d'autres écoutes parfois (souvent!) plus distraites. Mon idée est de me concentrer sur certains aspects de ce que j'écoute de façon à voir s'il existe une amélioration qui serait susceptible d'améliorer les choses en produisant l'effet que je cherche: que j'écoute mes disques et la radio sans plus penser au système lui-même.
J'ajoute qu'évidemment les précautions d'usage avaient été prises: la télé était débranchée, les autres sources étaient coupées (en fait: branchées pour être en chauffe et déconnectées, en particulier le préampli pr200), je n'ai pas écouté plus d'une demi heure d'affilée sans faire de pause — le nain de jardin, les boules à neige et les différents touïks de la mort à purifier ma pièce étaient en place, les enfants avaient été enfermés dans la niche à poules au fond du jardin, j'avais fait piquer le chien la veille, etc etc.

scène 2: le drame se noue
Dans ce que j'avais entendu en magasin, Atoll CD100/pr300/am200 et JMR Offrande, ainsi que je l'ai dit, j'avais été à la fois enchanté par les Offrandes (et surpris de leurs qualités dans le grave) et en même temps, j'étais resté réticent en écoutant deux plages que j'aime bien:
la plage 4 du CD La viola da gamba in Concerto (AliaVox 9835) consacré par J.Savall et alia à Vivaldi (soit: l'allegro du concerto pour deux violons et viole de gambe en ré m. RV 565) et
les plages 10 et 12 du CD Les Marquises de Brel (la couche CD du sacd, indiscernable à mes oreilles du CD de la nouvelle intégrale) — donc: Jojo et les Marquises.
Je m'étais dit, qu'il y avait une légère irritation dans le haut médium, laquelle correspond me semble-t-il tout à fait à la signature de chez Atoll. En repassant Savall, donc, j'ai retrouvé cette même signature avec deux grandes différences. Tout d'abord, sur mon système en tout cas, la transparence et l'aération du message font un bon considérable en avant. L'am200 a beau n'être annoncé qu'à 2x120watts pour 8 Ohms (contre 2x100 pour l'am100), la différence est tout à fait remarquable.
Ensuite, le registre grave connaît lui aussi une amélioration très nette — au point que je me suis repassé le morceau en coupant le caisson, histoire de voir. Les trois niveaux d'améliorations — transparence, élargissement et profondeur de l'image, tenue du grave — produisent un résultat tout à fait exceptionnel.


Il faut se rappeler du tarif de l'am200: 1200€ sur pied — et je suis certain qu'on peut avoir une réduction en les prenant à la (demi) douzaine. Je suis — presque — certain qu'il est meilleur que deux am100 bridgés (dont le coût avoisinerait, hors occasion, les 1350€). J'ai entendu, chez Alain70, ce dont étaient capables 2 am100 bridgés et ce sur un système que je considère comme l'un des meilleurs que j'ai pu écouter jusqu'à maintenant (Alain, si tu m'écoutes, ferme bien tes portes à clef: le mec louche qui tourne en camion à côté de chez toi, c'est moi!

