Modérateurs: Modération Forum Oeuvres & Multimédia, Le Bureau de l’Association HCFR • Utilisateurs parcourant ce forum: Cedric Gibbons, kerpape et 59 invités

Films (débats, critiques), personnalités (acteurs, réalisateurs), prochaines sorties, les salles, la presse spécialisée...

rectification.

Message » 18 Fév 2008 15:15

Notre service "correction et accord de conjugaison" (qui emploie 32 personnes à temps complet) nous prie d'insérer :

Une faute d'accord s'est glissée dans la dernière phrase précédente :

* que ceux qui ont compris quoi que ce soit à ce scénario lève le doigt.



Nous cherchons à joindre le rédacteur de la note afin qu'il précise sa pensée pour que nous puissions rectifier.

Soit, fidèle à la pensée optimiste, il considère que plusieurs personnes animées de doigts sont en mesure de les lever pour manifester leur approbation et dans quel cas il faudra lire :

que ceux qui ont compris quoi que ce soit à ce scénario lèvent les doigts.
(ou "leurs" doigts, s'il suppose qu'il ne vont pas lever des doigts-tiers)

ou, plus admiratif, il pense que vous êtes seul à saisir l'essence du synopsis et dans quel cas, nous devrions remplacer la phrase incriminée par un plus juste :

que celui qui a compris quoi que ce soit, lève le doigt.
(ou "ton" doigt s'il n'en lève qu'un et que la formule s'adresse directement à toi)

(forme de l'admiratif du présent simple)


Une commission se réunit cet après-midi pour statuer au vu des éléments nouveaux.
peg-harty
 
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Message » 18 Fév 2008 18:18

Ce n'est que pure spéculation et elle ne trouvera que peu d'intérêt, si ce n'est aucun, dans ce superbe thread mais je ne peux me taire. Il s'agit - on pourrait l'imaginer - d'un (ou de plusieurs) doigts de pieds. Auquel cas nous pourrions, malheureusement, il faut le dire, envisager un pied de nez qui se fait, comme chacun le sait, avec plusieurs doigts. Cela n'excuse de toute manière aucunement la faute d'accord, nous en sommes tous conscients.
tomax
 
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une decennie, déjà...

Message » 18 Fév 2008 19:34

Dix ans de la vie d'Olaf ont été décortiqués, passés au crible de l'oeil qui juge pour comprendre le regard du regard.

- Dix ans, dix ans Pluto, déjà dix ans - comme le répétait hier encore Michel Sardou à son chien en comparant la filmographie de Stromberg à un slow dont il croyait se souvenir.


L’œuf (1966)
L’intention (1967)
Un homme nommé lapin (1968)
Chérie, j’ai mangé des cerises (1969)
. (1970)
Le roi de la montagne (1971)
Le défi du magicien (1971)
La quadrilogie de Garl
- le combat
- la victoire – acte II
- La mémoire de Garl
- Le trône contre-attaque
Les chevalières (1972)
Autopsie d’un vivant (1972)
A l’Est tout est neuf (1973)
Quand tout est dit (1974)
Mireille (1975)
La petite bataille (1975)

Il reste tant à faire. Cette première période, appelée aussi "période suédoise" est la moins interessante mais on ne pouvait pas appréhender pleinement la prochaine période, dite "hollywoodienne", en occultant la jeunesse rebelle du cinéaste.

Ce virage, négocié avec brio en 911 après le succès de "Mireille" va montrer un Olaf nouveau. Plus mature et en pleine possession de son art.

Nous coyoterons Spielberg, Coppola père et fille, Coen frère et frère, Woody, Kubrick et tant d'autres. (du verbe coyoter - irrégulier pluriel)

David Bowie, Elvis Presley et tout le gratin musical. Mes amis, vous allez devoir vous réjouir...
peg-harty
 
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Le service "image" communique

Message » 25 Fév 2008 17:46

Vous pouvez, dès à présent, observer les affiches de plusieurs films supplémentaires sur le lien suivant :

http://www.flickr.com/photos/olafstromberg/

Le défi du magicien (1971)
Autopsie d'un vivant (1972)
Quand tout est dit... (1974)
Mireille (1975)


Merci Thomax !
peg-harty
 
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Le service "image" répond

Message » 26 Fév 2008 8:28

Pas de soucis, c'est un plaisir agréable à partager.
En raison du temps qui passe, il n'est pas simple de retrouver et de mettre en ligne toutes ces perles, certaines étant malheureusement en piteux états et d'autres encore introuvables (mais je veille). Nous sommes bien entendu encore dans la première période d'Olaf et le matériel graphique le concernant est évidemment beucoup plus rare.
Pour vous mettre l'eau à la bouche on m'a parlé récemment d'une personne (bénie par les dieux) possédant la Quadrilogie de Garl dans une réédition de 1973 en coffret vidéo (en VCR - soit un coffret de 10 cassettes) - donc bientôt quelques photos.
tomax
 
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Hollywood. J'arrive !

