boris_da écrit : Je me dois de faire un petit compte rendu de ma participation à l'ABX. Je serai assez bref puisque David va faire un sujet détaillé et dédié.
D'abord merci à mes acolytes, sympathiques et accueillants. Voici mon sentiment:
A propos de l'organisation, les préparatifs ont été correctement menés par David, les câbles dissimulés efficacement, les disques choisis selon ses critères de discrimination. Je trouve que ce ne sont pas les disques les mieux enregistrés qui soit, remarque approuvé par David mais ils ont été choisis parce que les différences entre câbles s'entendaient sur ces musiques. Premier questionnement pour moi pour un futur ABX: est-ce qu'il ne vaut mieux pas prendre un enregistrement dont la finesse, la complexité des timbres, ou l'intermodulation des nombreux instruments, ou encore la grande précision du placement d'un instrument permettraient d'être plus discriminant. Ou encore sur un bruit rose?
Le système est un assemblage d'appareils très résolvant, le couple formé par les amplis très puissants et les enceintes compactes est une solution qui donne une image stéréo ultra précise et stable, certes dans un cadre un peu rétréci, mais d'une propreté indiscutable. De plus dans cette catégorie de matériel, la définition est très élevée. J'ai été impressionné par le rendu du piano sur les enregistrements classiques et jazz, par la rapidité et le contrôle des enceintes, je pense que j'aurais été plus à même, personnellement, d'entendre des changements de matériel sur ces disques que sur Supertramp, soit dit en passant et sans sarcasme.
Concernant l'ABX, nous avons pris toutes les précautions, en manipulant avec Fred, pour ne pas influencer notre hôte, en faisant durer les switch et en bidouillant, que l'on change de câble ou non, en tirant à pile ou face le choix du câble, en aillant des attitudes hermétiques en attendant le verdict...etc.
Concernant le résultat, je ferai preuve de circonspection. Nous avons fait 10 passages, qui peuvent se résumer en trois actes, différents selon les intervenant: pour David et en aveugle, je crois que c'était quelque chose comme: la certitude d'une différence facile à reconnaitre, puis la confusion, puis à nouveau la même certitude. Pour moi et, je crois pour Fred, en non aveugle: la certitude d'une différence identifiable dans l'aigüe, dureté avec le Norstone, plus de douceur et d'articulation avec le Nirvana, puis confusion, puis certitude que l'on entend pas de différence. Pendant que David mettait sa main à couper, et tout ce qu'il pouvait parier avec (c'est dangereux l'ABX) sur le dernier passage, nous sentions avec Fred la détresse dans les yeux de l'autre, de devoir lui annoncer son erreur. Puis, faisant le lourd bilan des 10 essais, nous sentîmes tous les trois l'atmosphère se charger d'une tension métaphysique, mêlant la détresse d'une conviction mystique qui s'écroule telle la statue de l'audiophilie s'effondrant dans un lourd fracas, et le soulagement d'un espoir cartésien exhaussé, promettant une limite bienfaitrice à la quête dispendieuse de la haute fidélité .
Expérience extrêmement instructive, même en tant qu'assistant, que de voir les illusions se construire dans l'écoute du cobaye, que de ressentir l'effet de groupe qui nous a tous fait entendre des différences au début du test. Ou alors était-ce de réelles différences que nous n'avons pu percevoir par la suite à cause de la fatigue. Cela voudrait dire qu'il faut faire trois écoutes par jour, pour être certain d'atteindre le 16/16 au final. Même si c'est très contraignant, si ça doit mener à un ABX positif, pourquoi pas.
En tout cas, si on peut avoir le regret de n'avoir pas été attentif quand on entend pas de différences alors qu'il y en a, on peut être certain que nos sens nous trompent quand on entend des différences là ou il n'y en a pas. C'est là tout l'intérêt de ce test à mon avis, il faut être beaucoup plus prudent, en aveugle, quand on pense entendre des différences, que quand on pense ne pas en entendre. Le fait de rater une ou deux fois la permutation des câbles et moins grave et moins symptomatique d'une absence de différence audible, que d'entendre une permutation quand ce n'est pas le cas, car cela discrédite les compétences de l'auditeur.
A propos des câbles XLR, David, juste une précision sur mon écoute sur le moment, j'ai trouvé, quant on a écouté sérieusement tous les trois le câble de Fred, que finalement le système ne manquait pas trop de grave, que le rendu était pourvu de beaucoup de qualités, mais je n'ai pas pu dire si cela venait du nouveau câble, ne connaissant pas suffisamment ton système, et n'aillant pas écouté aussi attentivement avec le nirvana. Je voulais juste préciser que j'ai beaucoup aimé l'écoute avec le câble FRDT Lab, mais je me garderais de mettre toutes les qualités ressenties sur le compte de ce dernier.
Dernière remarque, l'ABX est censé se dérouler ainsi: 1) on écoute A, 2) on écoute B, 3) on écoute X, 4)on donne sa réponse X=A ou X=B, et on recommence au moins 16 fois tant qu'on a juste.
Cela s'est déroulé ainsi pour nous ce week end: David a effectué les 2 premières étapes tout seul pendant un mois, et nous avons effectué les étapes 3) et 4) dix fois de suite, partant du principe que David connaissait bien les deux câbles en non aveugle. Hors, c'est la succession rapide des écoutes de A, puis B, puis X qui permet de faire la différence et d'être au plus prêt de la réalité, et au plus loin des illusions. Je sais c'est impossible à réaliser avec des câbles. Mais, si on doit ne pas tirer la conclusion de ce résultat négatif, que les différences sont non audibles, et trouver un biais dans le protocole, ça serait celui là: avoir eut la présomption que le caractère audio de chaque câble était évident en non aveugle, et avoir fait le raccourci éhonté qu'il le serait en aveugle, et ainsi sauter les deux premières étapes de chaque passage d'ABX.
C'est la le paradoxe du test ABX: si les différences sont évidentes en non aveugle, cela ne sert à rien de s'infliger la pénibilité du protocole pour un résultat évident, et si les différence sont présumées nulles, inutile de commencer le test. Conclusion: une différence ABXable est une différence dont il faut admettre à la fois qu'elle est subtile, cela pour bien respecter la totalité du protocole de façon sincère et ne pas aller dans le mur, et dont il faut admettre qu'elle existe vraiment, cela pour bien chercher de toute son ouïe les différence, toujours de façon sincère.