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(Le) Conte de la princesse Kaguya (Isao Takahata, 2013)

Message » 09 Juil 2014 13:43

Le Conte de la princesse Kaguya

Image

Date de sortie : 25 juin 2014
Réalisé par : Isao Takahata (Le Tombeau des lucioles, Mes voisins les Yamada)
Production : Ghibli, Toho, Disney

Un vieux coupeur de bambou trouve un jour un bébé extraordinaire qui lui est confiée dans une pousse de bambou. La jeune fille grandit très vite par à-coups et ses parents adoptifs, ayant trouvé la fortune dans un autre bambou, l'installent dans un palais où elle pourra accomplir son destin de princesse. Sa réputation et sa beauté lui attirent vite des prétendants. Kaguya ressent cependant la nostalgie du grand air où elle avait grandi, et repousse un à un ses soupirants, poursuivie par les visions de son enfance.

Bande-annonce :


Je crée un topic dédié pour parler de ce qui est probablement le plus beau film d'animation japonais depuis très très longtemps, le film ultime d'Isao Takahata, découvert tardivement en France avec Le Tombeau des lucioles (huit ans après sa sortie japonaise). Takahata n'avait plus réalisé de long métrage depuis Mes voisins les Yamada, en 1999. Agé aujourd'hui de 78 ans, Takahata signe donc, tout comme Miyazaki avec Le Vent se lève son dernier long-métrage.

L'histoire repose sur un conte célèbre de la littérature japonaise, Le Conte du coupeur de bambous (ou Kaguya-hime), dans sa version intégrée au Dit du Genji (Genji Monogatari), un roman du XIème siècle. Je n'ai pas lu le conte en question, et je n'ai donc pas tous les repères pour apprécier, comme les Japonais peuvent le faire, les glissements opérés par rapport à la tradition. Il semble que la version de Takahata étoffe l'histoire du côté des amis ou amours d'enfance de la princesse et sur l'affirmation de sa personnalité face à l'autorité du père (l'analyse du Giri, une valeur morale reposant sur le respect et la soumission, notamment celle de la femme ou de la fille, est un leitmotiv dans l'art japonais moderne).

Tout ce que je peux dire c'est que le résultat est un chef d'œuvre visuel. Takahata a recours à un style graphique proche de l'esquisse au fusain ou du crayonné, et pourtant très éloigné de la ligne bien plus caricaturale de Mes voisins les Yamada. Les teintes pastels dominent, et malgré la cadence relativement réduite de l'animation, chaque plan exprime une impression de vivacité et de mouvement qui n'a guère d'équivalent ailleurs. On s'y fait en tout cas très vite, et ça fait un contrepoint agréable aux couleurs saturées et à l'encre précise de l'animation japonaise habituelle.
Un point commun avec les Yamada, c'est que Takahata introduit quelques ruptures dans des séquences isolées, traitées de façon complètement différente du côté du tracé et de l'animation. Il y a donc quelques plans totalement statiques, sans animation, et surtout un passage extraordinaire dont le dessin est haché et inachevé, celui de la course de la princesse à travers les prés au milieu du film, qui est une immense claque.
La partition de Joe Hisaishi est plus neutre et profonde que d'habitude (avec aussi beaucoup d'airs joués à la harpe japonaise, le koto, durant l'histoire).
Pour moi, c'est un film à voir impérativement. Il n'a pas déclenché de grande curiosité, mais je suis convaincu que dans quelques années on en reparlera comme d'un chef d'œuvre de son réalisateur et de toute l'animation japonaise.
Sledge Hammer
 
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Message » 09 Juil 2014 16:09

Pour peu qu'on adhère au style, c'est clairement un film visuellement époustouflant. A Cannes la projection était splendide, c'était un ravissement de tous les instants. La séquence de fuite au milieu que tu cites comme je l'ai dit sur le topic de Dragons 2 est prodigieuse, il faut voir le film rien que pour ça.
Après on va dire que c'est personnel, mais c'est quelque part comme Le vent se lève un film tellement sage, doux, serein qui frôle à quelques reprises un certain ennui ou disons un certain décrochage. Tout est parfait, rien qui déborde, c'est peut-être un film trop gentil pour moi pour que je le considère comme un pur chef d'oeuvre fondamental. Mais bon c'est à voir évidemment absolument, on respire mieux après.
Nikolai
 
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Message » 15 Juil 2014 19:09

Je compte le voir cette semaine.
hydrosaure
 
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Message » 18 Juil 2014 14:12

Vu hier soir.

Le choix du style graphique, singulier pour de l'animation Japonaise, m'a beaucoup fait penser a des oeuvres comme Ernest et Célestine ou encore en BD aux Petits riens de Lewis Trondheim.
Comme cela a été dit ce style tout en légèreté permet beaucoup de nuances en jouant sur la dureté et largeur des traits ou encore sur le degré de saturation des couleurs. Le film ne s'en prive pas et les changements radicaux d'une scène à l'autre traduisent à merveille les sentiments qu'il s'agisse d'une explosion de rage lors de scène de fuite ou une envolée de joie dans la séquence de vol.
Le résultat est somptueux et je crois bien que je n'ai jamais été aussi frappé par la transposition visuelle de sentiments qu'ici. J'ai aussi été marqué par ce qui semble être un soucis permanent de montrer la nature vivante que ce soit les animaux, les insectes ou le cycles de saisons.
Tout ceci donne vraiment l'impression d'un film qui fait office de réflexion sur une vie avec ses moments de joies, de peines, de doutes, de regrets tout en y intégrant le poids de la culture et le respect des traditions.
Un émerveillement de 2h17 tout simplement!
hydrosaure
 
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Message » 21 Juil 2014 16:13

C'est effectivement une grande oeuvre animée. Le style pictural, fusain, aquarelle est extraordinaire. Quand à l'histoire, j'ai aimé et j'ai un peu décroché sur la fin...Peut être par manque de référentiels sociaux-culturels adéquats.
primare21
 
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