Message » 26 Fév 2008 13:12

Olaf Stromberg aime la Suède, son odeur de varech et le vent continuel qui souffle dans les cheveux des trolls. Mais d’autres sirènes l’appellent. Son film Mireille cartonne aux Etats-Unis. Hollywood tourne son regard vers le jeune cinéaste qui a réussi, en quelques années et avec des budgets relativement maigres à tourner toutes ces petites merveilles.
Les appels du pied se font de plus en plus pressants et en mars 1976, Olaf décide de quitter Stockholm pour le nouveau monde. La 20th Century Fox lui propose de tourner la suite de « Mireille »dans ses studios.

C’est une proposition qui ne se refuse pas.



Veranda, sa fidèle amie pleure de joie et de tristesse. En l’honneur d’Olaf, elle loue un fjord pour y faire la fiesta. Tout le gratin scandinave se déplace et Stromberg mesure soudainement sa popularité : le groupe Abba lui offre un concert (4 semis remorques de matériel, dont un pour les bottes cuissardes), Bergman immortalise la fête en 35 mm mais malheureusement oublie d’enregistrer le son. Il reste aujourd’hui de cette soirée des images muettes qui ne traduisent que difficilement le vent de folie qui y régnait.

Les invités dansent en silence en mangeant des rolls-mops, Abba gesticule, la reine remue les lèvres et Olaf serre des mains. C’est poignant et, en même temps, assez surréaliste.
Il faut imaginer – pendant le gros plan sur les cheminées de bateau – les Brrooooom qui saluent le prochain départ de l’enfant du pays.
Les main s’agitent, les filles se tiennent la tête sans qu’aucun son ne transparaisse. C’est très bizarre mais la Suède c’est aussi ca...

Amérique. Retiens ton souffle. Olaf Stromberg arrive !
peg-harty
 
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Mireille 2

Message » 28 Fév 2008 13:23

Image

Mireille 2 (1976)
Film américain – comédie – durée 1 H 32 mn.
Coréalisé par Olaf Stromberg et Steven Spielberg avec Meryll Streep, Robert Redford, Snoopy Dog Rexy.
Musique : Bee Gees.

Synopsis :
Mireille, une jeune artiste scandinave, découvre New York. Installée dans un loft au « Village », elle côtoie principalement le monde underground de la peinture. Un jour, lors d’une exposition de papier mâché à la bouche, elle rencontre Ralph Connor, un brillant trader de Wall Street. Il est immédiatement conquis mais comment fait-on pour séduire un tel phénomène quand on ne sait pas faire la différence entre un Keith Haring et une caisse d’harengs ?

Stromberg reprend les ficelles qui ont fait le succès de Mireille. La confrontation de deux mondes aux codes préétablies très différents. Habilement, entre des répliques et des scènes comiques irrésistibles, le scénario distille la même trame implacable : la complémentarité.

Mireille, artiste, crée et expose pour vendre et gagner de l’argent. Ralph, richissime, rêve d’acquérir des œuvres d’art.

Ni l’un ni l’autre ne possèdent les qualités requises pour réussir pleinement le challenge. Mireille est incapable de valoriser son travail et de négocier les ventes de ses oeuvres. Ralph ignore tout de l’art et se fait plumer par tous les petits escrocs du monde de l’art.
Au fil des rencontres et des quiproquos, l’un et l’autre – par le truchement de l’amour – vont concrétiser leurs rêves... pour réaliser, tout à coup, et quasi simultanément, que l’important, le primordial : c’est l’amour. Le reste n’est qu’illusion.