Dans la mesure où — je préfère le dire tout de suite — j'ai décidé que je ne choisirai sans doute pas cet ampli (probabilité à 90%: mais je n'ai pas encore essayé tout ce que je voudrais essayer), il faut quand même aussi avoir d'abord et avant tout en tête ceci:
l'am200 est un ampli tout à fait excellent — et même plus sur un grand nombre de critères. En écoute 5.1 (j'en reparlerai un autre jour), c'est même carrément exceptionnel. C'est seulement sur des critères de puriste ch…, — hum!, un peu pénible que je le prends en défaut ou, si l'on préfère, sur une affaire de goût totalement personnel.
Il présente, lui aussi, quoique dans des proportions bien moindres, ce que j'appelle pour ma part la “signature” Atoll. C'est-à-dire un scintillement léger mais audible, sur certains passages un peu délicats, dans le haut médium et dans l'aigu. C'est d'ailleurs variable suivant les passages considérés et également selon le niveau d'écoute, en tout cas sur des enceintes. Par exemple, sur le premier mouvement du quatuor n°1 Sonate à Kreuser de Janacek (par les Prazak chez Praga), ou sur le début du premier mouvement ou le début du second mouvement de Tabula rasa d'Arvo Pärt (la version de chez ECM avec G.Kremer), c'est quasiment parfait à ce point de vue, avec qui plus est une transparence et une image exceptionnelles.
En particulier sur les passages de Pärt: les instruments sont placés loin, et, quoique l'enregistrement n'ajoute me semble-t-il que peu ou pas de gain ou de compression et que l'on soit très proche d'une prise “nature”, tout reste à la fois précis et sans perte d'intelligibilité du message.
Sur une paire d'enceintes, àmha, c'est tout à fait rare pour ampli de ce prix là. D'habitude, ce passage de Pärt se noie dans le schproum, sauf quand on pousse le volume, et encore. De même Two of us et Come together des Beatles (en Cd comme en 33t, mais en 33t mieux qu'en CD) passent sans accrocher: on a un pied de grosse caisse en même temps qu'une caisse claire à la fois sèche et dynamique, une basse présente et qui sort en nappe tout en restant très localisée. De même encore Larkes tongue in aspic de King Crimson (surtout en 33t) — même si là, ça accroche un peu ça et là. En passant le report sur CD du 33t (fichier enregistré en 24/96, puis normalisé à l'aide de l'Alesis et gravé en 16/44,1, comme les autres reports) Wish you where here de Pink Floyd, un grand nombre de micro détails que je crois bien n'avoir jamais entendus, une guitare superbement timbrée et un accompagnement basse/percussion à la fois nettes et distinctes l'une de l'autre sont bien au rendez-vous.
De même dans Elégie à un rat de cave repris du 33t de Brassens, j'entends désormais, sur mes enceintes, le pré-écho de la bande d'enregistrement, que je n'entendais pas auparavant à ce niveau là de gain, et qui ne devenait réellement audible qu'au casque. Voilà qui est dit.

Scène 3: il n'est décidément en cette vallée de larmes, aucun plaisir pur que nulle peine ne corrompe de ses traits…
Mais… Si je passe la plage 1 du disque de Savall consacré à Cabanilles (AliaVox9801), je réentends la signature Atoll sur l'entrée de la viole de gambe (Batalla imperial, vers 2'). De même sur le Fratres de Pärt (plage 1 du CD de G.Kremer). La restitution de la dynamique naturelle (j'appelle ça comme ça, faute de mieux) est meilleur qu'avec mon am100. Le violon est à la fois lointain, en sourdine et distinct, mais c'est la même petite irritation sur certains traits. De même encore et plus nettement, sur la plage 1 du quatuor n°12 de Dvorak enregistré (en 24/96 avant down sample) par les FineArts (Lyrinx 184): certains traits du premier violon deviennent désagréables et attirent beaucoup trop l'attention — cela m'incite à baisser le son (d'environ -3db: j'enlève mes lunettes et ça me suffit pour procéder en aveugle!

Bon, d'accord, OK, sur le passage du début du morceau Black Angels de Crumb (par le quatuor Kronos), c'est tout de suite atroce. Mais, en dehors du fait que l'attaque des violons est censée représenter les bombardements au napalm commis au Vietnam, contre lesquels cette musique s'élève (à moins qu'il ne s'agisse de l'explosion de la Bombe à Hiroshima…), j'avoue mon forfait: j'ai placé cet extrait juste après l'extrait de Tabula rasa de Pärt. C'en est même dangereux en un sens: imaginez un peu qu'un vendeur insiste pour pousser le son contre mes objurgations pour essayer de me convaincre des capacités d'un système un peu poussif……

