Coup de coeur Classique de la semaine

[autrichon gris]

Le jeune pianiste Igor Levitt ne se contente pas d'une technique exceptionnelle, il possède aussi un goût sûr et approche esthétique convaincante. Sa dernière parution incluant les Variations Goldberg (Bach), les Variations Diabelli (Beethoven), accompagnées de Variations de Rzewski, compositeur contemporain, valent le coup d'oreille. Ce pianiste avait déjà été remarqué pour ses interprétations des Sonates dernières de Beethoven, et des Partitas de Bach. Son approche esthétique est résolument moderne, écartant le pathos romantique et toute guimauve sentimentale.

J'écoute les Goldberg de ce jeune homme. Pas évident de l'écouter de façon neutre tant j'ai considéré depuis plus de 30 ans que Gould était insurpassable et LA référence.
Au final je dirai une bonne version, mais rien de bouleversant non plus. Ca rejoint àmha Ito Ema ou Simone Dinnerstein dans le genre pianistes doués effectivement sans mièvrerie particulière, et dont les prestations sont à saluer.
Seulement voilà y a eu ce cinglé de Gould, et ses" Gouldberg" ben c'est un des 2 ou 3 disques de l'île déserte pour moi...

[blue dream]

par quel bout prendre Gould quand on le trouve insupportable mais même temps si indispensable à d'autres qu'il doit bien y avoir une raison

[autrichon gris]

Je crois qu'il était les deux: insupportable et indispensable. Insupportable, tout à été dit sur sa maniaquerie confinant à la folie sur à peu près tout, sa détestation de la scène, et indispensable parce qu'il est arrivé à un moment ou la musique classique et notamment le piano croulait sous les conventions et la maniérisme romantique, et lui en s'attaquant à Bach avec son grain de folie a montré l'universalité de Bach, malgré le manque d'orthodoxie.

J'ai eu l'occasion d'aller voir la partie du musée de Toronto qui lui consacre 2 ou 3 salles, on comprend un peu mieux en lisant attentivement tout ce qui est écrit.

[blue dream]

c'est donc bien une appréciation intellectuelle, peut-être y trouverais-je ainsi du plaisir en le réécoutant
merci pour cet éclairage

[autrichon gris]

Pour des artistes de ce niveau il est difficile de dissocier la vie et l'œuvre. Les comptables de banque font rarement les grands artistes et vice versa.
Gould, Richter, Van Cliburn pour ne parler que grands pianistes lire des éléments de leur vie est un éclairage supplémentaire sur la façon dont ils jouent.
Intellectuel... Oui sans doute, mais bon écouter les Goldberg de Gould c'est pour moi d'une rare beauté en soi, pas besoin de sa vie pour apprécier.

[blue dream]

je ne connais pas assez le monde du piano pour en parler, mais disons que Gould me stresse en général et que je reviens toujours à Brendel
mais vie et histoire n'est pas la même chose que vie et oeuvre :
s'il est toujours nécessaire de placer l'oeuvre dans l'histoire (on ne regarde plus le carré blanc sur fond blanc de Malevitch et on n'écoute plus le silence de Cage de la même manière), on fait bien de souvent dissocier l'oeuvre de la vie, sous peine de déceptions

[padcost]

Le jeune pianiste Igor Levitt ne se contente pas d'une technique exceptionnelle, il possède aussi un goût sûr et approche esthétique convaincante. Sa dernière parution incluant les Variations Goldberg (Bach), les Variations Diabelli (Beethoven), accompagnées de Variations de Rzewski, compositeur contemporain, valent le coup d'oreille. Ce pianiste avait déjà été remarqué pour ses interprétations des Sonates dernières de Beethoven, et des Partitas de Bach. Son approche esthétique est résolument moderne, écartant le pathos romantique et toute guimauve sentimentale.

J'écoute les Goldberg de ce jeune homme. Pas évident de l'écouter de façon neutre tant j'ai considéré depuis plus de 30 ans que Gould était insurpassable et LA référence.
Au final je dirai une bonne version, mais rien de bouleversant non plus. Ca rejoint àmha Ito Ema ou Simone Dinnerstein dans le genre pianistes doués effectivement sans mièvrerie particulière, et dont les prestations sont à saluer.
Seulement voilà y a eu ce cinglé de Gould, et ses" Gouldberg" ben c'est un des 2 ou 3 disques de l'île déserte pour moi...

L'idolâtrie en art atrophie le goût et l'ouverture d'esprit. Une plaie trop souvent rencontrée.
Pour ce qui concerne la mièvrerie, Dinnerstein est particulièrement douée, à mon avis. Je ne connais pas Ito Ema.

Dans les Goldberg et dans une moindre mesure les Diabelli, à mon avis, comme dans les Partitas et Suites pour clavier de JS Bach précédemment enregistrées, Igor Levit fait avancer l’interprétation et évoluer l’idée que se font les mélomanes de ces œuvres.

