Information ?
Commençons déjà par être précis : "platine récente", ça veut dire quoi ? Il y en a de toutes les conceptions, et ta liste est juste le sommet de l'iceberg, en l'occurrence les marques à la mode.
Thorens est une marque sérieuse, mais qui, comme tout le monde, a les défauts de sa cuirasse.
Cela commence sur les modèles qui peuplent les sites de vente et les marchés aux puces par cette manie incongrue de mettre la masse uniquement sur le canal droit. Toute Thorens d'occasion... pardon j'en ai eu une neuve c'était idem, il faut commencer par refaire toute la masse car ça finit toujours par souffler de quelque part.
Le pivot dans ce sens-là est toujours plus bruyant, sur le HDG c'est géré mais sur les platines de cette époque, moyen (les pivots inversés sont beaucoup plus silencieux et réguliers).
Les contre-plateaux, il faut si l'on veut vraiment une Thorens trouver le modèle avec contre-plateau allégé, qui engendrait moins de bruits (on le trouvait notamment sur les dernières 147, autre je ne sais plus c'est loin).
Le plateau sonne comme une cloche, c'est un non-sens acoustique. Donc soit on le change soit on l'insonorise.
Les suspensions : il faut changer systématiquement les mousses arrivé à un certain âge, sinon la suspension n'est plus efficace du tout, soit elle se ramasse au fond des ressorts, soit... on la retrouve n'importe où dans la platine !
Surtout éviter les modèles automatisés, galère.
Le bras : à changer car avec ce raccord ça ne fonctionne pas aussi bien qu'un bras d'une pièce.
A part ça le moteur était toujours fiable......
C'est tout simplement archaïque.
Il y a une différence entre simple et archaïque.
Une platine simple peut être bien conçue, une platine archaïque est toujours incontournablement bruyante et imprécise.
J'ai passé l'hiver dernier à me débarrasser d'un monceau d'antiquités comme celles-là, et des 160, et 165, et 150, 166, and so on... !! Il m'en reste encore une épave au grenier.
C'était bien encore il y a quelques années, maintenant ça ne vaut plus la peine.
Ca n'a qu'un seul avantage : nourrir un club de bricoleurs qui alimente régulièrement le marché parce que ça se tweak facilement.
A éviter aussi ce que j'appelle les "frisbee", ces platines sans aucune isolation, juste avec un plateau (souvent d'un matériau douteux type mélaminé déguisé...), même pas d'ajustage entre trou du plateau et pivot !, entraînements bruyants (parce que moteur pas isolé), contrôle de la vitesse aléatoire, munies de bras qui ne sont pas réglables en hauteur alors que c'est le réglage principal.
Il y a dans le monde du vinyle plusieurs écoles.
Il y a les amateur de poids par exemple. Ceux qui pensent qu'une platine ne peut fonctionner que s'il faut un palan pour lever le plateau. Ceci ne sert que moyennement. C'est de la frime, une mode.
Il ne suffit pas qu'une platine ait l'air d'un tronçon de lessiveuse pour éliminer les vibrations parasites. Non seulement ce n'est pas si simple mais on peut faire plus simple.
ET je me gausse de ces « High End » de 100 kg au salon de Munich. C'est bien, on a vu. C'est d'ailleurs fait pour ça !
Pour ça Arthur Khoubesserian (l'"inventeur" de la platine moderne en 1979, brevets à l'appui) a pris le total contrepied de ce qu'il avait fait par le passé, c'est avec la malice de montrer que tout était possible pourvu de respecter les principes de bases :
- qualité de l'alimentation
- liaisons mécaniques silencieuses et précises
- moteur silencieux
- régulation de la vitesse
- matériau du plateau
- matériau du châssis
- niveau de bruit général (une platine doit pouvoir être écoutée au stéthoscope et qu'on n'entende... rien)
- réglage de mise à niveau possible
sachant que TOUT ce qui émet le moindre soupçon de bruit, frottement, vibration, passe dans la cellule qui est hyper réceptive.
Soit on travaille sur les matériaux, soit sur la suspension :
une platine non-suspendue va nécessiter plus de travail sur son châssis, il faut un châssis parfaitement atone et découplé.
(chez EAT on y va au sorbothane, par exemple)
Dans le cas d'une platine suspendue, il faut un contrôle, sinon ça part dans tous les sens (type Thorens...), ce n'est pas meilleur, ça engendre des distorsions car des forces latérales sur le cantilever. Donc soit un système de ressorts mais avec baïonnette de sorte à empêcher les débattements intempestifs (la baïonnette vient prendre le ressort latéralement), soit une suspension en parallélogramme indéformable n'autorisant que les débattements verticaux.