Cette suite de Mireille, magnifique hymne à l’amour, est aussi le premier film de la série hollywoodienne de Stromberg. Les responsables de la 20th Century lui accordent un budget de près de 40 millions de dollars mais, par précaution, demandent à Spielberg de coréaliser la production pour éviter les dérives. En réalité Spielberg, époustouflé par le dynamisme et la maîtrise d’Olaf, se contentera de jouer occasionnellement au golf avec lui. Sur ce terrain, il le bat régulièrement.
Dernière édition par peg-harty le 25 Nov 2018 13:05, édité 1 fois.
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questionnement

Message » 28 Fév 2008 14:03

A ce stade du récit de l'épopée Strombergienne, le service "Rédaction et Précision" s'interroge :

Faut-il vous expliquer les règles du golf ?



Ajout du 28 août 2011

Devant les nombreuses demandes inconscientes et non formulées d'un auditeur doué du sens de l'humour et de l'observation je pense qu'il est inutile de préciser le règlement du golf. Y jouer à un, c'est possible. :)
Dernière édition par peg-harty le 28 Aoû 2011 14:03, édité 1 fois.
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1976 - Stromberg à Hollywood. Suite...

Message » 19 Mar 2008 14:02

« Comme à l’accoutumée, il est impossible – voire possible - de comprendre Mireille sans mésestimer le sillon creusé par l’actualité dans les diverses pluralités de la société contemporaine de mes actes ». Olaf Stromberg dans The Observer – mai 76

Olaf ne maîtrise pas encore tout à fait la langue de Bob Dylan et les intellectuels américains, très élégants, applaudissent, même sans comprendre, la moindre de ses interventions.

Depuis qu’il s’est installé à en Amérique, Olaf a bien changé. Il a troqué son pull noir et son pantalon en tergal contre une chemise hawaïenne et un short.
Spielberg coréalisateur de Mireille le présente au gratin dauphinois de la ville et l’initie aux nombreuses soirées cocktails qui célèbrent l’anniversaire de l’un ou le divorce de l’autre.
C’est l’époque où on l’aperçoit régulièrement à quatre pattes à Hollywood Boulevard devant le Grauman's Chinese Theatre. Il déambule en épousant sur le sol les moulages des pieds et des mains de toutes ses idoles : Shirley Temple, Humphrey Bogart, Donald duck...

Stromberg en garde un souvenir assez flou : « j’étais bourré comme un coing »

Il fait régulièrement la une des journaux à scandale : Stromberg boit de la coke... Stromberg boit discrètement du peppermint dans un sachet en carton... Stromberg parle aux oiseaux dans un parc... Stromberg se rend incognito à l’association des alcooliques anonymes...

David Bowie, intrigué par le personnage, lui propose le tournage du clip de Jean Genie. Olaf, enthousiaste lui soumet le synopsis :

« le chanteur, habillé en crevette rose danse en évoluant dans une paella géante. Dans le plat, des moules s’entrouvrent et se referment comme autant de doigts qui claquent pour accompagner le refrain. A la fin du morceau plusieurs tonnes de riz cuit ensevelissent David Bowie. »

Le tournage nécessite des moyens techniques assez considérables. Pour accentuer le réalisme, l’équipe design costumer décortique deux cent mille crevettes pour les coudre ensemble et confectionner une carapace sur mesure au chanteur. Un cuisinier espagnol supervise les opérations. Le tournage dure huit jours et oblige l’équipe food designer à réchauffer régulièrement le riz.
Au dernier moment, le manager de la vedette refuse de valider le choix prétextant que ce serait... mauvais pour son image de marque...

Les Etats-Unis ne sont pas encore prêts pour la vision artistique avant-gardiste de Stromberg. Il a beau rappeler que c’est lui qui a insisté pour que le groupe Abba mette des cuissardes, ou que le batteur de The Sweet arbore des gants blancs, ou encore que les Rubettes portent un béret rouge bordeaux. Rien n’y fait.

Le cinéaste retourne dans sa villa en ronchonnant. Il glisse une feuille blanche dans sa machine à écrire et tape Zcvegrr. Il la retire et la déchire. Il réfléchit à son prochain long métrage : le retour de Mireille.
peg-harty
 
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Message » 19 Mar 2008 15:02

Un petit interlude pour vous dire que j'aime beaucoup ce que vous faites Mr Peg :wink:
jujulolo
 
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Message » 19 Mar 2008 18:20

Et ce "Zcvegrr", rapidement dactylographié, puis déchiré et jeté dans une corbeille à papier, (inconsciemment renié donc), est en fait la manifestation du deuil d'Olaf pour l'épisode "Bowie en carapace de crevettes-roses" qu'il n'a pu finaliser ... Ce simple mot, à la signification assez obscure au demeurant (en tout cas si on le place au même niveau sémantique que la crevette rose) , va permettre à Olaf de rebondir et d'envisager l'écriture du scénario "Le retour de Mireille".

