
Des débats sans fin autour de la luminosité de tel ou tel projecteur, non mesurée "en situation".
Un dossier bizarre paru dans le n°138 de PC expert m'ont motivé pour essayer de faire un résumé de ma connaissance sur le sujet.
La démarche me parait assez simple :
- d'abord être capable de mesurer la luminosité
- ensuite savoir dans quelle mesure elle intervient dans notre appréciation de l'image
- enfin éviter de se tromper en achetant un projecteur qui ne conviendra pas à nos attentes
Mon premier objectif est modeste : être capable de mesurer la luminosité.
Quels sont les facteurs à prendre en compte ?
1) Le réglage de l'échelle de gris
Lorsque le contraste (niveau de blanc) est poussé à fond on constate qu'une zone à 90% de blanc est confondue avec une zone à 100% de blanc.
Il faut baisser le "contraste" pour obtenir une échelle de gris régulière.
Dans le cas de mon HS10 : -27% de luminosité
2) Le réglage des couleurs - sans filtre
Le spectre des lampes usuelles contient moins de rouge que de vert et de bleu.
Il faut réduire le gain du vert et du bleu pour équilibrer les couleurs et obtenir un blanc normalisé.
Si le blanc n'est pas équilibré ce sont toutes les couleurs qui sont rendues de manière incorrectes et en particulier les couleurs complémentaires jaune, cyan et magenta.
Dans le cas de mon HS10 : -34% de luminosité
3) Le réglage des couleurs avec un filtre
Le filtre permet d'équilibrer le spectre de la lampe sans jouer en jouant moins avec l'électronique. On perd toujours de la luminosité mais moins de contraste (pas du tout de contraste si on utilise un filtre corrigeant parfaitement le spectre de la lampe).
Dans le cas de mon HS10, -59% de luminosité calibré avec le filtre cinéma, et -46% avec un CC20R (donc mieux adapté au projecteur)
Avec l'un ou l'autre de ces filtres le contraste est amélioré de 14% par rapport à la solution sans filtre (c'est l'intérêt du filtre).
Dans le cas du DL-500 le CC20R est le seul moyen de calibrer le projecteur. La perte de luminosité n'est que de 27%.
4) Le choix de la focale
Dans le cas du HS10 j'ai mesuré la même luminosité à toutes les focales (à moins d'1% près !).
Dans le cas du DL-500 j'aivais noté un écart de -23% en focale longue par rapport à la focale courte (la plus ouverte).
5) Le mode économie
La plupart des projecteurs modernes ont un mode économie qui réduit la luminosité de la lampe et prolonge sa vie.
Dans le cas de mon HS10 la réduction de luminosité est de 14%.
6) L'iris
D'abord apparu sur les DLP et maintenant sur des LCD l'iris permet d'améliorer le contraste en baissant la luminosité, sans toucher ni à la colorimétrie ni au rendu de l'échelle de gris.
Dans le cas du HT1000 -17% (mesure WSR).
7) Le format de l'image
La surface utile de l'image d'un projecteur 4:3 est réduite en 16:9 d'où une réduction de la luminosité par un facteur 1.33 (soit -25%).
Même phénomène pour un projecteur 16:9 utilisé en 4:3.
8 ) L'endroit où l'on fait la mesure de luminosité.On constate des variations plus ou moins importante de luminosité en fonction de l'endroit où l'on pose le luxmètre.
Dans le cas de mon HS10 la variation ne dépasse pas -10%

Dans le cas du DL500 elle atteignait -38% entre le rectangle le plus lumineux et le moins lumineux (écran divisé en 9).
9) L'utilisation d'un prisme ou d'une lentille désanamorphoseur (ouf !)
Le dispositif absorbe de la lumière (de 5 à 10%) mais récupère la totalité des lumens du projecteur de format 4:3.
Mais attention à la focale utilisée qui peut faire perdre cet avantage.
10) L'humeur de la lampe
J'ai noté un écart de 8% entre mesures faites à différents moments d'une séance...
11) L'âge de la lampe
A 400 heures la luminosité de la lampe du HS10 est réduite de 24%.
Dans le cas du DL500 j'avais noté -13% au bout de 400 heures.
Toutes les lampes ne vieillissent pas de la même manière.
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Si l'on ajoute les projecteur testés dans des versions non finalisées, les luxmètres déréglés, mal calibrés ou mal utilisés (un bon exemple dans le numéro 138 de PC expert) on comprend mieux les différences que l'on relève d'un auteur à un autre.
C'est pour cela que je me promène toujours avec un luxmètre basique dans la poche pour mesurer rapidement les conditions de projection.
Pas besoin d'un matériel de haute technologie pour mesurer la luminosité.
Mieux vaut un matériel simple dont on maîtrise le mode d'emploi.
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Mais il ne suffit pas de mesurer des lumens ...
Dans la perception de la luminosité de l'image le réglage du "gamma" a aussi une importance fondamentale.
Ainsi une zone de gris à 20% (très présente dans des images vidéo) sera reproduite deux fois plus lumineuse avec un réglage de gamma à 2 qu'avec un réglage de gamma à 2.4.
Si l'on intégre la luminosité émise par des images vidéo standard on retrouve ce type de différences.
Parler de la luminosité d'une image avec 100% de blanc n'est pas un bon indicateur.
Il faudrait mieux prendre une image vidéo "type".
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Les spécifications sont-elles crédibles ?
Pour finir la question fondamentale : Sony m'a-t-il menti en spécifiant 1200 ANSI lumens pour son HS10 ???
1200 maxi
* 73% (réglage du contraste et de la luminosité)
* 41% (réglage des couleurs avec le filtre cinéma)
* 86% (mode éco de la lampe)
* 76% (vieillissement de la lampe)
= 230 lumens (j'en mesure 226 ).
Donc grande nouvelle : M Sony ne ment pas

Tous ses petits camarades non plus d'ailleurs.
Il faut simplement se souvenir que mesurer la luminosité d'un projecteur sans avoir réglé son image sur une norme précise n'a pas beaucoup de sens.
Michel