» 25 Jan 2009 12:03
La biamplification passive est très avantageuse, à condition d'être recommandée par le constructeur de l'enceinte sinon elle peut être pire que la monoamplification. La raison est simple à comprendre:
Quand on a affaire à un système à plusieurs voies filtrées en passif, chaque haut-parleur se comporte comme un générateur qui va renvoyer du signal vers l'ampli mais aussi vers les haut-parleurs des autres voies. Ceux-ci sont protégés par leur propre filtre sauf, aux alentours de la fréquence de transition, sur un largeur de bande qui variera en fonction de la pente du filtre. Ce phénomène génère une impression de flou dans la zone de transition car ce signal parasite n'est pas parfaitement contrôlé.
La biamplification passive, qui n'offre pas le même potentiel que la biamplification active en terme de correction de la réponse impulsionnelle, est tout de même avantageuse car elle interdit toute communication entre les haut-parleurs. La reproduction sera donc débarrassée d'un défaut qui est parfois non négligeable.
Attention! il ne faut pas faire n'importe quoi car le remède peut être pire que le mal. Quand j'ai fait le distingo, il y a quelques années, entre ce que j'ai appelé biamplification horizontale et verticale, je ne me doutais pas que ces qualificatifs resteraient. A vrai dire, ils sont techniquement discutables mais assez imagés. Personnellement, je préconise l'usage d'amplificateurs multicanaux équipés d'une seule alimentation générale pour éviter que chaque voie aille jouer dans son coin. Il faut, en effet, garder la plus grande cohérence possible, surtout sur les crêtes. De ce point de vue, la biamplification horizontale ou l'emploi d'un amplificateur indépendant par voie n'est pas conseillée car elle fait courir le risque d'entendre chaque voie bien séparément, comble du mauvais goût. Bien entendu, tout ceci n'est vrai que lorsque les amplis sont un peu courts en puissance. L'avantage des amplis multicanaux à une seule alimentation est que les bénéfices attribués à la biamplification verticale s'appliquent dans toutes les directions, gage d'une plus grande stabilité. Quand ça marche moins bien, c'est simplement parce que les raccordements ne sont pas optimisés (voir plus loin). C'est donc une question de compétence. Ce qu'il faut rechercher, c'est que le courant demandé à l'alimentation se répartisse de façon optimale entre les voies (la tension ne change pas) afin qu'il n'y ait aucun phénomène de pompage isolé. Tout doit fonctionner ensemble pour ne pas ruiner le travail du fabricant de l'enceinte. C'est donc délicat.
Le gain en puissance est certain, même s'il le faut pas l'exagérer (après tout, doubler la puissance n'apporte que 3dB, ce qui n'est pas énorme). Juste après l'usage des amplis multicanaux, nous préfèrerons la biamplification verticale (un ampli stéréo par enceinte). Si l'alimentation est unique pour les deux canaux, l'équilibre sera préservé. Si l'ampli est un double mono, le risque encouru est le même qu'en horizontal. On risque de compresser le grave et de préserver la dynamique du médium/aigu, produisant un son que je qualifierai d'audiophile.
Quand ils n'obtiennent pas le résultat espéré, les incompétents ne se remettent pas en cause et ont tendance à jeter l'anathème sur tout et n'importe quoi sans aller très loin dans la réflexion. Le premier risque de la multiamplification à la sauce audiophile, ce sont les boucles de masse. Quand je vois comment certains revendeurs ou importateurs mettent en oeuvre des systèmes actifs, j'en ai froid dans le dos. On empile des amplis (les plus chers possibles) et vogue la galère. Résultat mauvais annoncé et... obtenu. Pourtant, le matériel professionnel devrait montrer l'exemple. Là, ça marche. Prenez des K+H ou des PSI (les anciennes Studer). Aucun problème, tous les avantages sont réunis. Prenez une démonstration de Nautilus réalisée à l'emporte-pièce et vous obtenez... n'importe quoi, alors que le potentiel est énorme seulement voilà, la hifi est dirigée et animée par des commerciaux. Combien savent souder proprement une prise RCA? combien savent ce qu'est une boucle de masse? J'espère que le ton volontairement déplaisant que j'emploie ici en vexera un ou deux qui ira se documenter sur la question. Il faut bien commencer par un bout. Au pire, à force d'entendre les audiophiles leur parler de boucles de masse, ils finiront par se demander ce que peut bien être cette chose triviale. Le combat contre les boucles de masse, c'est l'assurance de tirer meilleur parti de son installation et d'économiser des milliers d'Euros sur les matériel et les grisgris.
Tout ceci mérite donc un peu de réflexion et de compétence. La différence entre certains amplificateurs multicanaux et leurs petits frères stéréo n'existe que par le manque de connaissances de ceux qui les mettent en oeuvre. Quand les cartes sont les mêmes et l'alimentation conçue sur le même modèle (mais simplement plus grosse), on devrait se demander quelle bêtise a été faite plutôt que de décréter que ça ne marche pas. Personnellement, j'utilise un bloc multicanal pour alimenter mes cinq grosses enceintes et je m'en réjouis chaque jour car, en stéréo, je dispose d'une puissance crête impressionnante.
S'agissant des combinaisons d'amplificateurs utilisées en biamplification, tant que l'on a beaucoup de puissance en réserve et que l'on maîtrise les boucles de masse, aucune solution n'est supérieure à l'autre. La diaphonie est une vaste rigolade de nos jours. La question de la biamplification verticale vs horizontale ou avec ampli multicanal n'a de sens que lorsque l'installation est un peu limitée en puissance. Ce sont des combines qui permettent de s'en sortir le plus élégamment possible avec un budget serré.
Mais, peut-on ou doit-on multiamplifier?
Toutes les enceintes ne sont pas biamplifiables avec bonheur. Tout dépend du constructeur. Certains d'entre eux ajustent le filtre à l'oreille pour trouver un compromis satisfaisant (on élargit un peu pour masquer le flou). Dans ce cas, la biamplification peut conduire à une écoute un peu froide car le recouvrement entre voie n'est plus optimisé pour l'écoute. D'autres constructeurs restent droits dans leurs bottes et recommandent la biamplification. Le mieux est de se renseigner à la source (chez les ingénieurs plutôt que les distributeurs amha).
Ne me posez pas de question; je n'aurai, malheureusement, pas le temps d'y répondre.