padcost a écrit:Oui. Mais justement l'athéisme ne conteste rien de ces principes. Ce qui ne t'empêche pas de le mettre au même plan que les religions qui, elles, mettent fondamentalement en cause ces trois principes, et par-là sont directement l'origine de la loi.
Tu crois que l'athéisme est une sorte de bloc, ne comportant qu'une seule opinion — c'est concrètement inexact. Il existe différentes formes d'athéismes, et certaines formes sont particulièrement virulentes antireligieuses — et tentées de les interdire et de les empêcher. Ce qui n'est conforme à aucun des trois principes que j'ai mentionnés. C'est le cas de la tendance autoritaire représentée par Maurice Allard, dès 1905, et qui existe encore aujourd'hui: historiquement, il est impossible de le nier
La loi sur la laïcité française ressortit quant au fond à l'éternel combat sociétal, dirait-on aujourd''hui, entre entre l'Etat, par définition d'essence laïque, et le Temple. Dans les faits, un combat historique. Jamais fini, car les Religions, sauf à disparaître, ne peuvent et ne pourront jamais accepter la moindre défaite (puisque leur dieu est la Loi), des religions aujourd'hui en perdition alors que les lieux de culte se vident des fidéistes.
Qu'il y ait dans la loi de 1905, un aspect consistant à tenir en respect les religions “cléricales” et cherchant le pouvoir, c'est évident. Reste que, là aussi, il existe différents courants, différents groupes et différentes opinions. Les “protestants libéraux”, pour reprendre l'expression des historiens (Cabanel, par ex.), sont, de leur côté, partisans de la séparation et d'une mise à distance de toute religion et du pouvoir politique.
De nos jours, il existe à l'évidence des groupes religieux anti-laïques, voire, fanatiques et meurtriers: il faut les combatte fermement. Mais tous les groupes religieux ne sont pas comme cela.
Un meurtrier est un meurtrier quelle que soit la doctrine dont il se réclamerait pour masquer le fait qu'il est un meurtrier. Ce n'est pas l'athéisme qui exterminait des juifs, mais les Allemands ou d'autres nationalités sous régime nazi. L'athéisme n'est pas à l'origine du racialisme (allemand ou autre). C'est absurde.
Non, là encore… Ce que les classiques appellent, à leur époque, “fanatisme”, a une configuration tout à fait déterminée: ce ne sont pas des gens qui tuent en vertu des mobiles habituels (argent, jalousie, etc.). Il y a un élément supplémentaire: ils possèdent une doctrine qui leur donne, selon eux, le droit au pouvoir absolu, donc celui de tuer. Il ne s'agit pas d'une idéologie utilisée comme prétexte et à laquelle ses partisans ne croiraient pas: il s'agit d'une doctrine dont l'adoption est collective, qui commande ses adeptes et provoque des conséquences meurtrière.
Il se trouve — et là aussi, c'est un fait historique impossible à nier — que la doctrine hitlérienne, chez les plus fanatiques des nazis (Hitler, Himmler, Goebels, et pas mal d'autres), était athée, et qu'ils prenaient comme ennemi le judaïsme, mais se serait aussi attaqués au christianisme, s'ils l'avaient pu. C'est un athéisme exterminateur quand d'autres formes d'athéisme ne le sont évidemment pas.
C'est un exemple d'athéisme, tout à la fois fanatique et meurtrier. Il y a des formes d'athéisme: l'athéisme de Condorcet, ou celui de Diderot, pour être très anti-clérical, n'a évidemment rien à voir avec le précédent. Et, là encore, l'athéisme n'est donc pas plus la doctrine officielle de l'Etat après 1905, que telle ou telle religion. La laïcité pose la liberté d'une pluralité de convictions individuelles, à la condition de l'ordre et de la sécurité, qui sont garantis par un Etat neutre, ce qui veut dire ni athée ni anti-athée, ni religieux, ni anti-religieux.
Cdlt