tovarich007 a écrit:Les deux interprétations, les deux sonorités et les deux enregistrements sont si différents qu'il est difficile de choisir. J'aurais préféré la version sur pianoforte Cristofori, aimant beaucoup cet instrument, si le son n'était pas pris en hyper closed back, le micro dans l'instrument, de façon à renforcer un peu trop les harmoniques et vibrations caractéristiques d'un pianoforte. C'est un peu caricatural, l’instrument résonne trop, de façon éthérée, et c’est encore plus marqué dans la pièce suivante, le prélude en mi bémol majeur.
Compte rendu d'écoute typique de mauvaises conditions d'écoute avec enceintes trop près du mur dorsal, à mon avis, ou sur ordi ou casque, ou tout autre mauvaise condition d'écoute qui accentue le médium-bas médium. La prise de son n'est pas celle que tu décris. Elle n'est ni éloignée ni de proximité. Correcte, selon moi.
Le prélude qui suit n'est pas joué sur le Cristofori, mais sur un Silberman qui sonne nettement plus "bas médium", ce qui paraît logiquement dans les conditions d'écoute sus-décrites plus caricatural encore.
Du point de vue musical, les deux interprétations sont plutôt réussies, celle de Debargue très articulée, hyper lisible, avec une certaine austérité qui colle bien à Bach joué au piano moderne, c'est un peu l'équivalent pianistique d'un Gustav Leonhardt au clavecin, comparaison que d'aucuns d'entre vous jugeront peut-être inadéquate, mais elle me vient à l'esprit. Guglielmi joue plus coulé, plus chantant, c'est très beau mais un peu excessif là aussi, et ce parti pris est renforcé par cette prise de son qui en fait trop. Alors, je vote Debargue mais la compétition ne démérite pas.
Je préfère l'approche de Guglielmi car la grande phrase est mieux respectée, le style fugué mieux saisissable par l'auditeur, mieux guidé et son attention captée malgré lui. C'est Guglielmi que l'on peut rapprocher à mon avis de Leonhardt.
Dans l'approche de Debargue, l'équilibre expression/narration est plus ou moins fluctuant ou rompu. C'est une succession d'événements pianistiques faussement improvisés, plus ou moins gratuits et extérieurs à l' œuvre elle-même. Une interprétation à rapprocher de celle d'un Gould, en moins bien...