Haute Pègre ou
Trouble in Paradise (1933)
Je continue mon exploration des films de Ernst Lubitsch après avoir déjà vu Jeux Dangereux, Le Ciel Peut Attendre, Sérénade à trois et quelques courts métrages, avec Haute Pègre son premier film parlant.
Que dire sinon: quelle claque, tout simplement!
Etant en 1932-33, c'est à dire encore dans la période pré-Code, la première chose qui surprend est la liberté dont pouvait jouir les scénaristes. Imaginez: un couple, en union libre, vivant de leurs vols et filant de mascarade en mascarade aux 4 coins du mondes. Les choses se corsent lorsqu'ils décident de s'en prendre à une veuve, présidente d'une grande parfumerie Française, qui a d'autres atouts que sa seule richesse...
Ensuite un sens du rythme inégalé, offrant un film sans temps mort, composant habilement avec la musique (monté/descente des escaliers) et conduisant l'intrigue vers un crescendo final inextricable en apparence. Ses mises en scènes, bien calculées, permettent aussi à Lubitsch de jouer sur nombres de symboliques et de suggérer plus qu'il n'y a l'écran, maintenant le spectateur alerte et renforçant au passage l'impact du message lorsque celui ci l'a décodé (les ombres sur le lit).
Enfin pour un premier film, chez ce réalisateur, usant de dialogues et de son, il est impressionnant de noter à quel point les bruitages sont déjà intégrés dans les outils narratifs comme cette scène filmant simplement 2 portes fermés et où le simple bruit du verrou qui s'enclenche donne tout son sens ou encore les bruits de pas entendu à travers une porte close.
J'ai hâte de continuer l'exploration de sa filmographie.