De même, un extrait du quatuor pour cordes et hélicoptères de Stockhausen par les Arditti (chez Montaigne/naïve)… Et, plus sérieusement, la guitare Dupont qui soutient Alain Sourigues chantant Frida (un très très beau CD que je ne comprends pas que vous n'ayez pas encore acheté: ça s'intitule (deux) — car sur la pochette, on voit Alain et son fils — et c'est disponible à la fois sur alapagedemazone.truc et chez Albatrooos, 5 rue du Dr Cola, 40000 Mont-de-Marsan!), ou la même guitare Dupont maniée par Romane dans son dernier — French jazz — a un son qui vrille un peu au lieu de n'être que cristallin! Et celle de Maxime chantant Si seulement… dans le Premier cahier, aussi.
Dernière vérification — Jojo et les Marquises de Brel. Je me repasse, donc, le cd de la nouvelle intégrale “Bonbons” (en me disant qu'il est bon d'oublier le cd sorti dans les années 80 et celui de la première intégrale). Et j'obtiens les mêmes pointes d'irritation sur les sifflantes (“les filles sont lascives”…) et sur les “i” et les “r” (“j'ai plaisir à te dire que le nuit…”). Puis je repasse le report du 33t, puis, pour être sûr, le 33t (là je cale le potard à -10db: au lieu de -8 avec l'am100…). Et même résultat.
Donc, tant qu'on écoute à niveau d'ambiance ou simplement normal, la signature Atoll est moins présente et se fait oublier. Mais à niveau confortable, le naturel revient à bride abattue…
Scène 4: où l'auditeur est gravement mis en accusation mais s'en tire habilement… enfin, je crois… quoique…
Certes, certes, certes, dira-t-on (car je lis dans vos pensées, coquins que vous êtes!): ça n'est pas forcément l'Atoll qui s'y colle, Anatole! Et si c'était mes zenceintes qui en étaient la cause? Alors? qu'est-ce que tu dis de ça, gros malin de dub?!

Mais, d'une part, en refaisant, un peu plus tard, et dans un autre ordre, la même écoute au casque, j'entends la même chose. De quoi je conclus que ça n'est peut-être pas le couplage enceintes/ampli, mais, puisque j'entendais la même chose sur les Offrandes la veille, une signature de l'ampli. Cette impression est encore renforcée en moi par le fait qu'en débranchant l'AV8 et en changeant de préampli pour brancher l'Atoll pr200 (dAD7 en sorties analogiques sur l'entrée CD du pr200 connecté sur l'entrée de l'am200), je retrouve la même signature avec une augmentation. Je conclus donc, pour aujourd'hui:
- que cet ampli est réellement une petite merveille dans son genre et pour son prix: il faudrait le comparer avec les amplis stéréo de chez Roksan dont la nouvelle M series-1 est annoncée pour bientôt (cf. http://www.roksan.co.uk/), et dont le tarif est peut-être encore du même ordre (~1150/1200€ pour le Caspian);
- et que je préfère la signature de type Cyrus (ou encore Roksan!), en tout cas sur mes enceintes — ce qui fait que j'ai préféré Cyrus+am200 sur mes Thiels à Atoll sur Offrandes, et ce qui fait que mes am100/av100 ne me satisfont pas entièrement.
- qu'il faudra que j'essaie d'emprunter les ampli d'un ami pour avoir une référence de plus — et que la venue, prochain, de NuForce Reference 8 — un tout autre horizon!! — me donnera peut-être d'autres idées.
C'est pourquoi je comprendrai parfaitement que quelqu'un les choisisse, mais c'est pourquoi aussi je ne le ferai pas pour moi. Autant, à ce compte là, coller un câble en cuivre (j'en ai un de chez cordial: http://www.thomann.de/thoiw9_cordial_cl ... dinfo.html — qui fait très bien l'affaire) histoire de calmer tout ça, quitte à perdre en transparence. Mais alors, mieux vaudrait trouver un modèle d'ampli qu sonne plus à mon goût.
Je ne sais si c'est le fait de vivre en (basse) normandie depus quelques années, mais je reste donc à la fois admiratif face aux qualités de cet ampli — et un poil sceptique sur des critères très particulier. Du coup, j'aurais peur d'avoir des regrets plus que de regretter de ne pas avoir cédé à la tentation…
Je m'arrête là. D'abord parce que j'ai des crampes aux doigts. Et puis aussi, y'a expertdoc qui aime bien qu'on lui raconte plein de trucs (on s'ennuie dans le sud?

Cdlt
