frgirard a écrit:dub a écrit:Dans tous les cas de figures, on s'amuse bien et personne n'est à plaindre: c'est un loisir agréable.
Cdlt
quand ça ne tombe pas en panne et que le SAV assure.
Francois
Ben c'est comme le ski, la moto, le parachutisme, le golf, les voitures etc etc: ça peut tomber en panne — il peut y avoir des accidents — ça coûte cher — ça fait l'objet de tout un commerce. La hifi est un visiblement un phénomène à l'articulation de la technique et des loisirs — pas du tout un objet de science ni un lieu de vérité.
C'est le côté luxe et désir de la chose, qui paraît si ridicule à ceux qui le raillent, et si honteux à ceux qui le pratiquent et s'en défendent en disant qu'ils entendent bien quelque chose de merveilleux, etc. Et même les pannes et les malheurs, font partie du divertissement et nous occupent.
La chose est connue et ne relève ni de la science, ni de la technique, ni du commerce, quoi que ce dernier domaine consiste bien à exploiter cette dimension des comportements humains:
«tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez bien pour vivre, s'il savait demeurer chez soi avec plaisir, n'en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d'une place. On n'achète une charge à l'armée, si chère, que parce qu'on trouverait insupportable de ne bouger de la ville. Et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu'on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. […]»
Il y a à ce mystère apparent une raison, une cause,
«bien effective et qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près. Quelque condition qu'on se figure, où l'on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus poste du monde. Et cependant, qu'on s'en imagine un accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent les toucher. S'il est sans divertissement et qu'on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu'il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point. Il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent des révoltes qui peuvent arriver et enfin de la mort et des maladies, qui sont inévitables. De sorte que s'il est sans ce qu'on appelle divertissement le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets et qui se divertit. De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois sont si recherchés. Ce n'est pas qu'il y a en effet du bonheur, ni qu'on s'imagine que la vraie béatitude soit d'avoir l'argent qu'on peut gagner au jeu ou dans le lièvre qu'on court, on n'en voudrait pas s'il était offert. Ce n'est pas cet usage mol et paisible et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu'on recherche ni les dangers de la guerre ni la peine des emplois, mais c'est le tracas qui nous détourne d'y penser et nous divertit.»
Soit en gros: les divertissements nous sont des consolations — et les emmerdements nous occupent et donnent, eux aussi, un sens à notre existence. Et c'est bien ce que nous allons y chercher!
Et ceux en discutent et qui tentent de l'expliquer? qui en bavardent? S'ils en bavardent avec sérieux pour y trouver de la vérité ou entreprendre de réformer le genre humain, ils sont eux aussi bien risibles:
«Car quel objet a celui qui se tue à la chasse [ou encore: à s'offrir de la hifi, à en faire des tests etc] sinon de se vanter demain entre ses amis de ce sanglier qu’il aura pris [= de cet ampli ou lecteur qu'il a acheté], et un autre sue dans son cabinet pour montrer aux savants une question qu’il aura résolue [un test d'écoute qu'il aura fait], et tant d’autres se font blesser à la guerre en une campagne [de font escroquer lors d'un achat ou dépensent beaucoup d'argent] pour se vanter l’hiver des dangers qu’ils ont courus [pour se vanter sur un forum de la bonne affaire], aussi sottement à mon gré, et les autres [ceux qui critiquent tout cela!] se tuent pour remarquer toutes ces choses non pas pour en devenir plus sages mais seulement pour montrer qu’ils les savent, et ceux-là sont les plus sots de la bande car puisqu’ils le sont avec connaissance, au lieu qu’on peut penser des autres qu’ils ne le seraient plus s’ils le savaient qu’ils le sont.»
Et évidemment, cela vaut pour moi le premier!



Et puis bon: y'a pas que Schopenhauer dans la vie!