Sa vision de la musique pour clavier de JS Bach, servie par une technique époustouflante mais jamais gratuite atteint des hauteurs que très peu de pianistes (et peut-être même aucun) avaient proposées jusqu’alors. Tout y est avec évidence, justesse des tempos, caractérisation, sonorité sublime et variée, jamais assené, jamais pédagogique ni démonstratif. Il n’est nul besoin de "laisser le temps au temps" pour s’en rendre compte…

[blue dream]

Dans les Goldberg et dans une moindre mesure les Diabelli, à mon avis, comme dans les Partitas et Suites pour clavier de JS Bach précédemment enregistrées, Igor Levit fait avancer l’interprétation et évoluer l’idée que se font les mélomanes de ces œuvres.

Sa vision de la musique pour clavier de JS Bach, servie par une technique époustouflante mais jamais gratuite atteint des hauteurs que très peu de pianistes (et peut-être même aucun) avaient proposées jusqu’alors. Tout y est avec évidence, justesse des tempos, caractérisation, sonorité sublime et variée, jamais assené, jamais pédagogique ni démonstratif. Il n’est nul besoin de "laisser le temps au temps" pour s’en rendre compte…

rien que ça
bien si, il faut un peu de temps au temps parce que je n'avais rien entendu d'aussi exceptionnel
il va falloir réécouter mieux ...

[padcost]

Dans les Goldberg et dans une moindre mesure les Diabelli, à mon avis, comme dans les Partitas et Suites pour clavier de JS Bach précédemment enregistrées, Igor Levit fait avancer l’interprétation et évoluer l’idée que se font les mélomanes de ces œuvres.

Sa vision de la musique pour clavier de JS Bach, servie par une technique époustouflante mais jamais gratuite atteint des hauteurs que très peu de pianistes (et peut-être même aucun) avaient proposées jusqu’alors. Tout y est avec évidence, justesse des tempos, caractérisation, sonorité sublime et variée, jamais assené, jamais pédagogique ni démonstratif. Il n’est nul besoin de "laisser le temps au temps" pour s’en rendre compte…

rien que ça
bien si, il faut un peu de temps au temps parce que je n'avais rien entendu d'aussi exceptionnel
il va falloir réécouter mieux ...

https://www.youtube.com/watch?v=ogRwhQfamJY
Remarquer le parfait dosage des crescendos et diminuendos, l'ambitus dynamique excellemment maîtrisé, l'absence du plus infime détimbrage, la conduite implacable du flux mélodique, etc.
Un maître...

[autrichon gris]

Rien que ca, effectivement tomber dans de telles dithyrambes me semble assez étonnant. Mais bon tu fais comme tu veux avec tes idoles à toi.

Ou alors tu es de partie pris avec la maison de disque ou en parenté avec ce pianiste ?

[autrichon gris]

J'ai regardé un peu les critiques, qui sont plutôt très bonnes pour ce jeune Igor. Future star ? Why not, mais bon le temps est juge de paix, y a quand même pas mal de jeunes pianistes qui ont été engloutis par la vie.

[ajr]

Bonsoir,

Sur le CD Diapason d'Or de janvier 2016, on peut comparer quatre interprétation des mêmes prélude et fugue de J-S Bach (BWV 864 ?). Deux au piano et deux autres au clavecin. Déjà, la différence de durée est parfois très importante et, il me semble que Gould n'est pas toujours le plus rapide.


Bonne soirée.

[padcost]

Rien que ca, effectivement tomber dans de telles dithyrambes me semble assez étonnant. Mais bon tu fais comme tu veux avec tes idoles à toi.

Ou alors tu es de partie pris avec la maison de disque ou en parenté avec ce pianiste ?

Défendre un pianiste (non référencé ou insuffisamment référencé au registre de la renommée commerciale), c'est être immédiatement soupçonné ! Le soupçon est une des maladies de notre époque. Ce n'est pas toi autrichon gris qui idolâtre Argerich, Richter, Gould etc. sur des critères très éloignés de leur art ? T'ai-je jamais "soupçonné" de parti-pris ou de parenté avec ces pianistes ? Je te ferais remarquer que je parle de piano, d'interprétation, de musique, jamais de la vie des interprètes ou de leur égo, qui n'est autre que du "people" et/ou du marketing téléguidant à leur insu les mélomanes adulant des artistes sans se rendent compte qu'en cela ils confortent le commerce-système, les grandes agences de concerts (toutes américaines) et les multinationales de production dominant sans partage le marché et qui sont loin de proposer systématiquement les meilleurs musiciens du marché de la musique dite classique, mais plutôt les plus "construites" des icônes sur des critères souvent très éloignés de la musique. Le marché de la musique dite classique fonctionne comme n'importe quel autre marché...

[padcost]

J'ai regardé un peu les critiques, qui sont plutôt très bonnes pour ce jeune Igor. Future star ? Why not, mais bon le temps est juge de paix, y a quand même pas mal de jeunes pianistes qui ont été engloutis par la vie.

En attendant qu'il soit « englouti par la vie », Igor Levit est aujourd'hui un grand pianiste...
Le comparer dans la Partita BMV 828 de Bach avec Benjamin Grosvenor (le chouchou de la revue Diapason), Murray Perahia, Glenn Gould (autre chouchou) et Zhu Xiao-Mei p.ex. est très enrichissant..

[padcost]

A autrichon gris : à qui je présente mes excuses pour avoir déformé son pseudo (autrichien pour autrichon) dans mon avant-dernier message. J'avais utilisé un ordi dont le clavier corrige automatiquement tout ce qui lui paraît "suspect" (!). Corrigé depuis...