C'est intéressant, mais certaines choses sont assez drôles. Par exemple :
Gould écrit : La première est que, le grand public réagit de manière toujours infaillible par rapport à une œuvre ou un artiste, en tout cas plus juste qu’aucun groupe de professionnels ou de critiques.. Et si l’on considère que des millions de gens depuis un demi siècle ont la même réaction vis à vis d’un musicien, il est impossible d’ignorer le phénomène et de se contenter de répondre que son intonation a laissé à désirer sur un ré dièse.
A première vue, ça semble démagogique mais juste ce vox populi vox déi. Mais la notion de public est tellement récente historiquement que seuls deux siècles en gros de musique, ont eu ce type de reconnaissance du public. Et si l'on prend grand public : alors seulement depuis environ 70 ans...
Car le public puis le grand public s'est trompé sur Mozart de sa mort aux années 1950... après une tentative pendant les années 1930. Et il s'est trompé aussi parce que les professionnels ne jouaient pas Mozart. Car la notion de public décorellée de la notion de pro et de critiques ne veut rien dire du tout !
Comme beaucoup de choses écrites par gould cela semble juste, mais en réalité, comme beaucoup beaucoup de choses écrites par Gould c'est dans le fond d'une banalité de pensée aussi grande que la statue que certains lui ont élevé comme penseur.
Gould était un grand pianiste, ça c'est certain ! Mais il était un penseur de la musique très faible et un producteur d"émission de radio assez banal... très dans l'air du temps des années 50-60.
En temps que penseur ce n'est pas Charles Rosen (pianiste en revanche pas terrible), même pas Brendel pour ne rien dire de grands anciens comme Busoni.
Maintenant on peut aussi dire :
Si le musicien dont il parle est là où il est c'est que des professionnels se sont penchés sur lui depuis sa tendre enfance pour l'aider à devenir ce qu'il est.
Dans le cas de Menuhin, Zimbalist, Enesco, Nadia Boulanger, Paray and co... et je vais vous dire que ces musiciens là, malgré le génie du petit Menuhin, n'étaient pas, dans le boulot, les généraux de la bridade du rire...
Opposer des millions de gens sur des décennies à un groupe de professionnels ou de critiques qui s'expriment à un temps X relève d'un point de vue assez faible assez typique des musiciens qui ont un compte à régler :
Le groupe de professionnels fait partie de ces millions de gens. Mais il s'exprime de façon visible de tous, mais pour les millions de gens on ne retient que ceux qui applaudissent et sont contents à chaque concert... en les anonymisant d'une façon assez rigolote ou inquiétante.
Or chaque fois, dans chaque salle, à la fin de chaque concert, il y a parmis ces "millions de gens" qui suivent un artiste depuis des années ou qui l'écoutent pour la première fois, des anonymes ni pro ni critiques qui sont déçus et trouvent que le ré dièse dont parle gould n'était pas juste... ou qui ne font plus partie des "millions de gens" qui écoutent Menuhin car trop de ré dise à côté les ont lassé... mais ces individus, ni pro ni critiques, ne le font pas savoir au dela du cercle de leurs connaissances. Sauf quand ils sifflent.
Et enfin pour toute une génération Menuhin était plus qu'un musicien et son aura dépassait le cadre de la salle de concerts. Pour d'autres c'était comme un vieil ami qu'on vient écouter même quand on sait que ses forces ont décliné et qu'il joue de plus en plus mal techniquement. Et le respect qu'il y a toujours eu pour lui fait que les critiques qui disaient la vérité de ce qu'ils entendaient dans leurs papiers étaient rarissimes...
Que des professionnels, comme Gould à l'encontre d'autres musiciens ou Richter, en revanche revenus à l'état d'anonymes contenus dans ses "millions de personnes" aient taillé des costards à certains de leurs confrères est en revanche une certitude.
Richter lui l'a même noté dans des carnets retranscrits par Monsaingeon et mal triés par le même...
Le troisième paragraphe est est du recopié de ce qui traine dans la littérature depuis le XIXe siècle, mais c'est intéressant car synthétisé et facile à comprendre !
Alain