ce post est décidément de plus en plus intéressant et tes relances n'y sont pas étrangères
J'ai d'ailleurs tendance à penser d'une manière générale qu'établir un quelconque classement de valeur entre des artistes de cette trempe est vain....
Il y a quand même une différence fondamentale entre ces deux là : Monk restera à la postérité comme un compositeur très original et avant-gardiste, jerrett restera un instrumentiste
Aussi, relis bien les interventions précédentes et tu verras que ce qui nous "gène" a Haskil comme à moi, c'est l'aspect pompeux et le manièrisme démonstratif de Jarett en solo. Depuis le début, on conseille de préférer ses enregistrements en trio, et de très loin.
La comparaison avec Monk est intéressante, car très révélatrice et extrêmement paradoxale, et ce qui suit va peut-être t'étonner.
Monk a appris le piano, il a commencé jeune a suivi des cours à la julliard scholl et jouait du piano et de l'orgue dans les églises. c'était un perfectionniste. Ses ruptures rythmiques, dissonnaces étaient étudiées au millimètre et d'ailleurs sa carrière en témoigne, presque tous ses thèmes ont été produits dans la première partie de sa carrière et ensuite il n'a pas cessé de les retravailler de les peaufiner tout en restant fidèle à la mélodie des thèmes. Ce qui caractérise monk c'est sa dicrétion, il était comme un autiste, tout à sa musique et n'a jamais dévié (musicalement), et même lorsqu'il a été sideman c'est les solistes qui rentraient dans son univers et pas l'inverse, qu'il s'agisse de coltrane de rollins ou de mulligan...excusez du peu. Miles davis, qui avait un égo puissant et un style radicalement opposé s'était opposé à monk a qui il demandait de ne pas jouer pendant ses chorus, justement à cause de cette forte empreinte qu'imprime le jeu de monk sur le rendu rendu du morceau (la fameuse séance prestige). La plupart des thèmes de Monk sont aujourd'hui des standards.
Jarret a eu une formation de multi instrumentiste, une de ses originalités reconnues est justement d'avoir transposé au piano des techniques issues de la guitare, le picking. il a fait un peu de tout avant de devenir un iconditionnel du piano acoustique. Passons l'histoire, et ses errance du côté de chez Bach, pour en arriver au grand trio avec peacok et de johnette qui a atteint une cohésion exceptionnelle, là c'est du bon, n'y revenons pas.
Le problème, pour moi (là c'est une opinion) la technique pianistique de Keith lui est un peu montée à la tête à la suite du Köln concert, qui a eu un grand succès commercial gràce à son caratère planant qui avait trouvé le public idéal en pleine période baba cool. cet album est d'ailleurs peu prisé des spécialistes du jazz qui lui préfèrent de loin, Facing You. Moyennat quoi, je perçois une certaine mégalomanie dans ses oeuvres solo. Il en fait une grande théorie expliquant qu'il se promène sur son clavier un son en appelant un autre....etc. Bon
au bout, j'ai l'impression qu'on veut m'en mettre plein la vue, mais le nombrilisme rend tout ça très ennuyeux et indigeste...burp
La formule du trio, lui convient mieux car elle le pousse à la concision et à l'expressivité et non plus à la démonstration.
Pour moi donc le message véhiculé par ces deux hommes est de nature très différente :
Monk dit : j'ai une musique à vous faire entendre..écoutez la.
Jarrett dit : je suis un grand pianiste écoutez moi.
PS je rappelle que j'aime beaucoup le trio de jarrett et facing you. je n'aurais jamais cru que je balancerai tout ça sur jarret un jour, meis il faut bien forcer un peu le trait pour faire passer le message.