chkops a écrit:Si j'ai bien compris, de toutes les libertés prises avec la pellicule d'origine, le "dégrainage" (partiel) est celui qui te pose le plus problème... je le conçois parfaitement.
Dégrainage et EE. Filtrage numérique en général, donc.
chkops a écrit:Sauf que, et je le comprends tout aussi parfaitement, le résultat sur des diffuseurs UHD aurait été un grain excessivement invasif
Le filtrage numérique des SW n'est pas nouveau et n'a donc rien de spécifique aux nouveaux écrans UHD et à leur restitution d'une texture argentique granuleuse.
Ensuite, faut qu'on m'explique alors comment font tous ceux qui sortent des UHDs respectueux de la texture et de la granulosité argentiques d'origine, que ce soit Sony, Studio Canal, Warner, Blue Underground, Vinegar Syndrome, etc. Voyage au bout de l'enfer, les Rambo, Christine, The Natural, Labyrinth, Evil Dead (1 et 2)... c'est affreux ? Plaisir de visionnage altéré à cause du grain ?
chkops a écrit:qui, dans une certaine mesure, aurait altéré le plaisir de visionner. Après la "tolérance au grain" varie d'un individu à l'autre, c'est indéniable
Ce n'est pas au spectateur de choisir à quoi une oeuvre doit ressembler. C'est, au contraire, précisément au spectateur de s'adapter. Et à moins de supposer que l'UHD est en fait là pour offrir un rendu "grand huit" flattant la rétine du spectateur en faisant fi de l'esthétique d'origine, la meilleure restitution de cette esthétique via un meilleur support n'a pas à composer avec les préférences, plaisirs ou tolérances de chacun.
Être spectateur signifie lexicalement quelque chose, et notamment de devoir composer avec l'oeuvre telle qu'elle est, et non le contraire. Donc si cela ne nous plait pas visuellement, c'est que l'esthétique d'origine ne nous plait pas et cela n'a pas à être masqué par l'intermédiaire d'une adaptation technique... et c'est comme ça.
Ces arguments que tu avances sont profondément et abyssalement problématiques, et ce sont notamment eux qui alimentent depuis 30 ans les plus mauvaises pratiques de l'industrie : étalonner en saturant à mort parce que ça rend mieux à l'écran, dégrainer parce que les gens sont habitués au numérique, accentuer artificiellement car ça fera plus net, etc etc (sans parler des colorisations et des recadrages). Tant de pratiques qui, lexicalement à nouveau, vont littéralement à l'encontre du principe d'une restauration (en faisant fi des pinaillages habituels sur le sujet), mais aussi le plus souvent du travail photographique des équipes.
Alors quoi, on ne devrait plus exposer Guernica que dans une version de 1m x 2m, parce que franchement, 3.49 x 7.77m, ça fait trop mal au cou pour prendre du plaisir à la regarder ? On n'a pas idée de faire une toile aussi grande, aussi.
chkops a écrit:et c'est, à mon sens, ce qui a décidé le staff en charge du remaster à aller dans cette voie.
A nouveau, vu que ce n'est pas récent, ça n'a rien de spécifique aux technologies actuelles. Ca fait au moins 10 ans que les SW sont filtrés.
chkops a écrit:Après, en ce qui me concerne, c'est beaucoup moins grave que les ignobles insertions en CGI.
L'un n'empêche absolument pas l'autre, mais il y a ce qui tient du choix artistique (le révisionnisme de Lucas) et ce qui tient du pur choix technique (filtrer une image).
chkops a écrit:Et le résultat d'une image "dnrisée" à mort est loin d'être l'effet recherché quand on veut un rendu un tant soit peu cinéma.
Quand on lit ce qu'on peut trouver même sur ce forum, j'aimerais bien avoir ces gens sous la main une journée, les mettre devant une installation calibrée et transparente, enchainer les UHDs du Magicien d'Oz, Easy Rider, Don't Look Now et The Natural, et voir s'ils le voient bien, le rendu cinéma.
Parce qu'au vu de nombreuses réactions et pratiques sur ce forum, je ne serais pas surpris que le fameux "rendu cinéma" ne soit pas vraiment ce qu'ils recherchent.
chkops a écrit:excès de grain
C'est un peu le coeur du souci : pourquoi "excès" ? Un excès, c'est une "
trop grande quantité". Mais trop par rapport à quoi ? La quantité visible sur la pellicule ?
Un excès, c'est aussi quand cela "dépasse la mesure ordinaire ou permise." C'est quoi, alors, la quantité de grain permise sur, disons, Ghostbusters ? Shining ? Le 5e élément ?
Donc en quoi la quantité de grain présente sur tel ou tel film serait supérieure à ce qu'elle devrait être ? Et d'où proviendrait cette quantité supplémentaire ? Dans quel but ?
chkops a écrit:bon, là ça prend une tournure de débat sans fin.
Bien évidemment : c'est le bon vieux débat de "qu'est-ce qu'un bon rendu ?"
Pour certains, il faut moderniser tout ce qui ne ressemble pas aux canons esthétiques actuels, c'est-à-dire principalement lisser le grain puis accentuer ensuite, et pousser le contraste pour avoir des blancs cramés et des noirs à 0.
Pour d'autres, c'est la simple restituation la plus transparente possible de la source. Si y a du grain, y a du grain, des images douces des images douces, des noirs décollés des noirs décollés etc.
C'est sans fin parce que théoriquement, les seconds ont raison (cf la définition de "restauration"), mais techniquement, les premiers font vendre plus parce qu'un Capra granuleux en 1.37, ça claque moins en démo qu'Infinity War. Je suis sûr qu'il y aura des gens qui trouveront que la granulosité des épisodes 5 et 6 est encore trop importante.
Et c'est comme ça qu'encore en 2020, on en est à expliquer que non, saloper L'empire contre attaque et Le retour du Jedi n'aurait jamais du arriver pour la énième fois.