Ce sont bien les efforts surhumains des biographes d'Olaf (Dont Peg-Harty un l'un des principaux, qu'il en soit ici remercié) qui nous permettent aujourd'hui d'en prendre connaissance : En effet, c'est en fouillant les stock de la fabrique de pâte à papier des environs, que furent retrouvées les deux moitiés du document. On imagine la masse de papiers, cartons, qu'il a fallu patiemment extraire, déplier, (repasser quelque fois), pour finaliser cette recherche.

Il était utile, je pense, de relater ce détail, qui influe tout de même, et notablement, sur la suite de la carrière d'Olaf Stromberg.

Là s'arrête l'étendue de ma modeste culture sur l'oeuvre magistrale (et quelque fois incomprise) de ce remarquable homme de cinéma. Peg-Harty, nous continuons à te lire assiduement ...
Merci !
alcatol
 
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remerciements

Message » 19 Mar 2008 20:56

L'ensemble de nos services, dont le département de Lyon, vous remercient de votre intérêt pour le cinéma d'Olaf.

Vos récents messages sont à même de raviver la flamme de notre passion commune.

La justesse de vos propos et leur honnêteté nous incitent à vous prier d'accepter de nous prêter vos doigts afin de justifier le pluriel d'un post précédent.

Merci de rejoindre cette chaîne des amoureux du vrai cinéma. Cette chaîne qui, paradoxalement, doit nous aider à nous libérer des contraintes si fréquemment admises dans l'univers audiovisuel.

Pour achever de vous convaincre de notre sincérité, nous levons, nous-mêmes les doigts pour les pointer sur vous et signifier, ainsi, notre profond respect pour votre goût si sûr.

Cordialement.
peg-harty
 
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Message » 30 Mai 2008 9:46

Bravo et merci.
Très drôle. Quel talent !
A quand un livre sur l'oeuvre d'Olaf, livre dont je pourrai fièrement exposer la tranche dans mon salon-bibliothèque ?
A propos de biographie permettez-moi de vous conseiller " Du guignol du Jardin du Luxembourg à L'UGC Normandie " de Jean-Pierre Taverbrol, le "Stromberg français" comme l'a si bien titré "Négatif" (ou les Brouillons je ne sais plus, il ya si longtemps...)
Une question: verrons-nous un jour Olaf palmé ?
Merci encore
yvo
 
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Festival

Message » 31 Mai 2008 2:10

Nous prions nos auditeurs d'accepter nos excuses pour cette coupure momentanée de l'aventure d'Olaf.

Les aléas du direct comme aiment à le répéter les boxeurs avant de retourner sur le ring. Afin de coller au plus près de l'actualité, nous avons regardé le festival de Cannes à la télévision. Un spectacle magnifique...
Un fort bel escalier ! large et finalement très utile pour monter les marches.

Nous avons appris que le président, l'estimable Sean Penn fils d'Arthur, stressait un peu de la présence de Maradona sa précédente épouse (un sportif très connu).

Clint Eastwood, plus jeune que jamais, nous évoquait son prochain film : "La pêche à la truite"
en trois parties. La première vue du côté du pêcheur (documentaire sportif), la même histoire vécue par la truite (drame), la même histoire vécue à travers le regard de l'asticot (drame).

Mais, c'est celà aussi, le festival de Cannes, des rumeurs invérifiables, des smokings, des robes de mariée, du peppermint à gogo, le crépitement des flashes, des bretzels...

Et puis, pendant la pub, nous apprenons par minitel que Sydney Pollack vient de mourir, semble-t-il dévoré pendant trois jours par des condors. Une mort affreuse. De rage nous avons jeté le DVD de Tootsie dans la poubelle.

Rassurez-vous, Olaf va bien : il est actuellement à Venise, en tête de gondole. A bientôt pour la suite !
peg-harty
 
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Le retour de Mireille 2 (1977)

Message » 05 Juin 2008 11:31

Le retour de Mireille 2 (1977)
Film américain – comédie funéraire – durée 1 H 24 mn.
Coréalisé par Olaf Stromberg et Steven Spielberg avec Meryll Streep, Robert Redford, Pluto the bulldog.
Musique : 13th floor elevator.

