Chérie, j’ai rétréci les DK!Or donc, tout le monde imagine aisément que des enceintes pareilles valent le détour – et que donc j’ai fait avec joie les quelques Km qui me séparent de chez l’ami Alain, rebaptisé Lalain pour la discrétion du présent CR, histoire d’écouter ses nouvelles belles!
Le temps d’empogner ma valoche à CD et vroum… À l’arrivée le sourire du Lalain (le même que celui du gars qui vient de voir naître son premier enfant, si tu vois ce que je veux dire) annonce directement la couleur: touche pas à mes bouâtes!
Il est vrai qu’elles en imposent – c’est ce qu’on se dit immédiatement en arrivant dans la salle du haut. Qui du coup paraît plus petite: z’ont tout rétréci
Car tout est relatif. Les DK, qui paraissaient de grosses enceintes auparavant, semblent maintenant des petites bouâtagodass (alors t’imagines celui qui en aurait des minuscules, façon biblio: là, ça le boîte-à-alumettise directement
). D’ailleurs ça me donne une idée, tiens: comme les DK ont diminué de taille, elles peuvent, sans que ça fasse trop bizarre, devenir des enceintes arrières assez potables. Non, Lalain, ne me remercie pas, c’est bien naturel, entre potes, quand on a une idée, de la partager, voire de l’offrir, tout de suite!
Bon. Dégainons les disques histoire de -
Et pour commencer, Bing du Bach:
Toccata et fugue BWV538 par Michel Chapuis disque 3 du premier volume du coffret sorti chez Auvidis- Naïve (Valois 1986, V4413). Car, y’a pas que dans la musique de zazous qu’on entend du grave. Et effectivement,
c’est bien ce qu’on se dit en voyant la chose: ça fait du grave (ça ne descend pas à 16Hz, mais sans doute à 30, sans problème). Et surtout, ça ne prétend pas faire semblant d’en faire, ça se contente d’en sortir un très clair, très tendu et très défini. Et le tout avec beaucoup de subtilité: mammouth peut-être, mais aussi souple que Vaslav Nijinski exécutant son L'Après-Midi d'un faune en 1912. En soi très étonnant comme contraste.
Un petit Michel Jonasz –
La fabuleuse histoire de Mr Swing (histoire de complaire au Rod’
) [Warner 1988, WE893], puis un disque du Lalain, du même Jonasz,
Pôle Ouest. Même impression sur le registre grave avec quelques impressions supplémentaires. La voix de Jonasz me semble parfois difficile à localiser et le médium est peut-être légèrement en retrait, certaines extinctions de notes aiguës sont parfois un poil “remontantes”. Le tout en tronçonnant les poils de pattes de bêtes-à-zailes en 22 parties isomorphes, évidemment…
Bref: une sorte de signature sonore à la fois différente des Apertura de d’habitude (je veux dire : Tanagra, Kalibrator, Double Kal), plus proches peut-être des plus récentes (Altra ou Altra S), et différente des Goldmund plus récentes (qui me semblent plutôt le genre “filles d'enfer, pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes?”), mais qui en garde les qualités, à savoir une image 3D de grande classe. Somme toute, je donnerais volontiers raison au Lalain, qui estime que ce sont plus des Apertura que des Goldmund. Disons des Goldertura ou des Apertmund, aller…
Ceci pour le bien comme pour le moins bien – car ça fait entendre tout ce qui est sur le disque, y compris quand la caisse claire, dans
Pôle Ouest, semble se situer au dessus de la tête du chanteur……
Quand le disque est bien fait – ce qui me semble le cas de la sixième de Mahler par Boulez [DG, 1995, 445-835-2]: il est fort rare d’entendre cette symphonie restituée avec autant d’ampleur et de facilité, à pareil niveau sonore, sans que ça cause de fatigue auditive. À dire le vrai, ça ne rappelle pas énormément d’écoutes à part des Thiel CS6 écoutées sur d’énormes amplis à tubes SilvaWeld, une paire de panneau ESL63 branchées sur des Quad classique, une paire de FM2.5 sur un tout Goldmund une fois ou cette autre écoute des Klimt The Music (qui continue à me laisse un grand souvenir).
Petit coup de rock’n’roll,
Brothers in arms de Dire Straits, la couche CD du SACD édition du 25° anniversaire, plage 1 “So Far Away” et plage 2 “Money for nothing” – et même impression qui se confirme: restitution très ample avec beaucoup d’aisance et de facilité. De mémoire, les DK paraîtraient sans doute un poil “empâtées” dans le médium, et ce peut-être même deux fois (et toc
). Pas moyen de savoir, car quand j’ai suggéré au Lalain de permuter les deux paires d’enceintes, y m’a regardé bizarrement et n’a pas voulu… C’est bien la peine d’avoir les deux sous la main si c’est pour hésiter!
Toujours est-il que j’ai comme le sentiment que le médium continue à être un peu en retrait et que le médium aigu scintille peut-être un peu.
Du coup, je me demande s’il ne faudrait pas reculer les enceintes et/ou moins les pincer, voire pas du tout. Le disque suivant, une compilation de Jethro Tull contenant
Locomotiv Breth et la célèbre
Bourrée me laisse la même impression. On a parfois l’impression que la voix “bouge” ou qu’on a du mal à la localiser, comme si un petit problème de mise en phase venait tromper le cerveau (mais seulement si l'on accepte le principe consistant à attenter sévèrement à la pudeur des insectes ayant survécu à la précédente dissection, évidemment).
M’a quand même fallu 20 mn pour avoir l’idée de me mettre derrière la banquette, c’est-à-dire de reculer le point d’écoute plutôt que de bouger les enceintes
ben oui: avec des grosses enceintes comme ça, tu bouges les meubles, voire la maison et les murs, et pas les enceintes
Et c’est définitivement mieux – le médium me semble enfin prendre corps et les extinctions de notes être plus propres. C’est comme si la fusion et la cohérence ne pouvaient se faire qu’à une distance plus respectable. Sur
Dark side of the moon, ça me paraît même évident. À la fois une ligne de basse plus claire et plus propre – la meilleure définition que j’aie pu entendre depuis longtemps – un médium plein et des aigues qui montent très très haut, beaucoup plus haut que toutes les DK du monde, mais proprement et sans jamais devenir agressive.
On en a discuté après avec Goan – qui venait d’arriver -- oui: peut-être que le médium n’est pas le plus neutre du monde, ni le plus ceci et ceci, ou le moins machin ou truc. Mais franchement, c’est un tel plaisir et l’ensemble est tellement beau et cohérent qu’on s’en fout complètement, vu qu’on écoute de la musique.
Quelques autres morceaux – en vrac:
Oh Mary don’t you weep no more de Springsteen dans l’album
We Shall Overcome, un ou deux morceaux du dernier Bashung,
Bleu pétrole, des passages des
Fratres et de
Tabula Rasa d’Arvo Pärt (la version de 91 chez ECM) et des
Marquises de Brel confirment cette impression générale de beauté et d’harmonie. Amha, je n’y connais pas grand chose, mais il me semble que replacer les enceintes strictement parallèles au point d’écoute (quitte à rentrer un poil celle de gauche pour qu’elle ne joue pas avec l’encoignure avant et/ou traiter celle-ci) devrait permettre de parvenir à une restitution encore plus équilibrée que celle qu’on a déjà là. Pour le reste, faut rien changer et acheter plein de disques.
Cdlt