Bon aller puisque personne ne se jette à l'eau je me lance
Je ne fais pour l'instant aucune comparaison avec d'autres versions (peut-etre plus tard, notamment avec la version Pinnock)
Je commence par les impressions générales positives
: on sent que les Giardino Armonico aiment jouer Vivaldi ! La fougue des mouvements rapides (I et III) est la, le calme du II aussi.
D'une facon générale on entend tout de suite la ou ils veulent en venir, et ce qu'a travers eux Vivaldi a voulu dire
Impressions générales négatives
: la dynamique un peu trop pronocée à mon gout... Enfin c'est surtout les trop grandes variations brutales de niveau sonore qui me gênent. Ils ne prennent pas assez le temps des crescendo notamment... Et puis les pianissimo sont parfois très (trop, en fait) durs à entendre. Le plus gênant étant à mon gout une certaine perte de timbre; dans les mouvements rapides et fortissimo, ils écrasent trop l'archet je trouve, le son cafouille un peu. Mais peut-etre est-ce dû aux instruments d'époque?
Bon passons maintenant à une analyse des 3 mouvements
I. Allegro Non Molto - Allegro
2 gros problèmes pour moi
: le fortissimo à 3'11 me casse vraiment les oreilles à chaque fois... Ou alors je n'entends rien pendant les passages piano si je mets le volume moins fort. Cruel dilemme....
2ème problème : à 1'46 le soliste fait une grossière faute de changement de corde (il s'arrête presque)
Sinon rien à dire, c'est beau et bien joué, sans plus.
II. Adagio - Presto
C'est beau, c'est très beau. Je trouve la prise de son du soliste excellente. On l'entend bien, sans pour autant que les autres instruments ne soient inutiles ou couverts. Chaque corde apporte sa pierre en somme.
Une certaine tristesse se dégage de ce morceau, mêlée à un calme inquiétant qui annonce la tempête à venir.
Sur le plan de l'interprétation, les
Giardino arrivent à rendre intense chaque seconde de ce morceau qui n'est pourtant pas le plus connu des quatre saisons (probablement car pas le plus virtuose non plus)
A certains moments (0'22, 1'52, 2'17) les cordes sonnent presque comme des timbales (le roulement du tonnerre lointain qui annonce l'orage).
Bref je suis vraiment emballé par ce mouvement
III. Presto
Ca y est, l'orage tant redouté est bien la. Et le moins qu'on puisse dire dire est qu'il est déchainé ! La pluie tombe dru, la tonnerre tonne tout ce qu'il peut.
C'est dans ce mouvement notamment que je trouve que les Giardino écrasent un peu trop. Un
forte dans un mouvement rapide, il faut alléger l'archet.
On arrive dans ce passage aux limites du soliste qui n'est pas tout à fait aussi virtuose que d'autres ont pu l'être. Les soli sont parfois un peu brouillon mais rien de grave
En revanche, coup de chapeau pour le magnifique passage du 0'10 jusqu'à 0'45 !
Le splendide crescendo des premières secondes insiste beaucoup sur les basses, et je n'ai jamais si bien entendu l'accord sol do mib sol, qui monte, terrifiant ! (et qu'on retrouve vers 2'00)
Un très beau mouvement donc
Pour conclure : l'été est l'une de mes saisons préférées, notamment le III. 2 morceaux sur 3 m'ont vraiment emballé, par leur grande limidité du message : on entend véritablement ce que Vivaldi a voulu dire, non seulement en terme d'images (la chaleur, l'orage etc..) mais aussi en termes musicaux : chaque instrument apporte sa pierre à l'édifice.
Pour finir, le poème qui va avec ce concerto :
De son feu implacable le soleil pèse sur l'homme
et ses troupeaux, il embrase la forêt.
La tourterelle et le chardonneret répondent
à l'appel monotone du coucou.
La brise soupire mais soudain
Borée mugit et étouffe sa voix.
Le berger pleure d'effroi,
il craint la bourrasque imminente;
La peur de l'orage,
du bourdonnement sourd des mouches affolées,
arrache ses membres lassés aux douceurs du repos.
Hélas! que ses craintes sont justes.
Le ciel tremble et s'enflamme
et la grêle fauche les fiers épis.
A vous !