Synopsis : Enervés par les perpendicularités des rues de la ville, Mireille et Ralph quittent New York et déménagent à San Francisco. Loin des tumultes de Big Apple ils imaginent pouvoir vivre l’aventure de la Flower Power Generation. Mais dix ans se sont écoulés... les fleurs sont fanées.


Stromberg, encore assisté au golf par Spielberg, rend hommage à sa manière aux années hippies. Il les glorifie pour mieux les enterrer. Plus tard on évoquera « le Retour de Mireille » comme le film qui décapita définitivement le rêve Woodstockien. Tout est prétexte à bilan. Les fleurs fanées, évidemment, mais aussi la rencontre avec des personnages édentés à cause de l’acide. Le discours sur l’amour devient inaudible et postillonnant. Des boutiques de souvenirs poussiéreux proposent à des touristes japonais des reliques d’une époque révolue : colliers de coquillage, grandes chemises blanches mangées par les mites, « sur la route » et « les clochards célestes » les deux œuvres phares de Kerouack sont soldés ici, traînent dans des poubelles là... Ailleurs, dans un bar, Hunter S. Thomson, affublé d’un T.Shirt de Gonzo (le trompettiste des Muppets) tente d’échanger un scoop : hééé bèèè moi je sais kika tué JFK, tu payes un coup, ch’t’le dis...
Détails qui en disent long sur le tempérament d’Olaf, un brin moqueur mais résolument tourné vers le futur.

Quelques scènes sont de véritables clins d’œil aux cinéphiles expérimentés. Ainsi la scène où le couple, à bord d’une Ford Mustang, effectue la plus longue marche arrière de l’histoire du cinéma. Les connaisseurs reconnaîtront le parcours exactement inverse de Steve McQueen dans Bullit. Lorsque enfin ils se garent sur le Golden Gate – provoquant ainsi un gigantesque embouteillage, puis un tremblement de terre – Ralph, penché sur le parapet du pont, tout en sueur, semble saisi de vertige. Au loin, sonne une cloche. La même que celle d’Hitchcock dans Vertigo. La radio égrène un vieux morceau de Jefferson Airplane...

Les époques se bousculent mais lorsqu’ils redémarrent vers la fin du film, Mireille, avec un étrange sourire glisse à l’oreille de Ralph « Back to the future ! ». Un immense éclat de rire ponctue l’affirmation. D’un geste décidé, Mireille tourne le gros bouton de recherche de station de l’autoradio (un tublar) et le riff ravageur de God save the Queen emplit l’espace. Un personnage qui ressemble étrangement à Johnny Rotten fait du stop. Ils ralentissent, l’embarquent puis, un peu plus loin, le laissent, lui aussi, sur le bord du chemin. Le maigrichon observe la voiture qui s’éloigne de plus en plus rapidement... toujours en marche arrière...

Extrait du San Francisco Chronicle (10/1977)

Avec Le retour de Mireille d’Olaf Stromberg tous les publics se rencontrent et sont comblés. L’aspect « déconnade » (NDLR : en français dans le texte) ravira les amateurs de comédie. Le géographe appréciera particulièrement les nombreuses vues de la ville observées par la lunette arrière. Le musicien applaudira la qualité de la bande sonore et le maquettiste la fidélité des reproductions. Le maire de notre ville ayant refusé – à tort – de sacrifier le Golden Gate pour la grande scène du tremblement de terre, l’équipe ponts et chaussées du film en a reconstruit un, juste à côté, grandeur réelle. La rumeur circule qu’ils étaient tellement semblables qu’à ce jour, on ignore encore lequel a réellement été détruit.
Le cinéphile, quant à lui, sera éberlué par les paris audacieux du cinéaste suédois. Chaque marche arrière du véhicule replonge les protagonistes dans un passé de plus en plus éloigné. Les allers et retours incessants restent lisibles grâce à une multitude de petites astuces : noir et blanc pour l’époque pré-hippie, flou hamiltonien pour l’époque flower power... sans oublier le morceau de bravoure que seuls les plus attentifs noteront : lorsque la voiture accélère, simulant la vitesse, le décor semble accélérer lui aussi. Comment ont-ils réaliser ce trucage ? Bref du grand, du très grand cinéma. [/i]
Dernière édition par peg-harty le 10 Nov 2013 18:11, édité 1 fois.
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