Il y a le disque en tant qu'objet vendu dans le commerce : le CD, donc. C'est une chose.
Il y a le disque en tant que contenu : un enregistrement d'une oeuvre capté en studio ou en public publié.
Si le premier a du plomb dans l'aile en tant que produit acheté dans le commerce... sa pérennité chez ceux qui en possèdent... est telle que ceux qui en possèdent les écoutent !
Donc il peut mal se porter comme produit neuf dans le commerce... et très bien se porter car il est toujours écouté par ceux qui en ont chez eux !
Car le second... qui est le contenu... se porte pas trop mal.
Il a été vendu sous forme de cylindre, de disque plat tournant à 78 tours, puis à 33, 45 et même 16 tours, puis il y a eu la K7, le CD et ses avatars, la Dat... demain se sera tu téléchargement mais cela existera toujours avec des aléas liés à la vitalité d'un secteur et ceux du piratage. Qui touche plus ce qui se vend que ce qui ne se vend pas !
Longtemps, le moteur de l'activité discographique a été triple : répertoire, artistique, technique.
Le premier a été essoré : reste la musique d'aujourd'hui, et comme ça se vend comme des housses de cathédrales...
Le second ce sont les artistes eux mêmes : il en existe toujours de magnifiques, mais peut-être moins aujourd'hui qu'hier dans certains secteurs porteurs (s'il y a toujours d'admirables pianistes, on ne peut pas dire que les sopranos wagnériennes ou verdiennes courent les rues) ...
Le troisième est technique : les progrès de la prise de son sont si minimes depuis 30 ou 40 ans... que les éditeurs, qui jusque dans les années 60 réenregistraient le fond de catalogue en stéréo pour remplacer les disques monos, n'ont plus besoin de le faire... et les mélomanes n'ont pas besoin non plus de racheter ce qu'ils ont déjà...
la vraie nouveauté se fraie toujours un chemin dès lors qu'elle est exposée et qu'elle arrive au bon moment : le disque Rameau d'Alexandre Tharaud en est un bel exemple. Bien accueilli par la critique, mais plus que cela, bien accueilli donc, il a été porté par un bouche à oreille tel qu'il a dépassé les 30 000 exemplaires vendus. Ce disque était nouveau, admirablement joué et enregistré, correspondait à l'esprit du temps... mais un esprit du temps qui durera...
Et ceux qui n'ont rien dans leur discothèque ?
Chez le disquaire choisir entre Kempff et Paul Lewis pour une intégrale des sonates de Beethoven (et en téléchargement ce serait pareil) revient souvent à prendre le moins cher des deux... par chance les deux sont bien enregistrés et, pour être différents, n'en sont pas moins tous les deux admirables...
De tout ceci ne retenez qu'une chose :
faut acheter le disque Rameau d'Alexandre Tharaud chez Harmonia Mundi...