hyperspace a écrit:une image propre
La propreté n’a rien à voir. Je peux citer des films des années 50 dont les restaurations sont immaculées. L’image des 3 Infernal Affairs est en fait intrusivement lissée, la raison pour lesquelles ces remasters n’ont pas été très bien accueillis (quelle surprise). Accessoirement, la VO du 1er film clippe (contrairement au BR US).
Tu me diras cependant des nouvelles de celui parmi les 3 qui sort clairement du lot en terme de traitement technique (je n’en dis pas plus, c’est pas rigolo sinon).
hyperspace a écrit:A chaque fois que j’ose dire que c’est un travail bien fait, avec des résultats probants sur les écrans modernes, vous mes tombez dessus en me disant que non, il faut se plier à l’opinion majoritaire qui estime, selon leurs goûts, que c’est mauvais.
Ce que tu ne comprends pas, c’est que non seulement ce discours est parfaitement réversible (ce que je fais d’ailleurs plus bas), mais que c’est le cas en pratique en plus. Donc ce n’est pas tant que tu oses, chevalier blanc bravant l’adversité de la foule de moutons subjectifs, que c’est un travail bien fait, mais que c’est littéralement un travail qui n’est pas bien fait, que ce n’est pas une question subjective mais objective, et que dans plusieurs des cas disponibles sur le marché, je tiens cela directement de la part des laboratoires concernés, à qui l’ayant droit a tordu le bras pour traiter l’image d’une façon allant à l’encontre des recommandations techniques effectuées.
hyperspace a écrit:Ben non désolé, on peut avoir cette discussion mille fois, le constat restera le même. Que vous aimez/cela ne vous dérange pas/vous ne voyez pas le problème, soit, vous vous faites très bien entendre. N’empêche qu’il y aura toujours une minorité, dont je fais partie avec les auteurs des disques en question, qui ne pas pense pas comme vous.
Bien sûr que ça ne changera pas le constat. Le constat, c’est qu’un film tourné en 35mm, a fortiori disons dans les années 80, a une texture argentique visible, qui s’exprime sous la forme de son grain argentique. Que tu n’aimes pas cela/que cela te dérange/que tu trouves que c’est un problème, soit, on a bien compris, sauf que cela passe outre des éléments techniques plus concrets que ton analyse personnelle (j’aime/j’aime pas), qui s’avère en plus à contre-sens de ce que font structurellement les gens dont c’est littéralement le métier et dont les avancées techniques reconnues ont justement en grande partie tenues dans la restitution plus transparente de la texture argentique des éléments utilisés, ce qui fait qu’on est sorti de la grande époque des masters HD barbouillés de DNR et d’EE, qu’on est passés des scanners en mouvement aux scanners pas à pas.
Si audace il y a, elle se situerait donc plutôt dans la capacité à continuer ce contre-sens face à ces éléments factuels, concrets, techniques, éthiques, répétés inlassablement mais dont tu n’as clairement que faire et qui, toujours plus, ne fait que donner l’impression d’une personne que la préservation du patrimoine n’intéresse pas, que voir un film pour ce qu’il est n’intéresse pas, car ce qui l’intéresse, c’est faire claquer son matos quitte à tordre une œuvre pour la faire rentrer dans sa zone de confort individuelle.
hyperspace a écrit:Et d’argumenter avec « mais c’était comme ça au cinéma dans les années 80 », ben on n’y est plus. Et heureusement, les rayures des pellicules fatiguées ne me manquent pas (cf la qualité de ce passage post181353515.html#p181353515, c’est bien ce genre d’image que j’avais quand j’allais au cinéma, et désolé mais j’ai infiniment mieux chez moi maintenant).
…Et tu te retrouves logiquement à devoir tordre une énième fois les choses et à faire de gros raccourcis techniques (l’extrait de Star Wars de ton lien n’étant pas restauré et uniquement disponible en 720p max – je vois régulièrement des films en copies 35mm d’archives, c’est en meilleur état que cet extrait) puisque quoi que tu feras ou diras, la vision technophile que tu proposes ne colle pas à la réalité empirique et constatable des pratiques en vigueur et de ce qui est, à de multiples niveaux, consensuellement considéré comme un travail bien fait et donnant des résultats probants sur des écrans modernes (tu ne devineras jamais le matos qui équipe de nombreux laboratoires responsables de ce que tu estimes être du mauvais taf).
Bref, tu as tout à fait le droit d’être dans une minorité refusant le rendu visuel qu’implique le respect de ce patrimoine cinématographique, mais ce sera logiquement en ce sens que ce sera considéré. Et si tu refuses malgré tout d’entendre les explications techniques permettant de comprendre et d’assimiler la structure des choses et leur réalité concrète, ce sera là aussi ton droit de continuer à mal analyser ce que tu constates et considérer comme anormal quelque chose de normal, et à continuer alors de recevoir les mêmes contre-arguments de fond à ce sujet.
Les mêmes discussions, en fait, qui avaient lieu il y a 15 ans et où certains se sont mis à se demander pourquoi Citizen Kane ne ressemblait pas à Avatar (déjà Cameron). On aurait pu croire que depuis ce temps, elles auraient pu se renseigner et apprendre les raisons, d’autant plus que 15 ans plus tard, Citizen Kane continue de ressembler à Citizen Kane (même en UHD), et les Citizen Kane transformés en Avatar continuent de n’absolument pas former la norme des travaux techniques mis sur le marché. Et libre ensuite à chacun de quand même penser, en dépit de tous ces éléments techniques concrets et factuels, que c’est le nouveau master de La main au collet qui est meilleur que le précédent (et non le contraire) (et pour le coup, Hitchcock aura bien eu du mal à être co-responsable de ce résultat) (marche aussi avec les Bruce Lee restaurés par Arrow vs les restaurations originellement produites selon les désidérata de l'ayant droit à l'encontre des recommandations du labo). Faudra juste pas qu’ils s’étonnent de ce qui leur sera répondu.
ssebs a écrit:Avec l'IA entre autre, ça pourrait être un bon sujet de philo pour le bac: lien entre avancées technologiques et réalité versus perfectionnisme idéalisé.
Plus prosaïquement et directement, il s'agit simplement ici des questions autour de l'éthique de la restauration d'art (le fameux "tu étais tellement occupé à te demander si tu était en mesure de le faire que tu as oublié de te demander si tu devais le faire".
Et bon bah en terme de patrimoine cinématographique, le fait est que la question est globalement pliée, suffit de regarder autour de nous ce qui compose la norme et ce qui compose l'exception. Pas besoin de réinventer la roue.