Le découplage du moteur est capital sur une platine !! Oui, il peut être séparé, mais cela engendre d'autres contraintes sur l'entraînement. Emballé dans de l'isolant, soit, mais ceci empêche de le réaligner le cas échéant. Maintenu par languette et bille avec pression réglable sur la bille, bon système ça. Enfin ce qu'on veut mais découplé.
La liaison mécanique, soit le pivot : un pivot qui fonctionne mécaniquement "libre et sans jeu" comme on disait autrefois, avec un système de lubrification astucieux (exemple une cuvette au pied du pivot de sorte que l'huile remonte naturellement le long de l'axe avec la force centrifuge), pivot inversé si possible, de sorte à ne pas avoir de porte-à-faux qui applique une force latérale engendrant du jeu à long terme,donc des vibrations. Là encore un découplage le plus raffiné possible. La bille de céramique ou tungstène contre diamant ou rubis.
Entraînement : pas de fil !! c'est une hérésie : un fil c'est une corde, et une corde ça vibre. Donc une courroie.
Pas d'entraînement direct, ou alors géré par un système d'air ou d'huile comprimés, mais là on tombe dans l'usine à gaz... car entraînement direct = en direct sur les vibrations du moteur, donc bruit, on y revient.
Ca tombe sous le sens mais pour la même raison pas d'entraînement par galet...
Le bras : il est soumis à l'énergie cinétique, tout le travail est de le rendre insensible à cette énergie.
En gros un bras ne doit pas sonner, son poids n'est pas en jeu, aucun bras n'est vraiment lourd vu les matériaux employés.
Sa masse doit être au maximum regroupée autour du pillier.
Sa structure doit s'arc-bouter en quelque sorte pour faire face à l'énergie dégagée par les contre-mouvements du cantilever, là encore on ne parle pas de poids mais de forme (un oeuf est fragile mais de structure compacte, c'est un exemple), bien évidemment toutes les liaisons mécaniques doivent être soignées, le pilier doit être massif (et pas en plastique comme chez... on ne citera pas), l'embase doit être munie d'une bague de sorte à permettre le réglage en hauteur (donc le pilier doit être assez long pour cela), le lift doit être positionné de sorte à ne pas gêner ce réglage en hauteur, les contrepoids doivent être interchangeables de sorte à les adapter au poids de la cellule, l'antiskating si possible magnétique, mais bon, à fil on s'y fait encore s'il est fiable.
Cellule bas niveau, le plus bas possible, car moins de spires, donc moins de perturbations électromagnétiques. MC évidemment (pour allègement de l'équipage mobile entre autres)
Les meilleures cellules ont un niveau de sortie inférieur à 0,3 mv (et l'impédence basse qui va avec).
Information ? Voilà.
Maintenant il y a moyen de nos jours d'avoir une platine neuve respectant ces critères pour moins de 2000 euros. Par contre à moins de 1000 je n'en connais pas.
Privilégiez les marques de gens qui mettent vraiment les doigts dans la fabrication : les marchands copieurs dupliqueurs sont nombreux (il y a souvent des batailles de brevets en coulisse) mais leur seul but est de faire de la monnaie. Toujours pas de nom.

Du vieux peut marcher mieux que du neuf, si c'est du vieux THDG et du mauvais neuf ! Je peux faire démo dans les deux sens.
Conseils pour l'occasion :
- éviter tout appareil qui se broie sous les transferts de masse à l'expédition, avec pour particularité un carton indemne qui ne permet pas les réclamations...
Tous les éléments ayant un tant soit peu de poids doivent être démontés et emballés séparément, s'il faut 3 cartons pour expédier une platine, 3 cartons il faudra ! (c'est vrai que pour faire court je dis "Thorens pas expédiable", parce que ça finit toujours en miettes. Rien que le contre-plateau, le plateau, ...)
- suivre chaque critère (ce n'est pas moi qui les inventés, ils sont la base de la fabrication) et voir si OK, quelle que soient la marque et l'âge du capitaine,
- et si on ne trouve pas, acheter du neuf.
- se méfier des miroirs aux alouettes : une Michell transcriptor, c'est original dans un salon... c'est tout !

Ce sont des conseils, informations, explications, minimum.